31e dimanche du TO – Année B Aimer, l’unique mot de la loi

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Ambon

« Voici le premier : Écoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force. Et voici le second : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a pas de commandement plus grand que ceux-là. »

Les textes de ce trente-unième dimanche du temps ordinaire B orientent nos regards sur la loi du Seigneur. À travers ce thème, nous pouvons découvrir le lien commun à tout commandement divin, leurs objets respectifs et leur intérêt pour notre vie sur la terre.

Aimer, l’unique mot de la loi

Dans la première lecture comme dans l’Évangile, le mot « aimer » est revenu comme un refrain : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force » (Mc 12, 30). C’est, sans conteste, le cœur de la loi en Israël. Il s’agit de l’amour préférentiel et exclusif de Dieu. L’unicité de Dieu exige l’unicité de l’amour. Avoir un tel amour pour une autre entité fait tomber dans l’idolâtrie.

De la même manière, il ne s’agira pas seulement d’aimer Dieu dans un seul aspect de la vie humaine, mais d’appliquer la totalité de notre vie à l’aimer. Moïse ne se lasse pas de les citer. Jésus y fera explicitement référence. Il s’agit d’aimer Dieu non seulement de son cœur, mais aussi de son âme et de sa force. On peut bien compléter. En clair, aucune dimension humaine ne doit se soustraire à cet appel à aimer le Seigneur.

Une petite attention au mot « tout » nous permet de comprendre qu’aucune partie de notre être ne doit faire l’économie de l’amour à manifester à Dieu. Pour oser un résumé, Jésus, tout comme Moïse, nous appelle à aimer Dieu dans la totalité de notre être, mais aussi dans l’intensité de chacun de ses paramètres.

Aimer aussi son prochain comme soi-même

« Aimer son prochain comme soi-même » n’est pas nouveau en soi. Tout l’ancien Testament est un appel à aimer le prochain. La nouveauté de cette partie consiste dans l’équation que Jésus fait quand il présente l’amour de Dieu et l’amour du prochain. À ce sujet, il convient de faire attention à la petite conjonction de coordination « et » qui intègre l’amour de l’homme dans la réponse à la question du scribe : « Quel est le premier de tous les commandements ? » (Mc 12, 28). Jésus donne le premier et introduit automatiquement le second, en concluant : « Il n’y a pas de commandement plus grand que ceux-là » (Mc 2, 31).

Nous voici bien situés. Le commandement d’aimer Dieu n’est pas dissociable du commandement d’aimer l’homme. Il s’agit d’un seul commandement, qui est premier : aimer. Il s’agit de deux objets, l’un venant après l’autre : Dieu et l’homme. Le commandement d’aimer l’homme ne supplante pas celui d’aimer Dieu. Il lui est subordonné comme une conséquence. Saint Jean le rappellera dans sa lettre : « Si quelqu’un dit : J’aime Dieu, alors qu’il a de la haine contre son frère, c’est un menteur. En effet, celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit pas. » (1Jn 4, 20).

Il est cependant important de faire une clarification. L’amour pour l’homme ne sera vrai et profond que dans la vérité et la profondeur de l’amour de l’homme pour Dieu. En même temps, l’amour pour Dieu ne sera discernable dans la vie de l’homme que dans les gestes d’amour quotidien de l’homme à l’endroit de son semblable. On n’oubliera pas le lien intrinsèque que le Seigneur met entre lui et l’homme à ce sujet : « Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ses petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ». Le  « comme toi-même » vient donc comme pour nous dire : « Tout l’amour que tu veux pour toi, donne-le à ton prochain ». Quelle beauté !

Ceci dit, aussi vrai que l’amour pour Dieu et pour l’homme est le seul grand commandement, l’amour pour Dieu se différencie de l’amour pour l’homme en ceci que l’amour pour Dieu fait appel à l’adoration tandis que l’amour pour l’homme ne saurait lui discuter cette place. Pourtant, l’amour pour l’homme dans les relations humaines (la vie dans le couple par exemple) tend à déifier l’homme et à passer Dieu au second plan. C’est pour cela que l’amour pour Dieu est totalement premier et l’amour pour l’homme se présente comme une conséquence de l’amour humain pour Dieu.

Longue vie, bonheur et fécondité

Contrairement à l’idée que beaucoup se font, la loi de Dieu n’est pas pour la mort de l’homme, mais pour sa vie. Le serpent des origines a essayé de montrer à nos premiers parents que Dieu leur interdit de manger le fruit du milieu de jardin parce qu’il voulait les empêcher de devenir « dieux » comme lui. La loi est mal vue, mal appréciée. Partout où l’on travaille à orienter, il y a suspicion et supputation. Et pourtant, la loi de Dieu est vie pour l’homme.

Moïse le répète avec différents mots : observe et tu auras longue vie. Mets en pratique et il t’apportera bonheur et fécondité. Combien il est étonnant de voir l’homme vouloir construire son bonheur, sa fécondité et sa vie en mettant entre parenthèses le commandement divin. On connaît bien la suite : échec, regret, remords, fuite et cachotterie. Adam et Êve l’ont appris à leur dépens. Caïn à leur suite. Dans cette chaîne se trouve une longue liste avec les figures de proue comme Moïse lui-même, David, tout le peuple d’Israël. Ils découvriront la mort et ses germes sur leur chemin, comme nous aussi chaque fois que nous bafouons ces lois.

Il nous faut redécouvrir la beauté, mais surtout la bonté de Dieu à travers ses préceptes. C’est le chemin le plus sûr pour une vie paisible, calme et féconde. Pour cela, il faut une nouvelle catéchèse sur l’esprit de la loi divine. Peut-être obéirons-nous plus si nous y voyons tout notre intérêt.

En ce dimanche, demandons au Seigneur de nous donner la grâce de l’aimer, comme lui nous aime. Que notre amour pour lui et pour nos frères se manifeste dans notre capacité à obéir à ses commandements. Ces derniers sont pour notre vie et notre bonheur véritables.

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Abbé Jean Oussou-Kicho

Je suis prêtre de l’archidiocèse de Cotonou (Bénin), ordonné en 2008, licencié en théologie morale. Directeur de complexe scolaire, je suis investi dans la pastorale des réseaux sociaux, devenus un nouveau terrain propice pour l’évangélisation et l’éducation des chrétiens

Cette publication a un commentaire

  1. Luce

    Amen.
    Merci pour cette homélie père.
    L’Esprit fera davantage son œuvre.

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