Le baptême nous introduit dans la terre des vivants

Bréviaire

Nous avons entendu le Seigneur s’adresser à Abraham en ces termes : Quitte ton pays, ta famille et la maison de ton père. Il est certain, mes très chers frères, que tout ce qui est écrit dans l’Ancien Testament préfigure sous forme d’exemple et d’allégorie le Nouveau Testament ; cela nous est confirmé par l’Apôtre, lorsqu’il dit : Cela leur arrivait pour servir d’exemple ; or cela a été écrit pour notre instruction, à nous qui touchons à la fin des temps. Par conséquent, si ces écrits nous sont destinés, il faut nous attendre à ce que s’accomplissent spirituellement en nous les événements qu’Abraham a vécus réellement, dans la mesure où nous vivons religieusement et dans le respect de la justice. Quitte ton pays, ta famille et la maison de ton père, dit le Seigneur.

Tout cela, mes frères, se trouve réalisé en nous par le sacrement du baptême ; nous le croyons et nous le ressentons ainsi. Notre pays, c’est notre chair ; nous parvenons à quitter notre pays quand nous nous détournons des habitudes charnelles pour suivre les traces du Christ. D’ailleurs, cela ne vous réjouit-il pas de le voir quitter son pays, c’est-à-dire sortir de lui-même, l’orgueilleux qui se fait humble, le coléreux qui se fait pacifique, le débauché qui se fait chaste, l’avare qui se fait généreux, l’envieux qui se fait bienveillant, le cruel qui se fait doux ? Et précisément, mes frères, celui pour lequel quitter son pays est une réussite, est celui en qui une telle transformation s’opère pour l’amour de Dieu. J’ajouterai enfin que nous avons coutume de dire, entre nous, à propos de quelqu’un de mauvais qui se mettrait subitement à faire de bonnes actions : « Cet homme-là est sorti de lui-même. »

L’expression sortir de soi-même convient tout à fait à celui qui se complaît dans la vertu après s’être débarrassé de ses vices. Quitte ton pays, dit le Seigneur. Notre pays, c’est-à-dire notre chair, qui avant le baptême portait la mort en elle-même, et qui devient terre de vie par le baptême. C’est cette même terre que le psalmiste évoque lorsqu’il dit : Je le crois, je verrai la bonté du Seigneur sur la terre des vivants ; par le baptême, nous sommes devenus terre des vivants et non des mourants, autrement dit des vertus et non des vices, à la condition toutefois que nous ne regagnions pas le bourbier du vice une fois baptisés et que, devenus terre des vivants, nous ne commettions pas d’actes funestes et coupables.

Sermon de saint Césaire d’Arles
Sermo 81, 1 : CCL 103, 333-334

Césaire d’Arles, né vers 470 à Chalon-sur-Saône et mort le 27 août 542 à Arles, dans le sud de la France, dont il fut évêque pendant quarante ans après avoir été moine. Césaire s’affirma comme un chef dont l’influence s’exerça sur la Gaule méridionale et l’Espagne. Il sut à la fois protéger son peuple contre les exactions des Barbares et l’enseigner par des sermons simples et vivants. 

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Frère Hervé

Je suis un religieux ermite, consacré dans cette forme de vie par mon évêque. Je réside en France et suis passionné par la recherche de la Vérité dans l’Écriture sainte, dans la philosophie et la théologie.

Cette publication a un commentaire

  1. FIBI Noël

    Si seulement tous se rendais compte de la réalité du baptême qu’ils reçoivent!
    Merci encore pour ce message en Jésus Christ!
    Que Dieu vous ouvre davantage ses portes.

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