2e Dimanche Avent C

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Ambon

« Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers. Tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline seront abaissées ; les passages tortueux deviendront droits, les chemins rocailleux seront aplanis ; et tout être vivant verra le salut de Dieu. »

Une lecture attentive des textes de ce dimanche nous fait percevoir une ligne directrice qui peut servir de point de repère pour notre méditation. Il s’agit de la symbolique du « chemin » préparé par le Seigneur à son peuple dans la 1ère lecture, à apprêter par le peuple dans l’Evangile et que saint Paul demande de suivre pour entrer dans la pleine connaissance du Seigneur pour le jour de sa venue. Nous saisissons déjà la difficulté d’un tel parcours, difficulté inhérente au symbole que constitue notre point de repérage et qui nous contraint, ipso facto, à en dévoiler les harmoniques.

Comme nous venons de le dire, les textes nous révèlent que chaque acteur de ce temps de l’avent (le Dieu-venant et l’homme-devant-l’accueillir) sont tous engagés sur un chemin, chacun à son niveau, pour la préparation de l’évènement. Il s’agit d’une rencontre qui met l’un et l’autre en mouvement. La première lecture nous l’annonce sans ménagement : le Seigneur en est le tout premier acteur. Alors que le peuple est en exil, et que l’espérance en l’accomplissement des promesses de salut des prophètes commençait à prendre un coup de grâce, Dieu annonce à son peuple qu’il prendra en main son retour de l’exil. Alors que les perspectives s’assombrissaient pour le peuple, Dieu apprête le chemin qui conduit vers Jérusalem, la cité de paix, en en facilitant le parcours : plus de montagnes et de collines qui vont exiger un effort accru de détour ou de montée, plus de vallées qui rappellent une descente au shéol, mais un chemin aplani, facile à parcourir, qui n’exige pas un effort surhumain (Les chrétiens identifient ce chemin en Jésus).

Cette décision du Seigneur n’est pas tant le fruit de la supplication priante du peuple. C’est le produit de la miséricorde et de la justice de Dieu envers ce peuple, miséricorde et justice, qui se puisent dans sa fidélité à son Alliance et qui le poussent à sauver son peuple du joug de l’esclavage. Cette miséricorde et cette justice ne sont que les dérivés de l’amour de Dieu pour son peuple. En vertu de cette annonce, le peuple de Dieu est appelé à une conversion, celle qui les fera enlever leur robe de tristesse et de misère pour revêtir la parure de la gloire de Dieu.

C’est à cette conversion que Jean appelle dans l’évangile. Si Dieu facilite pour l’homme le chemin d’accès à lui, l’homme de son côté doit aussi faciliter pour Dieu le chemin d’accès à lui. Une telle responsabilité suppose que l’on fasse la vérité sur soi. Autant le chemin d’accès à Dieu peut se complexifier à cause des facteurs indépendants de l’homme, autant le chemin d’accès de Dieu à l’homme peut se boucher à cause des facteurs dépendant de l’homme. La conversion est en réalité une invitation à un devoir de vérité, pour déceler les poches de résistance à Dieu dans notre vie, déceler nos ravins, figures de nos points de chute, déceler nos montagnes, figures de nos prétentions démesurées, déceler les passages tortueux, figures de nos duplicités, de nos ruses, de nos compromis et compromissions… Ce sont autant de barrières qui empêchent Dieu de nous conduire sur les chemins de bonheur, de paix et de la justice qu’il trace pour nous.

D’ailleurs la deuxième lecture apparaît comme une merveilleuse synthèse qui fait le pont entre la première lecture et l’évangile. Dans une lecture synchronique de la première lecture avec le premier paragraphe de la deuxième lecture, on découvre dans le chemin que le Seigneur prépare à son peuple ce que Saint Paul résume dans cette phrase : « Et puisque Dieu a si bien commencé chez vous son travail, je suis persuadé qu’il le continuera jusqu’à son achèvement au jour où viendra le Christ Jésus ». Il ne dépend que de nous pour que le Seigneur achève son œuvre de préparation de nos cœurs pour le jour de la venue de son Fils. Saint Paul nous propose les mêmes motivations qui ont poussé Dieu à préparer un chemin pour son peuple : l’amour.

Si l’amour de Dieu est l’énergie qui le motive à préparer un chemin pour son peuple, l’amour de l’homme pour Dieu devient aussi pour nous la constante qui nous fera progresser sur le chemin du Seigneur. L’amour conduit au discernement du plus important, par l’accès à la vraie connaissance et à la parfaite clairvoyance. Cet amour devient le “garde-fou” qui nous tient sur le chemin du Seigneur de sorte qu’on peut dire que sans cet amour, on ne peut prétendre être sur le chemin. Il canalise notre marche vers le jour du Christ. En nous résumant, l’appel à la conversion de Jean le précurseur est un appel à se convertir à l’amour authentique sans lequel on ne peut préparer un chemin au Seigneur.

Une question se pose alors à nous au terme de cette méditation : sommes-nous réellement prêts à prendre le chemin de l’amour dans la vérité d’une recherche sans complaisance sur ce qui entrave l’épanouissement de cet amour dans l’histoire de notre vie communautaire et individuelle ? La réponse n’est pas loin. Elle se trouve dans l’importance que nous accordons aux multiples appels de l’Église à la conversion des cœurs, l’Église étant aujourd’hui, comme jadis Jean, le précurseur du Christ auprès des hommes de ce temps et de tous les temps. Quand nous aurons écouté l’Eglise, nous deviendrons à notre tour des précurseurs du Christ auprès de nos frères et sœurs.

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Abbé Jean Oussou-Kicho

Je suis prêtre de l’archidiocèse de Cotonou (Bénin), ordonné en 2008, licencié en théologie morale. Directeur de complexe scolaire, je suis investi dans la pastorale des réseaux sociaux, devenus un nouveau terrain propice pour l’évangélisation et l’éducation des chrétiens