Qu’est-ce qu’une homélie ?

Prédicateur
Prédicateur

Beaucoup de chrétiens se demandent les raisons pour lesquelles l’on ne pose pas de questions pendant l’homélie et que les fidèles laïcs ne sont pas choisis pour présenter l’homélie ? Dans cet article, nous allons définir l’homélie en insistant un peu plus sur ce qu’elle n’est pas, sur sa nature et sur ses acteurs. Nous prenons appui sur un document ecclésial important et digne de foi : Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, Directoire sur l’homélie, 2014.

Les méprises sur l’homélie

Avant de parler de la nature propre de l’homélie, entendons-nous sur ce qu’elle n’est pas. L’homélie n’est pas un cours livré, une leçon présentée, une conférence donnée, qui offrirait la possibilité au prédicateur de poser des questions à l’auditoire et inversement. L’homélie ne devrait pas servir à étaler ses connaissance bibliques et exégétiques. Certains en étalent si bien qu’on finit par s’y perdre ou par avoir le sentiment d’être en situation de classe. S’il est vrai que l’étude biblique est nécessaire pour interpréter avec plus de justesse la Parole de Dieu, l’assemblée n’est pas une salle de classe pour délivrer un cours de Bible.

L’homélie n’est pas non plus un sermon. Par définition, un sermon est une discours religieux adressé aux fidèles, qui comporte un enseignement de nature morale ou doctrinale. L’homélie ne sert pas à faire des remontrances ou même à moraliser. C’est n’est pas tant le lieu de développer des exposés magistraux sur la doctrine de l’Église catholique que celui de faire comprendre aux fidèles l’accomplissement, pour leurs vies, de la Parole reçue ici et maintenant.

L’homélie n’est même pas le cadre approprié pour faire la catéchèse. La catéchèse possède ses méthodes propres pour la formation des fidèles. Enfin, il faut le souligner, on ne devrait pas se servir des homélies pour multiplier les témoignages personnels du prédicateur. Si témoignage il devrait en avoir, il faut les puiser aussi souvent que possible dans la Parole de Dieu elle-même ou dans la foi de l’Église. Le centre de l’homélie n’est pas la personne du prêtre mais celle du Christ. Cela ne signifie pas qu’on ne peut s’autoriser nullement de partager un témoignage (Ils sont parfois très parlants pour l’assemblée) mais il faut éviter de polariser l’attention des fidèles sur la seule vie du prédicateur.

Dans la vérité, on a bien besoin de la catéchèse, de l’exégèse ou des connaissances bibliques et profanes, des témoignages personnels, des faits de l’actualités pour prononcer une bonne homélie. Mais, l’homélie ne doit jamais se réduire à eux. Comme le dit si bien la Parole de Dieu, ils sont au service de la qualité de l’homélie, mais jamais des maîtres absolus qui se substitueraient à la nature et à la finalité de l’homélie.

La nature spécifique de l’homélie

L’homélie remonte au récit de la prédication de Jésus dans la synagogue de Nazareth. Après avoir lu un passage du prophète Isaïe, il rendit le livre au servant et dit : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre ». (Lc 4, 21). C’est ça l’homélie : un enseignement particulier qui prend appui sur la Parole de Dieu.

L’homélie n’est pas seulement une instruction, mais aussi un acte du culte : « L’homélie est une hymne d’action de grâces qui annonce aux membres de l’assemblée que la Parole de Dieu s’accomplit dans le fait qu’ils l’écoutent et la reçoivent, et, bien plus, qu’ils louent Dieu pour cet accomplissement ». Il suffit, pour cela, de se référer à la première prédication de Jésus dans la synagogue de Nazareth : « Tous lui rendaient témoignage ; ils s’étonnaient du message de la grâce qui sortait de sa bouche » (Lc 4, 22). Le prédicateur prendra donc un grand soin à montrer la manière dont la Parole de Dieu proclamée à l’assemblée s’actualise dans la vie du croyant qui la reçoit aujourd’hui de sorte qu’il proclame, dans la liturgie, les merveilles de la grâce du Seigneur.

L’homélie a une nature éminemment liturgique, mais elle a aussi une signification hautement sacramentelle. Le sacrement est un signe visible qui renvoie à une réalité sacrée invisible. À travers l’homélie, la personne visible est le ministre. Mais la réalité sacrée invisible est le Christ. Il « est présent dans l’assemblée réunie pour entendre sa Parole, et donc aussi dans la prédication du ministre, grâce à laquelle le Seigneur lui-même, qui a parlé autrefois dans la synagogue de Nazareth, enseigne son peuple… La proclamation de la Parole de Dieu dans la célébration implique la reconnaissance que le Christ lui-même est présent et s’adresse à nous pour être écouté » (Dir. Homélie, n°4).

L’homélie est un acte liturgique et sacramentelle qui prend appui sur la Parole de Dieu et permet aux fidèles chrétiens de toucher les merveilles de Dieu dans leur vie. Ainsi compris, l’homélie est à différencier des autres formes de discours qui ont leur méthode et leur finalité particulière. À travers l’homélie, c’est le Christ lui-même qui continue de nourrir son peuple par la Parole du Père. C’est lui qui prépare ce même peuple à mieux communier à son corps et à son sang. C’est pourquoi, l’homélie se prononce par ceux qui sont configurés à lui, car eux seuls sont proprement au service de l’autel.

Si à travers la consécration du pain et du vin, c’est le Christ qui agit, il faut conclure, par analogie qu’à travers la prédication de la Parole de Dieu, c’est le Christ qui prêche.

En tant qu’acte liturgique ayant une dimension sacramentelle, l’homélie se sert de la toute la dynamique liturgique dans laquelle elle se situe pour se préparer. Elle prend racine principalement sur la Parole de Dieu. Elle se réfère aux extraits de la Bible et aux prières de la célébration liturgique. « Ces dernières, précise le Directoire de l’homélie, ne devraient pas être négligées, car les prières offrent au prédicateur une herméneutique de qualité qui lui permet d’interpréter les textes bibliques ».

Ce qui distingue une homélie de toutes les autres formes d’enseignement est le contexte liturgique. Cette compréhension devient cruciale quand le cadre de l’homélie est la célébration eucharistique : les documents affirment que cet aspect est essentiel pour une compréhension correcte de la fonction de l’homélie. La Liturgie de la Parole et la Liturgie de l’Eucharistie proclament ensemble l’œuvre merveilleuse de Dieu, c’est-à-dire notre salut dans le Christ : « Le mystère pascal du Christ, annoncé par les lectures et l’homélie, se réalise par le sacrifice de la Messe ». L’homélie de la Messe « doit conduire la communauté des fidèles à une célébration active de l’Eucharistie, pour qu’ils gardent dans leur vie ce qu’ils ont saisi par la foi (SC 10) » (OLM 24). L’homélie a une nature spécifique. Ses acteurs aussi. Tout le monde en effet ne peut pas prononcer une homélie.

Les acteurs de l’homélie

L’homélie est un acte liturgie et sacramentel qui revient à celui qui a reçu l’ordination, c’est-à-dire  le diacre, le prêtre ou l’évêque. « Puisqu’elle fait partie intégrante du culte de l’Église, l’homélie est strictement réservée aux évêques, aux prêtres et aux diacres ». Le lien très étroit entre la table de la Parole et la table de l’Eucharistie a pour conséquence que « L’homélie doit être faite habituellement par le prêtre célébrant lui-même » (Présentation Générale du Missel Romain, 66), ou du moins toujours par celui qui a été ordonné pour présider et se tenir à l’autel ». Le ministre ordonné, par sa consécration au Christ, est le signe du Christ qui prêche. C’est la raison fondamentale pour laquelle un chrétien laïc, bien que parfaitement capable de donner des enseignements et des exhortations à la fois de bonne qualité et efficaces, ne peuvent nullement prononcer une homélie. Le caractère sacerdotal fait ici défaut.

S’il en est ainsi, il n’est pas approprié que les ministres ordonnés se fassent remplacer par les laïcs pour intervenir en lieu et place de l’homélie, cette dernière étant un acte de soi liturgique, qu’il revient aux seuls consacrés de poser. Ainsi, l’homélie, du fait de sa nature intrinsèquement liturgique, requiert qu’elle ne peut être faite que par quelqu’un qui a été ordonné pour présider le culte de l’Eglise (cf. Redemptionis sacramentum, 161).

L’homélie est un acte liturgique et sacramentelle qui prend appui sur la Parole de Dieu et permet aux fidèles chrétiens de toucher les merveilles de Dieu dans leur vie. Ainsi compris, l’homélie est à différencier des autres formes de discours qui ont leur méthode et leur finalité particulière. À travers l’homélie, c’est le Christ lui-même qui continue de nourrir son peuple par la Parole du Père. C’est lui qui prépare ce même peuple à mieux communier à son corps et à son sang. C’est pourquoi, l’homélie se prononce par ceux qui sont configurés à lui, car eux seuls sont proprement au service de l’autel.

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Frère Hervé

Je suis un religieux ermite, consacré dans cette forme de vie par mon évêque. Je réside en France et suis passionné par la recherche de la Vérité dans l’Écriture sainte, dans la philosophie et la théologie.

Cet article a 4 commentaires

  1. Merveille Fataki

    Merci mon père pour instruction.

  2. Rodrigue

    Très heureux de vous lire. Que Dieu bénisse votre mission.

  3. Franz

    Bonjour frère,
    Si, demain, l’Eglise ouvre le sacrement du diaconat aux femmes, nous auront des diaconesses qui prononceront des homélies.
    Peut-on dire, pour autant, qu’elles seront configurées au Christ ?
    Merci de m’éclairer sur ce point délicat.

    1. Fr Hervé

      “Si un jour…” : Nous ne faisons pas de religion fiction et nous ne nous inquiétons pas du lendemain. Le Seigneur conduit son Église.

      “Si un jour…” : Lorsque des décisions sont prises, elles sont expliquées notamment sur le plan théologique.

      Pour l’heure, la commission qui a étudié l’histoire des diaconesses en a conclut qu’il ne s’agissait pas d’un ministère ordonné (donc il n’y avait pas de configuration) et que celles-ci avaient disparu dès de 5e siècle.

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