Les cinq piliers de la foi protestante

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Nous avons essayé tant bien que mal de décrire les différences fondamentales qui opposent catholiques et protestants/évangéliques. Cependant, malgré les grandes différences qu’on peut trouver parmi les protestants, le catholique qui veut entreprendre d’entrer en dialogue avec lui doit nécessairement connaître les piliers de la foi protestante. Ils sont cinq en tout, appelés les cinq « sola ».

L’expression vient du latin « Solus, sola, solum » et signifie « seul, seule » en français. Vous verrez parfois écrire les cinq « soli, ou solae, ou soli », qui sont respectivement les pluriels masculin, féminin et neutre de « solus, sola et solum ». Dans ce premier billet, nous allons faire une présentation globale des cinq piliers. Par la suite, nous nous occuperons de chaque pilier en essayant de les confronter à la foi catholique. Ce tour achevé, nous traiterons les jours à venir, de certains détails issus des communautés évangéliques pour vous conforter dans votre foi catholique.

Avant donc de dialoguer avec un protestant, vous devez garder solidement en tête ces cinq piliers qui répondent en réalité à cinq questions.

La première que nous connaissons si bien est la « sola scriptura », c’est-à-dire l’Écriture seule. Ceci répond à la question : À qui le chrétien doit-il obéissance ? Les protestants et les nombreux mouvements issus de ce courant religieux ne reconnaissent aucune autre autorité que celle de la Parole de Dieu. On comprend donc la raison pour laquelle, dans nos discussions, ils insistent sur les références bibliques.

Le deuxième pilier est une réponse à la question : Que faut-il faire pour être sauvé ? Le protestant et les évangéliques ne tarderont pas à te donner unanimement, quelles que soient leurs divergences internes, une unique réponse : « la foi seule », en latin « sola fide ». Nous sommes justifiés uniquement par la foi. Cette réponse est par opposition à l’affirmation chrétienne que les œuvres aussi contribuent à notre salut. Nous verrons cela de plus près.

En ce qui concerne le troisième pilier, la « sola gratia », les protestants et évangéliques professent que tous nos mérites nous viennent par la « seule grâce » divine. L’apport de l’homme est donc sinon nul, du moins insignifiant pour être considéré. Ce n’est que par la grâce seule que nous justifions, disait Philipp Melanchton, en 1554.

Ces trois principes sont les premiers de la Réforme protestante et ce n’est qu’au 20e siècle, soit en 1916, que le luthérien Theodore Engelder, les a publiés de manière systématique dans un article dont le titre est « Les trois principes de la Réforme : Sola Scriptura, Sola Gratia, Sola Fide ».

Le quatrième pilier de la foi protestante est le « solus Christus », c’est-à-dire « Seul le Christ ». La question qui pourrait donner lieu à une telle réponse se formule ainsi : À qui devons-nous nous adresser ? Les protestants s’adressent à Jésus, comme unique médiateur. Ils n’en connaissent pas d’autres. Alors, chaque fois que vous évoquerez les pratiques touchant à la prière adressée aux saints et à la Vierge Marie, vous vous séparerez dos à dos.

Le dernier pilier met l’accent sur la finalité de toute chose. Quel est l’objectif de tout ce qui existe, le protestant dira que « tout est pour la seule gloire de Dieu ». Quelle est la finalité de tout ? Soli Deo Gloria : À Dieu seul la gloire.

S’il m’est permis une synthèse, avant que le catholique n’entre en dialogue pacifique sans dispute avec un protestant et/ou un évangélique, il faut déclarer ceci : Je crois que « Dieu sauve l’homme par sa seule grâce et non par les mérites humains, au moyen de la seule foi en Christ tout seul et non par les œuvres humaines, attesté par l’autorité de la seule Parole de Dieu et non pas par la Tradition ni l’Église et pour l’unique gloire de ce même Dieu et non pas la Vierge Marie et les saints ». Dites-leur cela au début, vous serez des amis inséparables.

Ces cinq Sola sont comme des tics protestants connus d’eux du bout des ongles. L’histoire nous renseigne que les deux derniers cris ont été ajouté quatre siècles après la naissance du protestantisme. Toutes les cinq devises protestantes n’ont qu’une cible : l’Église catholique. À l’origine, l’Église protestante est née comme une protestation contre l’Église catholique de sorte qu’on peut dire que l’Église protestante n’existe que pour détruire l’Église catholique ou, pour bémoliser, pour remplacer l’Église catholique. On comprend donc aisément pourquoi la critique protestante et évangélique est acerbe contre les catholiques. Les orthodoxes ont la même foi que les catholiques. Seule la question de la souveraineté du pape comme principe d’unité de l’Église universelle et le débat théologique du « Filioque » nous séparent. Sinon, nous avons même foi, presque exactement. Et pourtant, vous ne verrez pas les protestants et évangéliques pourfendre les orthodoxes. La raison est simple : le protestantisme est né avec l’objectif de remplacer l’Église catholique. Hier comme aujourd’hui, la mission est la même partout partagée. Il serait mieux, pour un dialogue enrichissant pour l’un et pour l’autre de revenir à l’esprit fondateur de la Réforme qui consiste, non pas à détruire mais à promouvoir la catholicité en la protégeant contre ses erreurs historiques du 16e siècle.

L’Église catholique continue de dialoguer avec nos frères séparés (les protestants et les orthodoxes). L’Esprit du Seigneur saura un jour nous unir. La foi me permet d’y croire, pour qu’il n’y ait qu’un seul troupeau et un seul Pasteur.

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Abbé Jean Oussou-Kicho

Je suis prêtre de l’archidiocèse de Cotonou (Bénin), ordonné en 2008, licencié en théologie morale. Directeur de complexe scolaire, je suis investi dans la pastorale des réseaux sociaux, devenus un nouveau terrain propice pour l’évangélisation et l’éducation des chrétiens