Exercer son sacerdoce baptismal : comment ?

Prier le chapelet
Prier le chapelet

Parmi les beaux titres donnés aux chrétiens, figurent les titres de « sacerdoce saint, sacerdoce royal ». Ces appellations ont un fondement biblique, venant de l’apôtre Pierre qui dit :

« Approchez-vous de lui : il est la pierre vivante rejetée par les hommes, mais choisie et précieuse devant Dieu. Vous aussi, comme pierres vivantes, entrez dans la construction de la demeure spirituelle, pour devenir le sacerdoce saint et présenter des sacrifices spirituels, agréables à Dieu, par Jésus-Christ. Mais vous, vous êtes une descendance choisie, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple destiné au salut, pour que vous annonciez les merveilles de celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière. »

Les chrétiens sont donc des prêtres. D’où vient ce sacerdoce ? Comment l’exercent-ils ? On parle souvent du sacerdoce commun des fidèles et du sacerdoce ministériel. Est-ce la même réalité ? Quelles sont les différences et les relations qu’ils entretiennent entre eux ? Voici autant de questions que nous voulons clarifier pour le chrétien qui veut mieux comprendre son identité.

Peuple de prêtres en Jésus-Christ

C’est Jésus-Christ qui est le prêtre par excellence, l’unique prêtre. Il l’est par l’offrande qu’il a faite de sa vie au Père sur la croix, offrande anticipée sacramentellement le jeudi-saint, au moment où il disait : « Ceci est mon corps » (à propos du pain) et « Ceci est mon sang » (à propos du vin). Il est consacré « unique grand prêtre pour l’éternité » (cf. He 5, 1-5) par Dieu son Père.

En acceptant le baptême, le chrétien est configuré au Christ « prêtre ». Autrement dit, à travers son baptême, le chrétien participe au sacerdoce du Christ. C’est ce que veut montrer l’onction du Saint-chrême au nouveau baptisé. L’ensemble des baptisés forme alors le « peuple de prêtres », c’est-à-dire le « peuple configuré au Christ-prêtre ». Le sacerdoce du peuple de Dieu prend donc sa source dans le sacerdoce du Christ grâce au baptême qui lui donne ce caractère sacerdotal. Nous y reviendrons.

Ce sacerdoce du peuple porte différents noms : « sacerdoce baptismal » , ou « sacerdoce commun des fidèles » ou « sacerdoce royal ». C’est l’effet du seul baptême qui consacre fondamentalement le chrétien au Père par le Fils dans l’Esprit. Mais c’est précisément, dans la sainte Trinité, au Christ en tant qu’il est prêtre que ce baptême configure.

L’objectif de cette consécration est précisé dans la Constitution dogmatique Lumen Gentium : « Les baptisés, en effet, par la régénération et l’onction du Saint-Esprit, sont consacrés pour être une demeure spirituelle et un sacerdoce saint, pour offrir, par toutes les activités du chrétien, autant de sacrifices spirituels, et proclamer les merveilles de celui qui, des ténèbres, les a appelés à son admirable lumière (cf. 1 P 2, 4-10). » (LG 10). Dans ce sacerdoce saint, se trouvent deux autres réalités à bien cerner : le sacerdoce commun et le sacerdoce ministériel.

Les spécificités de chaque sacerdoce

Le sacerdoce commun appartient à tout le peuple de Dieu. À côté de ce sacerdoce, on parle aussi du « sacerdoce ministériel » ou du « sacerdoce hiérarchique », qui relève du sacrement de l’ordre. Ce sacerdoce « ministériel » découle aussi du Christ qui est prêtre et qui, par son ministère, sanctifie son peuple, en le pourvoyant de tous les biens spirituels nécessaires pour sa sanctification. Alors que le sacerdoce commun est une conséquence de la réception du baptême, le sacerdoce ministériel est une conséquence d’un sacrement particulier, qui est l’Ordre. Pourquoi cette particularité ?

Il y a deux raisons à cela. La première est que, bien que choisi parmi le peuple de Dieu, le prêtre n’est pas un mandataire de ce peuple, comme s’il recevait son caractère sacerdotal, par un désir du peuple. Ce n’est donc pas le peuple qui fait d’un baptisé « un prêtre » pour exercer un ministère, c’est le Christ. La deuxième raison, étroitement liée à la première est que le « sacerdoce ministériel », tout comme le « sacerdoce commun », a sa source dans le Christ. Les deux sacerdoces prennent donc leur origine dans le Christ.

Mais le sacerdoce commun des fidèles s’exerce principalement lorsque les fidèles reçoivent les sacrements, prient, rendent grâce à Dieu, témoignent d’une vie sainte, font preuve d’abnégation et manifestent une charité active. Ces points d’insistance sont capitaux, pour la majorité des chrétiens qui pensent qu’exercer leur sacerdoce commun, c’est répéter les paroles consécratoires comme le ministre ordonné ou bénir la table à sa manière.

Ils sont prêtres lorsqu’ils participent effectivement aux célébrations sacramentelles et reçoivent les sacrements. Ils le sont par l’offrande de ce qu’ils ont et de ce qu’ils sont à l’eucharistie. Ils sont prêtres quand ils élèvent des prières vers le Seigneur, pour rendre grâce. Ils exercent véritablement leur sacerdoce quand ils vivent de l’amour oblatif du Christ dans le monde, quand ils témoignent de l’évangile et se soumettent à Dieu pour ce qui ne relève pas d’eux.

Dans le ministre ordonné (le prêtre et l’évêque), se retrouvent à la fois le sacerdoce commun et le sacerdoce ministériel. Le ministre ordonné exerce le sacerdoce commun lorsqu’il fait tout ce qui est dit précédemment du fidèle laïc. Deux exemples pour élucider : lorsque le prêtre se confesse, il exerce le sacerdoce commun, car il reçoit un sacrement. Lorsqu’il fait ses prières de dévotion, qu’il rend grâce à Dieu pour son action dans sa vie, il exerce par là le sacerdoce ministériel.

Mais quand il accomplit les fonctions propres liées à son ordination, il exerce le sacerdoce ministériel. Ces fonctions sont de trois ordres : l’enseignement, le gouvernement et la sanctification. Il agit, en ce moment-là, au nom du Christ qui enseigne, qui conduit son peuple et le sanctifie. En reprenant notre exemple, on pourrait dire : lorsque le prêtre entend les confessions, il exerce son sacerdoce ministériel. Lorsqu’il prêche ou anime une retraite, il exerce son sacerdoce ministériel.

En conclusion à ce paragraphe, la spécificité de chaque sacerdoce, qui fait d’ailleurs leur différence, provient de ce que l’un est un pouvoir pour agir au nom du Christ et l’autre confère un état pour vivre pleinement sa vocation chrétienne. Les spécificités ne les opposent pas. Loin s’en faut.

Le sacerdoce ministériel ordonné au sacerdoce commun

Il y a une distinction entre les deux types de sacerdoce : la différence des sacrements dont ils découlent d’une part, et l’état qu’il confère aux candidats d’autre part. Cette distinction ne signifie pas qu’ils s’opposent ou même qu’ils sont séparés de manière étanche. Il y a une très forte relation entre eux.

La première relation se trouve dans l’unique personne de Jésus, qui est leur source. Prêtres par le baptême et prêtres par le sacrement de l’ordre, tous deux proviennent de Jésus-Christ, l’unique prêtre. C’est lui qui les réunit, comme leur point de jonction. En conséquence, et c’est important de le dire, le sacerdoce commun des fidèles ne provient pas du sacerdoce ministériel comme aussi ce dernier ne trouve pas sa légitimation dans le sacerdoce commun des fidèles. Ils participent, tous deux, chacun selon son degré et son mode, à l’unique sacerdoce du Christ.

La seconde relation est que les deux sacerdoces sont ordonnés l’un à l’autre. De quelle manière ? Dans sa relation au sacerdoce commun, le sacerdoce ministériel nourrit un rapport de nécessité de service. Le chrétien ordonné, prêtre par l’Ordre, est au service du chrétien baptisé, prêtre également, mais par le baptême. Ce ministère est nécessaire, car il est un moyen incontournable pour le Christ de continuer à donner la vie divine à ceux qui croient en lui. À travers celui qui a reçu l’ordination sacerdotale, c’est le Christ lui-même qui agit. C’est lui qui pardonne, qui offre l’eucharistie, qui guérit les malades, qui conduit son peuple comme son Pasteur et qui l’enseigne. Dans ce sens, le sacerdoce ministériel travaille à l’édification et à la communion du sacerdoce baptismal.

Dans sa relation au sacerdoce ministériel, le sacerdoce commun, quant à lui, est le présupposé sans lequel il n’y a pas de sacerdoce ministériel. Le candidat ordonné prêtre doit déjà être un baptisé, donc prêtre par son baptême. C’est donc que les vocations pour le ministère sacerdotal proviennent du sacerdoce commun des fidèles. Cette réciprocité de relation est le fondement même de la fraternité qui se construit entre la hiérarchie à laquelle appartiennent ceux qui reçoivent l’ordre et le laïcat pour les fidèles baptisés.

Conclusion

Le Christ, unique grand-prêtre, est la source et l’origine de deux types de sacerdoces, le sacerdoce baptismal et le sacerdoce ministériel. Bien que distincts l’un de l’autre par les effets qu’ils produisent dans la personne des récipiendaires, les deux sacerdoces sont intrinsèquement unis, non seulement par leur source, mais aussi par le service de la communion de l’Église, Corps du Christ. Ce beau texte conciliaire nous le rappelle avec plus de concision et de vigueur :

Le Christ Seigneur, grand prêtre pris d’entre les hommes (cf. He 5,1-5) a fait du peuple nouveau « un royaume, des prêtres pour son Dieu et Père » (Ap 1,6 ; 5,9-10). Les baptisés, en effet, par la régénération et l’onction du Saint-Esprit, sont consacrés pour être une demeure spirituelle et un sacerdoce saint, pour offrir, par toutes les activités du chrétien, autant de sacrifices spirituels, et proclamer les merveilles de celui qui, des ténèbres, les a appelés à son admirable lumière (cf. 1 P 2,4-10). C’est pourquoi tous les disciples du Christ, persévérant dans la prière et la louange de Dieu (cf. 2,42-47), doivent s’offrir en victimes vivantes, saintes, agréables à Dieu (cf. Rm 12,1), porter témoignage du Christ sur toute la surface de la terre, et rendre raison, sur toute requête, de l’espérance qui est en eux d’une vie éternelle (cf. 1 P 3,15).

Vous aimez cet article ? Donnez lui 5 étoiles
  [Moyenne : 3.4]
Print Friendly, PDF & Email

Abbé Jean Oussou-Kicho

Je suis prêtre de l’archidiocèse de Cotonou (Bénin), ordonné en 2008, licencié en théologie morale. Directeur de complexe scolaire, je suis investi dans la pastorale des réseaux sociaux, devenus un nouveau terrain propice pour l’évangélisation et l’éducation des chrétiens

Cette publication a un commentaire

  1. KPETEHOGBE Jules

    Très intéressant pour tout baptisé

Les commentaires sont fermés.