Où était Dieu avant la création ?

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Yves, aussi curieuse qu’elle soit, ta question est intéressante. Elle permet de faire une balade philosophique et spirituelle. J’ai déjà eu l’occasion d’y répondre dans les messages. Mais j’ai jugé utile de le publier dans le groupe pour le bien de tous.

La Bible nous enseigne que Dieu a créé le ciel et la terre, l’univers et ses merveilles juste par sa parole (Ps 33, 6) : « il parla et ce qu’il dit survint ». Nous en avons le récit dans le livre de la Genèse (Gn 1, 1-28). Mais alors, si rien n’existait avant la création, où était Dieu ?

Dans la prière du Notre Père, on dit souvent souvent : « Notre Père, qui es aux cieux ». Psychologiquement, nous plaçons Dieu au-dessus des nuages, ce que nous appelons le ciel. Au risque de vous choquer, Dieu n’est pas dans ce ciel-là. Quand nous disons « Notre Père qui es aux cieux », le ciel est plus un symbole qu’un lieu. Le « qui es aux cieux » signifie qui est au-delà de toute chose, qui dépasse toute chose. En vocabulaire technique, on parlera de la « transcendance » de Dieu. Le psaume dit bien à propos de Dieu que les cieux et les hauteurs des cieux ne peuvent le contenir.

Alors si Dieu crée le monde à partir de rien, s’il existait avant la création du monde, où se trouvait-il alors ? La réponse se trouve dans la définition même de Dieu. Dieu est esprit, et en tant que tel, il n’est pas localisable, il n’est pas soumis au temps et à l’espace, autrement dit, il est hors de l’histoire. L’histoire commence avec le temps et Dieu est avant le temps. Il faut avoir fait un peu de philosophie pour comprendre aisément. C’est bien ce qu’expliquait Ambroise Dansou quand il dit : « Dieu est le moteur qui meut tout mais que rien ne meut. C’est la cause causale non causée », un gros français que je me dois de monnayer par une illustration.

Prenons l’exemple de deux jumeaux encore dans le ventre de leur mère. Supposons que X est le jumeau 1 et Y le jumeau 2. X et Y discutent sur le monde au-delà des entrailles de leur mère.

X  : Y, je sens l’existence de maman, mais je ne sais pas où il vit.

Y : Tu as raison, il vit où même ? se peut-il qu’il y a un possible vie en dehors du placenta ?

X : Ne raconte pas n’importe quoi Y. Nul ne peut vivre or du placenta. Mais alors, avant que nous ne soyons formés dans les entrailles de maman, où vit-elle, puisque le placenta a commencé avec nous.

Y : certainement qu’il vit autrement, en dehors des entrailles, puisque c’est elle qui nous a conçu.

Au jour de l’accouchement, Y qui croit à l’existence d’un monde hors du placenta accepte de sortir du placenta. Il accepte de mourir au placenta. X qui ne croit pas en l’existence d’une possible vie hors du placenta refuse de sortir du ventre de sa mère. Y sort et découvre un monde plus vaste. Il voit le visage de sa mère qui le couvre d’amour. Il se réjouit de savoir que sa mère est vivant dans un monde plus grand que le placenta. X n’aura jamais cette chance s’il n’accepte pas de sortir du placenta. Y ne pourra jamais retourner dans le placenta pour convaincre X que maman est vivante.

Par analogie, les deux jumeaux représentent les hommes, les uns qui se posent des questions sur la demeure de Dieu (la mère) et les autres qui répondent que Dieu est hors du placenta (univers) même si c’est lui qui crée le placenta. Les enfants vivent par la mère, mais la mère peut vivre sans les enfants (cause causale non causée).

Cet exemple est illustratif du mystère qu’est Dieu. Il est Esprit et en tant qu’esprit, il est créateur de l’univers (le placenta de la maman) et il est hors de l’univers. Pour le découvrir, il faut accepter la mort (c’est-à-dire sortir du placenta). Il est donc clair qu’on peut bien avoir une idée de Dieu avant la naissance du monde, tout comme la mère vit bien avant la conception de ses enfants jumeaux. C’est une comparaison qui nous éclaire un tant soit peu même si elle n’épuise totalement la réalité.

Donc mon frère, Dieu, en tant qu’esprit vit hors de lui l’univers et l’univers vit en lui. Nos catégories humaines ne peuvent appréhender cela. Seule la foi nous permet de comprendre une telle logique.

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Abbé Jean Oussou-Kicho

Je suis prêtre de l’archidiocèse de Cotonou (Bénin), ordonné en 2008, licencié en théologie morale. Directeur de complexe scolaire, je suis investi dans la pastorale des réseaux sociaux, devenus un nouveau terrain propice pour l’évangélisation et l’éducation des chrétiens

Cet article a 2 commentaires

  1. Alihonou

    C’est vraiment fort, en tant que catéchiste, je suis aussi confronté à une telle question venant des catechumènes . merci Père pour l’éclaircissement

  2. Michel Serge ZINSOU

    Ce site est simplement une merveille. Sincère merci à vous, chers Pères. Que le Seigneur vous éclaire et vous inspire toujours. Amen.

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