L’avortement : la dénonciation d’un génocide

La vie est un mystère sacré

Au nom et pour la défense de la vie, l’Église est ferme et intransigeante sur la question de l’avortement. Au regard des autres Églises sur toutes leurs formes (protestante, évangélique et orthodoxe), l’Église catholique semble être la seule à être aux antipodes d’une telle loi.

Pourquoi une telle position radicale de la part de l’Église peut-on être tenté de se demander ? Que nous dit le catéchisme de l’Église catholique, ainsi que le Code du Droit Canonique ? Quelle sanction est prévue pour une personne qui s’adonne à l’avortement ? Quels sont les commandements qui sont mis en branle à travers cette pratique ignominieuse ?

Afin de mieux cerner les contours de cette question, le père Hubert KEDOWIDE, curé de la paroisse Bon Pasteur de « Cadjèhoun » et « chargé de communication de l’archevêque de Cotonou » lèvera un coin de voile sur ce que chacun pense tout bas et ne peut l’exprimer expressément.

Qu’y a-t-il de si grave pour que l’Église soit contre l'avortement ?

Vous savez, en 1995 dans l’encyclique « Evangelium vitae », le saint pape Jean-Paul II a clairement exprimé la position négative de l’Église sur l’avortement ; en 2002, le cardinal Joseph Ratzinger, à l’époque préfet de la congrégation de la doctrine de la Foi, a fait de même. À sa suite, le pape François reste très ferme sur ce principe non-négociable. Dans le fond, il s’agit avant tout de la sacralité de la vie et de son inviolabilité. 

Personne n’a le droit absolu sur sa vie ni sur celle des autres. La vie est un don de Dieu et seul Dieu peut en disposer. Or, l’avortement met fin à la vie qui commence. Les différents arguments qui militent en faveur de l’avortement sont inadmissibles. La femme ne peut disposer de son corps au mépris du corps sans défense du bébé en gestation. Ceux qui refusent la personnalité juridique aux fœtus sont encore paradoxalement les mêmes à accorder une attention sociale aux femmes qui ont perdu sans avortement leur fœtus (fausse couche). Quelle contradiction ! Si le fœtus n’avait rien de vital, qu’est-ce qui justifie la nécessité d’un temps de deuil, s’il n’est plus là ?

L’argument qui semble aujourd’hui faire « la Une » est celui de la détresse psychologique, humaine, sociale et professionnelle de la femme comme s’il y avait des grossesses sans risque… La femme risque toujours la mort quand elle assume de donner la vie. L’enfant est sa consolation pour tant d’épreuves et de sacrifice. C’est pourquoi, à chacune des mères, nous devons une reconnaissance infinie. On ne peut mettre fin à la souffrance d’une femme en étouffant en elle la vie. L’utérus de la femme est le sanctuaire des premiers instants de la vie et c’est admirable. Ce trésor suscite des convoitises dues aux virus malveillants de la mort. Le travail de l’Église est de maintenir la veille pour le préserver de toute profanation.

Révérend père, que nous dit le Catéchisme de l’Église catholique, ainsi que le droit canon et quelle sanction encourt toute personne qui s’adonne à l’avortement ?

Celui qui met fin à une vie s’exclut lui-même de la communion de Dieu et de l’Église. Le canon 1398 du Code du droit canonique de 1983 dispose que quiconque procure un avortement, si l’effet s’ensuit, encourt l’excommunication « latae sententiae », autrement dit, c’est en quelque sorte une autocensure ou une auto-exclusion de la communion de l’Église. Ce constat reste un événement douloureux pour l’individu comme pour l’ensemble de la communauté ecclésiale car le Seigneur ne veut pas la mort du pécheur mais sa conversion.

Les pro-avortements ne conçoivent pas le fœtus comme déjà un être humain vivant, mais plutôt comme un embryon, une particule n’ayant pas de statut humain. Partagez-vous cet avis ?

« Qu’un seul instant rien ne soit, éternellement rien ne sera », dit-on… Ce n’est pas parce que la vie vient à peine de commencer qu’elle a moins de valeur que les autres vies. Aucun embryon ne reste statique à moins d’une fausse-couche et l’évolution d’un embryon ne donne pas autre chose qu’un être humain. L’embryon est donc un être humain en gestation. Il est grand le mystère de la vie. Ce qui se passe à l’intérieur de la femme devrait nous forcer à nous mettre à genoux en signe d’adoration devant celui qui, dans l’invisible, nous fait exister. C’est d’une témérité indécente et suicidaire que de vouloir arrêter une vie dont il nous est impossible de découvrir toutes les facettes de sa gestation. C’est peut-être notre ignorance qui nous rend si méprisants.

Peut-on dire que l’Église constitue une entrave aux droits modernes relevant des avancées scientifiques ?

« Science sans conscience n’est que ruine de l’âme » disait Rabelais dans le passage dit « lettre de Gargantua » en 1532. Cette parole prophétique mérite d’être réappropriée et intégrée dans toutes les perspectives du développement. Il est encore heureux que, l’Église, notre mère et notre éducatrice, veille au grain pour préserver notre monde du suicide collectif. Notre monde, à la remorque de l’économie, a l’habitude des sorties de route et des dérapages. Mais l’Église ne désespère pas, espérant que les « cœurs de pierre » se transformeront un jour en « cœurs de chair ».

Pourriez-vous nous parler des impacts de l’avortement du point de vue social, éthique et religieux ?

L’avortement est toujours un désastre avec des conséquences post-traumatiques. La violence exercée sur un innocent sans défense met le coupable en situation de dissonance sociale, éthique et religieuse qui ne peut laisser insensible même lorsqu’on a un cœur le plus émoussé. Les répercussions peuvent durer toute la vie. Ici encore, c’est l’Église qui vient au chevet de celles dont l’illusion du bien-être que procure l’avortement est terminée.

Pour sauver la vie d’une mère ou éviter un dommage grave irréversible sur sa santé, que recommande alors l’Église ?

L’Église ne cherche jamais à privilégier la vie de l’un sur l’autre. Les rares exceptions ne peuvent être constitutives de principes éthiques. Les cas volontairement grossis pour susciter l’émotion collective sont souvent l’apanage de ceux dont les arguments manquent de consistance.

Malgré les voix discordantes, le cri de cœur des évêques, le parlement béninois a adopté dans la nuit du mercredi 20 octobre 2021, la loi sur l’avortement « encadré ». Est-ce à dire que la voix de l’Église n’est plus efficiente sur les questions d’ordre éthique ?

Ceux qui ont voté ont exécuté un programme politique. L’Église est porteuse d’une mission divine au service de l’épanouissement et de l’accomplissement de la totalité de l’être humain. La voix de l’Église parle au cœur de la personne humaine et espère contre toute espérance. Le temps politique passera, mais la lutte pour la sauvegarde de l’intégrité humaine de sa conception à sa mort naturelle est un combat de tous les temps.

En guise de mot de fin, quel appel avez-vous à lancer aux chrétiens catholiques et aux hommes de bonne volonté ?

Chers catholiques et vous hommes de bonne volonté, nous voici à l’épreuve de l’authenticité de notre foi et de notre vie humaine. Certains de nos frères n’ont pu résister aux calculs politiques du moment. Plus que d’autres, ils méritent nos prières. Que les nombreux enfants avortés devenus les saints innocents aient pitié de leurs bourreaux et intercèdent pour leur conversion. Que tous, nous soyons des défenseurs intrépides de la vie pour avoir part un jour à la vie éternelle.

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Abbé Hubert Kedowide

Je suis l'abbé Hubert Kèdowidé, prêtre de l'archidiocèse de Cotonou (Bénin), curé de la paroisse du Bon Pasteur. Je suis chargé de communication de Monseigneur Roger Houngbédji, Archevêque de Cotonou.

Cet article a 6 commentaires

  1. VIHOUEDELI HONORAT

    Merci beaucoup Padre pour ce enseignements riche. Que Dieu nous garde garde.

  2. Augustin Koba

    Ça mérite d’être partagé dans toutes les églises. Cet enseignement éveille la conscience des personnes ayant la crainte de Dieu

  3. SEGBEDJI Crépin

    Dieu nous rende toujours fort à assurer et à assumer cette foi qui est la nôtre.

    Merci bien mes Pères

  4. Mathieu GNANWE

    Merci pour ce partage de la position de l’Eglise.
    Que Dieu protège et sauve les enfants les enfants à être !
    Que Dieu veille sur le Bénin !

  5. Davy KODJO

    Merci pour l’effort consenti à ce sujet pour informer au mieux la nation et le monde. Que l’Esprit du Dieu vivant vous fortifie davantage

  6. Constant

    Merci padre pour l’édification. Que Dieu nous aide gardé une position contre l’avortement

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