Baptême de désir : voici ce que vous ne savez pas

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Éléments du rite du baptême

L’Église catholique enseigne qu’à côté du baptême de l’eau, il y a aussi le baptême de sang et le baptême de désir. Il y a pourtant une nuance entre ces trois formes de baptême. Nous voulons, dans cet article, nous intéresser spécifiquement au baptême de désir.

Supposons que deux personnes allant à l’Église meurent subitement d’un grave accident de circulation. L’une des deux est catéchumène, l’autre vient uniquement à la messe, sans s’engager dans le catéchuménat. Pour leurs funérailles, le curé de la paroisse n’a admis à l’église que le corps de la catéchumène, à la surprise de beaucoup de fidèles. Qu’est-ce qui peut expliquer le comportement du curé ? C’est tout le problème du baptême et surtout du baptême de désir. Nous parlerons d’abord de la nécessité du baptême pour expliquer ensuite le contenu du baptême de désir. Nous conclurons en en montrant les limites.

Le salut conditionné par le baptême

Après sa résurrection, avant de monter aux cieux, Jésus instruisait ses disciples. Il disait : « Allez par le monde entier, proclamez l’Évangile à toutes les créatures. Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé, celui qui ne croira pas sera condamné  » (Mc 16, 16). À Nicodème, son visiteur nocturne, Jésus dira : « Nul, s’il ne nait d’eau et d’Esprit, ne peut entrer dans le Royaume de Dieu  », (Jn 3, 5). Des paroles de Jésus, on peut déduire que Jésus le salut de l’entrée de l’homme au paradis à ce sacrement.

De cette consigne et de cette révélation du Seigneur, l’Église enseigne donc que le baptême est nécessaire pour le salut des hommes. « Nécessaire  » signifie que, sans le baptême, personne ne peut être sauvé. On ne peut donc s’en passer. Aucun autre moyen ordinaire n’existe pour cela. Il s’agit, en l’occurrence, de ceux qui ont entendu la Parole de Dieu et ont eu la possibilité de demander le baptême.

Mais une question se pose, si Dieu veut sauver tous les hommes, si le salut est universel, qu’en est-il des nombreuses personnes qui, sans faute ni péché de leur part, n’ont pas entendu la parole de Dieu avant leur mort ou même ? Qu’en est-il aussi de ceux qui sont sur le chemin de la foi et qui n’ont pas eu la chance d’être baptisés avant leur mort ?

C’est à ce niveau que se situe la suppléance du baptême de désir. Que signifie alors ce baptême ?

Le baptême de désir

Le baptême de désir provient du désir, explicite ou implicite, du baptême. Ce désir du baptême est explicite chez les catéchumènes. Le fait de s’inscrire en catéchuménat et de commencer son initiation chrétienne est le signe explicite qu’ils veulent recevoir le baptême. Si par malheur, un des catéchumènes, par suite d’une maladie ou d’un accident, aux conséquences mortelles immédiates, venait à mourir en étant libre de tout péché mortel, son désir du baptême lui permet de recevoir le baptême de désir.

En ce qui concerne le désir du baptême implicite, il vient de la pensée que, beaucoup de personnes n’ont pas entendu le message de salut de Jésus. Ces personnes meurent sans que leur responsabilité de n’avoir pas reçu le baptême ne soit pas engagé. Toutes ces personnes ne vont pas en enfer. Si elles ont mené une vie droite et juste selon la loi naturelle, on présume que, si elles avaient entendu le message de salut du Christ et la nécessité du baptême, elles l’auraient demandé. Ces personnes aussi ont reçu le baptême de désir.

Voici ce qu’en dit le Catéchisme de l’Église catholique :

« Puisque le Christ est mort pour tous, et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’être associés au mystère pascal. Tout homme qui, ignorant l’Évangile du Christ et son Église, cherche la vérité et fait la volonté de Dieu selon ce qu’il la connaît, peut être sauvé. On peut supposer que de telles personnes auraient désiré explicitement le baptême si elles en savaient la nécessité.  »

Au total, il faut corriger l’opinion répandue que seuls les catéchumènes reçoivent le baptême de désir. Il existe une multitude de personnes qui, sitôt après leur mort, sont associées soit à l’Église en purification, soit à l’Église triomphante, même si de leur vie, elles n’étaient pas dans l’Église terrestre. En effet, si Dieu a lié l’entrée dans le royaume au sacrement du baptême, il convient de signaler que lui-même n’est pas lié au sacrement. Dans sa miséricorde, il sait comment sauver les personnes justes qui ne sont pas visiblement dans le bercail de l’Église terrestre. Beaucoup de personnes que nous pensons damner sont avec Dieu dans la lumière de son Royaume. Ceci étant, il convient de prévenir de quelques petites limites.

Les limites du baptême du désir

Le baptême de désir n’octroie pas le caractère du sacrement du baptême. Le caractère est un sceau, une empreinte divine, indélébile, que l’Esprit Saint imprime dans l’être de la personne qui reçoit le baptême. Celui qui reçoit le baptême de désir bénéficie de toutes les grâces du baptême (rémission des péchés, vie nouvelle dans le Christ, l’appartenance à l’Église et le lien sacramentel de l’unité des chrétiens). Mais il ne reçoit pas la dernière grâce qui se trouve être le caractère du baptême.

De la même manière, le baptême de désir n’est pas sacramentel. Il ne s’agit pas d’un sacrement. Le sacrement en effet est lié au geste rituel de l’eau versée sur la tête trois fois avec la formule appropriée et dans les conditions permettant à la célébration d’être valide. Les deux autres baptêmes, qu’ils soient de désir ou de sang, se passent de ce rite. Ils n’ont donc pas une valeur sacramentelle.

On comprend donc notre curé. C’est en vertu du baptême de désir reçu par le catéchumène qu’il accepte de recevoir son corps pour les funérailles chrétiennes. Quant à celui qui vient à l’Église, qui entend le message du Christ et la nécessité de recevoir le baptême, sans jamais s’y intéresser, il n’a pas reçu le baptême de désir. En logique, il ne doit pas recevoir les funérailles chrétiennes.

Le baptême est donc nécessaire. Parlons-en autour de nous et invitons ceux qui ne sont pas encore baptisés à enclencher le processus de leur baptême.

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Abbé Jean Oussou-Kicho

Je suis prêtre de l’archidiocèse de Cotonou (Bénin), ordonné en 2008, licencié en théologie morale. Directeur de complexe scolaire, je suis investi dans la pastorale des réseaux sociaux, devenus un nouveau terrain propice pour l’évangélisation et l’éducation des chrétiens