Beaucoup pensent que le sacrement de l’ordre est l’envers du sacrement de mariage. Partagez-vous ce regard ?
En rigueur des termes, le sacrement de l’ordre ne s’oppose pas au sacrement du mariage. Tous les deux sont des sacrements de service dans une même Église. Le ministre ordonné (évêque, prêtre ou diacre), sert le Seigneur et l’Église d’après les charismes liés à son ministère ou à son apostolat. De cette même façon, une personne validement mariée dans l’Église a sa place qui lui reste irremplaçable. L’un, le sacerdoce n’exclut pas l’autre, le mariage… Au total, s’il y a une opposition entre les deux sacrements, elle concerne les charismes propres et les engagements afférents à chaque état de vie. Or, si les charismes sont variés, c’est bien la preuve que l’Esprit-Saint est à l’œuvre dans son Église, pour reprendre la pensée de l’apôtre Paul : « Qui se marie fait bien, qui ne se marie pas fait mieux. » (Cf. Gal 5,2)
On interdit au prêtre de se marier. Pourquoi ?
Je propose que l’on ne parle pas en termes d’interdiction imposée aux prêtres, mais en termes de choix, d’engagement et de vocation qui vont toujours avec le consentement du sujet adhérant au sacerdoce. Tout le monde ne peut pas comprendre nous dit l’évangéliste Mathieu. De tous ceux qui ont compris et qui ont choisi ce célibat pour le royaume, on dit qu’ils ont été « séparés » ou « choisis » ou encore « mis à part » par le Seigneur dès le sein de leur mère, à l’instar des prophètes Isaïe, Ezéchiel, pour ne citer qu’eux seuls. De cette même façon, la vocation au mariage est un don de Dieu octroyé à une catégorie de personnes qui sont heureuses d’être entre conjoints et de mener une vie conjugale, une vie qui va jusqu’à la procréation.
Pour tout dire, un autre de la famille a reçu le don de se consacrer en vue du royaume, un autre, de la même famille, le don de se marier et de faire des enfants ; c’est la liberté de Dieu qui nous crée et nous recrée. En conséquence, dans le premier comme dans le second cas, tous les appelés se sentent toujours heureux. Le cas des aigris est un élément accidentel que l’Église doit gérer. Le mariage comme le sacerdoce ou la vie consacrée sont des chemins différents définis par le Seigneur pour parvenir au même but : la sainteté. Cf. Mat 19,12)
Les scandales sexuels des prêtres peuvent être une raison sérieuse. Ne pensez-vous pas qu’en laissant le libre choix aux prêtres de se marier, il y a une nette amelioration de la situation ?
Si le mariage et le sacerdoce ne s’opposent pas, pourquoi ne pas permettre aux prêtres de se marier et aux époux de devenir prêtres ?
C’est une question de vocation, de choix et de vérité. Un père de famille a des devoirs qui sont les siens, il ne peut pas cumuler avec ses devoirs conjugaux la charge du sacerdoce. C’est d’ailleurs pourquoi les diacres permanents ne sont pas invertit des mêmes charges que les ministres ordonnés. De cette même façon un prêtre qui a, en charge, sa famille où il est géniteur physique ne saurait être efficace dans l’exercice de son apostolat. Mais, des deux cotés, il peut y avoir des infidélités aux engagements ou aux vœux prononcés, infidélités que l’Église n’a de cesse de condamner comme un acte moralement mauvais qui rompt l’alliance.
Il y a pourtant des personnes qui ont eu des enfants et, malgré cela, sont devenues prêtres. On n’y comprend rien. Deux poids, deux mesures ?
Pensez-vous qu’un jour le sujet du mariage des prêtres peut être revu par les autorités de l’Eglise ?
Votre mot de fin, père.
Propos reccueillis par Perpétue Koko
Vraiment édifiant merci à vous
Merci à vous. Très édifiant.
Je suis très satisfait de votre développement, père. Que l’esprit vous inspire davantage.
Merci beaucoup pour cette éclairage.