Les sept différences entre catholiques et protestants I

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S’il est vrai que catholiques et protestants (je mets volontiers les évangéliques dans ce dernier lot) professent la foi en un seul Dieu en trois personnes, force est de reconnaître qu’à la naissance du protestantisme, il y a eu des rejets de plusieurs points de doctrines catholiques. Ce rejet marque la différence entre nos frères protestants et nous catholiques.

Je voudrais vous signifier ces points pour une raison : que les catholiques découvrent davantage leur foi et respectent aussi les autres dans la leur. Le plus important dans notre fraternité en Jésus-Christ est de connaître ce qui nous identifie par rapport aux autres, pour ne pas renier notre identité et mieux comprendre les autres dans leur réaction. Il me semble qu’un vrai dialogue ne peut naître entre nous si nous nions nos identités réciproques. Au contraire, les intégrer dans le dialogue permet d’avancer et de rechercher des chemins de fraternité, dans le seul Christ qui fait notre unité. J’ai identifié personnellement sept différences entre catholiques et protestants que j’exposerai sommairement. Au terme de ces présentations, je montrerai les cinq principes qui gouvernent la pensée protestante par rapport au catholicisme.

Différence 1 : le rejet de l'autorité du pape

Chaque fois qu’il est question du « pape », les protestants et évangéliques réclament les versets bibliques qui donnent une telle autorité au pape. Ils disent souvent, la seule autorité, c’est la Bible ou la seule personne qui détient la vérité, c’est l’Esprit Saint. Cet Esprit est accordé à tout chrétien sans discrimination de sorte que chacun est capable de connaître la vérité. Leurs arguments reposent sur deux principes.

Le premier est la nécessaire et continuelle réforme de l’Église. L’Église se réforme, c’est-à-dire se met à jour et précise sa foi dans le monde à partir des conciles, des synodes et des enseignements du pape. Pour les protestants, cette nécessité de réformes montre que l’Église peut se tromper et, conséquemment, reste une institution humaine. Les protestants et les groupes religieux évangéliques qui en sont issus, rejettent donc l’enseignement de l’Église et, logiquement, le dogme de l’infaillibilité du pape. Ce dogme est celui qui définit que le pape, lorsqu’il enseigne en matière de foi et de mœurs de manière officielle ex cathedra, ne peut jamais se tromper.

Le deuxième principe touche au sacerdoce universel. Vous savez bien que, par le baptême, nous devenons « prêtres, prophètes et rois ». En vertu de ce sacerdoce commun conféré à chaque baptisé, les protestants font voler en éclat toute hiérarchie dans l’Église. Le pape n’est pas plus que le dernier fidèle baptisé aujourd’hui, car tous ont reçu le même baptême. En conséquence, personne, en l’occurrence le pape, ne détient aucun pouvoir suprême, universel, plénier et immédiat sur les autres. Les protestants ne supportent pas la hiérarchie.

On comprend donc la raison pour laquelle ils n’ont pas un clergé puisque le clergé est situé dans une position hiérarchique (ce qui n’est d’ailleurs pas tout à fait vrai). On comprend aussi pourquoi l’enseignement n’est pas unifié chez eux comme chez les catholiques car ils n’ont pas un principe unificateur comme le pape. On voit aussi clairement que la notion d’Église chez les protestants est bien différente de la notion d’Église chez les catholiques, puisque l’enseignement officiel de l’Église est rejeté. On voit aussi d’emblée pourquoi les protestants n’acceptent pas la Tradition de l’Église car cette tradition est faite de l’histoire de l’Église dans ses grandes prises de décision. Le protestant établit un lien direct entre le croyant et Dieu. Pour lui, aucun homme, quel qu’il soit, ne peut s’intercaler entre les deux.

Les catholiques croient en l’autorité du pape. Celui-ci est l’évêque de Rome et, en vertu de cela, il jouit d’une distinction entre les autres évêques. Cette distinction lui vient du Christ lui-même qui confie une mission particulière à saint Pierre parmi le collège des douze apôtres. Le pape étant le successeur de Pierre (saint Pierre est mort à Rome et son siège apostolique se trouve donc là), jouit, par le fait même qu’il remplace saint Pierre, de cette suprématie.

C’est à saint Pierre et donc à tous ceux qui sont dans son rôle que Jésus a dit : « Heureux es-tu Simon, fils de Jonas. Ce n’est pas la chair et le Sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux. Et moi, je te le déclare, tu es Pierre, et sur cette pierre, je bâtirai mon Église… » (Mt 16, 17). Il faut préciser que cette déclaration est survenue après la confession de foi de Pierre à propos de l’identité de Jésus. Cela signifie que quand le pape, au milieu du collège des évêques, successeurs des apôtres, définit une vérité de foi et de mœurs, il ne se trompe pas. La construction de l’Église, comme le dit le Christ lui-même, repose sur la proclamation de la foi de Pierre et donc de ses successeurs.

Son reniement personnel de Jésus n’empêche pas celui-ci de lui faire confiance et de lui confier d’être le pasteur de l’Église universelle. C’est à lui, et à lui seul exclusivement, que le Seigneur a dit par trois fois, en présence des autres disciples : « Sois le berger de mes brebis » (Jn 21, 15-19).

Quant à la nécessité de l’Église de se réformer tout le temps (en latin on dit : « Ecclesia semper reformanda » = l’Église devant toujours se réformer), la réalité de cette réforme trouve ses racines dans la Bible, à la naissance même de l’Église. Je n’en veux pour preuve, parmi plusieurs autres références que deux : l’institution du diaconat et le premier concile de Jérusalem.

Devant les questions de repas et de table, qui risquaient de distraire les apôtres de leur ministère premier qui est la prédication, les apôtres, sous l’égide de Pierre, ont trouvé la brillante formule de l’institution des sept premiers diacres, dont nous connaissons la célèbre figure d’Étienne (Ac 6, 1-7). Il s’agit là d’une réforme de l’Église. De la même manière, le rassemblement de Jérusalem, autour de nécessité ou non de circoncire les païens convertis au christianisme est indicatif de cette réforme. Les apôtres, sous la responsabilité de saint Pierre, ont pris la décision, avec l’assistance de l’Esprit Saint, de ne pas soumettre les païens convertis à une telle obligation (Ac 15) et la lettre aux Églises qui s’en est suivie montre bien que l’Église catholique est fidèle à la pratique des apôtres de reformer l’Église et de préciser continuellement son point de vue en matière de foi et de mœurs. La réforme continuelle au sein de l’Église est donc historiquement située dans la Bible.

Avant de finir, je voudrais rappeler que l’Église ne prend pas ses décisions sans l’Esprit Saint. Dire que l’Église est une institution purement humaine, c’est nier la présence de l’Esprit en elle. Cet Esprit est à l’origine de la naissance de l’Église et l’assiste dans toutes ses décisions, quand il s’agit de la foi, ainsi que le stipule la première décision issue de l’assemblée de Jérusalem : « L’Esprit Saint et nous-mêmes, avons en effet décidé de ne vous imposer aucune autre charge… ». C’est d’abord l’Esprit Saint qui éclaire et qui permet de guider l’Église du Christ sur le bon chemin.

L’Église ne s’interpose donc pas entre le croyant et son Dieu. Mieux, elle l’aide à ne pas s’égarer pour une meilleure relation entre le Père des cieux et le fidèle qui l’adorent. Nous sommes donc invités frères et sœurs, à croire à l’Église et ses pasteurs. De plus en plus, on voit des fidèles qui contestent les décisions des papes et des évêques. Ces décisions ne sont jamais prises sur un coup de tête. Donner comme argument que le pape et les évêques sont des hommes comme nous, c’est fondamentalement oublier qu’ils ont l’assistance de l’Esprit Saint qui les éclaire en toute chose quand il s’agit d’orienter le peuple de Dieu vers sa destinée qui est la vie intime avec le Christ ici-bas et dans l’au-delà. Prions pour le pape et pour les évêques qu’ils soient pour notre temps les voix du Saint-Esprit pour la communauté des croyants et pour les hommes de bonne volonté.

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Abbé Jean Oussou-Kicho

Je suis prêtre de l’archidiocèse de Cotonou (Bénin), ordonné en 2008, licencié en théologie morale. Directeur de complexe scolaire, je suis investi dans la pastorale des réseaux sociaux, devenus un nouveau terrain propice pour l’évangélisation et l’éducation des chrétiens