La place de la prière dans la foi chrétienne

Prière, relation à Dieu
Prière, relation à Dieu

Beaucoup de chrétiens ne savent plus la place de la prière dans la foi chrétienne. Cet article veut les situer sur les quatre harmoniques de cette foi. À la fin de cette lecture, ils comprendront que le mot « foi » est un terme riche de quatre couleurs dans la structure de la foi chrétienne.

Quatre dimensions de la foi chrétienne

Avant de cerner la place de la prière dans la structure de la foi chrétienne, il faut se poser une question préalable : comment se structure la foi chrétienne ? Quand on parle de la foi chrétienne, dans son expression catholique, on entend beaucoup de choses à la foi et, à défaut de ne pas catégoriser, on peut s’y perdre facilement. Cette foi en effet est très riche et apparaît comme un arbre à quatre branches inséparable : la profession, la célébration, l’agir et la prière.

Quand nous parlons de la grandeur du mystère de la foi chrétienne, il importe de prendre tout à la fois, comme une même réalité, ces quatre dimensions ci-dessus citées. Un chrétien qui veut faire le point de sa vie doit absolument en tenir compte et se poser quatre questions fondamentales : est-ce que je travaille à garder la foi dans sa pureté et à la comprendre ? Est-ce que je participe activement à la célébration liturgique ? Est-ce que je mène ma vie comme un croyant ? Enfin, est-ce que j’ai une vie de prière régulière à la manière de celle du Christ ?

Revenons à présent à chacune de ces branches pour les comprendre dans leur relation les unes aux autres.

La foi professée

La première branche est celle de la profession. On parle de la profession de la foi dont la synthèse se trouve dans le « Je crois en Dieu » ou « Je crois en un seul Dieu ». Professer la foi signifie y croire fermement et sans alliage avec d’autres spiritualités, par son cœur, chercher sincèrement à la comprendre par sa réflexion et la formation et à l’annoncer avec ardeur dans sa pureté par sa bouche.

Si l’on demande à un chrétien d’exposer sa foi à un auditoire, il lui suffira de reprendre le « credo » et de le développer, article après article. On s’aperçoit alors que les quelques mots que nous récitons à l’Église ou au cœur de certaines de nos prières sont en réalité d’une profondeur inimaginable, pour peu qu’on veille à les creuser un peu plus.

Cette profession de foi puise ses racines dans la Parole de Dieu et dans l’enseignement des Apôtres, que l’Église, à travers son Magistère, ne cesse de perpétuer et d’élucider, en des mots nouveaux pour chaque génération.

Cette profession de la foi concerne le Dieu révélé par le Christ, un Dieu qui est communauté de personnes, l’une étant Père, l’autre Fils et le troisième Esprit. Elle concerne aussi l’Église qui est le signe visible du salut que Dieu accorde à l’homme et par qui Dieu continue de porter son message d’amour au monde.

Il convient de préciser cependant que le centre de cette profession de foi est la personne de Jésus, en tant que Sauveur des hommes et l’unique Médiateur entre Dieu et les hommes. Tout repose sur le Christ comme un édifice qui prend appui sur un pilier principal, de telle manière que si le pilier venait à s’écrouler, la foi chrétienne se vide de sa substance et court ainsi à sa disparition. Saint ne peut mieux le dire quand il affirme que « si le Christ n’est pas ressuscité, alors vaine est notre foi ». Toute la foi chrétienne se nourrit de ce mystère central, mystère de la passion, de la mort et de la résurrection du Christ. Il s’agit là d’une clé unique pour interpréter sans erreurs la foi chrétienne, et même chaque partie des Écritures.

La foi célébrée

Si la première branche de la foi est sa profession, la deuxième est sa célébration. Autrement dit, la foi se professe, mais aussi, elle se célèbre. Que célèbre-t-on ? En peu de mots, c’est le mystère pascal du Christ que le peuple célèbre, car c’est à travers ce mystère que sont nés non seulement l’Église comme sacrement universel du salut, mais tous les sacrements de vie.

Cette célébration se fait au cœur de la liturgie qui comme le définit le catéchisme de l’Église catholique, est une « œuvre du Christ » puisque dans toute liturgie, c’est toujours le Christ qui agit en faveur de son peuple ; mais aussi une « action de l’Église », car c’est précisément là qu’ « elle réalise et manifeste l’Église comme signe visible de la communion de Dieu et des hommes par le Christ ».  C’est dans la célébration que le mystère pascal du Christ est actualisé et rendu efficace pour les fidèles croyants, afin qu’ils soient davantage configurés au Christ, leur Sauveur et Seigneur.

Il convient de notifier tout de suite que cette célébration de la foi ou mieux cette célébration du mystère de Pâques touche principalement aux sacrements, en l’occurrence les sept que nous connaissons : baptême, confirmation, eucharistie, réconciliation, mariage, ordre et sacrement des malades. C’est à travers eux que Dieu continue de nous donner la vie, de la faire croître, de la fortifier, la purifier pour qu’elle soit servante dans l’amour pour Dieu et l’homme.

La foi vécue

Nous avons découvert que la première branche de la foi chrétienne est la profession et la deuxième est la célébration. Venons-en à la troisième qui est la vie dans le Christ. La foi n’est pas seulement une doctrine à connaître ni une célébration à organiser. Elle intéresse aussi notre manière de vie. Une foi qui ne transforme pas ma vie, en pensée, en paroles et en action est bel et bien une foi gazeuse, sans enracinement. La foi chrétienne embrase toute la vie du croyant. Le premier appel du Christ est clair : croire et se convertir comme on peut bien dire se convertir et croire. Les deux vont ensemble ; autrement, il sera un mensonge à soi et aux autres de dire que l’on croit en Dieu tout en menant une vie contraire à ses dispositions. Toute l’Écriture n’invite qu’à une seule vérité : adéquation entre le croire et le vivre.

Il s’agit d’une vie, mais comme on peut s’en douter, pas de n’importe quelle manière. Il s’agit de mener une nouvelle vie dans l’Esprit du Christ. C’est en menant une vie de foi dans l’Esprit que l’homme expérimente sa profonde dignité en tant que personne humaine, mais aussi en tant qu’être social devant vivre en communion avec les autres. C’est l’Esprit qui réalise cette belle œuvre, si et seulement si l’homme s’abandonne à ses motions.

Pour permettre à l’homme de vivre sa foi, Dieu lui donne ses commandements, à mieux comprendre par l’esprit que par la lettre. Mais c’est la suite du Christ dans l’amour de Dieu et du prochain qui réalise la perfection du dessein de Dieu en l’homme. Mener la vie dans l’Esprit en respectant les commandements de Dieu nous permet incontestablement de manifester notre foi par notre agir au milieu des hommes pour l’unique gloire de Dieu.

La foi priée

La quatrième branche de la foi chrétienne est la prière. La foi est certes professée, célébrée et vécue. Elle est aussi priée, en ce sens que la foi met l’homme en lien avec Dieu avec qui il entre en échange. On ne peut donc pas dire qu’on croit en Dieu, en vérité, si l’on ne prie pas, en vérité. Au contraire, celui qui prie vraiment est vraiment un croyant en Dieu. La prière se distingue donc au cœur de la foi comme le lieu particulier de la mise en relation de l’homme avec son Dieu.

Ce désir de l’homme de s’adresser à Dieu et de s’ouvrir à ses bienfaits se manifeste depuis les premiers livres de la Bible jusqu’au dernier. À ce propos, le livre des Psaumes est par excellence un beau recueil de prières qui révèlent le fond de la prière voulue par Dieu : que toute notre vie soit une louange à Dieu, dans la joie et dans la peine, dans la supplication ou dans l’adoration, dans la demande ou l’intercession. Notre prière doit, avant tout et après tout, être action de grâce vivante offerte à Dieu et disponibilité totale à sa sainte volonté. C’est uniquement dans la satisfaction de ce préalable que la prière que nous adressons à Dieu ressemble à celle que le Christ nous a enseignée et devient une prière « chrétienne ».

Le modèle de la prière chrétienne se trouve dans la prière du Notre Père, reconnue sous les termes de « la prière du Seigneur ». Si nos prières se modelaient sur celui du Seigneur, elle serait en parfaite union avec la volonté du Seigneur pour nous.

Dans la structure de la foi chrétienne, la prière est donc le milieu privilégié où l’homme rejoint son Dieu pour le louer, l’adorer, l’implorer et se mettre davantage à son écoute. L’Église exprime dans sa prière ce qu’elle croit en même temps que ce qu’elle croit oriente sa manière de prier.

Si la foi chrétienne repose sur le mystère pascal du Christ comme son centre, la prière sera d’autant plus chrétienne qu’elle puisera son contenu à partir du mystère du Christ qui, dans les jours de sa passion, a prié à répétitions. On peut même dire que, plus on connaît le Christ, mieux on prie. Plus on sera centré sur le mystère du Christ, mieux on priera. En même temps, nous y reviendrons certainement, plus la centralité du Christ sera évacuée, plus son mystère pascal sera dévalué, plus nous avons la chance de faire des prières qui ne sont pas chrétiennes. Une fois que le mystère du Christ est vidé,la prière court le risque d’être tout, sauf chrétienne.

En synthèse à cette question, on peut dire : la foi qui se comprend, s’explique et s’annonce est celle professée. La foi qui célèbre le mystère pascal du Christ à travers les sacrements de vie et de salut est la foi célébrée dans la liturgie. Cette même foi est appelée à se manifester dans l’agir humain à travers la vie dans l’Esprit et le respect des commandements. On peut parler ici de la foi vécue. Enfin, nous avons la foi priée. Elle nous donne la confiance de nous adresser à Dieu dans tous les états de notre vie, en tout temps et en tout lieu, mais aussi de l’écouter humblement et de nous disposer à recevoir de lui la grâce de marcher sous son regard bienveillant, dans le Christ et par lui.

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Abbé Jean Oussou-Kicho

Je suis prêtre de l’archidiocèse de Cotonou (Bénin), ordonné en 2008, licencié en théologie morale. Directeur de complexe scolaire, je suis investi dans la pastorale des réseaux sociaux, devenus un nouveau terrain propice pour l’évangélisation et l’éducation des chrétiens

Cet article a 9 commentaires

  1. Sage mayuba

    Merci beaucoup

  2. Mathieu HOUNGUE

    C’est très édifiant. C’est vraiment une source inspirante du Christ.
    Que ce désir(en vous) d’aider les hommes à vivre la foi apostolique et catholique ne s’éteigne jamais. Soyez richement béni en dons et en grâces.

  3. Mariano

    Merci père

  4. Denise hema

    Merci mon père pour ce riche enseignement

  5. ATEMBA Philippe

    Merci mon Père.

  6. GILBERT

    Bonjour père. merci beaucoup pour tout.
    Grâce à vous je comprends mieux.
    Mais j’ai une question, j’aimerais demander et en ce qui concerne prier en langue.

  7. YEWESSIKA Kouagou Martin

    Merci mon père pour vos efforts , Dieu daigne porter les fruits .

  8. Lovelyn

    Merci mon père pour cet enseignement très riche

  9. Delmas AGBANGLA

    Merci bien mon Père

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