Bible recommandable ou non ?

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Bien souvent, on entend certaines personnes dire qu’il y a de bonnes bibles et des mauvaises bibles. J’ai surpris plus d’une fois certains catholiques prohiber l’utilisation par d’autres catholiques de bibles différentes de la Bible de Jérusalem et de la Bible TOB. L’inverse aussi s’est produit sous mes yeux où un duo de Témoins de Jéhovah critiquait vertement la Bible catholique disant qu’elle ne disait pas la vérité. En général, la Bible « Louis Segond » est le parent pauvre des bibles recommandées. Certains reconnaissent même s’être moqués de chrétiens possédant cette Bible et d’autres, allant plus loin, l’ont simplement et purement brûlée.

Pourquoi la question de la recommandation se pose ?

Voici quelques interrogations qui justifie la nécessité de la recommandation de la Bible. A-t-on le droit de jeter ou de brûler la Bible même si elle ne répond pas exactement à notre perception des choses ? Y a-t-il fondamentalement de mauvaises bibles et de bonnes bibles, d’autant que la Bible est le livre de la Parole de Dieu ? Le fait qu’un livre ou ensemble de livres soit absent dans une bible suffit-il pour jeter le discrédit sur les autres livres, surtout si la possibilité d’acquérir une autre bible n’existe pas ? Toutes les bibles traduisent-elles la Parole de Dieu dans sa vérité et pureté ? Si non, y a-t-il des bibles propagandistes d’une autre vérité édulcorée de la Parole de Dieu ? Au cas où le chrétien aurait les moyens de s’acheter une bible, laquelle passerait en tête dans la liste des propositions ? Et si les moyens lui faisaient sincèrement défaut, que faire ? Toutes ces questions nous ramènent à un seul problème : Peut-on recommander une bible au détriment d’une autre ?

Je voudrais attirer l’attention des lecteurs sur la nécessité de se débarrasser d’opinions communes qui ne profitent pas à la majeure partie des fidèles pour aborder les questions de ce genre avec la tête froide pour le bien des plus pauvres et permettre à ceux qui sont veulent traiter plus sérieusement de la Parole de Dieu d’avoir des sources fiables et crédibles.
 
Ma méthode sera bipartite : d’un côté, j’expliquerai le problème fondamental des versions (traduction) bibliques et, de l’autre, j’en tirerai les conséquences à partir de deux considérations. Ces dernières impacteront la variation de ma réponse.

1. Traduction, contenu et théologie orientent la recommandation

Nous avons ici deux situations : la première concerne les traductions de la Bible et la seconde touche à la Bible des communautés de croyants.
 
On remarque souvent qu’il y a différentes traductions d’une même Bible, portant parfois le même titre. Par exemple, si vous prenez trois différentes Bibles de Jérusalem (reconnues Bible des catholiques) édition 1950, 2000 et 2020, et que vous faites la comparaison des textes, versets après verset, vous verrez une grande différence dans l’emploi des termes et expressions. Le style de la Bible de Jérusalem édition 1950 et édition 2020 est bien différent, et pourtant c’est la même Bible de Jérusalem. La raison est que plus le temps passe, plus le niveau de compréhension de texte devient difficile pour les jeunes générations et en vertu de cela, on procède à une adaptation du langage pour les lecteurs d’aujourd’hui : la traduction de la Parole de Dieu se fait aussi fille de son temps. C’est tout le problème de la traduction en d’autres langues de la version originale de la Bible, écrite en hébreu et en grec. Ce qu’il faut simplement retenir à ce niveau, c’est que dans la même communauté catholique, il y a plusieurs versions de la même Bible de Jérusalem, considérée comme la Bible authentique des catholiques. Du coup, quelle Bible de Jérusalem faut-il recommander aujourd’hui ?
 
L’autre versant du problème est que les communautés chrétiennes (catholiques, protestantes et les autres mouvements religieux chrétiens) ne s’entendent ni sur le contenu des livres inspirés considérés comme la Parole de Dieu, ni sur les données de foi de certaines paroles des livres. Du coup, certaines communautés excluent des livres de la Bible comme non inspirés et/ou changent de traduction pour montrer leur désaccord par rapport à certaines affirmations de la foi.
 
Par exemples, les protestants ne reconnaissent pas certains livres qu’ils appellent « apocryphes » de la bible catholique de Jérusalem, tout comme ils n’acceptent pas certaines traductions de la version hébraïque et grecque en français. Le problème est plus simple à résoudre avec les protestants qu’avec les autres mouvements chrétiens non catholiques et non protestants.
 
Malheureusement, ils font une grande propagande de la Bible, la distribuant souvent gratuitement à qui mieux mieux dans l’esprit de faire connaître la Parole de Dieu à tous les peuples mais aussi dans l’esprit de partager largement leur point de vue à la grande majorité des chrétiens. Ils font souvent leur prédication à partir de leur traduction de la Bible, et insistent plus souvent sur les points de discorde à partir de leur traduction, en indiquant que c’est ce qui est écrit dans la Bible. La traduction peut dire le contraire de la version originale. Ne dit-on pas souvent que toute traduction est une trahison ?
 
En synthèse, retenons deux choses : la traduction de la Bible au sein d’une même communauté peut varier selon les éditions de la Bible pour s’ajuster à la compréhension des lecteurs de son temps. Cependant, cette traduction ne trahit jamais les fondamentaux théologiques de la communauté. Une autre communauté peut avoir ses traductions, divergentes de celles d’une autre communauté, dans la perspective de ses points de vue doctrinaux.Le sujet s’éclaire mieux pour répondre à la question.

Quelle Bible recommander alors ?

Un souci pastoral peut nous aider à répondre négativement à la question, malgré le développement qui vient d’être fait. Les extrêmes pauvres, qui n’ont pas les moyens financiers et qui n’ont pas aussi une culture intellectuelle poussée, peuvent se servir de toutes les Bibles qui leur tombent sous la main. Pour eux, la Bible est la Parole de Dieu et la subtilité des traduction n’est perceptible que par les personnes averties en la matière.
 
Personnellement, je ne dis jamais à une personne qui n’a pas les moyens de s’acheter une Bible d’aller jeter son Nouveau Testament Louis Segond ou sa Bible. La grande partie des fidèles chrétiens, catholiques ou non, n’a pas une culture élevée de la Bible leur permettant de procéder à la critique des traductions. Cette majorité accueille la Parole de Dieu pour ce qu’elle est. Il vaut donc mieux avoir ces bibles sur soi que de ne pas en avoir du tout. L’argument est purement pastoral et pratique.
 
Pour les personnes averties, les chrétiens en formation biblique, ceux qui ont les moyens de se procurer une bible, je propose de prendre la Bible TOB et s’ils peuvent s’en acheter une seconde, qu’ils prennent la Bible de Jérusalem.
 
Personnellement, quand je dois faire un travail qui suppose la recherche biblique, je me sers d’au moins cinq à six, voire sept versions de bible, pour voir les différences de traduction et surtout pour lire les notes infrapaginales qui se révèlent très importantes. Il s’agit ici d’un travail technique.
 
Je propose d’abord la Bible TOB (Traduction Œcuménique de la Bible), qui est la Bible commune entre catholiques, protestants méthodistes et orthodoxes). Ces trois familles s’entendent sur le contenu de cette Bible. Nous pouvons donc discuter avec nos frères et sœurs sur la base de cette traduction. Ensuite, le style de la Bible TOB semble plus abordable que celui de la Bible de Jérusalem. Je ne fais pas de publicité pour une version contre une autre. Moi je possède la Bible de Jérusalem, la Bible TOB, la Bible en Français courant, la Bible africaine, la Bible version latine, la Bible Louis Segond et le Nouveau Testament grec.
 
Finalement, on peut répondre par oui ou par non à la question. Pour les extrêmes pauvres qui n’ont pas les moyens de s’acheter une Bible, vue la subtilité des traductions et leur incapacité à les percevoir, il n’y a pas de bibles non recommandables. Ils peuvent se servir de toutes les Bibles. L’Esprit-Saint fera le chemin avec eux.
 
Mais pour les personnes ayant les moyens, ceux qui enseignent la Parole de Dieu ou qui font des études bibliques, il leur faut plusieurs bibles : d’abord la TOB, ensuite la Jérusalem et, enfin, une Bible d’une autre communauté autre que catholique, protestante et orthodoxe, pour déceler la variation des traductions et les problèmes de foi qui s’y posent.
 
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Abbé Jean Oussou-Kicho

Je suis prêtre de l’archidiocèse de Cotonou (Bénin), ordonné en 2008, licencié en théologie morale. Directeur de complexe scolaire, je suis investi dans la pastorale des réseaux sociaux, devenus un nouveau terrain propice pour l’évangélisation et l’éducation des chrétiens

Cet article a 2 commentaires

  1. Leandre Mahuton

    Merci. Vous pourriez nous laissez des liens vers des bibles à télécharger afin d’être sùre de ce qu’on a. Merci

    1. Abbé Jean Oussou-Kicho

      Bonjour Léandre. Il serait beaucoup plus préférable que tu achètes une bible TOB ou de Jérusalem, dans sa version papier. Je n’ai pas suffisamment confiance aux versions numériques. L’expérience m’a montré que ce sont des titres qui ne révèlent nullement le contenu de la Bible. Il faut beaucoup de prudence dans le téléchargement de ces versions numériques. Merci pour l’intérêt.

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