Pourquoi le célibat pour les prêtres ?

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Et Dieu les bénit et leur dit : « Soyez féconds, multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-la, et dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel… » (Gn 1, 28). Pourquoi les prêtres, les religieux et/ou religieuses décident de vivre une vie de célibat ? N’est-ce pas une manière de renoncer à la volonté de Dieu ?

Cette question est intéressante et actuelle. Les débats autour du célibat des prêtres ne cessent de s’animer. À périodicités variées, les médias font surgir la polémique, surtout avec la honteuse histoire de pédophilie des prêtres en Occident et des contre-témoignages rapportés ici et là au sujet des prêtres (reste à prouver l’authenticité de toutes les déclarations). À côté des prêtres se trouvent les religieux et religieuses et quelques autres communautés de laïcs consacrés qui ne se marient pas. Il faut leur rendre hommage et prier pour eux, pour ce libre choix du célibat qui est la manifestation d’une grâce particulière reçue du Seigneur. Tu invoques l’ordre du Seigneur dans Gn 1, 28 qui demande aux hommes de se multiplier et de remplir la terre. Et tu veux savoir si le fait que les prêtres et les consacrés ne se marient pas n’est pas une violation flagrante du commandement divin.

Je voudrais avant tout te dire que la Parole de Dieu ne s’arrête pas au livre de la Genèse et que dans la suite de la révélation divine, il a été question du célibat choisi. Mais avant, il faut comprendre que le célibat choisi est une exception à une règle générale qui est le mariage. Du coup, les textes bibliques que je vais énumérer pour t’expliquer le célibat des consacrés ne sont pas en opposition avec le commandement de Dieu dans le livre de la Genèse. Mariage et célibat sont intrinsèquement liés.

Ceci dit, sans vouloir trop entrer dans l’histoire du célibat des prêtres et des religieux et religieuses, je voudrais te citer au moins deux à trois références bibliques, parmi plusieurs autres. Toutes les trois traitent du célibat dans un contexte du mariage.

Le premier concerne la réponse à ses disciples lorsqu’il prohibait la répudiation des femmes par les hommes en Matthieu 19, 3-9. À l’interdiction de renvoi de la femme, les disciples ont dit : « Si telle est la condition de l’homme par rapport à la femme, il n’est pas avantageux de se marier » (Mt 1, 10). Jésus, au lieu de répondre directement, va faire une déclaration plus incompréhensible : « Tous ne comprennent pas cette parole, mais seulement ceux à qui cela est donné. Il y a des gens qui ne se marient pas car, de naissance, ils en sont incapables ; il y en a qui ne peuvent pas se marier car ils ont été mutilés par les hommes ; il y en a qui ont choisi de ne pas se marier à cause du Royaume des cieux. Celui qui peut comprendre, qu’il comprenne ! » (Mt 19, 11-12).

Cette déclaration est encadrée par une phrase analogue : beaucoup ne comprennent pas (au début) … Celui qui peut comprendre qu’il comprenne (à la fin). Ton incompréhension est donc totalement justifiée.

Cependant, Jésus explique quelques conditions qui font que tout le monde ne se marient : certains sont nés pour ne pas se marier, d’autres ne se marient pas à cause de leur fonction (les énuques) et les derniers font le choix, bien qu’ils aient la possibilité de se marier, de rester célibataires. Jésus expose une situation de fait, sans l’expliquer, mais en l’acceptant comme possibilité. C’est  ni plus ni moins nous rappeler que tous les hommes ne se marient pas, bien que le commandement de Dieu dans Genèse 1, 28, en donne l’ordre. Une fois encore, la règle est générale, mais il y a bien des exceptions. Jésus finit par dire tout le monde ne peut comprendre cela. Mais lui comprend et accepte.

Il faut dire que, pour ceux qui ont fait le choix du célibat, alors que le mariage est d’institution universelle, il s’agit d’une exception, d’un choix exceptionnel, « en vue du Royaume des Cieux ». La finalité du choix est liée directement au Royaume des cieux. Et pour cause, dans le Royaume des Cieux, on ne prend ni femme ni mari, on vit comme des anges (Mt 22, 30). Le mariage est une réalité terrestre, le célibat est la condition finale de l’homme. Non pas qu’il sera seul au ciel, mais qu’il vive dans une nouvelle forme de relation qui surpasse le mariage.

La dernière référence que je vais invoquer concerne la déclaration de Saint Paul qui donne des conseils aux fidèles de Corinthe. Permettez que je vous transcrive tout le texte : 1Co 7

Celui qui n’est pas marié s’inquiète des choses du Seigneur, des moyens de plaire au Seigneur ; et celui qui est marié s’inquiète des choses du monde, des moyens de plaire à sa femme. Il y a de même une différence entre la femme et la vierge : celle qui n’est pas mariée s’inquiète des choses du Seigneur afin d’être sainte de corps et d’esprit ; et celle qui est mariée s’inquiète des choses du monde, des moyens de plaire à son mari

Saint Paul fait une profonde distinction entre les deux catégories : les mariés et les célibataires. Les premiers sont plus préoccupés pour le monde et leurs conjoints et les derniers ont plus de temps et de liberté pour se consacrer aux choses de Dieu.

Si les prêtres, les religieux et religieuses ne se marient pas, c’est pour ne pas avoir à partager leur cœur (une part pour le conjoint et l’autre pour le Seigneur). Ils veulent appartenir totalement au Seigneur. Le célibat consacré est donc une choix volontaire authentifié par la Parole de Dieu, un choix selon lequel on veut vivre ici-bas la condition du Royaume (Car le Royaume des cieux a déjà commencé pour nous chrétiens sur la terre) avec un cœur sans partage.

Saint Paul va jusqu’à dire, dans le même chapitre, une chose qui va te surprendre. Il propose une forme de célibat, ou plus précisément de chasteté dans le mariage. Il dit : « Voici ce que je dis, frères, c’est que le temps est court ; que désormais ceux qui ont des femmes soient comme s’il n’en avaient pas » (1 Co 7, 30). Il induit une forme de détachement, de relativisation de la condition dans laquelle on se trouve à cause de la proximité du règne de Dieu.

Merci pour l’actualité de la question. Elle a l’avantage de nous éclairer un peu mieux sur une question devenue chou gras des médias.

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Abbé Jean Oussou-Kicho

Je suis prêtre de l’archidiocèse de Cotonou (Bénin), ordonné en 2008, licencié en théologie morale. Directeur de complexe scolaire, je suis investi dans la pastorale des réseaux sociaux, devenus un nouveau terrain propice pour l’évangélisation et l’éducation des chrétiens

Cet article a 6 commentaires

  1. DANNON Firmin

    Merci beaucoup abbé pour votre travail que Dieu le Père Tout Puissant vous comble de ses grâces. Amen

  2. Alphonse BAGRI

    Merci beaucoup chers pères je suis totalement satisfait de votre réponse

  3. Théodore SAWADOGO

    Merci beaucoup mon Père.

  4. Hortense Gninakpo

    Merci Père pour votre disponibilité à répondre à toutes les questions afin de mieux nous éclairer.Que le Saint Esprit vous inspire davantage.

  5. Bertrand

    Merci père pour l’éclairage . Que Dieu accorde à nos prêtres et frères religieux et religieuses le vrai célibat et que les brebis galeux soit mis hors du troupeau ( peuple élu)

  6. Félix

    Vous êtes extrêmement talentueux .
    Je suis très ravi de vous lire. J’ai pris connaissance désormais des arguments bibliques pour convaincre ceux qui sont ignorants.

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