Comment vivre l’avent avec le prophète Isaïe ?

Les quatre bougies de l'Avent
Les cierges symbolisant les quatre semaines de l'Avent

Le prophète Isaïe est celui qu’on nomme l’évangéliste de l’ancien Testament. Ceci est dû à la bonne nouvelle de la venue du Messie. Plus que tous les autres prophètes, il est celui qui restaure l’espérance d’un peuple désespéré et qui lui permet de regarder l’avenir autrement, avec beaucoup de d’espérance. Il peut nous aider à vivre un avent fructueux.

Pendant tout le temps de l’avent, sauf en de rares occasions, nous écoutons les textes d’un des grands prophètes de l’Ancien Testament. Incontestablement, il soutient notre marche à la rencontre du Messie qui vient. Qui est Isaïe ? Quel est son message ? Comment pouvons-nous recevoir ce message aujourd’hui ? Pour répondre à ces questions, nous situerons Isaïe dans son temps pour mieux comprendre son message e l’actualiser.

Isaïe et son temps

Il faut d’abord se convaincre que le volumineux livre du prophète Isaïe, qui compte soixante-six chapitres, est partagé en trois périodes principales. Ces dernières sont des moments historiques différents en sorte qu’il est difficile de rapporter tout le livre d’Isaïe à un seul écrivain. On convient qu’il y a au moins trois auteurs importants : le premier (Is 1 à 39), le deuxième (Is 40 à 55) et le troisième Isaïe (Is 56 à 66). Chacun d’eux porte un message spécifique selon les contextes historiques qui étaient les leurs. Nous nous intéresserons, pour notre part, au deuxième Isaïe, car c’est lui qui va préparer le peuple d’Israël au retour sur sa terre.

Le contexte historique de ce deuxième Isaïe est celui de l’exil. Par suite de ses infidélités à son Dieu, tout le peuple d’Israël et de Juda a été déporté. Ils ont connu soixante-dix années de dures esclaves. Ils ont perdu, du même souffle, la terre promise, le Temple de Jérusalem et l’autorité du roi. Ne plus avoir de terre, de Temple et de roi pour les Israélites, équivalait à la perte de tous les avantages de leur privilège d’être le peuple de Dieu. L’exil était donc considéré comme l’événement qui a sonné le glas de la fin de l’alliance avec Dieu. Le peuple était complètement découragé, complètement désespéré. Il ne leur reste qu’à disparaître sous le joug de la servitude.

C’est dans cette condition historique que va surgir le prophète Isaïe (le deuxième). Il va commencer par porter un message, à la limite inconcevable, voire irrecevable, au peuple, car ce peuple ne voit pas comment ce message peut se réaliser. Il s’agit du message du retour d’un petit « reste  » sur la terre en ruine. Dans la foulée, un édit de l’empereur Cyrus demandera aux Juifs, déportés à Babylone par Nabuchodonosor, de retourner sur leur terre. Le deuxième Isaïe s’activera donc pour semer l’espérance dans le cœur du ce petit reste.

Isaïe et son message

Le deuxième Isaïe va porter une bonne nouvelle au peuple. Il s’appliquera à faire une autre présentation de Dieu et, en vertu de cela, il s’occupera de convertir le découragement par des messages de motivation et d’espérance et d’attente. Le Dieu présenté par le deuxième Isaïe sera pratiquement à l’opposé de celui présenté par le premier Isaïe. Dans la deuxième partie du livre d’Isaïe, Dieu n’est plus un Dieu qui s’enflamme de colère. Il est un Dieu qui n’oublie pas l’amour de la jeunesse ; il est un Dieu père et mère à la fois, qui ne menace pas, qui ménage. Il ne reste que le Dieu tout amour, parfois même le Dieu très fragile. Il enverra un messie qui sera solidaire du peuple, qui partagera ses peines et ses joies. C’est donc par une présentation tout autre de Dieu que le prophète Isaïe trouvera les arguments valables pour rallumer la flamme de l’espérance dans le cœur des Israélites.

Les premiers mots à l’adresse du peuple sont des mots de consolation : « Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu  » (Is 40, 1). C’est en raison de l’insistance sur la consolation que ce livre est appelé le « livre de la consolation ». Isaïe panse les blessures de l’esclavage. Il annonce la fin de ce moment de douleurs. Il invite le peuple à finir avec les lamentations et se tenir prêt à prendre la route du retour. Il demande au peuple de guetter les signes avant-coureurs de ce retour, car la nuit de souffrance prendra fin. Il annonce la naissance d’un messie : « Voici que la vierge est enceinte. Elle mettra au monde un fils qui s’appellera « Emmanuel, Dieu-avec-nous  »  : l’insigne royal est sur son épaule. Le consolateur est donc Dieu car, lui Dieu donnera un sauveur, issu de la racine de Jessé.

Le prophète Isaïe ne se lassera donc pas d’activer l’attente du retour sur la terre promise, l’attente du messie promis par Dieu. Il s’agit d’une attente non pas passive mais active. Il faut donc se préparer ; d’où les messages de préparation du chemin : les montagnes et collines à abaisser, les ravins à combler, les chemins sinueux à redresser. Voilà en compendium quelques traits du message du prophète Isaïe.

Isaïe pour nous aujourd’hui

Tous ces paragraphes qui ont précédés nous permettent de comprendre la manière de vivre le temps de l’avent avec le prophète Isaïe. La première conviction est qu’il faut une nouvelle lecture de notre vie dans notre rapport avec Dieu. Le peuple a souffert et était désespéré. Il a fallu le prophète Isaïe pour soutenir leur courage. Nous devons avant tout savoir que nos souffrances et nos peines ne sont pas des signes d’abandon de Dieu. Dieu n’abandonne jamais l’homme, quel que soit les lieux de son refuge. Dieu ne se lasse jamais d’aimer l’homme quelle que soit la profondeur de son offense. Les souffrances de la vie ne doivent donc jamais nous empêcher de désespérer du salut de Dieu.

La deuxième attitude à laquelle le temps de l’avent nous invite avec le prophète Isaïe est la conversion du regard sur Dieu. Dieu est juste, il n’est pas justicier. Il est le présent et l’avenir de l’homme. S’il déteste le péché, il ne déteste pas le pécheur. Si le bout du tunnel est sombre, il est le faisceau de lumière qui illumine. La conversion du regard sur Dieu doit nous conduire à ne jamais perdre confiance en la promesse de Dieu.

Nous devons nourrir le désir et l’attente de Dieu. Cette attente nous invite à nous préparer activement à la rencontre du Seigneur. Ce désir doit être la boussole qui motive toute notre action. En même temps, nous devons, en tant que chrétiens, devenir des « Isaïe  » pour nos frères et sœurs. Nous devons avoir les yeux ouverts sur les situations de souffrances extrêmes, de découragement, de désespoir et rallumer en eux la joie des lendemains meilleurs. En ce sens, avec le prophète Isaïe, nous pouvons aider nos frères et sœurs à sortir de leur prison pour attendre, dans la joie, le jour de la victoire de Dieu.

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Abbé Jean Oussou-Kicho

Je suis prêtre de l’archidiocèse de Cotonou (Bénin), ordonné en 2008, licencié en théologie morale. Directeur de complexe scolaire, je suis investi dans la pastorale des réseaux sociaux, devenus un nouveau terrain propice pour l’évangélisation et l’éducation des chrétiens

Cette publication a un commentaire

  1. Félix

    Merci excellé Cher prête. Je suis totalement satisfait au terme de la lecture de cette publication. Merci de nous avoir inculqué les meilleurs conseils pour vivre ce temps de l’avent à l’image du prophète Isaïe. Que Dieu tout puissant vous aide à aller de l’avant.

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