2e dim TO C : Le vin pour une alliance nouvelle

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Ambon

Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit. C’était à Cana de Galilée. Il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui.

L’Église nous fait méditer ce dimanche un extrait de l’Évangile de Saint Jean : les noces à Cana. Dans un récit vivant, plein de couleurs et de rebondissements, Jean nous raconte le tout premier miracle de Jésus à Cana. Mais saint Jean ne nous raconte pas cet événement pour nourrir notre curiosité. Il ne se livre pas ici à un reportage de journaliste. Il poursuit un objectif très précis. Pour percer sa pensée, il faut s’attaquer au dernier verset : toute la clé pour décoder l’Évangile se trouve là. Saint Jean dit : « Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit  ».

Le vin : un symbole

Pour saint Jean, le miracle de Cana est un signe. Le signe est cette chose visible qui renvoie à une autre, la vraie. Il nous faut donc rechercher ce à quoi renvoie le signe des noces de Cana. La tâche est grande et déborde complètement le cadre d’une homélie dominicale. On ne pourra prendre qu’un seul aspect en ce jour. Nous nous intéresserons seulement à l’eau changée en vin dans le cadre d’un mariage.

Le vin dans la culture juive est le symbole de la fête et de la réjouissance, au point où si le vin se raréfiait ou finissait, c’est qu’il manque quelque chose de très important à la fête ou que la fête est terminée. L’expression consacrée, qui a une origine biblique, affirme que « le vin réjouit le cœur de l’homme  ». Le Seigneur lui-même nous invite à la fête sur une haute montagne où il y aura de la viande grasse et du vin décanté et captieux. Le vin est donc essentiel pour la réussite de la fête.

D’ailleurs, on ne peut s’arrêter à la culture juive. Quand on veut apprécier une cérémonie festive, on le fait par rapport au nombre de bouteilles vidées de leur contenu alcoolique. C’est dire que la boisson joue un rôle très important dans la fête. Vous comprenez donc l’impasse dans laquelle les mariés se trouvaient (ils ne le savaient même pas) au moment où le vin de la fête commence à se vider. Ils risquaient d’être insultés et d’entendre qualifier leur mariage de « mariage de la honte  ».

De plus, le vin est le symbole de l’alliance. De sorte qu’il est inconcevable chez les Juifs, de porter les bagues d’alliance, sans le vin. Enfin la qualité du vin est indicative de la qualité du mariage. Imaginez un peu chez nous une réception des mariés ou l’on offre uniquement qu’une autre ou l’on offre que des sucreries, une autre où il n’y a que des bières et une dernière où l’on trouve un mélange de tout avec des bouteilles de champagne et des gâteaux flamboyants. Laquelle des réceptions apprécieriez-vous ? La dernière évidemment. De la même façon, chez les Juifs, on apprécie la grandeur et la valeur du mariage à l’aune de la qualité du vin. Les mariés de Cana, croyez-moi, avaient donné un vin de bonne qualité, puisqu’il y avait des invités distingués comme Marie la Mère de Jésus, Jésus lui-même et ses disciples.

Le vin pour une nouvelle alliance

Revenons maintenant chers frères et sœurs à l’interprétation de ce signe du vin à partir des éléments que nous avons. Le Christ donne du vin dans le cadre d’un mariage célébré à Cana : il reconnaît du coup la valeur du mariage entre un homme et une femme (pas homosexuel). Il accepte de rehausser la fête en donnant le vin.

Mais au-delà de cela, c’est Jésus lui-même qui annonce la célébration d’un mariage entre Dieu et l’homme : D’ailleurs le vocabulaire de la première lecture et de l’Évangile est nuptial. Dieu se présente comme l’Époux et son peuple est l’Épouse. L’Époux véritable aux noces de Cana est le Christ. L’Épouse est chacun de nous qui formons le peuple de Dieu, symbolisé par la Vierge Marie. Les époux terrestres renvoient donc à cet unique et vrai époux. Le mariage terrestre devient dans une telle logique le reflet du Mariage mystique entre Christ et Église. On comprend donc du coup pourquoi Saint Paul dit que l’Église est l’Épouse du Christ Époux.

S’il en est ainsi mes frères, sommes-nous conscients de la valeur du mariage pour Dieu ? Comment préparons-nous nos mariages ? Optons-nous pour un mariage sacramentel ou un mariage mixte ou avec un mariage avec disparité de culte ? Sommes-nous conscients des blessures que nous causons au couple Christ-Église quand un baptisé en vient à vivre en concubinage ? Quels sont nos critères pour choisir nos conjoints ? À quel niveau plaçons-nous la foi ?

En plus, le vin que donne l’époux est d’une qualité supérieure : cela veut dire que l’alliance que Dieu noue avec chacun de nous est plus forte et plus grande que l’alliance que nous nouons entre nous. Si l’alliance advient par l’amour, c’est dire que l’amour de Dieu pour nous est plus grand que l’amour que nous avons les uns pour les autres. Sommes-nous conscients que Dieu nous aime d’un amour fou et unique au pont d’envoyer son Fils pour nous sortir de notre pétrin ? Comment répondons-nous à cet amour de Dieu ? Savons-nous que Dieu aime chacun de nous individuellement d’un amour incomparable à celui des meilleurs amis du monde et qu’il veut mettre un nouveau vin dans notre vie ?

Une alliance scellée dans son Sang

Le Christ va transformer le vin en son Sang, le Sang de la Nouvelle et définitive alliance. C’est du côté ouvert du Christ, d’où jaillissent l’eau et le sang que nous sommes régénérés et constitués comme un nouveau peuple de Dieu. La septième jarre pleine est le cœur plein d’amour de Jésus. Nous sommes chacun et tous ensemble des épouses du Christ à travers le baptême qui fait de nous des chrétiens. Que faisons-nous de cette alliance mes frères et sœurs ? Sommes-nous des épouses fidèles ou des épouses adultères, qui vendent leur dignité et leur fidélité à d’autres dieux ? Comment nous montrons-nous dignes d’un tel Époux ? Si nous nous sommes infidèles à lui par nos péchés, lui est toujours fidèle et prêt à nous pardonner et à prendre un nouveau départ. Il est toujours prêt à transformer l’eau de nos vies en perte de consistance en vin de réjouissance.

Tous ensemble nous formons l’Église, l’Épouse du Christ, que Saint Paul décrit comme étant un seul corps, où tous les membres, si négligeables soient-ils, ont chacun un rôle déterminant et irremplaçable à jouer ? Si je suis l’œil de l’Église, comment travailler à faire voir l’Église ? Si je suis le pied, comment je fais marcher l’Église ? Si je suis la bouche, comment je proclame la parole de Dieu ? Faisons attention à la manière dont nous membres, travaillons dans le Corps du Christ qu’est l’Église.

Prions le Seigneur afin qu’il nous accorde son Esprit. Que nous puissions comprendre la profondeur et l’excellence de l’alliance dans laquelle nous sommes introduits. Qu’il nous donne d’être fidèles à cette alliance.

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Abbé Jean Oussou-Kicho

Je suis prêtre de l’archidiocèse de Cotonou (Bénin), ordonné en 2008, licencié en théologie morale. Directeur de complexe scolaire, je suis investi dans la pastorale des réseaux sociaux, devenus un nouveau terrain propice pour l’évangélisation et l’éducation des chrétiens