4e grâce du baptême : l’unité des chrétiens

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Baptême de bébé

Le baptême accorde une quatrième grâce, celle de la reconnaissance de la fraternité chrétienne au-delà des dimensions de l’Église catholique. Comment cela advient-il ? C’est ce que nous allons expliquer dans les paragraphes qui suivent.

Voici tout le dossier sur les cinq grâces du baptême chez les catholiques.
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Il y a plusieurs personnes qui portent le nom de chrétiens. Pour le catholique, tous ceux qui se nomment chrétiens ne le sont pas. En revanche, ce ne sont pas seulement les catholiques qui portent le nom de chrétiens. Il y en a qui ne sont pas catholiques et qui sont chrétiens. Par quelle opération peut-on faire cette reconnaissance ? Comment fait-on la différence ? Il faut en savoir sur l’histoire des divisions dans l’Église pour mieux cerner le rôle important de lien sacramentel de l’unité que le baptême joue dans un contexte de division.

Les deux grandes divisions

Au commencement, jusqu’au XIe siècle, il n’y avait qu’une seule « Église catholique », avec plusieurs patriarcats indépendants. Un peu avant le XIe siècle, des perturbations plus ou moins profondes vont surgir qui vont provoquer la première division dans l’Église. La première est arrivée entre catholiques de l’Occident et ceux de l’Orient au sujet de quelques points de formulations de la doctrine de la foi.

Le point doctrinal le plus pointu est le désaccord sur la procession du Saint-Esprit. Alors que les Orientaux disent qu’il procède du Père uniquement, les Occidentaux affirment qu’il procède du Père et du Fils. À ce désaccord doctrinal, il faut ajouter le désir centraliste, unificateur et conquérant de l’Église d’Occident contrairement à la méthode décentralisée des Orientaux. On y perçoit toute la polémique autour de la primauté du pape. L’accord n’étant pas fait autour des questions disputées, les deux blocs (occidental et oriental), se sont séparés. Ainsi est née l’Église dénommée « Orthodoxe ».

Au XVIe siècle (31 octobre 1517), interviendra le père Martin Luther, qui va s’insurger contre certaines pratiques courant dans la sainte Église. Ces critiques sont essentiellement dirigées contre la vente des indulgences, la doctrine sur le purgatoire, le jugement particulier, le culte rendu à Marie et aux saints, les canonisations, la majorité des sacrements, la prière pour les défunts, le célibat des prêtres, l’autorité du pape, etc. Il sera l’initiateur d’un mouvement réformiste qui a pour ambition de remplacer l’Église catholique par une autre. Finalement, il se séparera de l’Église catholique pour créer une autre dénommée, par la suite, « Église protestante ».

Ainsi sont nées deux autres communautés chrétiennes séparées de la communauté-mère. Tandis que les catholiques et les orthodoxes vont demeurer, chacun de son côté, un bloc, les protestants sont allés d’émiettement en émiettement. Ce qui les fragilise et génère des centaines de milliers de petites communautés partageant, avec plus ou moins de variantes, les fondamentaux de la doctrine protestante.

La reconnaissance du baptême sacramentel

Au cœur des divisions, un principe a été sauvegardé par chacune des nouvelles communautés ecclésiales. Catholiques, Orthodoxes et Protestants ont le même baptême : par infusion ou immersion si possible, au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Les rites essentiels du baptême ainsi que sa sacramentalité sont conservés. En conséquence, ces trois communautés reconnaissent le baptême les unes des autres comme étant valide, pour communiquer les grâces d’incorporation au Christ et à l’Église.

La reconnaissance réciproque du baptême entre Catholiques, Orthodoxes et Protestants fait que nous portons le nom de « chrétien ». C’est en effet le baptême qui fait de nous des chrétiens. Mais ces trois grandes communautés ne reconnaissent pas le baptême des évangéliques. Les raisons sont simples : le baptême n’est pas pour eux un sacrement et il ne se fait pas au nom de la Sainte Trinité comme Jésus l’a recommandé. En conséquence, toutes les communautés évangéliques dont les baptêmes ne sont pas reconnus ne font pas partie de chrétiens pour les Catholiques, les Orthodoxes et les Protestants.

Même Père, mères différentes

Bien qu’appartenant à des Églises différentes, nous sommes tous des frères et sœurs, car nous avons en communs le beau nom de « chrétiens », le nom de ceux qui sont configurés au Christ et sont participants de son mystère pascal. S’il est vrai que l’image n’est pas adéquate, nous sommes des frères ayant le même « Père », le même « Seigneur Jésus-Christ » et le même « Esprit sanctificateur ». Nous partageons fondamentalement la même foi mais nous sommes de « mères » différentes. S’il faut prendre l’image de la famille, on peut dire que nous appartenons à la même famille (Dieu étant son principe) mais que nous avons des mamans différentes (chacune des trois Églises). Nous partageons la communion familiale en demeurant des « demi-frères ».

Bien que notre communion fraternelle soit imparfaite, du fait de la différence d’appartenance ecclésiale, il y a cependant « communion » et c’est bien cela qu’il convient de sauvegarder. En effet, dans le Seigneur, nous sommes tous des frères et des sœurs, unis par le même baptême. C’est ce sacrement qui est notre lien d’unité, malgré nos divisions.

Le baptême est le lien sacramentel de notre unité

Dans le baptême, nous formons une famille chrétienne. C’est ce sacrement qui fonde le dialogue œcuménique et les liens de fraternité entre les trois familles. Quand nous faisons une semaine de prière pour l’unité des chrétiens, c’est bien pour l’unité de ces trois familles dont les baptêmes sont réciproquement acceptés par chacune d’elles. Voici un extrait d’un document œcuménique sur la question du baptême comme lien sacramentel de notre unité et son implication pratique pour notre vivre-ensemble en tant que chrétiens.

 

 

Notre baptême commun, qui nous unit au Christ dans la foi, est ainsi un lien fondamental d’unité. Nous sommes un seul peuple et nous sommes appelés à confesser et à servir un seul Seigneur, en chaque lieu et dans le monde entier. L’union avec le Christ que nous partageons par le baptême a des implications importantes pour l’unité des chrétiens. […] Quand l’unité baptismale est réalisée dans l’Église une, sainte, catholique et apostolique, un témoignage chrétien authentique peut être rendu à l’amour de Dieu qui guérit et réconcilie. C’est pourquoi notre unique baptême en Christ constitue un appel aux Églises, pour qu’elles surmontent leurs divisions et manifestent visiblement leur communion.

Il faut donc que les catholiques ne posent pas sur les Orthodoxes, pas plus sur les Protestants, un regard d’étrangers comme s’ils étaient des ennemis de la foi chrétienne. Il faut de plus en plus que nous nous regardions comme des frères et sœurs, parce que fils et filles d’un même Père, partageant et professant pratiquement la même foi, administrant le même baptême. Ce dernier, comme lien d’unité, doit nous aider à une conversion du regard sur les autres et nous permettre de les respecter dans leur différence. Si ce fil se rompait, la division serait encore plus profonde. Prions le Seigneur, afin qu’il donne à ses fils la grâce de l’unité pour laquelle son Fils a longuement prié.

Bien qu’appartenant à des Églises différentes, les catholiques, les orthodoxes et les protestants sont tous des chrétiens, car ils reçoivent le même baptême. Parce qu’ils sont tous « frères du Seigneur », ils sont les uns pour les autres des frères et sœurs. C’est le baptême qui rend ce lien d’unité possible. Que pouvons-nous dire de la dernière grâce : le caractère indélébile du baptême ?

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Abbé Jean Oussou-Kicho

Je suis prêtre de l’archidiocèse de Cotonou (Bénin), ordonné en 2008, licencié en théologie morale. Directeur de complexe scolaire, je suis investi dans la pastorale des réseaux sociaux, devenus un nouveau terrain propice pour l’évangélisation et l’éducation des chrétiens