Bible et sacrement de mariage

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Où se trouve la célébration du sacrement de mariage dans la Bible ?

Je remercie le frère qui a posé une question qui cache une autre plus profonde sur le rôle précis des Saintes Écritures dans l’organisation de la liturgie et plus globalement du culte et du comportement chrétien. Le frère a demandé que j’accompagne mon argumentaire de références bibliques.

Le mariage, comme je l’avais dit, est une réalité naturelle que notre Seigneur Jésus-Christ a élevée au rang de sacrement : « Au commencement, il n’en fut pas ainsi. Dieu les créa homme et femme ; ainsi l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme et tous deux ne feront plus qu’un ». En défendant à la fois l’unité et l’indissolubilité du mariage, Jésus reconnaissant leur valeur propre. C’est saint Paul qui va nous révéler sa signification sacramentelle dans Eph 5, 21-33. Déjà dans l’Ancienne Alliance, Dieu se présentait comme l’époux d’Israël, la femme infidèle à qui Dieu pardonne sans cesse (lire tout le livre du prophète Osée dans ce sens).

Nous avons vu notre Seigneur participer à la célébration du mariage à Cana (Jn 2, 1-11). Avant sa naissance, la célébration du mariage de Marie et de Joseph était enclenchée : les fiançailles étaient déjà célébrées. Le mariage juif impliquait les familles des futurs époux et les fiançailles avaient un caractère juridique fort au point, le lien entre les fiancées ne pouvait se rompre, sauf motif extrêmement grave.

Dans le Nouveau Testament, hélas, on ne voit nulle part où se trouvent les manières de faire aujourd’hui le mariage. Toutefois, on peut le dire de tous les sacrements et de beaucoup d’autres pratiques instituées par l’Église. Je voudrais donner quelques exemples. Jésus a institué le sacrement de l’ordre le jour où il a dit à ses disciples « Faites ceci en mémoire de moi », mais c’était à table le Jeudi Saint. Le rite d’ordination ne se fait pas à table aujourd’hui, avec un personnage qui représenterait Jésus et dirait aux candidats à l’ordination : « faites ceci en mémoire de moi » et les transformer en prêtres. De même, le même jour où Jésus instituait l’eucharistie, il a dit « ceci est mon corps, livré pour vous », à table, sans que nous ayons droit à une messe telle qu’organisée aujourd’hui. On peut continuer avec le sacrement de confirmation, de baptême, des malades, de la réconciliation, etc. Le disant, je n’exclus aucune communauté religieuse, même les évangéliques. Leur manière de faire aujourd’hui ne répond pas aux données textuelles des Écritures. Et pour cause.

La Bible n’est pas un livre de liturgie. C’est le livre de la Parole de Dieu. Il sera donc erroné de vouloir retrouver dans la Bible des pratiques, référence à l’appui, pour justifier ou non une manière de faire aujourd’hui. Beaucoup de personnes, prenant la Bible au pied de la lettre, rejettent les pratiques de l’Église aujourd’hui des inventions humaines. Ils oublient vraiment que la Bible est la Parole de Dieu et ne saurait se transformer en documents liturgiques. C’est ici qu’intervient l’histoire de l’Église. La manière de célébrer aujourd’hui le baptême diverge de la manière dont il était célébré il y a 2000 ans et divergera de la manière dont ce sera célébré dans les siècles à venir, sans que le fondamental ne soit touché qui est ceci : la profession de foi, de l’eau, le candidat, le ministre qui doit baptiser et la parole de baptême (X, je te baptise au Nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit). Tout le reste peut changer, sauf cela.

Qui sait si dans deux mille ans, nous aurons la messe dans sa forme actuelle ? cela peut changer dans le cours des siècles sans que l’essentiel ne soit modifié. Ce que nous connaissons aujourd’hui n’est pas ce que les gens ont connu hier. Pour donner un exemple de nos jours, la communion se prenait plus sur la langue que dans la main. Aujourd’hui, en raison de la Covid 19, personne ne pense la prendre dans la main. Avant la paix du Christ se donnait, aujourd’hui, cette petite partie de la messe est omise. C’est dire que ce sont les circonstances de l’histoire des hommes qui modifié le cultuel dans son organisation.

Le plus important message de la Parole de Dieu, c’est l’amour invincible de Dieu pour l’homme, cet amour qui s’exprime dans la personne de Jésus et dont l’Église est le signe dans le monde. Il faut absolument pour l’expression de la foi, que nous arrêtions de considérer la Bible comme un livre dans lequel nous aurons toutes les solutions pratiques à nos défis quotidiens.

Quand certaines personnes disent que certaines pratiques ne se retrouvent pas dans la Bible, ils font montre d’une profonde méconnaissance de l’histoire des religions. Même dans la religion juive dont le culte est organisé dans le livre du Lévitique, il y a plusieurs aspects de la liturgie juive qui ne se retrouvent nullement dans la Bible hébraïque.

La Bible est un livre contenant la Parole de Dieu ; il n’est pas un livre de liturgie, ni de droit canonique, ni d’histoire. Se libérer de cette conception permet de mieux comprendre les adaptations historiques et temporelles de l’organisation liturgique et de la vie de l’Église.

Can 1091 : § 1. En ligne directe de consanguinité, est invalide le mariage entre tous les ascendants et descendants tant légitimes que naturels.
2. En ligne collatérale, il est invalide jusqu’au quatrième degré inclusivement.
3. L’empêchement de consanguinité ne se multiplie pas.
4. Le mariage ne sera jamais permis s’il subsiste quelque doute que les parties sont consanguines à n’importe quel degré en ligne directe ou au second degré en ligne collatérale.

Expliquons un peu ces différents empêchements :

La « parenté directe » est le fait que les descendants proviennent d’une même souche, comme on le ferait pour un arbre généalogique : arrière-grand-père, grand-père, père-fils, petit-fils, arrière-petit-fils. Toute cette ligne est directe. Et il ne peut jamais avoir de mariage entre eux. Le père ne peut se marier à sa fille, le grand-père à sa petite-fille.

La « parenté collatérale » renvoie au lien que les différents membres d’une même famille ont entre eux du fait qu’ils descendent tous d’un ancêtre. On prendra ici en considération les oncles, les tantes, les neveux et les nièces. Exemple : La relation entre le frère de mon père et moi (oncle et neveu ou nièce) est une relation indirecte encore appelée « collatérale ». La relation que j’ai avec l’enfant de mon oncle et moi est une relation collatérale, même si nous portons le même nom de famille.

Les degrés : les degrés sont les niveaux de séparation entre les membres de la lignée directe ou indirecte (collatérale). Entre mon père et moi, la relation est au premier degré. Entre mon grand-père et moi, la relation est au deuxième degré. Entre mon arrière-grand-père et moi, la relation est au troisième degré, etc. Entre mon frère (ou ma sœur) et moi, la relation est au deuxième degré. Entre mon oncle et moi, la relation est au deuxième degré. Mon oncle ou ma tante m’est parenté au troisième degré (1er degré entre mon grand-père et mon oncle ; 2e degré entre mon oncle et mon père ; 3degré entre mon oncle et moi). Si j’avais un enfant, mon oncle entretient avec lui une relation collatérale de 4e degré. Par rapport aux cousins germains (enfants issus des oncles ou des tantes), la relation collatérale est au 4e degré (1er degré entre son père et mon cousin ; 2e degré entre mon cousin et ses frères et sœurs ; 3e degré entre mon cousin et mon père ; 4e degré entre mon cousin et moi).

Ce canon interdit tout mariage entre les membres d’une famille en ligne directe quel que soit le degré et en ligne indirecte collatérale au quatrième degré inclus. Les enquêtes canoniques en ce qui concerne le mariage sacramentel veillent à cela pour ne laisser subsister aucun doute dans les relations entre les futurs époux.

La question qui suivra cette explication est évidemment claire. Peut-on en ligne indirecte (collatérale) se marier à sa cousine ? L’Église, en interdisant le mariage jusqu’au quatrième degré inclus en ligne collatérale vise un objectif : protéger la famille des déviations et permettre à la famille de s’enrichir par l’arrivée d’autres personnes qui ne sont pas dans la lignée familiale. Il faut donc comprendre, dans cet esprit, que l’on peut décourager l’union entre des gens de la même famille. D’ailleurs les réponses des autres membres sont claires à souhait.

Cependant, si ces conditions sont respectées et qu’il arrive que des gens de la même famille s’aiment au point de vouloir se marier (si toutes les conditions canoniques sont remplies, je le répète à dessein), il ne devrait pas avoir d’opposition. Déjà dans nos familles traditionnelles, la réalité est présente où des cousins plus ou moins proches se marient avec la bénédiction des sages de la famille. Les enquêtes révèlent que, dans le monde, plus de 45% des unions sont intrafamiliales. À défaut d’encourager cette pratique, l’Église est appelée à éclairer les consciences sur les risques de mariages entre les membres rapprochés d’une même famille et à élucider toujours plus la pertinence de sa proposition.

Je remercie notre frère qui a posé la question.

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Abbé Jean Oussou-Kicho

Je suis prêtre de l’archidiocèse de Cotonou (Bénin), ordonné en 2008, licencié en théologie morale. Directeur de complexe scolaire, je suis investi dans la pastorale des réseaux sociaux, devenus un nouveau terrain propice pour l’évangélisation et l’éducation des chrétiens