Baptême et rite traditionnel de sortie d’enfant

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Que me conseillez-vous entre les cérémonies de la sortie d’enfants selon la coutume suivie du baptême chrétien et le baptême seul sans la cérémonie de la sortie d’enfant ?

Dès la naissance d’un nouvel enfant, la parenté fait pression sur les parents du nouveau-né pour les cérémonies traditionnelles de sortie d’enfant.  C’est une réalité à laquelle les chrétiens, dans nos villages et campagnes, sont confrontées quotidiennement. Parfois même, les chrétiens ayant quitté le village pour la ville sont interpelés par leurs familles sur le sujet. 

Cet article veut fournir des éléments de discernement pour le chrétien lui-même. La sagesse recommande que, dans le doute, on s’abstienne. Ce sera le fil conducteur de ma pensée. 

Faire option du seul baptême

La réponse est aussi négative quand on scrute les rites traditionnels de sortie d’enfant. Ce ne sont pas seulement des rites culturels. Ils sont très cultuels et en tant que tels, ils font appel à la religion traditionnelle. Le rite traditionnel de la sortie d’enfant implique des consultations préalables, la divination pour être plus précis, pour savoir les principes de vie qui gouvernent l’enfant à sortir. C’est parfois accompagné d’offrandes et d’interdits, en sorte que le parent chrétien qui l’accepte pour son enfant entre dans un engrenage du cultuel traditionnel duquel il est difficile de sortir après. 

Les contours spirituels de la sortie d’enfant selon le rite traditionnel ne sont pas suffisamment expliqués aux parents. C’est dans le temps qu’ils sont confrontés aux contraintes d’avoir accepté la sortie d’enfant. N’oublions pas que la sortie de l’enfant est pratiquement à la religion traditionnelle ce qu’est le baptême de l’enfant dans la religion chrétienne. 

Impliquer l'Église

Les parents non chrétiens insistent encore plus sur le rite de la sortie des enfants surtout quand il s’agit de jumeaux au point de faire peser sur la conscience des parents géniteurs la possibilité de malheurs successifs allant jusqu’à la mort si rien n’est fait. Dans un tel contexte, la seule possibilité, que le chrétien a de faire sortir son enfant en suivant le rite traditionnel, est d’abord de bien comprendre tous les éléments qui composent ce rite et leurs significations réelles. Tout rite a toujours une signification spirituelle. 

Ensuite, il doit avoir la possibilité, sous le discernement d’un responsable de l’Église (le curé en l’occurrence ou un délégué averti) de faire des choix. Il doit pouvoir dire :  « Je choisis de faire ceci, car c’est sans danger pour ma foi et je refuse de faire cela, car ma foi ne le permet pas ». S’il n’a pas la possibilité de la sélection, il vaut mieux s’en abstenir. 

Enfin, tout le rite doit se faire en présence de l’Église (un prêtre mandaté) qui pourrait suivre et même y jouer un rôle de substitution pour des actes clés. Il faut être tout à la fois prudent et vigilant en cette matière.

Un travail d’inculturation

La religion traditionnelle et les parents exercent encore dans nos milieux africains une autorité évidente dans tous les domaines de la vie de l’homme. La question du baptême chrétien et du rite traditionnel de sortie d’enfant se situe dans le champ de l’inculturation.  On peut, par exemple, se demander si, dans le cadre du mariage chrétien où la dot est exigée, il faudra accepter tout ce qui concerne le mariage traditionnel ? Ou bien pour ensevelir un défunt, un chrétien devra-t-il suivre tous les rites traditionnels ? 

C’est la problématique fondamentale de l’inculturation. Elle consiste à l’assomption de nos réalités traditionnelles par l’Évangile du Christ. En effet, la sortie des enfants, les funérailles traditionnelles sont expressions d’une conception de l’homme qu’il faut saisir dans sa globalité tout comme le baptême chrétien entre dans une conception globale de l’anthropologie chrétienne. 

Il nous faut découvrir ce que chaque pan du rite signifie et voir comment, dans la foi, l’accueillir dans l’Église et le vivre en Jésus-Christ. C’est une tâche de longue haleine qui nécessite des dizaines d’années de travail de collectes de données et d’études. C’est au bout de ce travail que nous serons situés véritablement sur la question du dilemme de choix. La pratique du « Mèwiwindo » au Bénin, dans le diocèse d’Abomey, en ce qui concerne les funérailles chrétiennes sur le style traditionnel est un exemple. Ce travail, il faut le faire dans tous les domaines de la vie. Il implique des compétences anthropologiques, sociologiques, culturelles, liturgiques, bibliques, historiques et que sais-je encore.

Ill faut qu’on se limite à ce que nous dit l’Église à ce sujet. Pour le moment, l’Église conseille qu’on s’en tienne au baptême et qu’on reste très prudent face aux rites traditionnels de sortie d’enfants. Un travail important est en cours qui sera communiqué en temps opportun.

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Abbé Jean Oussou-Kicho

Je suis prêtre de l’archidiocèse de Cotonou (Bénin), ordonné en 2008, licencié en théologie morale. Directeur de complexe scolaire, je suis investi dans la pastorale des réseaux sociaux, devenus un nouveau terrain propice pour l’évangélisation et l’éducation des chrétiens

Cet article a 5 commentaires

  1. AMAHOWOUE

    Gloire à Dieu. Merci Padré pour cet éclairage sur la question. Puisse le Seigneur vous inspirer d’avantage. Amen

  2. ODJOUGBÉLÈ CHRISTIANE

    Dieu merci.
    Merci beaucoup cher Père pour ces précisions.

  3. Clément

    Je suis chrétiens catholique et je ne veux pas faire cérémonie de sortie à mon enfant.je préfère aller directement sur baptême.est ce que c’est bon de boycotter pour la rute et prendre directement baptême

  4. David

    Je remercie le père pour le travail abattu. Mieux vaut faire le baptême que de faire le rite traditionnel de sortie de l’enfant. Cependant, je vois nécessaire un tel rituel. Bibliquement, Jean et Jésus ont tous passé par ce rite traditionnel de sortie de l’enfant. C’est l’occasion où le nom donné par l’ange au sujet de ces deux figures sera collé à chacun. Regardez Jean c’est à la cérémonie de sortie traditionnelle que la langue de son géniteur (Zakaria) s’est déliée et il a commencé par parlé de nouveau. De plus, Jésus a passé par ce rite traditionnel avant d’aller au baptême. Le nom est donné à l’enfant à la cérémonie de sortie. Et l’Eglise catholique, je crois bien organisée une telle cérémonie dirigée souvent par le Renouveau. Je m’arrête ici pour montrer mon désaccord par rapport à l’idée de supression du rite traditionnel de sortie. Le rite traditionnel de sortie ne supprime pas et ne remplace pas le baptême. La cérémonie de sortie et baptême sont deux choses différentes.
    Quelle différence entre rite traditionnel de sortie et rite religieux de sortie ? Quelle différence entre la cérémonie de sortie et le baptême ?

    1. Abbé Jean Oussou-Kicho

      La question fondamentale est de savoir si les divinités traditionnelles interviennent dans la sortie de l’enfant. Quel est le sens de chaque rite ? On sait que dans la coutume juive, la circoncision est signe d’alliance avec Dieu. On connaît donc le contenu de chaque geste.
      Je propose que, pour la sortie de l’enfant, les parents soient bien informés de ce qui sera fait comme rite sur l’enfant.

      Nul n’est contre la sortie. Mais il faut pouvoir comprendre la symbolique des rites et pouvoir se prononcer.

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