Pourquoi revenir à la lectio divina ?

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L’Église depuis le Concile Vatican II exhorte tout le peuple de Dieu à mettre la Parole de Dieu au cœur de sa vie. D’où un intérêt accru pour la méditation de la Parole divine. Mais cette redécouverte de la centralité de la Parole est confrontée à l’inflation des propositions de textes médités et à l’usage déclaratoire des mouvements pentecôtiste. Il faut revenir à l’esprit de la prière chrétienne, qui est avant tout une prière du silence, de l’écoute. Nous voulons donc exposer, en mots simples, une méthode connue de tous, mais si peu appliquée. Notre parcours sert d’une longue introduction à la prière qui fait de l’Écriture son objet propre.

La Parole au centre de la vie chrétienne

J’ai voulu initier cette formation pour les chrétiens « catholiques » deux raisons. La première est que l’Église depuis le Concile Vatican II, dans sa « Constitution dogmatique Dei Verbum » a clairement l’option de voir les fidèles chrétiens être au contact de la Parole.

« […] le saint Concile exhorte de façon insistante et spéciale tous les fidèles du Christ, et notamment les membres des ordres religieux, à acquérir, par la lecture fréquente des divines Écritures, « la science éminente de Jésus Christ » (Ph 3, 8). « En effet, l’ignorance des Écritures, c’est l’ignorance du Christ ». Que volontiers donc ils abordent le texte sacré lui-même, soit par la sainte liturgie imprégnée des paroles divines, soit par une pieuse lecture, soit par des cours appropriés et par d’autres moyens qui, avec l’approbation et par les soins des pasteurs de l’Église, se répandent partout de nos jours d’une manière digne d’éloges. Qu’ils se rappellent aussi que la prière doit aller de pair avec la lecture de la Sainte Écriture, pour que s’établisse un dialogue entre Dieu et l’homme, car « nous lui parlons quand nous prions, mais nous l’écoutons quand nous lisons les oracles divins »                  


Le message est tout à fait sans ambiguïté : la Parole de Dieu doit être au centre de la vie des chrétiens Il y a eu des centaines, voire des milliers d’initiatives pour mettre les fidèles au contact de la Parole, pour les faire entre davantage dans sa compréhension. Ces heureuses initiatives n’ont pas toujours porté, dans la durée, les fruits qu’on attendait d’elles. Au lieu d’être des adjuvants pour la méditation personnelle, elles sont devenues des chemins de paresse spirituelle, qui dispensent de l’effort personnel auquel chaque chrétien doit consentir pour méditer pour lui-même la Parole. L’Ecriture méditée par un autre n’est plus tout à fait pour soi. Le lecteur la reçoit de l’extérieur et demeure étranger à cette parole. La Parole ne produit plus du fruit en lui, car il ne l’a pas rencontrée dans son histoire. Il faut donc un retour à la méditation de la Parole par soi-même.

D’un autre côté, l’influence évangélique cause de multiples déviations observées ici et là dans la prière. Aujourd’hui, on est tenté de faire des prières de « déclarations prophétiques », des prières où les versets bibliques sont cités à la volée. Prier en prenant appui sur la Parole de Dieu ne signifie nullement connaitre certains versets bibliques pour ensuite s’en servir et faire des prières injonctives. La prière chrétienne devrait se libérer de cette influence qui n’est qu’une manière païenne de se servir de la Parole de Dieu. C’est prier en vérité dans la pensée et la pratique païenne. La prière catholique n’est pas une incantation de références bibliques qui servent de point d’appui pour laisser libre cours à ses désirs.

Enfin, il faut stigmatiser la prière du bruit, liée à la prière du rabâchage tantôt dénoncée. Le chrétien ne fait pas d’incantations, pas plus qu’il ne rabâche. La prière catholique est avant tout une prière qui doit favoriser à toutes ses étapes, le silence et le recueillement. La prière catholique est peut-être tout, sauf bruyante. Or il se fait que le bruit fait irruption dans notre manière de prier. Je suis abasourdi de voir combien certains de nos frères chrétiens prient. Ils sont à l’église. Il suffit de les regarder pour voir qu’ils parlent sans s’arrêter. Ils ne prennent du repos que pour conclure leur prière. Le moment du silence et du recueillement est pratiquement absent.

Découvrir Dieu dans le recueillement

Il n’y a rien qui révèle plus Dieu que le silence. Dieu se rencontre dans le silence, le calme, la douceur, non dans le fracas des bruits. Nous nous rappelons bien le rendez-vous que Dieu donne au prophète Élie. Il sort de sa grotte pour voir Dieu passer. Élie va faire la rencontre du Seigneur non pas dans la violence du vent, du crépitement de feu et du tremblement de la terre, mais au passage d’une brise légère et silencieuse.

« Le Seigneur dit : « Sors et tiens-toi sur la montagne devant le Seigneur, car il va passer. » À l’approche du Seigneur, il y eut un ouragan, si fort et si violent qu’il fendait les montagnes et brisait les rochers, mais le Seigneur n’était pas dans l’ouragan ; et après l’ouragan, il y eut un tremblement de terre, mais le Seigneur n’était pas dans le tremblement de terre ; 12 et après ce tremblement de terre, un feu, mais le Seigneur n’était pas dans ce feu ; et après ce feu, le murmure d’une brise légère. 13 Aussitôt qu’il l’entendit, Élie se couvrit le visage avec son manteau, il sortit et se tint à l’entrée de la caverne. Alors il entendit une voix qui disait : « Que fais-tu là, Élie ? »

Dieu ne se rencontre jamais dans le bruit. Jésus, notre Seigneur, priait toujours dans le silence, au moment où tout est calme autour de lui, dans la nuit profonde ou au petit matin. Il défend à ses disciples de rabâcher dans leur prière.

À travers cette formation, nous allons entrer dans le profond esprit de la prière chrétienne. Elle est toute différente de ce que nous observons de plus en plus. On n’a pas vraiment besoin d’être un moine ou un prêtre avant de prier en tout temps et de pratiquer la « lectio divina ». Beaucoup de fidèles qui la pratiquent excellemment. Pourtant, ils sont engagés dans le monde au niveau socio-professionnel. Il s’agit pour nous, mes frères et sœurs, d’introduire une prière longtemps réservée à des spécialistes dans la vie des chrétiens. Le travail quotidien, les sollicitations familiales, les contraintes inattendues sont des raisons parmi tant d’autres pour soustraire à la pratique de la lectio divina. Les plus endurants, ceux qui vont la mettre en pratique, y trouveront une source inédite de découvertes qu’ils ne laisseront plus jamais. La seule difficulté est qu’elle peut paraître insipide au départ. Avec un peu de volonté, on peut la surmonter.

Chemin de découverte

La « lectio divina » est une expression latine qui traduit une expérience spirituelle inspirée du modèle juif. Il s’agit en vérité d’une lecture spirituelle ou « lecture pieuse » pour reprendre les mots de Dei Verbum. C’est une rumination des textes dans son cœur. Il faut pour cela le critère de la foi, autrement on tombera dans une étude biblique. La lectio divina s’applique à la lecture des textes spirituels, à la Parole de Dieu ou à un écrit spirituel. Elle suppose donc le silence autant qu’il exige la sortie de la grotte. Il appelle l’abandon dans le Seigneur et l’ouverture de soi à Dieu. La lecture divine se fait en quatre étapes, comme 4 échelons qui permettent de partir de la terre pour percer les nuées du ciel.

Pour mieux comprendre ce qu’est la lectio divina, nous allons passer par d’abord par les conditions de bases et les étapes introductives. Elles ont l’avantage de nous disposer à la lecture. Ensuite, nous verrons les quatre étapes nécessaires pour la prière avec la Parole de Dieu. Enfin, en forme de conclusion, nous indiquerons l’esprit de cette prière et proposerons un schéma synthétique pouvant nous aider à chaque étape.

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Abbé Jean Oussou-Kicho

Je suis prêtre de l’archidiocèse de Cotonou (Bénin), ordonné en 2008, licencié en théologie morale. Directeur de complexe scolaire, je suis investi dans la pastorale des réseaux sociaux, devenus un nouveau terrain propice pour l’évangélisation et l’éducation des chrétiens

Cet article a 11 commentaires

  1. Agboudou

    Merci infiniment

  2. José KIMA

    Merci beaucoup pour ces précisions qui m’ont vraiment édifiée. Chaque jour j’ouvrirai ma page facebook pour avoir la suite de la formation à la lectio divina: les 4 echelons…Que Dieu vous fortifie et continue de vous éclairer par son Esprit Saint.

  3. Vignault

    Merci père! J attends avec impatience la suite de votre enseignement… Bien fraternellement

  4. Natacha

    Merci Mr l’abbé !

  5. KOUTONOU DIANE MÉRANDE

    Merci beaucoup à vous mon Père

  6. Janine Aguzzi

    Merci beaucoup pour cet enseignement .
    Que Dieu soit toujours avec vous dans votre mission
    En UDP

  7. Léonie ZEKPA

    Bonjour mon père… J’ai vraiment aimé L’enseignement… Merci beaucoup
    J’aimerais bien vous rencontrer..
    Je suis à calavi

  8. Kinfack Dorine

    Merci beaucoup mon père et j’attends la suite avec impatience.

  9. Célestin

    Merci infiniment mon père

  10. Djea armelle

    Merci mon père hâte d’apprendre

  11. TODALI Kossi Désiré

    Grâce à ce forum, je continue par constater au jour le jour que j’étais ds l’ignorance sur bcp de chose. Chèrs père et laïc, je suis à vs

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