Ils deviendront une seule chair

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« Devenir un seule chair » est le projet à la base de tout consentement matrimonial. C’est pour cette raison qu’on peut appeler l’autre « ma moitié ». Comment réaliser ce troisième principe pour la réussite de sa vie de couple. C’est ce à quoi s’applique cet article. Il intéressera tout à la fois ceux qui sont déjà engagés dans le mariage comme ceux qui s’y préparent.

La troisième clé d’une vie de couple réussie est la réalisation de ce projet que Dieu a sur le couple de devenir une seule chair. Nicodème, dans son dialogue nocturne avec Jésus, posait une question, plutôt curieuse, quand le Seigneur, à propos du baptême, lui apprenait que la renaissance est le chemin pour entrer dans la vie éternelle. Il réfléchissait tout haut en s’interrogeant sur la possibilité pour un adulte de rentrer à nouveau dans le sein de sa mère pour renaître. Jésus, à son questionnement dira, qu’il faut naître de l’eau et d’Esprit.

Dans le cas présent de « devenir une seule chair   » avec sa femme, il ne s’agit pas de faire fusion avec son conjoint, corporellement. Le texte n’est pas à comprendre au sens littéral. En demandant qu’ils deviennent une seule chair, Dieu les invite à être un. Nous parlerons de l’unité dans le couple comme chemin de relation épanouissante. Quels sont ces chemins d’unité et de communion  ?

Être un dans la foi

L’unité de chair implique que les deux conjoints aient une même vision quant à la foi en Dieu. Une personne peut être monothéiste, polythéiste, idolâtre, athée. Mais elle ne sera pas d’un côté monothéiste et de l’autre polythéiste, au risque de tomber dans l’hypocrisie. Un couple qui veut harmoniser son vivre-ensemble doit avoir une même foi, une même alliance avec Dieu.

Quelques exemples peuvent nous aider à mieux comprendre. Je ne peux être chrétien, croyant en un seul Dieu et me marier avec une personne qui est idolâtre. Je ne peux croire à la puissance du seul sacrifice du Christ et me marier à celui qui ne peut se passer des sacrifices d’animaux. Je ne peux être catholique, adoptant la Vierge Marie comme mère, croyant en la présence réelle du Christ dans l’Eucharistie et me marier avec quelqu’un qui rejette les fondamentaux de la foi catholique, même s’il affirme être chrétien. L’unité de la foi implique l’unité de vie de prière. Celle-ci ne peut advenir sans celle-là. Or, si en tant qu’une seule chair, vous vous adressez différemment à Dieu, ou que vous vous adressez à des divinités différentes, on peut bien se poser la question de savoir si cette unité est réelle. En vérité, c’est le signe obvie que le couple n’a pas réussi l’unité de foi.

C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles le mariage d’un catholique avec les autres chrétiens non-catholiques et le mariage d’un catholique avec les non-chrétiens constitue en soi un empêchement dirimant au mariage catholique. Car, dans ces cas de figure, l’harmonie du couple n’est pas garantie dans la durée. On en trouve de réussie, mais à un pourcentage très faible. La sagesse de l’Église catholique, éclairée par la Parole de Dieu, invite à tenir compte de ce critère qui doit être l’un des premiers dans le choix de son conjoint, si l’on veut une vie harmonieuse dans la durée de la relation.

Unité dans les valeurs fondamentales du mariage

L’autre condition d’épanouissement du couple est l’unité en ce qui concerne les valeurs fondamentales de la vie. On peut citer pêle-mêle, précisément à propos du mariage, les thèmes de la fidélité dans le mariage, de l’unité et de l’indissolubilité, l’honnêteté, la place du pardon, de l’entraide, de la dignité de la personne, de la sacralité de la vie, la place des belles-familles et des amis dans le couple, la vie sexuelle du couple, l’altruisme, le travail, l’humilité, etc. Il faut bien qu’il n’y ait pas divergence de point de vue sur ces points centraux. Le fait de ne se focaliser que sur la réussite sexuelle et l’attirance physique sont à risque pour la vie du couple. Car, elles sont aléatoires et passagères. Celui qui entreprend de se marier doit prendre le temps pour échanger sur ces points avec son futur/sa future.

Unité dans l’éducation des enfants

Il faut aussi qu’il y ait l’unité dans l’éducation des enfants. À ce sujet, les parents doivent accorder leur violon en tout ce qui concerne les valeurs à transmettre aux enfants que Dieu leur donnera la grâce d’avoir. Ces valeurs procèdent naturellement de celles autour desquelles les parents se sont entendus avant le mariage. Beaucoup ignorent l’influence négative que la discordance des parents sur les valeurs à transmettre aux enfants peut avoir sur la vie des enfants. Ordinairement, ils choisissent, selon le contexte, la partie qui les arrange. Et si l’enfant est laissé à son libre choix, il choisira bien souvent la facilité ou bien selon l’intensité de l’amour qu’il a pour l’un ou l’autre de ses parents ou même selon la rue et les médias. Il importe donc qu’en matière d’éducation, le père et la mère soient une même chair, dans la transmission des mêmes valeurs à leurs enfants.

Unité dans l’union intime

L’harmonie du couple se réalise aussi dans l’unité dans la vie conjugale. En se donnant l’un à l’autre, l’époux et l’épouse réalisent aussi cette parole du Seigneur de « devenir une seule chair   ». C’est un moment fort dans la vie ordinaire du couple. Il faut donc aussi harmoniser les points de vue en cette matière pour que l’un ne soit pas malaisé en ce moment. Chacun des conjoints ne peut avoir son point de vue et l’imposer à l’autre, sinon on tomberait dans la chosification de l’autre. L’imposition de sa manière de percevoir l’intimité et sa pratique se nourrissent bien souvent de l’orgueil et de la manière dont l’amour est modelé dans le cœur. En ce moment, le corps n’est que le reflet d’une conception biaisée de l’amour dans le cœur.

Les films pornographiques ne peuvent pas servir de modèle pour la vie intime dans le couple. En arriver là, au nom d’une variation sexuelle, est le signe d’une dégradation et d’une immaturité affective. De la même manière, une prise de bec ne peut être un motif pour ne pas accomplir son devoir conjugal. Le lit n’est pas un lieu de punition de son conjoint ou de sa conjointe. Il faut aussi rappeler que la vie sexuelle n’est pas un absolu dont on ne peut se passer. Le respect mutuel du corps l’un de l’autre exige que l’on relativise une mentalité sexuelle réductrice en profondeur de la vérité et de la finalité de la sexualité dans la vie du couple. Ces exemples à la volée montrent à merveille que la délicatesse du sujet oblige à bien s’entendre pour que l’unité dans l’union intime soit source d’épanouissement pour l’un et pour l’autre.

Une erreur : l’unité n’est pas l’uniformité.

Réaliser l’unité signifie qu’il y a des différences à prendre à compte. L’unité ne signifie pas l’uniformité ni absorption. L’homme ne doit pas réduire la femme à lui et inversement. Il ne peut non plus mettre la femme en veilleuse comme si le couple se réduisait à sa volonté. La femme ne peut être l’homme et l’homme ne peut être la femme. C’est justement dans la sauvegarde de la différence spécifique de chacun que l’unité se trouve enrichie.

C’est donc une erreur de vouloir à tout prix gommer les différences dans le couple. Il faut apprendre à les gérer. On peut même affirmer, sans risque de se tromper, que les meilleurs couples sont ceux qui savent gérer leur différence au point d’y trouver des traits d’union. Pour n’avoir pas su intégrer la différence de nature et donc de caractère et de perception entre l’homme et la femme, plusieurs couples ont vécu des calvaires inutiles à s’entredéchirer.

Toutefois, la sauvegarde de la différence ne concerne pas les valeurs que nous avons vues précédemment et qui nécessitent qu’on harmonise les convictions. Ces valeurs fonctionnent comme des piliers qui soutiennent la famille. Les différences apparaissent comme le revêtement des piliers. Les deux sont nécessaires, les convictions pour la solidité de la maison et les différences pour sa beauté.

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Abbé Jean Oussou-Kicho

Je suis prêtre de l’archidiocèse de Cotonou (Bénin), ordonné en 2008, licencié en théologie morale. Directeur de complexe scolaire, je suis investi dans la pastorale des réseaux sociaux, devenus un nouveau terrain propice pour l’évangélisation et l’éducation des chrétiens