Lectio divina : conditions basiques

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La lectio divina est une prière et toute prière exige une préparation. Pour entrer par la bonne porte, il faut d’abord commencer par respecter les conditions matérielles et quelques dispositions spirituelles. Pour vivre un temps de prière intime avec Dieu sur la base de sa Parole, il faut préparer le milieu. Cette préparation concerne à la fois le lieu, le temps et la personne.

Le lieu

La lectio divina peut se faire dans la chambre, dans l’Église, dans son bureau de travail, dans un espace vide, bref en tout lieu. Cependant, il faut que le lieu offre un cadre de recueillement. C’est bien de cela que parle le Christ quand il dit : « Mais toi, quand tu veux prier, retire-toi dans ta chambre, ferme ta porte et prie ton Père qui est dans le secret. Ton Père voit ce que tu fais en secret, il te le revaudra. » (Mt 6, 6). En vérité, l’espace extérieure est à aménager, l’espace intérieure aussi. Il s’agit concrètement de faire de la place pour la Parole que l’on veut méditer, de dilater son esprit, de s’extraire de tous les autres espaces qui sollicitent notre attention.

L’espace à préparer suppose aussi la présente d’une image religieuse qui plonge plus facilement dans le milieu divin : une croix, l’image de Jésus qui monte aux cieux, l’image du pain et de la coupe offerts, l’image d’une assemblée en prière, une bible ouverte, une bougie allumée, la sainte face du Christ ; une image et non pas plusieurs à la fois. Il s’agit d’une image simple, sobre, qui fonctionne comme un support et te permet d’opérer facilement la mise en présence de Dieu. Ce peut être aussi une Parole de Dieu, un psaume, le rappel d’une lecture biblique, etc. Dans cet espace, il faut une lumière, assez suffisante pour lire, une Bible, de préférence le grand format ou un livre contenant la Parole de Dieu et un dispositif pour s’installer de manière à ne pas s’incommoder. Ceci dépend de votre position pour entrer en prière. Il faut une croix sur une table.

S’il est vrai que le lieu de prière doit disposer de certains éléments, il faut qu’il soit dépouillé, c’est-à-dire non surchargé. On voit en effet des lieux de prière surchargés d’images. Ce qui frise un peu le folklore. Pour une oraison, l’espace doit être plus vide que rempli. Par exemple, si l’on doit vivre ce moment d’intimité avec Dieu au bureau, il serait bon de libérer un tant soit peu son bureau des documents et dossiers pouvant distraire. Ce vide est le signe du vide que seul Dieu peut combler à travers sa Parole. C’est pour cela que, autant que possible, nous devons faire la culture de la sobriété si nous voulons nous appliquer à la lectio divina.

Le temps

Bien que chaque heure de la journée doive être sanctifiée par la prière, la lectio divina exige un conditionnement temporel approprié. Elle est, en effet, une prière intellectuelle et mentale. Le silence est requis et implique non seulement le lieu, mais aussi le temps. Pour une bonne lectio divina, l’homme doit disposer de toutes ses facultés en sorte que la lassitude ne le gagne pas. Le temps favorable est le petit matin, au réveil, en lieu et place de la prière matinale personnelle. Elle peut se faire aussi dans la nuit profonde, après un temps de repos nocturne. Cependant, certaines personnes disposant plus de temps et d’une rapide capacité de recueillement peuvent la faire à toutes les heures de la journée, pourvu qu’elles ne soient pas dispersées par le bruit alentour ou plombées par le poids de la journée.

Pour commencer, vingt à trente minutes peuvent suffire. Il faut éviter la prétention et l’ambition. Ce qui est nécessaire, c’est la fidélité au temps qu’on se donne. Ce facteur est le plus déterminant. À mesure que l’on maîtrise les différents éléments, on pourra consacrer plus de temps. Il me faut préciser que l’on doit se prémunir contre la lassitude et le découragement quand il nous arrive de rater un moment de lectio divina. Cette prière a besoin de patience, d’endurance, de renouvellement de volonté, chaque fois et toutes les fois. Ce dernier conseil nous permet de donner quelques indications concernant celui qui veut s’engager dans cet exercice.

La personne

S’il est vrai que le temps et lieu impliquent la personne, il est aussi utile de préciser que pour la mise en route de la lectio divina, il faut une sollicitation du corps et de l’esprit. On dit bien souvent qu’« à corps fatigué, cerveau peu efficace », on pourrait dire autant « à corps fatigué, prière peu efficiente ». Le corps joue un rôle fondamental dans la réussite de la lectio divina car il est la première matière dont on se sert.

Après le corps, il faut un renouvellement de l’esprit. Il passe primo par l’auto-soustraction à tous les bruits et paroles qui s’entrechoquent dans notre esprit et secundo par une disposition spirituelle d’ouverture à la Parole de Dieu. Cette ouverture permet de ne pas imposer à cette Parole nos points de vue, comme si on avait en arrière-plan une idée que l’on voudrait que la Parole de Dieu confirme ou infirme. Il faut se laisser emporter par l’Esprit. Il nous fera découvrir des choses surprenantes. Il faut surtout permettre à la Parole de descendre dans notre cœur pour nous pousser à la conversion et à une communion plus intense avec le Seigneur.

De ce point de vue, la programmation peut nous aider à atteindre un tel objectif. La planification de son emploi du temps quotidien, pratiquement à la même heure de la journée serait l’idéal. Cette planification a l’avantage de nous rappeler ce rendez-vous auquel nous serons plus ou moins appelé à répondre. En sus, il faut avoir sur soi un carnet de notes et un stylo. Ils permettent de retenir des versets bibliques ayant attiré notre attention, ou bien des inspirations et des méditations. On peut y noter aussi nos résolutions ou des prières spontanées inspirées par l’Esprit.

La Lectio divina est en réalité une œuvre de l’intériorité qui appelle le préalable de la préparation de l’extériorité, en termes de conditions minimales pour se faciliter la tâche. Pour cela, la personne qui veut s’y engager doit être persévérante ; il est de peu d’utilité de commencer pour s’arrêter. Il exige un combat spirituel contre nos velléités, nos maladresses, nos difficultés. Si la Parole doit descendre sur la bonne terre de notre cœur, il ne faut nullement oublier qu’elle peut, par moment, tomber au bord du chemin, sur le sol pierreux et dans les ronces. Nous savons bien l’explication que Jésus en a donnée. Ce qui nous engage à la vigilance et à la persévérance.

Ces trois constances, à savoir le lieu, le temps et le sujet priant, sont donc en prendre en considération. Il arrive souvent qu’on les tienne pour de peu d’importance, mais très vite on peut remarquer qu’ils sont incontournables si l’on veut les conditions basiques minimales pour une prière sereine. Dans la deuxième partie, nous traiterons de l’entrée effective dans la prière avec l’invocation de l’Esprit-Saint.

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Abbé Jean Oussou-Kicho

Je suis prêtre de l’archidiocèse de Cotonou (Bénin), ordonné en 2008, licencié en théologie morale. Directeur de complexe scolaire, je suis investi dans la pastorale des réseaux sociaux, devenus un nouveau terrain propice pour l’évangélisation et l’éducation des chrétiens

Cet article a 4 commentaires

  1. Colombe ADJAN'GBO

    Merci infiniment à toute l’équipe qui ne ménage aucun effort à nous venir en aide. Nous en avons vraiment besoin. Que l’Éternel nous vienne en aide. Ainsi nous serons en communion avec Dieu et sagesse remplira nos cœurs.

  2. Nacanabo

    Bonjour mon frère un bon message pour moi qui désire vraiment apprendre et comprendre et surtout approfondir mes connaissances dans ma vie. Merci.

  3. Fernand MINENGU

    Merci mon frère ! Que le souffle de Dieu vous soit toujours , en fin que nous puissions aussi bénéficier de votre connaissance.

  4. Natacha

    Merci Frère! Wahou c’est édifiant pour moi

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