Est-il bon de laisser les enfants communier ?

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Première Communion

Beaucoup s’interrogent sur la nécessité de la communion aux enfants. Ils estiment que le Corps du Christ est trop précieux et que les enfants ignorent sa valeur. En conséquence, on devrait les en priver ou le leur donner une fois adulte. Cet article veut montrer les origines et les raisons de la communion aux enfants.

N’oublions pas que la condition pour entrer dans le royaume des cieux est de retrouver la petitesse des petits-enfants. Jésus disait : « Amen, je vous le dis : si vous ne changez pas pour devenir comme les enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux. Mais celui qui se fera petit comme cet enfant, celui-là est le plus grand dans le royaume des Cieux. Et celui qui accueille un enfant comme celui-ci en mon nom, il m’accueille, moi. » (Mt 18, 3. 4. 5).

La communion aux enfants dans les premiers siècles de l’Église

Au début de l’Église et environ jusqu’au 13e siècle, on avait l’habitude de donner la communion très tôt aux enfants, même dès le jour de leur baptême. Cette coutume s’est maintenue jusqu’à nos jours chez les catholiques orientaux et chez les chrétiens orthodoxes. Mais, dans l’Église latine, afin d’éviter qu’un nouveau-né ne régurgite le pain consacré, on a pris l’habitude de leur donner l’eucharistie que sous la seule espèce d’une toute petite goutte de vin. Petit à petit, cet usage a disparu.

À partir du 4e concile du Latran (1215) a été consacrée une nouvelle discipline introduisant l’obligation de la confession et de la communion pascale pour tout fidèle en « âge de discrétion » (appelé aussi âge de raison)  :

« Tout fidèle des deux sexes, lorsqu’il est parvenu à l’âge de discrétion, doit fidèlement confesser tous ses péchés, au moins une fois l’an, à son propre prêtre et accomplir avec tout le soin possible la pénitence qui lui est enjointe ; il recevra avec dévotion, au moins à Pâques, le sacrement de l’Eucharistie, à moins que, sur le conseil de son propre prêtre, il ne juge devoir s’en abstenir temporairement pour un motif raisonnable. ».

Quelques mauvaises interprétations

Cette obligation de confession et de communion annuelles, qui s’imposait à tous les fidèles à partir de cet âge – qui n’était pas précisé plus que cela –, fut confirmée ultérieurement par différents documents de l’Église. Mais aucun document du Magistère de l’Église n’a défini l’application pastorale et n’a pas précisé ce qu’il fallait entendre par « âge de raison » ou « de discrétion »… laissant chaque évêque gérer.

À cette même époque, on a aussi perdu de vue que l’eucharistie était moins une « récompense » qu’un aliment pour notre salut et il s’en est suivi quelques abus.

Par exemple, il y a des lieux où on a fixé un âge pour la confession (un enfant se confessait dès qu’il pouvait discerner le bien du mal) et un âge plus avancé encore pour communier sous prétexte d’une formation catéchétique plus complète : cet âge de la communion a parfois été repoussé à douze ou quatorze ans et même davantage, interdisant de fait la communion à tout enfant… même lorsque celui-ci était en danger de mort ! Dans d’autres diocèses, on a aligné l’âge de la confession sur l’âge tardif de la communion ; on se refusait de confesser les enfants avant qu’ils ne soient prêts à recevoir leur première communion au moment de l’adolescence.

Qu’enseigne l’Église au sujet de la communion aux enfants ?

Saint Thomas d’Aquin (1225-1274) a écrit, dans le prolongement du Concile du Latran : « Lorsque les enfants commencent à avoir quelque usage de la raison, de manière à pouvoir concevoir de la dévotion pour ce sacrement (l’Eucharistie), alors on peut le leur administrer.  » (Summ. theol. III part., q. LXXX, a. 9, ad. 3)

Telle est aussi l’opinion de saint Antonin de Florence, dominicain lui aussi, (1405-1459) qui commente : « Mais, lorsque [l’enfant] est capable de malice, c’est-à-dire capable de pécher mortellement, alors il est obligé par le précepte de la confession, et par conséquent de la communion. » (P. III, tit. XIV, c. II, par. 5)

Le dominicain espagnol Pedro de Ledesma (1544-1616) déclare : « Je dis, et c’est l’avis universel, que l’Eucharistie doit être donnée à tous ceux qui ont l’usage de la raison, quelle que soit leur précocité, et cela même si l’enfant ne sait encore que confusément ce qu’il fait.  » (In S. Thom. III, p. q. LXXX a.9, dub. 6).

Faisant siens les avis de ces théologiens, le Concile de Trente définit enfin solennellement que

« les petits enfants, avant l’âge de raison, n’ont aucun besoin ni aucune obligation de communier », il ne fournit de ce fait qu’une raison, à savoir qu’ils ne peuvent pas pécher : « En effet, dit-il, à cet âge, ils ne peuvent perdre la grâce de fils de Dieu, qu’ils ont reçue.  »

En fait, le Concile explique que les enfants ont le besoin et le devoir de communier lorsqu’ils peuvent perdre la grâce par le péché.

Même sentiment au Concile romain tenu sous Benoît XIII, et qui enseigne que l’obligation de recevoir l’Eucharistie commence

Le Catéchisme Romain s’exprime ainsi :

« L’âge auquel on doit donner les Saints Mystères aux enfants, personne n’est plus à même de le fixer que le père et le prêtre à qui ils confessent leurs péchés. C’est à eux qu’il appartient d’examiner, en interrogeant les enfants, s’ils ont quelque connaissance de cet admirable sacrement et s’ils en ont le désir. »

Quelles sont les règles aujourd’hui ?

Les règles générales ont été rappelées par le décret Quam singulari signé par le pape saint Pie X du 8 août 1910 ; elles peuvent naturellement être légèrement adaptées localement par chaque évêque pour son diocèse.

Aujourd’hui, on estime qu’il n’y a pas lieu de différer l’âge de la communion d’un enfant normalement catéchisé au-delà d’un âge où il est capable de discrétion – c’est-à-dire vers sept ans, voire même au-dessous –.

Il n’est pas nécessaire que l’enfant ait une parfaite connaissance de la doctrine pour se confesser et pour communier ; il continuera ensuite à apprendre le catéchisme selon la capacité de son intelligence. Ce qui compte avant tout est qu’il soit capable de distinguer le pain eucharistique du pain ordinaire afin de pouvoir s’approcher de la Sainte Table avec tout le respect adapté à son âge. Un enfant peut communier aussi souvent que possible, même tous les jours. Il faut le laisser venir à Jésus, ainsi qu’il le dit lui-même : « Laissez les enfants venir à moi, ne les empêchez pas, car le royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent. » (Mc 10, 14).

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Frère Hervé

Je suis un religieux ermite, consacré dans cette forme de vie par mon évêque. Je réside en France et suis passionné par la recherche de la Vérité dans l’Écriture sainte, dans la philosophie et la théologie.

Cet article a 2 commentaires

  1. ATINHO

    Merci bien cher frère Hervé pour nous avoir replongé dans la doctrine de l’église en prenant soin de nous préciser ce que l’église dit concernant la communion aux enfants à travers les grands conciles et tous le magistère.

  2. TAONSA

    Merci beaucoup

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