Préparation spirituelle à la lectio divina

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Les étapes préliminaires constituent le premier pas réel d’entrée dans la prière de la lectio divina. Cette entrée commence par « la mise en présence de Dieu » qui conduit à la « demande de pardon » et à « l’invocation de l’Esprit-Saint », trois étapes-clés pour une bonne préparation intérieure. On parle souvent de la « mise en présence de Dieu », mais beaucoup ne savent pas ce qu’il faut faire pour y parvenir. De la même manière, ils sont nombreux à vouloir les étapes préparatoires à la prière chrétienne. C’est l’objectif de ces paragraphes que nous subdiviserons en trois sous-parties à savoir : la mise en présence de Dieu, la conscience de notre indignité et l’invocation de l’Esprit-Saint.

1ère Etape : Se mettre en présence de Dieu

Les multiples soucis du quotidien nous rendent parfois absents à Dieu. La faiblesse de la chair, notre péché qui obscurcit notre âme et bien d’autres choses, comme la limitation de notre esprit et notre liberté qui préfère d’autres choses à Dieu, nous empêchent d’être vraiment présents à lui. Se mettre en présence de Dieu est donc nécessaire, car on peut bien être absent à lui. Déjà dans la vie ordinaire, on peut être côte à côte et être totalement absent à son prochain. On peut vivre dans le même appartement et s’ignorer parfaitement. Ce qui est vrai au simple plan humain l’est davantage quand il s’agit de Dieu. D’où la nécessité, au début de toute prière, de prendre le temps pour la mise en présence. Mais si nous sommes déjà absents à ceux qui nous entourent et parfois à nous-mêmes, comment être présent à une réalité invisible et vraie ?

Il est heureux que beaucoup de personnes, de plus en plus, prennent l’habitude au début de leur prière d’inviter à se mettre en présence de Dieu : « Mettons-nous en présence de Dieu et adorons son Saint Nom », disons-nous souvent. Aussitôt après, nous nous signons pour passer à la prière. Cette invitation à la mise en présence exige de nous plus de disponibilité et de recueillement qu’on ne le voit dans la pratique.

Dieu est présent en tout lieu et en tout temps. Nous ne le voyons pas, mais il est bien là. Il est présent dans sa création, puisque toute la création dit la gloire de Dieu. C’est pour cela que même dans la nature, la contemplation d’une fleur peut nous conduire à Dieu et nous mettre en sa présence. Il est présent par l’homme qui est son image. Il est présent par sa Parole, par son Fils, par son Église. Le prophète découvre la magnificence de Dieu dans le Temple et il s’exclame. Ce sont autant de moyens pour une mise en présence de Dieu. Mais il est véritablement présent en nous. Il est présent au plus profond de notre cœur, mieux que nous le croyons. Il est souvent en nous et nous le cherchons à l’extérieur.

La mise en présence de Dieu n’est donc pas un moyen pour appeler la présence de Dieu. La mise en présence de Dieu est la conscience que nous prenons de sa présence constante auprès de nous et en nous. La mise en présence de Dieu dépend donc plus de nous-mêmes que de Dieu. Sa grâce suffisante est donnée par anticipation pour y arriver. Prendre conscience de sa présence, c’est revenir à soi, entrer en soi et le découvrir en soi.

L’imagination va beaucoup nous aider. Elle est la faculté psychologique qui permet de se souvenir des paroles, des personnes, des lieux et des objets passés ou même de les représenter à partir de l’idée que nous avons d’eux. Prendre conscience de la présence de Dieu et se mettre en sa présence, c’est savoir que nous sommes dans le milieu divin, un milieu sacré, où Dieu est présent avec toute sa gloire, avec les anges et la foule des saints. Le mystère de Dieu est si insondable que notre imagination ne peut l’épuiser. Chaque jour, nous pouvons imaginer la beauté, la grandeur, l’attrait de Dieu : Créateur, Rédempteur, Lumière, force, puissance, douceur, miséricorde, sagesse infinie, etc. C’est un peu l’expérience que le prophète Isaïe a faite dans sa vie : il voit la grandeur de Dieu dans le temple. En vérité, Dieu lui révèle un moment sa grandeur, car il est toujours présent, même si l’œil ne le voit pas.

Par l’imagination, nous nous éveillons donc à la présence de Dieu et nous nous découvrons témoins de sa grandeur. On peut le faire les yeux ouverts. Mais il est préférable de fermer les yeux, car nous rentrons plus facilement en nous-mêmes. Pour que la mise en présence de Dieu réussisse, il est nécessaire, comme nous l’avons dit dans la première partie, de rentrer en soi et de fermer sa porte.

La mise en présence de Dieu permet de sentir sa présence. Elle nous introduit et nous tient en face de Dieu. Cette mise en présence peut se faire en un court moment. Cinq minutes, ou moins pour les plus habitués, suffisent pour y arriver. On peut à volonté, une fois dans la présence de Dieu, poursuivre sa contemplation. Le signe que l’on est en présence de Dieu, c’est la reconnaissance immédiate de notre faiblesse et le désir de son secours. Sans celui-ci, nul ne peut soutenir cette présence. Ce secours auquel nous recourons est sa miséricorde et son Esprit.

2ème étape : La conscience de notre indignité

Dans la Bible, plusieurs grands personnages ont fait l’expérience de la présence de Dieu. Je voudrais, dans la rubrique actuelle, ressortir l’expérience de deux de ces saintes figures. Il s’agit, dans l’Ancien Testament, du prophète Isaïe et, dans le Nouveau Testament, de l’apôtre Pierre. À la genèse de la vocation du prophète Isaïe, se trouve la vision du Dieu-Roi dans le temple, un Dieu dont la majesté et la sainteté ont subjugué le prophète. Il s’écrit : « Malheur à moi ! Je suis perdu, car je suis un homme dont les lèvres sont impures, j’habite au milieu d’un peuple dont les lèvres sont impures et mes yeux ont vu le Roi, l’Éternel des armées » (Is 6, 5).

C’est aussi à l’occasion de son appel à la suite du Seigneur Jésus que Saint Pierre fera une expérience unique de la présence de Dieu. Après une nuit infructueuse de pêche, voici Jésus qui survient au bord du lac de Tibériade. Pierre lui laisse volontiers sa barque pour annoncer la Bonne Nouvelle du Royaume à la foule, venue nombreuse sur les bords du lac. Au terme de son enseignement, Jésus va demander à Pierre de jeter son filet pour prendre du poisson. Ayant obéi, il prend une telle quantité de poisson qu’il saisit en son esprit qu’il était en présence d’une puissance divine. Il se met à genoux aux pieds du Maître et supplie : « Éloigne-toi de moi, Seigneur, parce que je suis un homme pécheur » (Lc 5,8).

Le prophète Isaïe et l’Apôtre Pierre étaient dans la présence de Dieu. Ce dernier était si proche, mais eux ne le savaient pas. Il a fallu que le Seigneur se révèle à eux pour qu’ils comprennent. De ces deux expériences, nous devons comprendre que Dieu est toujours avec nous, à l’Église, dans nos maisons, comme dans nos lieux socio-professionnels. Il est avec l’Emmanuel, Dieu-avec-nous. Ce que nous révèle l’attitude de Pierre et d’Isaïe, c’est la spontanéité à reconnaître leur indignité à se tenir devant le Seigneur. Pour nous qui nous engageons dans la lectio divina, la mise en présence de Dieu doit déboucher, si elle est bien faite, sur la conscience de notre petitesse devant le Seigneur, au point où la crainte nous saisisse. La présence de Dieu révèle le péché en l’homme et l’invite à le confesser.

C’est pour cette raison que, après la mise en présence de Dieu, il est bon de faire un examen de conscience, pour reconnaître ses péchés et recourir à la miséricorde de Dieu qui relève. La Parole que nous avons à méditer a besoin que nos cœurs soient libérés de ces fardeaux, de ces pierres et chardons pour offrir une bonne terre à la Parole que nous allons recevoir.

Il faut donc prendre le temps de faire l’examen de conscience. Il peut être long ou court, cela dépend du temps que l’on dispose. On finit généralement en prenant un chant de demande de pardon, en récitant le psaume 50 ou un psaume similaire, en récitant le « confiteor » (Je confesse à Dieu tout-puissant) ou l’« acte de contrition ». Ce moment de repentir n’est pas à escamoter de la démarche nous introduisant dans la lectio divina. Après la demande de pardon, vient l’ouverture à l’Esprit-Saint.

3ème étape : La demande de l’Esprit-Saint

Le Saint Esprit est présenté dans les premiers mots du livre de la Genèse comme le Souffle de Dieu : « le souffle de Dieu planait à la surface des eaux. » (Gn 1, 2b). Plusieurs fois dans la Bible on parlera de ce souffle comme d’une réalité qui fait passer des ténèbres à la lumière, de la mort à la vie, de la fermeture de l’intelligence à son ouverture, de la peur à l’audace, de la crainte au témoignage.

Toute vie, qu’elle soit humaine ou animale, porte ce souffle, à la différence que le souffle qui anime l’homme porte en lui toutes les facultés différenciant les hommes des animaux. Ce souffle est la source d’inspiration des prophètes (1S 10, 6. 10). C’est ce même souffle (Esprit) qui descend sur Jésus pour sa mission de salut. À sa résurrection, Jésus va souffler sur ses disciples et dire explicitement « Recevez l’Esprit Saint » (Jn 20, 22) et il leur ouvrira « l’esprit à l’intelligence des Ecritures » (Lc24, 45). De ce souffle, il précisera, entre plusieurs rôles, qu’il nous fera comprendre ses paroles et nous conduira à la vérité entière (Jn 16, 12-15). À l’orée des temps nouveaux pour l’Église, le souffle de Dieu, comme un vent violent, envahit la demeure des apôtres et tous étaient remplis de l’Esprit-Saint. À partir de ce moment, ils deviennent herméneutes des mystères du Christ (Ac 2, 1-13).

L’Esprit-Saint est donc un acteur incontournable et indispensable pour la Lectio divina. C’est lui qui nous ouvre le sens des Écritures. C’est lui qui nous montre comment se servir de Jésus comme la clé pour desceller la porte d’entrer dans les Écritures. Il faut avoir l’assurance que le Saint-Esprit est le don que Dieu ne refuse à personne. Jésus nous le certifie dans sa Parole. Dieu ne se lasse jamais de donner son Esprit à ses enfants. Si les hommes, mauvais, savent donner de bonnes choses à leurs enfants, combien plus, Dieu, bon, ne donnera-t-il pas le Saint-Esprit à ceux qui l’en prient (Cf. Lc 11, 13). Il faut donc avoir confiance. L’Esprit-Saint sera toujours donné. La seule limite pour ne pas sentir sa présence, c’est quand nous ne sommes pas en nous-mêmes.

Étant donné que le Saint-Esprit est un souffle et que nous portons ce souffle, ma proposition, sans se limiter à un moyen technique, va faire appel à la respiration, pour l’accueil du Saint-Esprit.

La maîtrise de la respiration

La prière est la respiration de l’âme. Autant respirer est nécessaire pour le corps, autant elle l’est pour l’âme. Pour le corps, c’est l’échange gazeux de l’expiration du gaz carbonique pour l’absorption de l’oxygène. Pour l’âme, c’est le renouvellement qui consiste en l’accueil de la grâce divine et le rejet de tout ce qui empoisonne la vie de grâce. Il semble bien qu’il y a une corrélation entre l’acte mécanique de respirer et l’accueil de l’Esprit Saint sans lequel on ne peut prier le Père. Bien sûr, l’accueil de l’Esprit ne saurait se restreindre à la maîtrise d’une technique. Mais cette dernière peut vraiment aider, pour les débutants.

Plus la respiration est calme et profonde, plus on s’ouvre à l’accueil de l’Esprit. Plus elle est haletante et rapide, moins elle nous dispose à l’accueil de l’Esprit. Pour demander le Saint Esprit, il faut d’abord prendre le temps de calmer sa respiration pour qu’elle retrouve un rythme paisible et stable. À cet effet, il faut inspirer lentement et profondément par les narines de sorte à remplir le thorax et expirer tout aussi lentement jusqu’à se vider complètement, cette fois-ci par la bouche. Cette technique permet une entrée insidieuse, mais certaine dans le repos et en soi. Elle nous extrait plus facilement des agitations extérieures pour une exploration intérieure de notre cœur. Il faut prolonger l’exercice jusqu’à sentir notre descente dans notre for interne. Cette inspiration et cette expiration doivent s’accompagner de paroles.

Quelques paroles d'accompagnement

L’inspiration peut être accompagnée des paroles suivantes :

Seigneur, remplis-moi de ton Esprit

ou

Que vienne en moi l’Esprit qui ouvre à l’intelligence des Écritures

ou

Viens en moi l’Esprit d’écoute

ou

J’accueille l’Esprit du Fils en moi

ou

On peut aussi prendre chacun des 7 dons de l’Esprit pour demander l’Esprit Saint

– L’expiration peut être suivie par les paroles suivantes :

Seigneur, libère-moi de mes résistances à l’Esprit

ou

Seigneur, ouvre mes oreilles à l’écoute de ta Parole

ou

Seigneur Esprit, viens à mon secours

Ou

Esprit Saint, ouvre mon intelligence à la compréhension des Écritures

Ou

Esprit Saint, sois toi-même mon guide.


On peut finir en prenant un chant calme et spontané à l’Esprit Saint.
Après ce moment, on rentre dans un temps de silence intérieur et d’accueil de l’Esprit. Nous nous préparons ainsi à la Lectio divina proprement dite.

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Abbé Jean Oussou-Kicho

Je suis prêtre de l’archidiocèse de Cotonou (Bénin), ordonné en 2008, licencié en théologie morale. Directeur de complexe scolaire, je suis investi dans la pastorale des réseaux sociaux, devenus un nouveau terrain propice pour l’évangélisation et l’éducation des chrétiens