Selon la Bible, l’homme a-t-il un destin ?

You are currently viewing Selon la Bible, l’homme a-t-il un destin ?

Qui n’a jamais entendu des personnes déclarer : « C’est mon destin, je n’y peux rien ». Et nous nous posons la question : l’homme a-t-il un destin ? Notre vie serait-elle déjà tracée, de sorte que nous ne soyons que de simples marionnettes aux mains d’une force invisible ? La capacité de l’homme à orienter sa vie dans un sens ou dans un autre est-elle, au fond, une illusion ? Qu’enseigne la Parole de Dieu à ce sujet pour les croyants ? Autant de questions et d’autres similaires auxquelles il faut une réponse de foi. C’est à cela que nous allons nous appliquer, en essayant d’abord de comprendre un peu mieux l’expression « destin » dans l’ensemble des termes qui gravitent autour d’elle, ensuite de nous laisser éclairer par la Parole de Dieu pour enfin opter pour un comportement conséquent en tant que chrétien.

1. Destin, destinée, prédestination.

Il y a souvent une confusion de sens entre les termes « destin », « destinée » et « prédestination ». Le destin vient du latin « destinare » qui signifie « fixer, assujettir ». Le destin apparaît alors comme une puissance supérieure souveraine qui établit par anticipation le cours de tout chose et au vouloir duquel tout est soumis. La liberté humaine ne peut rien modifier de ce programme. L’homme qui croit au destin en pensant que « ce qui est prévu se produira nécessairement » est un fataliste. La « fatalité » est le fait de croire que les dieux ont tout programmé et qu’aucun effort humain ne pourrait infléchir une telle tendance.

La destinée par contre a un caractère plutôt personnel et donc liée à l’homme. C’est ainsi qu’on peut dire qu’une personne a une « destinée glorieuse » ou qu’une personne est destinée à ceci ou à cela. La destinée oriente vers la finalité, l’objectif, le but, l’aboutissement. Ainsi perçue, la destinée est plus proche de la destination que du destin, car la « destination » a un lien direct avec la finalité. Quant à l’expression « prédestination » qui relève du langage religieux, on peut dire qu’elle est la doctrine selon laquelle Dieu a fixé d’avance que tous les hommes vivent heureux sur la terre et avec lui dans le ciel. Cette balade syntaxique nous permet de comprendre que le destin est une puissance qui oriente la vie de l’homme vers une destination qu’il n’a pas choisie et qui finalement, dans sa manifestation dans la vie de chacun, est perçue comme une destinée personnelle. La prédestination, de son côté, est l’action de Dieu qui oriente la vie de l’homme vers la joie éternelle. Faisons aussi une petite excursion dans la Bible.

2. Qu’enseigne la Bible ?

Dieu connaît tout et pourtant, il a créé l’homme en le dotant de liberté, une liberté réelle et non de façade. Nous partagerons à ce propos deux références parmi plusieurs autres.

Dieu connaît tout

Tu me scrutes, Seigneur, et tu sais ! Tu sais quand je m'assois, quand je me lève ; de très loin, tu pénètres mes pensées. Que je marche ou me repose, tu le vois, tous mes chemins te sont familiers. Avant qu'un mot ne parvienne à mes lèvres, déjà, Seigneur, tu le sais. Tu me devances et me poursuis, tu m'enserres, tu as mis la main sur moi. Savoir prodigieux qui me dépasse, hauteur que je ne puis atteindre ! Où donc aller, loin de ton souffle ? où m'enfuir, loin de ta face ? Je gravis les cieux : tu es là ; je descends chez les morts : te voici. Je prends les ailes de l'aurore et me pose au-delà des mers : même là, ta main me conduit, ta main droite me saisit. J'avais dit : « Les ténèbres m'écrasent ! » mais la nuit devient lumière autour de moi. Même la ténèbres pour toi n'est pas ténèbres, et la nuit comme le jour est lumière !

Ceci suffit-il à conclure que le vrai prénom du « destin » est « Dieu » ? À la première lecture du texte, on peut répondre à l’affirmative, moyennant une correction qui risque de tout changer et de ne plus percevoir Dieu comme un destin, mais comme une destination. Car si le destin a le caractère d’orienter négativement ou positivement le cours des choses, Dieu, au contraire, les oriente selon son amour, donc dans le sens du bonheur de l’homme. Le mal que l’on subit n’est plus à attribuer à Dieu. S’il est vrai que tout est sous le contrôle de Dieu, il est tout autant vrai d’affirmer que la gestion de la liberté de l’homme met aussi tout sous le contrôle de l’homme. Ce dernier peut orienter sa liberté dans l’obéissance à la disposition souveraine de Dieu ou même contre celle-ci.

Liberté de choix de l’homme

Mais le méchant, s’il se détourne de tous les péchés qu’il a commis, s’il observe tous mes décrets, s’il pratique le droit et la justice, c’est certain, il vivra, il ne mourra pas. On ne se souviendra d’aucun des crimes qu’il a commis, il vivra à cause de la justice qu’il a pratiquée. Prendrais-je donc plaisir à la mort du méchant – oracle du Seigneur Dieu –, et non pas plutôt à ce qu’il se détourne de sa conduite et qu’il vive ? Mais le juste, s’il se détourne de sa justice et fait le mal en imitant toutes les abominations du méchant, il le ferait et il vivrait ? Toute la justice qu’il avait pratiquée, on ne s’en souviendra plus : à cause de son infidélité et de son péché, il mourra ! Et pourtant vous dites : “La conduite du Seigneur n’est pas la bonne”. Écoutez donc, fils d’Israël : est-ce ma conduite qui n’est pas la bonne ? N’est-ce pas plutôt la vôtre ? Si le juste se détourne de sa justice, commet le mal, et meurt dans cet état, c’est à cause de son mal qu’il mourra. Si le méchant se détourne de sa méchanceté pour pratiquer le droit et la justice, il sauvera sa vie. Il a ouvert les yeux et s’est détourné de ses crimes. C’est certain, il vivra, il ne mourra pas. Et pourtant la maison d’Israël répète : “La conduite du Seigneur est étrange”. Est-ce ma conduite qui est étrange, maison d’Israël ? N’est-ce pas votre conduite qui est étrange ?

Un commentaire modeste de ce texte volontairement long permet de reconnaître l’importance de la liberté et de la responsabilité personnelle de l’homme, et sa capacité à rentrer dans le bon vouloir de Dieu ou non. On ne peut plus dire que l’homme a un destin puisqu’il n’est plus victime d’une force extérieure qui s’impose à lui et dont il n’est qu’un quelconque exécutant. L’homme n’est pas assujetti à une force extérieure, il est libre. Il est pourtant totalement prédestiné par Dieu à vivre avec lui, à moins qu’il fasse un choix qui va à l’encontre de ce vouloir divin.

3. La gestion de notre liberté

Le chrétien ne dit pas « c’est mon destin, je n’y peux rien ». Derrière ce langage, se trouve la négation d’une propriété essentielle de l’homme : la liberté. Le destin est fondamentalement une notion contre la liberté de l’homme et finalement contre sa responsabilité. Le destin rend l’homme irresponsable, comme si rien ne dépendait de lui. Et pourtant, en confiant la gestion de la création à l’homme, Dieu prenait clairement le risque de voir l’homme la gérer. Et l’homme le lui rend si bien, avec les problèmes écologiques qui se posent aujourd’hui. Il faut sortir de la logique du destin pour épouser celle de la bonne destination.

En refusant de croire à la fatalité, le chrétien doit prendre sa vie en main et lui donner une direction, c’est-à-dire la conduire dans le sens de sa vocation, l’orienter dans le sens de Dieu qui nous enjoint, dans notre conscience, à faire le bien et à éviter le mal, qui nous appelle à lui obéir pour avoir la vie. Chaque acte posé à partir de ce fondement nous rapproche de Dieu, et conjure ainsi, ce que nous appelons, à tort bien sûr, le destin. Dans la vérité, rien n’est aux mains d’un destin. Tout ce que nous avons n’est que la résultante de nos actes. Tout est au main de Dieu, qui veut le bonheur de l’homme. Seule la liberté de l’homme, capable ou non de se tourner vers Dieu, est une puissance qui peut dominer Dieu. Tout notre destin est donc dans nos mains. Il s’appelle la LIBERTÉ.

Vous aimez cet article ? Donnez lui 5 étoiles
  [Moyenne : 4.1]
Print Friendly, PDF & Email

Abbé Jean Oussou-Kicho

Je suis prêtre de l’archidiocèse de Cotonou (Bénin), ordonné en 2008, licencié en théologie morale. Directeur de complexe scolaire, je suis investi dans la pastorale des réseaux sociaux, devenus un nouveau terrain propice pour l’évangélisation et l’éducation des chrétiens

Cet article a 16 commentaires

  1. Fadiga

    Satisfait de votre texte. Frucctueuse pastorale. Je veux entrer en contact avec vs

  2. Brice GOHOUNGBE

    Merci père pour cet éclaircissement. Que Dieu vous bénisse et vous fortifie davantage dans ce ministère. Il fallait combler ce vide sur les réseaux sociaux et vous y êtes. Merci beaucoup à vous.

  3. Diga Yapridou Jessé

    Merci mon Père, pour cet éclaircissement. Mais si tel est le cas que dirions-nous de la réalisation des oracles, les prophéties ?
    Merci de bien vouloir nous illuminer mon Père.

  4. Ernest KOUAMÉ

    C’est un enseignement qui, pour moi, est comme, le développement d’un sujet relevant de l’existantialisme et libellé comme suit: <>

  5. Claudette

    Merci beaucoup père. Cette innovation est salutaire… Elle a changé ma vie … Que Dieu vous bénisse et vous inspire davantage.

  6. Jislin TOKPLONOU

    Voilà qui vient nous édifier et nous parer davantage contre les marchands Merci beaucoup révérend Père et que Dieu vous bénisse abondamment.

  7. ZANNOU Cyrille Gbètognon

    Vraiment merci Père Jean. C’est un message qui m’a séduit et je remercie l’Esprit Saint de vous avoir inspiré pour ça.

  8. Kabore

    Merci mon père pour cet exposé enrichissante. Cependant je voudrais rebondir par une interrogation que voici. Mon père, peut on parler de liberté totale de l’homme pour un enfant qui perd sa mère ou son père, lequel fait le mettra dans une mauvaise posture toute sa vie ?

  9. AHEYONOU Gildas

    Merci Père pour avoir abordé la question du destin avec délicatesse.
    Je viens d’écrire un ouvrage du genre essai philosophique intitulé : Existence-destin et mieux-vivre : Choisir d’être dans l’Etre pour exister.
    Il va paraître d’ici décembre. Voici mon contact : XXXXXXXXX.

  10. Grégoire DIMEKOI

    Merci beaucoup mon père, pour l’enseignement je suis dans la joie pour l’enseignement que Dieu vous fortifie davantage dans ce ministère.

  11. AHOVELOU Didier

    Merci cher père pour cette mise au point qui nous évite de vivre de façon irresponsable. Soyez béni

  12. Oliver KAZIL

    Merci beaucoup père pour cet éclaircissement

  13. Apollinaire

    Merci Mon Père. Très riche. Malheureusement beaucoup de chrétiens n’ont pas encore compris que Dieu ne fait pas de nous des marionnettes. Sinon pourquoi nous jugera t-il si c’est lui qui nous impose sa volonté ! La vierge Marie aussi n’a pas été forcée à porter Christ.

    1. TCHAO Denis

      Merci beaucoup mon Père. Puisse Dieu vous éclairer davantage pour le bien de son peuple.

  14. ZANINI

    Bonsoir Père,
    Je vous remercie, vous avez éclairer ma lanterne.

  15. ZANNOU Arnaud

    Merci père pour cette clarification.

Les commentaires sont fermés.