Pourquoi les femmes ne peuvent-elles pas être prêtres ?

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Prêtre célébrant

De nombreuses femmes pourraient faire une homélie plus émouvante que bien des prêtres ; de nombreuses femmes pourraient être plus accueillantes et compréhensives au confessionnal. Alors pourquoi ne pas les choisir pour exercer le ministère sacerdotal ?

Pourquoi l’Église ne permet-elle pas aux femmes d’être prêtres ?

Il est indéniable qu’il y a des femmes qui ont des qualités remarquables. Certaines pourraient être des prédicatrices plus poignantes que certains prêtres ; d’autres pourraient apporter plus d’écoute et de consolation au sein du confessionnal. Mais le débat sur l’ordination ne porte pas sur les qualités du prêtre mais sur l’identité de celui-ci.

Donc, si les capacités des femmes ne sont pas en cause, qu’est-ce qui empêche l’Église de les ordonner ? D’une part, il convient de noter que Jésus n’a ordonné aucune femme. Il a choisi tous ses apôtres, et aucun apôtre n’était une femme.

On peut penser que Jésus était tenu par les normes culturelles de son époque quant au rôle des femmes, mais personne n’a été en mesure de prouver que c’était ce motif qui a prévalu dans ses choix. De plus, de tels propos font peser sur Jésus un soupçon de sexisme ; ils dressent un portrait inexact du Christ qui n’a eu aucun scrupule à briser les normes culturelles dans ses propres rapports avec les femmes (cf. Matthieu 9,20 ; Luc 7,37 ; Jean 4,27).

D’autre part, l’existence de prêtresses n’était sans doute pas inconnue à Jésus car, même si celles-ci étaient absentes du judaïsme, elles étaient courantes d’autres religions de cette époque.

Enfin, si Jésus avait voulu des femmes comme prêtresses, il aurait eu la candidate idéale en sa Mère, Marie. Voici une femme qui, plus que les autres, aurait eu titre à prononcer les paroles de la consécration : « Ceci est mon Corps. Ceci est mon Sang.  »

Mais le Christ envisageait d’autres rôles pour les femmes. Par exemple, elles ont joué un rôle décisif dans la diffusion de l’Évangile : elles ont même été les premières à répandre la nouvelle du Christ ressuscité. Elles étaient également autorisées à prier et à prophétiser à l’église (1 Cor. 11,1-16), mais toutefois, elles ne devaient pas assumer de fonction d’enseignement dans l’assemblée (1 Cor. 14:34-38; 1 Tim. 2:1-14), fonction qui était dévolue au clergé.

Deux mille ans plus tard, personne, y compris le pape, n’a l’autorité de changer la volonté du Christ telle que conservée et transmise par l’Église. Plus précisément, l’Église n’a pas la possibilité de changer la substance d’un sacrement. Ainsi, une personne ne peut pas être baptisée dans du vin, ou encore une substance autre que le pain de froment ne peut pas être utilisée pour la consécration à la messe. Si une matière invalide venait à être utilisée, alors le sacrement n’aurait tout simplement pas lieu : on dit qu’il serait « invalide ».

Ainsi, puisque le prêtre agit en la personne du Christ, l’Église n’a ni autorité ni compétence pour conférer le sacrement à des personnes qui sont incapables d’être configurés à Jésus-Christ en tant qu’appartenant lui-même au sexe masculin.

L’ordination des femmes ne résoudrait-elle pas la crise des vocations ?

Si l’Église autorisait l’ordination des femmes, il pourrait très bien y avoir plus d’ordinations. Cependant, comme nous venons de l’affirmer, ce ne serait pas des ordinations valides et cela ne règlerait alors en rien la « crise des vocations ».

Mais y a-t-il vraiment une crise des vocations ? Les chiffres de l’Annuaire statistique de l’Église pour 2020, les derniers à être connus, indiquent : 

« Le nombre des grands séminaristes, diocésains et religieux, a globalement augmenté cette année de 552 unités, pour un total de 115.880. Les augmentations concernent l’Afrique (+ 964), l'Asie (+ 354) et l’Océanie (+ 52) alors que les diminutions touchent l'Europe (- 696) et l'Amérique (- 122). » Certes, le même rapport indique que « le nombre total des évêques dans le monde a diminué de 12 atteignant un total de 5.377. Le nombre d’évêques diocésains augmente (+ 6) alors que celui des évêques religieux diminue (- 18). Le nombre total des prêtres dans le monde a diminué cette année encore, atteignant le chiffre de 414.065 (- 517). Le continent où l’on constate encore une diminution consistante est une nouvelle fois l’Europe (- 2.675), auquel s’ajoute l'Amérique (- 104). Les augmentations concernent l’Afrique (+ 1.391), l'Asie (+ 823) et l’Océanie (+ 48)  ».

Paul n’a-t-il pas dit qu’il n’y a ni Juif ni Grec, ni serviteur ni libre, ni homme ni femme, puisque nous sommes tous en Christ ?

Alors pourquoi notre sexe devrait-il être important pour Dieu ? Ne devrions-nous pas tous avoir les mêmes droits.

Chaque fois qu’un verset est cité pour en tirer une conclusion, il est prudent de toujours commencer par resituer le verset en question dans son contexte. Lorsque Paul a écrit qu’il n’y avait ni homme ni femme en Christ (Gal. 3:28), il parle de notre justification par la foi, et non des rôles de chacun dans l’Église.

Dans 1 Corinthiens 12, lorsque Paul parle du fait qu’il y a des Juifs, des Grecs, des esclaves et que tous sont libres d’être baptisés dans le seul corps de Christ, il mentionne bien que dans ce seul corps, il y a différentes parties :

« Les services sont variés, mais c’est le même Seigneur… Celui qui agit en tout cela, c’est l’unique et même Esprit : il distribue ses dons, comme il le veut, à chacun en particulier. Prenons une comparaison : le corps ne fait qu’un, il a pourtant plusieurs membres ; et tous les membres, malgré leur nombre, ne forment qu’un seul corps. Il en est ainsi pour le Christ… Le pied aurait beau dire : “Je ne suis pas la main, donc je ne fais pas partie du corps”, il fait cependant partie du corps… Si, dans le corps, il n’y avait que les yeux, comment pourrait-on entendre ? S’il n’y avait que les oreilles, comment pourrait-on sentir les odeurs ? Mais, dans le corps, Dieu a disposé les différents membres comme il l’a voulu. S’il n’y avait en tout qu’un seul membre, comment cela ferait-il un corps ? … Or, vous êtes corps du Christ et, chacun pour votre part, vous êtes membres de ce corps. Parmi ceux que Dieu a placés ainsi dans l’Église, il y a premièrement des apôtres, deuxièmement des prophètes, troisièmement ceux qui ont charge d’enseigner ; ensuite, il y a les miracles, puis les dons de guérison, d’assistance, de gouvernement, le don de parler diverses langues mystérieuses. Tout le monde évidemment n’est pas apôtre, tout le monde n’est pas prophète, ni chargé d’enseigner ».

Ainsi, alors que Paul reconnaît l’universalité du plan de salut de Dieu, il est clair que, pour lui, il existe différents rôles au sein du corps de Christ. L’homme et la femme sont parfaitement égaux aux yeux de Dieu, mais cette égalité n’est pas synonyme d’identité. L’homme et la femme jouent différents rôles au sein de l’Église comme il y a différents instruments dans un orchestre. Tout comme les instruments sont arrangés pour une symphonie, Dieu a « arrangé les organes du corps » (1 Cor. 12:18) et nous ne devons pas bouleverser le dessein qu’il a établi.

Puisque Dieu est celui qui a désigné les différents rôles au sein de l’Église, personne ne peut revendiquer un « droit » à une position quelconque au sein du corps de Christ. C’est notamment le cas de la réception des sacrements. Personne, qu’il s’agisse d’un homme ou d’une femme, n’a le « droit » d’être ordonné prêtre. On ne revendique pas cette grâce. Prêtre n’est pas un emploi banal ou un poste de fonctionnaire pour lequel n’importe qui peut postuler. C’est un sacrement, un don immérité du Christ que personne n’a de titre à recevoir cette grâce sauf ceux que l’Église appelle.

Cela peut sembler injuste à certains, mais sachez que Dieu a donné aux femmes d’autres grâces qu’il n’a pas données aux hommes. Par exemple, les femmes ont le beau privilège « d’élargir », d’étendre l’Église Corps du Christ en lui donnant de nouveaux membres chaque fois qu’elles donnent la vie. Les hommes ne connaissent pas ce privilège. Les prêtres donnent eux le corps du Christ au monde chaque fois qu’ils célèbrent la messe – c’est un don qui leur est réservé en propre puisque leur sacerdoce leur permet d’agir en la personne même du Christ.

Les premiers chrétiens n’ordonnaient-ils pas des femmes ?

Si vous entrez dans une librairie, si vous consultez Internet, vous tomberez inévitablement sur un certain nombre de livres ou d’articles qui prétendent avoir mis au jour des preuves anciennes comme quoi l’Église catholique primitive ordonnait des femmes à la prêtrise. Un examen de ce que les Pères de l’Église ont dit à ce sujet suffit pour réfuter ces « preuves » qui n’en sont pas.

Certaines femmes chrétiennes primitives appartenaient à des ordres de « vierges », de « veuves » et de « diaconesses »  ; tous ces ordres sont les ancêtres des ordres religieux modernes. Cependant, aucune femme appartenant à ces ordres n’a jamais été ordonné à la prêtrise. Puisqu’il y avait des sectes aux premiers siècles, en particulier au sein du gnosticisme, qui permettaient aux femmes de devenir prêtresses, les Pères de l’Église ont aussi soulevé cette question mais ils en ont rejeté l’idée comme étant incompatible avec la tradition.

Ces femmes avaient pourtant un rôle important dans l’Église : ainsi, elles assistaient l’évêque pour les baptêmes des femmes et les onctions, elles effectuaient la toilette mortuaire des personnes de leur sexe, elles pratiquaient la charité, distribuaient les aumônes… mais elles n’étaient pas « ordonnées » pour ces services.

N'est-il pas possible que l'Église évolue sur ce point et ordonne un jour des femmes ?

Certains aspects des sacrements peuvent changer avec le temps, comme par exemple la langue dans laquelle on célèbre la liturgie ou encore la manière dont un sacrement est reçu. Cependant, l’ordination réservée aux hommes est quelque chose qui n’a jamais changé et qui ne pourra jamais être changée. L’attitude de l’Église peut sembler archaïque, mais c’est celle de la fidélité à une tradition universelle en Orient comme en Occident, qui s’étend à toute l’histoire de l’Église.

En 1994, le saint pape Jean-Paul II déclarait dans Ordinatio Sacerdotalis :

« Bien que la doctrine sur l'ordination sacerdotale exclusivement réservée aux hommes ait été conservée par la Tradition constante et universelle de l'Église et qu'elle soit fermement enseignée par le Magistère dans les documents les plus récents, de nos jours, elle est toutefois considérée de différents côtés comme ouverte au débat, ou même on attribue une valeur purement disciplinaire à la position prise par l'Église de ne pas admettre les femmes à l'ordination sacerdotale.

C'est pourquoi, afin qu'il ne subsiste aucun doute sur une question de grande importance qui concerne la constitution divine elle-même de l'Église, je déclare, en vertu de ma mission de confirmer mes frères (cf. Lc 22,32), que l'Église n'a en aucune manière le pouvoir de conférer l'ordination sacerdotale à des femmes et que cette position doit être définitivement tenue par tous les fidèles de l'Église. »,

Un an après sa rédaction, l’Église a précisé que

« Cette doctrine exige un assentiment définitif parce qu’elle est fondée sur la Parole de Dieu écrite, qu’elle a été constamment conservée et mise en pratique dans la Tradition de l’Église depuis l’origine et qu’elle a été proposée infailliblement par le Magistère ordinaire et universel (cf. Concile Vatican II, Constitution dogmatique Lumen gentium, 25, 2)  ». (Réponse de la Congrégation pour la doctrine de la foi à un doute du 25 octobre 1995).

Enfin, le 23 mai 2021, confirmant l’usage permanent depuis les temps apostoliques de réserver l’ordination aux seuls hommes, le pape François a introduit cette disposition dans le Code de droit canonique : « aussi bien celui qui a tenté de conférer l’ordre sacré à une femme, que la femme qui a tenté de recevoir l’ordre sacré, encourent l’excommunication « latae sententiae » réservée au Siège Apostolique : en outre le clerc peut être puni du renvoi de l’état clérical » Can. 1379, 3

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Frère Hervé

Je suis un religieux ermite, consacré dans cette forme de vie par mon évêque. Je réside en France et suis passionné par la recherche de la Vérité dans l’Écriture sainte, dans la philosophie et la théologie.

Cet article a 6 commentaires

  1. AMIAN Beranger

    J’ai aimé vous pouvez nous permettre d’avoir ce genre d’enseignement en pdf merci

  2. TODEGO Hervé

    Vraiment je ressens une joie énorme en lisant cet enseignement riche…
    Hé ? nous manquons tellement de ces enseignements..
    En pdf serait mieux pour informer aussi nos proches..
    Fier d’être catholique

  3. Shegun ADEOGOUN

    Bien soit ton Saint nom, Jésus

  4. DJOHOSSOU Jean-Baptiste

    J’ai aimé vous lire. Merci.

  5. Destin Grena

    Salut.
    Qu’en est-il des femmes qui président des célébrations ?
    Par exemple, en RDC, le diocèse de Goma n’autorise pas ceci alors que le diocèse de Butembo-beni autorise la présidence d’une femme

  6. TCHAO Denis

    Merci Frère.

Les commentaires sont fermés.