Pourquoi payer pour une messe ?

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Porte-monnaie

Voici une question qui revient souvent. Beaucoup de personnes pensent que la messe est mercantilisée et payée. Pourtant, c’est le sacrifice « gratuit » du Christ pour le salut des hommes. Pourquoi alors l’Église fait payer une contribution avant d’accepter une demande de messes par les fidèles ? Si vous vous posez souvent la même question, alors, prenez le temps de lire cet article.

L’Église ne vend pas les sacrements

En envoyant ses disciples en mission, Jésus leur a donné le pouvoir de libérer et de guérir les malades et il ajouta : « Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement » (Mt 10,8). Cette recommandation est précieuse aux yeux de l’Église qui dispense gratuitement et sans aucune contrepartie de nature matérielle ou financière, les trésors spirituels du Royaume pour le salut du peuple de Dieu.

L’Église dispose qu’il s’agit d’une faute grave de vendre les biens spirituels. La simonie est en effet le fait d’exiger de l’argent pour rendre un service strictement spirituel. Par exemple, si un fidèle demande à se confesser et qu’on lui demande de payer un montant donné, c’est de la « simonie ». Si quelqu’un demande à recevoir la première communion et qu’il s’aperçoit que ce sacrement est tarifé, c’est de la simonie.

Voici ce que stipule le canon 1380 du Code du droit canonique (1983)  : « Qui célèbre ou reçoit un sacrement par simonie sera puni d’interdit ou de suspense, ou des peines dont il s’agit au can. 1336, 2-4 ». Ce qui signifie clairement que l’Église interdit la vente ou l’achat des biens spirituels.

Les sacrements en effet sont des signes de réalités sacrées qui, par nature, sont des dons gratuits de Dieu. Si Dieu les donne selon sa libéralité, il sera malhonnête de leur imposer des taxes avant de les administrer. On rétorquera tout de suite que l’Église fait exactement le contraire de cette prescription en instituant des montants pour la réception des sacrements. Voyons de prêt de quoi cela retourne.

Pourquoi demander une messe avec de l’argent ?

Il faut être précis sur l’intention qui accompagne le fait pour les fidèles de donner une petite somme pour la messe demandée. Il n’y a pas un lien immédiat entre le sacrement célébré et l’argent donné, comme si l’efficacité du sacrement dépendait ou non de l’importance de l’argent donné ou de l’offrande faite. Il faut séparer les deux actes pour ne pas faire des amalgames. Si honnêtement, un fidèle n’a rien pour demander une messe, il peut s’approcher de son curé ou du prêtre auquel il veut demander la messe pour expliquer sa situation.

L’argent que nous versons quand nous demandons une messe sert à la subsistance du prêtre. Nous le savons, déjà dans l’ancien Testament, les prêtres avaient droit à une part de l’offrande offerte à Dieu, pour leur subsistance. Il s’agit du salaire de l’ouvrier dont parle Jésus quand il envoyait ses disciples en mission. Ces sous que les fidèles donnent contribuent donc immédiatement à l’alimentation des prêtres.

Attention cependant à croire que toutes les demandes de messes sur une paroisse entrent dans la poche des prêtres de la paroisse. Pas du tout.

Même si, sur une paroisse on demande à la fois cent messes en une journée, le prêtre n’a droit qu’au montant équivalent à une seule intention de messe par jour, qu’il en célèbre une ou deux. Un petit calcul permet donc de savoir ce qu’un évêque et un prêtre reçoit chaque jour pour sa nourriture : une demande de messe multipliée par trente. Que fait-on alors des autres demandes de messes ?

Par un système de solidarité, une péréquation est faite entre les paroisses où les messes sont plus demandées et celles où il y a très rarement de messes demandées. Ces prêtres doivent pouvoir eux aussi vivre. Les intentions de messes en supplément sur les paroisses où on en demande suffisamment sont envoyées à ces prêtres qui célèbrent aux intentions des fidèles. Du coup, l’équilibre se fait.

Il faut donc retenir qu’une chose est l’intention pour une demande de messe, une autre est l’argent que nous donnons pour demander une messe. La messe demandée n’est pas tarifiée, aucunement. En revanche, la contribution financière, qui semble s’y associer, et qu’il faut absolument purifier de toute idée mercantile, est la contribution que généreusement, un fidèle donne pour la nourriture du prêtre.

On comprend alors l’importance de la participation des fidèles à l’alimentation de leurs prêtres. D’où la nécessité d’une éducation.

Éduquer à la prise en charge des serviteurs de Dieu

Il faut déjà encourager les demandes de messes chez les fidèles, non pas pour faire du chiffre, mais en leur expliquant les raisons qu’un chrétien a de demander une messe. S’il est vrai que chaque messe est offerte à Dieu pour le monde entier, il n’en demeure pas moins vrai que, dans cette intention générale, les fidèles peuvent associer leur prière personnelle en demandant des messes.

Nous demandons des messes pour rendre grâce au Père pour sa présence, pour sa grâce et ses bienfaits. Nous demandons des messes pour implorer son secours, pour demander la conversion de nos frères et sœurs et pour la consolidation de notre foi et de celle de la communauté chrétienne. Nous demandons le saint sacrifice de la messe pour les défunts afin que la miséricorde divine les lave de leurs souillures. Il y a tellement de raisons de demander une messe. Hélas, beaucoup de fidèles catholiques n’en voient pas l’importance. Il faut une longue et patiente éducation.

Il faut aussi éduquer les fidèles à se préoccuper de la vie de ceux que Dieu met à leur service pour leur dispenser ses biens spirituels. Si Dieu est leur providence, cette providence passe nécessairement par la libéralité des hommes. Chaque chrétien doit avoir le souci du serviteur de Dieu, comme d’une responsabilité à assumer personnellement. L’institution des frais associés à la demande des messes entre dans cet ordre. Bien qu’on est la possibilité de demander une messe et de verser ce que l’on peut en conscience, il est nécessaire de discipliner la pratique.

Il faut donc faire une différence entre discipline et tarification, comme il faut en faire entre les sacrements administrés gratuitement et le montant, souvent très insignifiant, demandé par messe.

Les questions posées, j’ose le croire, ne sont pas pour se soustraire à l’obligation pour le fidèle de participer à la vie de l’Église, mais elles sont posées pour mieux comprendre et entrer dans l’esprit de la pratique ecclésiale.

La messe n’a pas de prix. Aucune fortune ne peut la mériter. C’est donc toujours un don gratuit, quel que soit ce que nous donnons. Cette seule conviction peut nous aider à moins nous focaliser sur la contribution financière qui nous est demandée pour l’alimentation du prêtre que sur la grandeur de l’actualisation du sacrifice du Christ pour une intention présentée. Entre les deux, la proportion est inimaginable.

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Abbé Jean Oussou-Kicho

Je suis prêtre de l’archidiocèse de Cotonou (Bénin), ordonné en 2008, licencié en théologie morale. Directeur de complexe scolaire, je suis investi dans la pastorale des réseaux sociaux, devenus un nouveau terrain propice pour l’évangélisation et l’éducation des chrétiens

Cet article a 9 commentaires

  1. KUEGAH-TOYO Pascal

    MERCI mon père pour cet enseignement édifiant. Cela m’a personnellement permis de comprendre. Et je me rends compte que j’avais une compréhension très faussée de la chose avant.
    Mais comment mieux divulguer ce message pour que le maximum de fidèles en soit touché ?

  2. Urbain

    Je partage le même avis que le prêtre

  3. TODEGO Hervé

    Bonjour
    Merci pour l’enseignement très riche
    Ma préoccupation est là suivante..
    Dans la mesure où il n’y a pas d’aide sur autre paroisse,les sous restants font quoi?

    1. Abbé Jean Oussou-Kicho

      Dans le Bénin, plus de 75% de paroisses n’ont pas de messes demandées. La vie de l’Eglise ne se limite pas aux centres urbains.

  4. Joël Pic LOKOSSA

    Merci cher père.

  5. TOVIZOUNKOU

    Merci pour cette clarification Cher père.

  6. DIMON Hervé

    Merci chers pères pour toute vos sacrificateurs

  7. OKE Azan Cyrille

    Que Dieu vous bénisse mon Père.
    Catholique aujourd’hui, catholique toujours.

  8. Franck TOSSOUGBO HINSON

    Merci père pour ce enseignement. Je voudrais savoir, celui qui n’a fait une demande officielle de messe et qui présente ses intentions au cœur de la messe, et fait la quête avec le même montant de la demande de messe, est-ce que son intention sera prise en compte. Où est ce que c’est la même chose. Merci

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