Trois étapes pour fixer les yeux sur Jésus

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Ambon

Ce 3e dimanche du temps ordinaire nous apprend que les Nazaréens avaient les yeux rivés sur Jésus. Au-delà de la recherche du merveilleux qui caractérise les compatriotes de Jésus, il faut apprendre à poser le regard sur lui, constamment. Pour se faire, il faut trois étapes.

On nous demande souvent de poser le regard sur le Christ. Le psalmiste dit : « Qui regarde vers lui [Dieu] resplendira, sans ombre ni trouble au visage » (Ps 33). Luc dans son évangile nous dit, à propos des auditeurs du Christ, que « tous, dans la synagogue, avaient les yeux fixés sur lui ». Il est une bonne chose de fixer le regard sur le Seigneur. Le dire est facile. Le réaliser est plus compliqué. Comment faire pour que, jour après jour, nous ayons le regard fixé sur le Christ et lui seul ?

Avoir les yeux sur le Christ

« Avoir les yeux fixés sur quelqu’un » prend le sens de « regarder attentivement la personne ». On ne regarde que ce qui retient l’attention. Fixer les yeux sur le Christ est, en vérité, l’expression visible de l’attente profonde que le Christ peut combler en nous. Dans l’évangile de ce jour, les Nazaréens attendaient du Christ une parole après lecture. Jésus ne se dérobe pas à leur attente. Il di  : « Cette parole de l’Écriture, que vous venez d’entendre, c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit ». Nous pouvons, à partir de cette considération, suggérer trois étapes nécessaires.

Détourner les yeux de soi

La première étape, comme on peut en douter, consiste à détourner nos yeux de ce qui les discute au Christ. On peut citer ici les mille et une séductions du monde, la recherche effrénée de ce qui fait notre intérêt. À ce niveau, la deuxième, en exploitant l’image du corps et des membres, nous prévient sur le risque de croire qu’on a pas besoin des autres : « L’œil ne peut pas dire à la main, je n’ai pas besoin de toi ; la tête ne peut pas dire aux pieds, je n’ai pas besoin de vous ». Ce qui, dans le fond, peut détourner notre regard du Christ, c’est l’orgueil qui fait que nous ne pensons qu’à nous et ne jugeons tous qu’à partir de notre intérêt. Celui qui ne regarde que lui en oubliant les autres, ne peut pas non plus regarder le Christ, véritablement.

L’attachement au Christ suppose toujours le détachement du monde, comme il le dit lui-même : « Nul ne peut servir à la fois deux maîtres : il aimera l’un et haïra l’autre » Lc 16,13. C’est encore plus vrai qu’on ne peut fixer vraiment les yeux sur le Christ s’ils ne sont fermés à notre ego et aux appâts du monde. La question à se poser est celle-ci : Qu’est-ce qui captive mon attention au point où je le préfère au Christ. C’est de cette réalité qu’il faut se libérer avant d’enclencher la deuxième étape.

Fixer son attente

À cette deuxième étape, il faut travailler à la fixation de son attention, à sa détermination. On sait que les Nazaréens avaient une attente que le Christ n’a pas comblé. Ils voulaient de lui des miracles. Sa renommée en effet l’avait précédé et on apprenait qu’il faisait des prodiges à Capharnaüm de Galilée. Les Nazaréens pensaient voir le Christ thaumaturge. Bien que leur désir et leur attente ne soient pas comblés, ils ont été le moteur intérieur de leur attention à la personne du Christ.

Dans le livre d’Esdras (chap. 8) tout le peuple avait les yeux sur le Livre de la Parole et l’écoutait attentivement. Leur attente est la réalisation de l’unité des fils d’Israël. Et la Parole de Dieu était le lieu même de la réalisation de cette unité nationale. Il s’avère donc impérieux d’identifier, sans se tromper, le contenu de notre aspiration comme condition pour poser les yeux sur le Christ. Le psalmiste dit à juste titre : « Les yeux fixés sur toi, tous, ils espèrent et tu leur donnes la nourriture au temps voulu » (Ps 144,7). Voici la question à se poser : Pour, qu’est-ce qui peut provoquer le besoin du Christ ? La réponse à cette question conduit à la troisième étape.

Foi inébranlable en Jésus

La dernière étape nous invite à la foi inébranlable en Jésus. C’est la résultante de la certitude que seul le Christ peut combler fondamentalement et intégralement notre espérance. On parle alors de la foi que rien n’ébranle et qui persévère. La précipitation, l’absence de patience et le découragement peuvent conduire à ne pas persévérer dans la foi. L’image de la semence dans les ronces et les pierrailles est assez suggestive pour nous permettre d’appréhender ce dont il est question. Les grands témoins de la foi, tel Abraham, Moïse, Saint Jean-Paul II, etc., ont les yeux rivés sur le Christ, au grand dam des épreuves de la vie. Abraham espère en Dieu contre toute espérance. Il s’agit de la foi, même si la raison nous l’interdit en certaines circonstances. Imitons-les (cf. 1Co 11,1). Voici la question sous-jacente à cette partie : En quoi le Christ peut-il être le seul à combler mon espérance ?

Pour fixer les yeux sur le Christ, il faut au préalable les détourner de tout ce qui les captive et les discute au Christ. Il faut ensuite creuser en soi une attente que nul autre ne peut combler sinon le Christ. Ce sera le levier qui permettra de nourrir une foi résistante aux épreuves et de poser le regard sur lui, un regard de foi et d’amour.

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Abbé Jean Oussou-Kicho

Je suis prêtre de l’archidiocèse de Cotonou (Bénin), ordonné en 2008, licencié en théologie morale. Directeur de complexe scolaire, je suis investi dans la pastorale des réseaux sociaux, devenus un nouveau terrain propice pour l’évangélisation et l’éducation des chrétiens

Cet article a 5 commentaires

  1. Joachim Franc Sèvi

    Merci pour cet article qui édifie notre foi en Jésus-Christ

  2. Gilbert Yamkoudougou

    Mr l’Abbé, félicitations et encouragements pour cette homélie éclairante.

  3. BONOU Brigitte

    Merci mon père. Mais comment peut on détourner le regard des autres choses ? Puisque nous sommes dans le monde et que nous sommes engloutis par nos préoccupations quotidiennes. Dans une journée, il y a des moments où on oublie de faire certaines prières comme l’angélus, du fait du travail, et c’est après l’heure qu’on se rappelle.

    1. Abbé Jean Oussou-Kicho

      En fait il s’agit de focaliser le regard sur le Christ, afin de mieux éclairer notre rapport avec le monde. Il faut commencer par le Christ pour aller au monde. Quand on commence par les choses du monde, on finit par s’y enliser.

  4. GBOTCHE

    Très bon article. Merci bien mon père.

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