« Voir Jésus » et le grain de blé

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« Nous voulons voir Jésus », demandent quelques Grecs à l’apôtre saint Philippe. Jésus répond en leur parlant du grain de blé qui meurt et porte beaucoup de fruit. Que nous suggère le Seigneur dans cette réponse pour le moins inattendue ?
 
Mon frère, nous sommes à quelques jours de la Semaine sainte, semaine au cours de laquelle nous revivrons intensément les mystères centraux de notre salut. Ce 5e dimanche plante le décor en nous plongeant déjà dans la célébration pascale juive. À cette occasion, les Grecs, païens convertis au judaïsme, expriment à Philippe leur désir de voir Jésus. Ce dernier, comme tu le soulignes si bien, répond par la symbolique du grain de blé qui accepte de mourir pour porter beaucoup de fruit. Que veut insinuer le Christ ? Quelle relation entre le désir de le voir et la mystique du grain de blé ?

1. Voir Jésus

L’un des objectifs du quatrième évangile est d’amener à la foi par le « voir » : « Il vit et il crut » (Jn 20,8). Plusieurs autres fois auparavant, les disciples auront vu les différents signes et cru en Jésus. Ce dernier comprend exactement que le désir de le voir est une expression profonde de la soif de connaître véritablement Dieu à travers la personne du Fils. Il ne s’agit donc pas d’une rencontre de curiosité mais d’une vraie aspiration à rencontrer le Dieu qu’ils sont venus adorer à Jérusalem. On comprend du même souffle la raison qui pousse Jésus à parler de l’Heure qui a sonné : l’Heure de la totale révélation du mystère d’amour du Père par la glorification du Fils. La symbolique du grain de blé répondait ainsi parfaitement au désir des Grecs.

2. Le grain de blé qui meurt et qui porte beaucoup de fruit

Il s’agit d’une parabole métaphorique qui résume le mystère pascal. Jésus parlait en réalité de sa passion-crucifixion à travers la mort du grain et de sa glorification-résurrection à travers la prodigieuse fécondité du grain et plus exactement à travers le scandale de la croix. En un tournemain, Jésus répond aux Grecs, et à nous aujourd’hui, que pour le voir, il faut le regarder tout à la fois dans l’humiliant abaissement de la crucifixion et dans la glorification de cette élévation par laquelle il rassemble à lui un peuple nouveau. Nul ne saurait vraiment voir le Christ s’il ne le suit dans cette sombre Heure de l’ensemencement de soi par obéissance et de la glorification par Dieu qui se révèle à son peuple. C’est ni plus ni moins une initiation baptismale dont le terme est l’illumination de l’homme désireux de voir le Fils de Dieu.

3. Mourir à soi pour laisser voir le Christ

Le fruit visible de la mort et de la résurrection du Christ est le surgissement de ce nouveau peuple qu’il attire à lui. Le grain enfoui en terre ne se voit plus aujourd’hui qu’à travers ses fruits. Voir le Christ aujourd’hui, c’est découvrir l’amour qui a conduit le Christ à la mort s’exprimer à travers ses disciples. C’est donc à nous, chrétiens d’aujourd’hui, de vivre en sorte que le Christ soit vu et reconnu comme le Fils de Dieu. La recette ne sera jamais nouvelle : il nous faut accepter de renoncer à nous-mêmes (mort des grains que sont nos ego) pour qu’à travers ce renoncement, d’autres enfants naissent à Dieu.
 
Mon frère, cette réponse mystérieuse du Christ nous fait comprendre qu’il se donne à voir dans son mystère pascal qu’il veut revivre dans notre vie pour attirer d’avantage d’hommes à l’amour du Père.
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Abbé Jean Oussou-Kicho

Je suis prêtre de l’archidiocèse de Cotonou (Bénin), ordonné en 2008, licencié en théologie morale. Directeur de complexe scolaire, je suis investi dans la pastorale des réseaux sociaux, devenus un nouveau terrain propice pour l’évangélisation et l’éducation des chrétiens