Pourquoi les fêtes chez les catholiques ?

Faites ceci en mémoire de moi
Table eucharistique

Synthèse pour le lecteur pressé

Le peuple d’Israël a plusieurs fêtes, parfois instituées sur l’ordre même de Dieu. Ce dernier veut que l’homme se sanctifie en sanctifiant le temps. Jésus lui aussi demande à ses disciples de faire « en mémoire » de lui. Désormais, le chrétien, tout comme les Juifs, ont des commémorations pour se souvenir et pour sacraliser le temps et l’espace. Pour le chrétien, toutes les fêtes trouvent leur sens dans leur référence au Christ. Aussi, bien qu’un païen peut se convertir pour devenir chrétien, un temple païen peut devenir chrétien par la consécration à Dieu et une fête païenne peut devenir chrétienne par son ouverture au Christ. C’est dans cet esprit qu’il faut interpréter toutes les fêtes catholiques.

Il arrive souvent que l’on reproche aux catholiques de faire de grandes célébrations festives alors même qu’on n’en trouve pas la trace dans la Bible. Pêle-mêle, on peut citer la Toussaint, la Noël, l’Épiphanie, la Présentation de Jésus au Temple, l’Ascension, la Fête-Dieu, le Christ-Roi, et bien d’autres encore. On va jusqu’à taxer certaines fêtes de caution catholique pour des fêtes païennes. Dans cet article, je ne voudrais pas aborder chaque fête en particulier pour en expliquer l’origine. D’autres topos s’en occuperont. Je veux expliquer les racines bibliques des commémorations, des fêtes et des solennités dans l’Église catholique. Je parlerai donc des fêtes dans le peuple d’Israël, des motifs justifiant ces textes et de l’Église comme nouvel Israël.

Israël et les fêtes dans la Bible

Les fêtes et commémorations jalonnent une année juive. On peut dénombrer jusqu’à cent cinquante (150) jours de célébrations particulières dans une année chez les Juifs. Ces fêtes sont temporellement « fixées », c’est-à-dire que les moments et les délais sont établis. On se doit donc de les respecter. Parmi ces festivités et célébrations, on compte essentiellement deux lots : les fêtes édictées par Dieu et les fêtes qui sont arrivées par suite de la volonté d’un responsable charismatique.

Sans entrer dans les détails, voici quelques célébrations auxquelles les Israélites doivent se soumettre selon les moments fixés par Dieu lui-même (Lv 23, Nb 28-29) : le Sabbat le septième jour de chaque semaine, les débuts de chaque mois à l’occasion de la sortie de la nouvelle lune, la fête des Azymes avec les offrandes de la future récolte, la fête des semaines encore appelée la « fête des récoltes » environ sept semaines après la fête précédente, le nouvel an juif, le jour du grand pardon (Propitiations ou Yom kippour), la fête des tentes ou des cabanes et la fête qui clôture, le huitième jour, la fête des tentes, la grande fête de Pâque, etc.

On peut également citer d’autres fêtes bibliques non décrétées par Dieu, mais qui sont advenues à cause des circonstances particulières. On peut dénombrer : la fête à Dieu (Jg 21, 19-21), les quatre jeûnes qu’ont mis en place les prophètes après la profanation et la destruction du Temple (Za 8, 19), les jours des sorts que les sages d’Israël ont institués pour célébrer le rejet d’une décision fatale pour le peuple de Dieu (Est 9, 20-28). Nous sommes là en présence de quelques fêtes choisies parmi les nombreuses que célèbrent les Israélites.

La raison des fêtes

Pourquoi le Dieu d’Israël invite le peuple à faire mémoire ? Pourquoi certains dirigeants civils ou spirituels de l’Ancien Testament ont institué certaines fêtes ? Dieu a institué les fêtes pour que mémoire en soit gardée, de génération en génération et que l’on puisse rendre grâce toute la vie. Les fêtes sont voulues par Dieu pour marquer les grands moments de la vie de son peuple. Si les responsables du peuple en viennent, eux aussi, à distinguer certains jours comme jours de souvenir et d’action de grâce, c’est pour marquer leur reconnaissance à Dieu chaque année de leur vie.

Donc, les fêtes viennent pour sanctifier le temps et l’espace de l’homme. L’homme en effet est esprit et corps. Il n’est pas pur esprit ni pur corps. Fêter ou commémorer, à des moments précis et en des lieux fixes (pèlerinage à Jérusalem en ce qui concerne les Juifs par exemple, célébrer la Pâque chaque année), c’est ponctuer le temps et le rendre sacré. A travers ces fêtes, c’est toute la vie de l’homme qui est sanctifiée par la sanctification du temps que Dieu lui donne. Ne pas se souvenir, ne pas faire mémoire, c’est être amnésique des hauts faits de Dieu.

Jésus lui-même fêtait. À l’âge de 12 ans, il allait en pèlerinage avec Joseph et Marie. Dans les Évangiles, son ministère est rythmé par des déplacements pour la fête à Jérusalem. Jésus observait toutes les fêtes et commémorations juives de son temps. Tout comme Dieu dans l’Ancien Testament, Jésus veut marquer le temps en demandant à ses disciples de célébrer l’eucharistie en mémoire de lui. Le mot le plus important, qui synthétise l’esprit de la fête et des commémorations est le « mémorial ». Il s’agit de faire mémoire. Et quand Jésus dit : « Faites ceci en mémoire de moi », il signifie qu’il faut célébrer ses événements en reconnaissance à l’action divine dans le temps et l’espace des hommes. Désormais, pour le chrétien, toutes les fêtes ne trouvent leur sens plénier que s’ils sont en référence au Christ, pour faire mémoire de lui.

La fête dans l’Église, nouvel Israël

L’Église est le nouvel Israël voulu par Dieu pour que son salut atteigne toutes les nations. L’Église est donc, dans la perspective de Dieu, le nouvel Israël qui a le Christ pour centre. Dès lors, les chrétiens revivent les événements majeurs de la vie du peuple d’Israël en les référents au Christ comme à son centre. C’est ainsi que le dimanche, le jour de la résurrection du Christ, remplace le sabbat qui est le dernier jour de la semaine. C’est aussi la raison pour laquelle, la Pâques chrétienne n’a pas le même contenu que la Pâque juive : les Juifs fêtent la libération de l’esclavage en Egypte, les chrétiens, la libération de l’esclavage du péché en Jésus. Les Juifs fêtent la fête des moissons, les chrétiens en remplacement fêtent la pentecôte. Tout ceci se trouve dans la Bible. Il s’agit là de la christianisation des célébrations juives.

Il y a pareillement la christianisation des fêtes païennes. La logique est bien simple. Quand un païen se convertit au Christ, il devient chrétien. Il se libère de ses idoles et son domaine est assaini. De la même manière, un temple païen peut devenir chrétien si on convertit ce temple au Christ. Dans ce sens, ce ne sont pas seulement les hommes qui sont convertis à Dieu, mais aussi les lieux et les temps. Les Ninivites avaient imposé un jeûne même aux animaux à la proclamation de Jonas. Non pas que les animaux aient à se sauver, mais que le péché de l’homme influe négativement sur eux. Quand un lieu, une maison, un temple, jadis païen se consacre à Dieu et au Christ, ils lui appartiennent. Ils se christianisent. Ainsi en va-t-il des fêtes d’origine païenne devenues chrétiennes.

On cite volontiers la fête de Noël qui est la fête païenne du « soleil invaincu ». La célébration de la naissance du « soleil invaincu » nous permet de comprendre que le Christ est le vrai Soleil, la vraie lumière dont nous célébrons la naissance. Une personne convertie au christianisme n’est plus païenne. De la même manière, un lieu païen converti au Christ n’est plus un lieu païen, tout comme une fête païenne devenue chrétienne.

Enfin, il y a quelques fêtes propres à l’Église, voulues par le « sens commun des fidèles », inspirées par le Saint-Esprit et instituées par l’Église au long des siècles, depuis sa naissance. De la même manière que dans l’Ancien Testament, il y a des fêtes instituées par les prophètes et les sages, de la même manière l’Église a institué des fêtes pour l’édification de la foi. C’est ainsi que nous fêtons la Noël, l’Ascension, la transfiguration, la présentation de Jésus au Temple, etc., bref tout ce qui a rapport aux grands moments de la vie de Jésus. Nous fêtons aussi les grands moments de la foi dans l’histoire de l’Église, comme la Toussaint, les fêtes de Marie et des saints.

Les fêtes chrétiennes plongent leurs racines dans la grande tradition commémorative du peuple d’Israël. Dieu ordonne que des fêtes soient organisées pour faire mémoire d’événements significatifs dans l’histoire du peuple. Jésus aussi, en observant cette tradition, recommande à ses disciples de faire mémoire de lui. L’Église obéit à cet ordre de son Seigneur en faisant mémoire de tout ce qui concerne sa vie et son mystère divin. Mieux encore, elle veut orienter toutes nos fêtes vers le Christ pour qu’il soit leur centre. C’est ainsi que beaucoup de fêtes païennes sont converties au Christ. Le désir de Dieu, c’est de tout récapituler sous un seul Chef, le Christ. Nos fêtes ne devraient pas rester en marge.

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Abbé Jean Oussou-Kicho

Je suis prêtre de l’archidiocèse de Cotonou (Bénin), ordonné en 2008, licencié en théologie morale. Directeur de complexe scolaire, je suis investi dans la pastorale des réseaux sociaux, devenus un nouveau terrain propice pour l’évangélisation et l’éducation des chrétiens

Cette publication a un commentaire

  1. Paulin Sanou

    Merci Padre pour ce beau récit qui sans doute édifie plus d’un . vivement que cela face écho dans les cœurs pour les changer positivement surtout dans ce monde d’illusions et de stigmatisations.Que le Seigneur bénisse richement votre ministère.amen

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