Dans cet article, nous attirons l’attention sur les erreurs de langage quand nous parlons des sacrements et nous expliquons, sacrement après sacrement, ce qu’il convient de dire.
Une certaine formulation devenue familière s’infiltre dans notre langage quand nous parlons des sacrements. Ces expressions sont grammaticalement très justes en ce qui concerne l’emploi de la langue française mais elles sont en revanche très fautives sur le plan théologique. De quelle erreur s’agit-il ?
Quelques expressions erronées
Nous allons pêle-mêle identifier quelques phrases ordinaires. Pour le baptême, on entend souvent : « Je me suis baptisé à douze ans… J’ai fait mon baptême depuis mon enfance. » Pour la communion : « Je me suis communié » ; « Je ne me suis pas communié depuis… » ; « Il a pris la communion le dimanche dernier ». Pour la confirmation : « J’ai fait la confirmation, ça fait un moment. » Pour le mariage : « Je me suis marié depuis dix ans. J’ai fait mon mariage à la cathédrale ».
Il importe de remarquer qu’en expression française, ces expressions sont irréprochables. Mais du point de vue de la réalité spirituelle, ces phrases n’expriment pas avec exactitude ce qui se passe dans les sacrements que nous recevons. En effet, à travers ces phrases, apparaît l’idée qu’un sacrement « se prend » (J’ai pris la première communion…). Or ce n’est pas tout à fait cela. Un sacrement ne se prend pas, il se reçoit.
En effet, chaque sacrement est un « don de Dieu », un don efficace. La logique du don est qu’on ne le prend pas, comme si cela nous appartenait. Le don est tel qu’il se reçoit. Nous sommes en plein dans la logique « don-réception », « donner-recevoir ». C’est Dieu qui toujours est à l’initiative du sacrement par lequel Il se donne aux hommes. Et ce sacrement se reçoit alors par les mains du diacre, du prêtre ou de l’évêque.
Zoom sur chaque sacrement
Le baptême
Il est évident que les personnes qui ont été baptisées comme des nourrissons ne « se sont » pas baptisées ; elles ont été présentées au baptême par leurs parents, leurs parrains et marraines et le baptême leur a été administré par un diacre, un prêtre… Il en va de même pour ceux qui ont été baptisés dans l’enfance, l’adolescence ou à l’âge adulte. Tous nous avons reçus le baptême ; tous nous avons été baptisés (la forme passive indique que nous n’avons pas été les auteurs de l’action). C’est Dieu qui se donne. Ainsi que le dit saint Paul, « tous, nous avons été baptisés dans l’unique Esprit pour former un seul corps » (1Co 12,13)
La confirmation
Ici aussi, c’est l’évêque (ou la personne qu’il a déléguée) qui nous a confirmés. Ce n’est pas nous qui nous sommes confirmés ; « Je ne me suis pas confirmé » mais « J’ai été confirmé » ou bien « On m’a administré la confirmation » ou « J’ai reçu le sacrement de la confirmation ». C’est bien Dieu qui donne.
L’eucharistie
là encore, l’Eucharistie se reçoit. Le Seigneur se rend présent sur l’autel des mains du prêtre, mais le prêtre est le seul à « se » communier : personne ne lui donne en effet la communion mais lui la prend, justement parce qu’il agit dans la personne du Christ. Même lorsqu’il y a une concélébration, les concélébrants prennent silencieusement une partie de l’hostie dans une patène qu’on leur présente ; on ne leur donne pas la communion mais ils la prennent.
En revanche, tous les fidèles, même les diacres, même les ministres extraordinaires de la communion qui aident à « donner », à « distribuer » la communion aux fidèles, reçoivent la communion avant de la porter à leurs frères : ils ne prennent pas la communion ; on ne prend jamais la communion, personne sauf le prêtre lorsqu’il célèbre la messe. Donc « On ne se communie pas » mais « On reçoit la communion » ; on peut dire aussi, pour simplifier « J’ai communié ». Là, encore c’est Dieu qui donne et qui se donne.
La pénitence
Il est vrai qu’on dit qu’« on se confesse » et ce n’est ici pas faux. En effet, « se confesser » veut littéralement dire qu’ « on fait savoir ses péchés », qu’on les avoue au prêtre. En revanche, c’est lui qui donne (ou ne donne pas) l’absolution au nom du Seigneur. Donc, « on ne se pardonne pas » sacramentellement mais « on reçoit le pardon ». Là, encore c’est Dieu qui donne.
Le mariage
Ici, c’est légèrement différent car dans l’Église catholique romaine, ce sont les fiancés qui, s’ils sont baptisés, sont les ministres du sacrement. Donc, on peut légitimement dire « Je me suis marié ». La clarification à porter ici est que l’homme donne sa parole à la femme et la femme à l’homme. L’une donne le sacrement à l’autre. Mais il n’est pas faux de dire que « tel prêtre m’a marié », même si le prêtre n’est ici pas directement ministre du sacrement. Mais, là aussi Dieu se donne.
L’ordre
Il est évident que les diacres, les prêtres et les évêques ne se sont pas ordonnés eux-mêmes ! Dans l’Église catholique, nous ne sommes pas dans la mission autoproclamée de certains ministres des Églises séparées. Le sacrement de l’ordre est transmis depuis les temps apostoliques par le don de l’Esprit et l’imposition des mains de quelqu’un qui avait lui-même reçu l’imposition des mains, de quelqu’un qui avait lui-même reçu l’imposition des mains etc. jusqu’aux apôtres. Là, encore c’est Dieu qui donne.
Le sacrement des malades
Je n’ai jamais entendu personne dire « Je me suis administré » et heureusement. Parfois, hélas, le « malade » est tellement diminué qu’il n’aurait de toutes façons la force de rien. Mais, là, comme toujours, c’est Dieu qui se donne.
Surveillons donc ce que nous disons et mesurons la chance que nous avons que Dieu nous fasse de si grands présents. Voilà, c’était un petit coup d’humeur qui a son importance théologique.
Merci Chers Pères pour les enseignements,
Merci Père pour ces clarifications.
Merci Frère Hervé pour ces éclaircissements
Dieu vous bénisse davantage!!!