Toussaint et commémoration des défunts : quel rapport ?

Commémoration des fidèles défunts

Le 1er novembre, les catholiques du monde entier célèbrent avec faste la fête de tous les saints. Le lendemain, ils tournent leur regard sur les défunts. Nous passons d’une liturgie festive à une autre commémorative. Quel est le trait d’union entre ces deux liturgies ? Quelles sont les différences entre la Fête de tous les saints et la célébration liturgique pour les défunts ? Cet article a pour objectif d’éclairer le lecteur sur un thème dont la compréhension est de moins en moins claire pour les chrétiens.

Brève histoire de deux célébrations

La fête de tous les saints est advenue dans l’histoire de l’Église avec l’anniversaire de la dédicace de l’Église « Sainte-Marie-et-des-martyrs » les 13 mai. Il convient de rappeler qu’auparavant l’Église fêtait tous ses saints, les martyrs en l’occurrence, dans la période allant de Pâques au dimanche après la pentecôte. On en est venu au 13 mai parce que le panthéon de Rome, temple païen, a été cédé à l’Église catholique. Le pape Boniface IV, en consacrant le temple débarrassé désormais des idoles, y a transférer les restes des martyrs, conservés dans les catacombes. 

L’anniversaire de la consécration de cette Église devient alors le jour de la fête de tous les saints. Plus tard, le pape Grégoire III lui changera de date, pour des questions pratiques de subsistance pour les nombreux pèlerins à l’occasion de cette fête. Un siècle environ après, le pape Grégoire IV l’étendra à l’Église universelle.

La commémoration des fidèles défunts a été célébrée pour la première fois à l’abbaye de Cluny, au XIe siècle. C’est Odilon (994 – 1049), abbé dudit monastère, qui la célébra pour la première fois, le 02 novembre 998, à la fin du Xe siècle. Cette célébration a reçu l’approbation du pape Léon IX peu après au XIe siècle. Il s’en suit une grande piété populaire envers les défunts. Les familles entières se ruaient au monastère de Cluny pour demander aux moines de prier pour leurs défunts. 

Au XIIIe siècle commençant, on découvrira la nécessité d’offrir l’eucharistie pour les morts. C’est en ce moment que la célébration eucharistique devient officielle pour les défunts. L’ampleur de cette piété était telle que, au XIIIe siècle, cette commémoration pour les défunts devienne universelle dans l’Église.

Le lien : la communion des saints

Nous professons dans notre foi que nous croyons à la « communion des saints ». L’expression est vaste et ne saurait pas être expliquée entièrement ici.  Pour ce qui nous concerne, la « communion des saints » est l’ensemble de ce que tous les fidèles de l’Église partagent en commun : la foi, l’espérance, la charité, les sacrements. Tout ceci a part liée avec le sacrement de l’Eucharistie qu’on appelle justement « communion ».

L’Église est subdivisée en trois grandes parties : une visible et deux invisibles. Il y a l’Église de la terre, celle que nous connaissons dans laquelle se trouvent les baptisés et ceux que le Christ connaît comme ses brebis. Ensuite, nous avons l’Église triomphante, celle que nous avons fêtée avec la multitude des saints. Enfin, nous comptons l’Église en purification, celle composée des fidèles chrétiens encore au purgatoire.

Ces trois entités de la même Église sont unies par les liens de solidarité de communion, en sorte que les uns prient pour les autres selon cet ordre : les saints prient pour l’Église en marche vers le royaume et pour l’Église en attente de rentrer dans le royaume. L’Église terrestre prie le Seigneur de montrer sa miséricorde pour les chrétiens en purification et implore
l’intercession de l’Église du ciel. Les fidèles du purgatoire sont la sollicitude de toute l’Église. Aussi, célébrons-nous pour elle des eucharistique de libération et de purification, en n’omettant pas d’autres suffrages en leur faveur. C’est ainsi que se manifeste concrètement la communion entre les trois niveaux de la même Église. Le lien profond entre le 1er novembre et le 02 novembre se trouve là. Il n’est, en effet, pas possible que nous honorions les saints en oubliant les fidèles encore au purgatoire.

Dans l’Église visible ou invisible à nos yeux, nous sommes tous dans cette communion par le même baptême, la même eucharistie, la même parole éclaire, la même charité et la même solidarité.

La différence entre les deux liturgies

La différence fondamentale se trouve dans la différence de l’état des personnes qui sont l’objet de ces célébrations. À la fête de tous les saints, nous fêtons les hommes et les femmes parvenus à la sainteté. Ils sont dans la vision de Dieu, comblés d’un bonheur sans fin. Ils partagent le triomphe du Christ sur la mort. Cette condition implique la joie et l’action de grâce. L’Église de la terre se réjouit de ce que plusieurs de ses enfants se trouvent la maison du Père.

Au contraire, l’Église au purgatoire est encore dans la souffrance d’un désir profond non encore réalisé : le désir d’être avec Dieu. Les chrétiens en purification souffrent donc de cette séparation temporaire d’avec Dieu. Nous ne pouvons pas rester insensibles à leur souffrance. Nous nous réjouissons avec ceux qui sont dans la joie et nous partageons la peine de ceux qui souffrance : « Quand un membre est dans la joie, c’est tout le corps qui est dans la joie. Pareillement, quand un seul membre est dans la peine, c’est tout le corps qui souffre », nous dit saint Paul.

L’Église du ciel jouit pleinement du mystère pascal du Christ par sa victoire sur la mort. L’Église du purgatoire n’est pas encore en pleine jouissance de ce mystère. Elle est dans le processus de purification. La pleine joie du ciel est encore en attente dans l’Église au purgatoire. On comprend donc pourquoi le 02 novembre est plus calme, plus recueilli et méditatif que le 1er novembre, joyeux et festif.

Les deux célébrations, malgré les contextes différents de leur institution, forment admirablement une unité : l’Église du Christ, dans sa dimension visible et invisible, est unie et solidaire. Nous partageons la joie des uns et communion à la peine des autres, en espérant que l’intercession et l’exemple des saints nous fortifieront pour marcher à la suite du Christ. Nous qui sommes encore sur la terre en marche vers le ciel, nous renouvelons, à travers cette fête, notre espérance en la vie éternelle, par les mérites de la passion, de la mort et de la résurrection du Christ.

Chantons : Au ciel, au ciel, au ciel, j’irai là-bas un jour

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Abbé Jean Oussou-Kicho

Je suis prêtre de l’archidiocèse de Cotonou (Bénin), ordonné en 2008, licencié en théologie morale. Directeur de complexe scolaire, je suis investi dans la pastorale des réseaux sociaux, devenus un nouveau terrain propice pour l’évangélisation et l’éducation des chrétiens

Cet article a 2 commentaires

  1. Achille

    Merci abbé jean pour ce partage. Nous devons prier pour les défunts de nos familles respectives et implorer leur intercession

  2. Tometin jurius

    Merci beaucoup mon père pour l’éclaircissement

Les commentaires sont fermés.