1er dimanche Avent C

You are currently viewing 1er dimanche Avent C
Ambon

« Tenez-vous sur vos gardes, de crainte que votre cœur ne s’alourdisse dans les beuveries, l’ivresse et les soucis de la vie, et que ce jour-là ne tombe sur vous à l’improviste comme un filet ; il s’abattra, en effet, sur tous les habitants de la terre entière. Restez éveillés et priez en tout temps : ainsi vous aurez la force d’échapper à tout ce qui doit arriver, et de vous tenir debout devant le Fils de l’homme. »

Le premier dimanche de l’Avent rappelle aux chrétiens l’entrée dans une nouvelle année liturgique. Il ouvre ainsi à la possibilité de prolonger une histoire d’amour avec le Seigneur, commencée depuis le baptême. Ce premier dimanche lève aussi le voile sur le temps de l’Avent qui prépare à la venue du Seigneur. Cette venue, il convient de le préciser tout de suite, n’est pas à considérer d’abord au passé, dans le simple mémorial d’un anniversaire de naissance, fût-il du Fils de Dieu. Il s’agit de préparer la venue de Dieu aujourd’hui. Les trois textes du jour, bien que leur langage surprenne nos subjectivités et sensibilités (nous aurions aimé qu’ils nous parlent déjà de Noël), nous fournissent des éléments clés de méditation et de préparation responsable du temps de l’Avent.

Deux prérequis semblent s’imposer à une lecture synchronique des trois textes : d’un côté, ils n’occultent nullement le temps présent qui ne favorise nullement l’espérance en des lendemains meilleurs, de l’autre ils nous mettent en perspective de la venue, certaine quoiqu’à venir, du Seigneur. Reprenons, sans flots de mots, ces deux considérations.

Le contexte d’écriture des trois textes est celui de la persécution, où les évènements semblent contredire les promesses du bonheur, de la paix et de la victoire du Seigneur, en un mot la présence ou la venue du Seigneur. Le peuple juif, dans la première lecture, n’arrive plus à discerner la présence de Dieu dans sa vie et se pose la redoutable question de la valeur à accorder à toutes les nombreuses promesses du Seigneur qui semblent ne pas se réaliser. Dans la deuxième lecture, les Thessaloniciens, destinataires de lettre de Saint Paul, vivent la persécution de la part des Juifs, à cause de leur foi chrétienne. Ils pourraient eux aussi sombrer dans le découragement. L’Evangile quant à lui nous présente un monde en chamboulement où sans la vigilance et la prière, on risque d’être négativement surpris. Conclusion objective : le présent de la vie du croyant ne le motive guère à espérer que de beaux jours l’attendent.

Au cœur de ce que j’appelle volontiers « la trame du désespoir », des paroles de réconfort basées sur la certitude d’une venue : celle du Fils de Dieu. Relisez à nouveaux frais les trois textes proposés à la méditation de ce jour. Vous découvrirez que le présent chaotique s’ouvre sur la joyeuse nouvelle de la venue du Seigneur. Le temps de l’Avent que nous abordons prend tout son sens à partir de là. La vie chrétienne ne s’enferme pas dans le passé (la tradition pour ceux qui veulent) mais est tournée vers l’avenir, le futur. Et si elle interroge le passé, c’est pour mieux vivre le présent dans la perspective de l’avenir. Telle est la leçon fondamentale de ce premier dimanche de l’Avent : mémorial du passé à Noël, vie présente (venue quotidienne du Christ) et futur (venue eschatologique).

Cette affirmation facilite nécessairement la recherche des modalités pour vivre convenablement ce temps de l’avent. Il nous demande, sur le chemin de notre croissance en sainteté, de cultiver les vertus théologales de la foi (1ère lecture), de l’amour-charité (2ème lecture) et de l’espérance (Evangile). Toutes ces vertus se condensent dans la « vigilance » à laquelle le Seigneur nous convie. Vigilance pour ne pas perdre sa foi, dans les multiples hiatus de l’histoire qui semblent mettre en échec la promesse de bonheur de Dieu pour nous, vigilance dans l’espérance pour ne pas céder au découragement, vigilance dans la croissance de l’amour pour continuer à être témoin du Christ dans un monde de férocité et d’adversité au message du Christ. Cette vigilance se nourrit de la prière, qui n’est ici ni vocale ni silencieuse, mais le souvenir constant de la présence active de Dieu dans notre vie. La prière devient ainsi le fer de lance quotidien de la vigilance, de sorte qu’une vie de prière qui ne tient pas dans le temps est indicatrice d’une vigilance vidée de son contenu. La prière est le contenu de la vigilance.

De cette leçon, nous pouvons aussi dégager une ou deux conséquences pour notre vie actuelle, pour notre pleine réalisation humaine et chrétienne. Interroger le passé pour mieux vivre le présent dans la perspective de l’avenir signifie ni plus ni moins que notre vie a un sens, une direction. Le passé comme le futur doivent modifier notre manière d’être au présent. Dans cette logique, au plan simplement humain, notre avenir, radieux ou sombre, n’est à la fois que la résultante de notre capacité à assumer notre passé, et surtout le fruit de nos choix présents. En un mot, le temps présent est un Avent-Avant pour le temps futur. Nous dessinons par nos choix présents l’image de notre vie future. L’homme qui donne un sens responsable à sa vie est celui-là qui choisit de vivre le futur dans le présent de ses choix. Si nous le voulons bien, la vigilance dont parle le Seigneur, c’est la présence permanente du futur proche ou lointain, mais certain, de sa venue dans le présent de notre vie.

Pour le chrétien, elle transite par la prière, c’est-à-dire, vivre une relation filiale authentique avec Dieu. Ces conditions réunies nous dispensent de vivre le temps de l’attente dans la crainte, mais dans la joie du retour du Seigneur. Que ce temps de grâce que nous abordons nous ouvre à la nouvelle espérance de l’accomplissement des promesses de Dieu dans le présent de notre vie. Amen

Vous aimez cet article ? Donnez lui 5 étoiles
  [Moyenne : 0]
Print Friendly, PDF & Email

Abbé Jean Oussou-Kicho

Je suis prêtre de l’archidiocèse de Cotonou (Bénin), ordonné en 2008, licencié en théologie morale. Directeur de complexe scolaire, je suis investi dans la pastorale des réseaux sociaux, devenus un nouveau terrain propice pour l’évangélisation et l’éducation des chrétiens