Existe-t-il d’autres Églises catholiques non romaines ?

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Intérieur d'une église catholique romaine

Voici un article qui renseigne sur les différents usages de l’expression « Église catholique romaine ». Chaque communauté ecclésiale tire le drap de son côté. Pour un échange serein entre membres de traditions religieuses différentes, cet article apporte une plus-value non négligeable.

En surface la réponse à la question peut sembler facile, elle se révèle plus compliquée du fait que les termes « Église », « catholique » et « romain » ne sont pas utilisés par tout le monde dans un même sens et parfois, les mêmes personnes peuvent l’utiliser de plusieurs manières différentes.

Comprendre les termes : « Église » « catholique » « romaine »

Église

Nous n’allons pas nous attarder sur le terme « Église ». L’Église est la famille de ceux qui sont incorporés au Christ à travers le baptême et qui vivent de l’exemple et des paroles du Christ, partageant une même foi, une même charité et une même espérance et marchant vers leur destinée finale : vivre éternellement avec Dieu.

Catholique

Pour nous, « catholique » renvoie à « l’Église », telle que présentée tantôt, qui reconnait l’autorité du pape et des évêques en communion avec lui. C’est aussi la définition commune du terme « catholique » qu’on rencontre un peu partout. Le problème est que d’autres Églises séparées, et même des groupes ésotériques, utilisent le même terme dans leur nom. Pourquoi ? Pour deux raisons principales.

La première est qu’étymologiquement « catholique » signifie « universel ». Ainsi, plusieurs groupes prétendant à l’universalité croient que l’utilisation de ce terme pour eux est justifiée. La deuxième raison est que le terme « catholique » date du deuxième siècle avec saint Ignace d’Antioche, bien avant tous les schismes que nous avons aujourd’hui. Et c’est l’un des termes utilisés pour qualifier l’Église dans le credo : une, sainte, catholique et apostolique.

Certaines communautés comme les orthodoxes orientaux (non chalcédoniens) se pensent toujours comme une partie de cette « Église originelle » et donc de l’Église catholique. Les protestants traditionnels comme les luthériens et les anglicans se croient aussi héritière de cette Église originelle et n’hésitent pas, des fois, à s’appeler « catholiques anglicans » et même « catholiques d’Augsbourg ».

De même les orthodoxes (chalcédoniens) qui se croient la vraie Église instituée par le Christ, estiment être les « vrais catholiques ». Enfin, il y a des groupes dont les évêques possèdent la succession apostolique du fait qu’ils ont été formés par des évêques qui se sont séparés du pape ou par des candidats ayant reçu le sacre des personnes séparées du pape mais possédant la succession apostolique. Ce sont des communautés telles que les vieux-catholiques, les mariavites, l’Église catholique nationale polonaise, l’Église catholique brésilienne… « L’Église catholique », dirigée actuellement par le pape François, n’a pas de communion avec ces groupes. Leurs sacrements d’ordre sont valides mais illicites.

Orthodoxe

Le terme « orthodoxe » a une histoire similaire car étymologiquement, il signifie « vraie doctrine » ou « vrai culte ». Et chaque communauté chrétienne ou non prétend avoir la vraie doctrine et rendre le vrai culte à Dieu. Ainsi, chez nous catholiques, il y a dans certaines prières de la messe où l’on prie pour le pape, les évêques et tous les chrétiens orthodoxes (au sens de ceux qui ont la vraie foi, c’est-à-dire les catholiques).

La réalité est qu’avant les schismes, l’Église, indivise, était à la fois désignée comme « catholique » et « orthodoxe ». Seulement, en occident, le terme « catholique » était le plus utilisé et en orient, le terme orthodoxe était le plus utilisé. C’est ce qui explique aujourd’hui que les orthodoxes (grecs, russes, serbes…) ou orthodoxes chalcédoniens et les orthodoxes orientaux (coptes, syriaques) ou orthodoxes non chalcédoniens, se désignent tous chacun par « orthodoxe » même si les deux groupes ne sont pas en communion. Les premiers acceptant sept conciles œcuméniques et les seconds n’en acceptant que trois.

Du fait que la majorité des chrétiens qui sont demeurés en communion avec le pape après le schisme de 1054 étaient en occident, le nom « catholique » est devenu le nom courant pour l’Église se trouvant sous la direction du pape. Et du fait que les chrétiens séparés du pape en 1054 étaient tous en orient, ils gardèrent le terme « orthodoxe » pour leur communion.

Romain et latin

Pour finir, essayons de comprendre les expressions « romain » et « latin ». Le terme « romain » se rapporte, au sens strict, au diocèse de Rome. Dans le langage officiel de l’Église, « romain » peut se rapporter à l’Église particulière de Rome, c’est-à-dire au diocèse de Rome comme on utiliserait « parisien » pour le diocèse de Paris ou « brazzavillois » pour le diocèse de Brazzaville.

Un autre emploi officiel de « romain » se rapporte à un rite particulier : le rite romain. L’Église catholique (l’Église qui accepte l’autorité du pape et des évêques en communion avec lui) est une communion vingt-quatre Églises autonomes. Il s’agit de l’Église latine, c’est la composante occidentale de l’Église catholique comptant pour environ 99 % et de vingt-trois Églises catholiques orientales. Ces dernières sont soit des communautés chrétiennes d’orient qui ne se sont jamais séparées de Rome soit des communautés issues des orthodoxes, des orthodoxes orientaux et des assyriens qui sont revenus à la communion avec le pape au cours de l’histoire.

Mais l’autre axe de la diversité de l’Église, ce sont les rites (signes symboliques d’une tradition religieuse particulière, souvent utilisés lors de célébrations liturgiques). L’Église catholique compte six familles des rites : latin, alexandrin, syriaque oriental, syriaque occidental et byzantin. Le rite romain fait partie de la famille de rites latins et c’est aujourd’hui le rite le plus répandu de l’Église latine. En conséquence, il n’est pas rare d’employer, même par des catholiques, « romain » et « latin » de manière interchangeable conduisant à l’équivalence des expressions « Église latine » et « Église catholique romaine ».

À partir des anglicans qui voulaient continuer à se voir « catholiques » tout en dénigrant ceux qui sont demeurés dans la communion avec le pape, les Protestants, particulièrement ceux de culture anglo-saxon, emploient l’expression « catholique romain » pour tous les chrétiens en communion avec l’évêque de Rome. D’ailleurs ceux de la tendance évangélique y voient un moyen de faire de raccordement avec l’empire romain païen. Aussi, certains orthodoxes ont imité les protestants dans la façon d’utiliser le terme « catholique romain », même si leurs intentions ne sont pas le même.

Pour répondre à la question

Existe -t-il d’autres Églises catholiques non romaines ?

Eh bien, tout dépend du sens que l’on accorde à « catholique » et « romaine ».

Si par catholique, on entend qui accepte l’autorité du pape et par romaine aussi, on entend qui accepte l’autorité du pape, alors toute Église catholique est romaine.

Si par catholique, on entend qui accepte l’autorité du pape et par romaine, on entend l’Église latine, alors oui, il existe des Églises catholiques non romaines mais ce ne sont pas des Églises séparées et bien qu’autonomes, elles sont en pleine communion avec le pape dont elles acceptent l’autorité. Si l’Église latine représente 99 % des catholiques en terme du nombre des fidèles, elle ne représente qu’une seule Église autonome sur vingt-quatre.

Si par catholique, on entend qui accepte l’autorité du pape et par romaine, on entend l’Église particulière ou diocèse de Rome, alors la majorité des Églises catholiques ne sont pas romaines car elles sont milanaise, washingtonienne, Bruxelloise, kampalaise, librevilloise, manillaise, bujumburaise, etc. Autant de diocèses, autant d’Église catholiques du nom de leurs diocèses respectifs.

Quant aux autres qui s’attribuent le nom « catholique » sans être communion avec l’évêque de Rome, il faut juste retenir que nous ne sommes pas en communion avec eux, qu’ils aient un sacerdoce valide ou non.

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Jordy Théodore Wa Ngondo-Maria

Je suis un laïc engagé dans le « ministère des jeunes et évangélisation », actuellement membre du Renouveau charismatique de la communauté francophone de l’archidiocèse de Cape Town. Apologiste amateur, passionné des Saintes écritures, de la philosophie et de la théologie catholique, je m’engage à fond dans la protection des bébés (lutte contre l'avortement) au sein de l'université de Cape Town.