Les sept différences entre catholiques et protestants VI

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Différence 6 : le rejet de la prière aux saints et de toute canonisation

Un autre point de dispute concerne la canonisation et l’invocation des Saints. Les protestants et les évangéliques dénient le droit à l’Église de proclamer que X ou Y soit dans la béatitude éternelle. De la même manière, ils trouvent exagérer d’invoquer les saints et de les prier. Nous allons voir très brièvement les différents points de vue à ce sujet.

Qui sont les saints ?

Pour l’Église catholique, le saint est celui qui jouit de la béatitude éternelle, celui qui est au paradis et qui vit dans la gloire de Dieu. C’est l’immense foule de ceux qui sont parvenus à rester fidèles à Dieu jusqu’à la fin de leur vie ou qui, par la miséricorde de Dieu, ont été purifiés de leur péché et vivent dans le bonheur éternel. La sainteté commence sur la terre mais n’est totale qu’au ciel.

Autre est la pensée protestante de la sainteté. Ils s’inspirent plutôt de saint Paul qui appelle les chrétiens « les saints ». Le saint pour les protestants est le fidèle du Christ qui mène une vie authentique de foi, d’espérance et de charité dans sa communauté. Simplement dit, le saint est le fidèle qui vit comme un bon chrétien.

Dans cette perspective contrairement à la pensée catholique, le saint n’est pas celui qui, du milieu des croyants, est distingué comme un modèle particulier à suivre. Il ne convient donc pas de particulariser certains, qu’on canonise comme s’ils avaient mérité d’être avec Dieu par leurs qualités personnelles. Pour les protestants, c’est la grâce de Dieu qui opère cela, sans aucun mérite de leur part.

Selon cette compréhension, le saint, qu’il s’agisse de Marie ou des autres, ne peut intercéder pour les autres ou être un intermédiaire par qui le croyant devrait passer pour s’adresser à Dieu. Il ne devrait avoir aucun autre intermédiaire entre le croyant et son Dieu sinon Jésus-Christ, le seul médiateur. Le protestant pense plus prier avec le saint (son frère avec lequel il vit en communauté) que de le prier. Si c’est Dieu qui accorde la grâce de la sainteté par la vie fidèle du croyant dans la communauté, il ne revient pas à l’Église de désigner certains comme étant saints et de laisser d’autres. La canonisation, pour le protestant ne relève pas du ressort de l’Église mais de Dieu. C’est ni plus ni moins un abus de pouvoir de l’Église de déclarer que telle ou telle autre personne est sainte. Mais justement, en déclarant saint le bon chrétien, n’est-ce pas déjà une canonisation sur terre ? Si on ne doit pas recourir à l’intercession du frère qui est saint, si on doit non pas prier le saint mais plutôt prier avec lui, alors comment comprendre le recours des fidèles de ces églises à l’intercession de leurs pasteurs, qu’ils jugent saints ? Ce ne sont que des questions.

Comme nous l’avons vu, pour l’Église catholique, nous sommes tous des pécheurs. Saint Jean le dit clairement : « Si nous disons que nous n’avons pas de péché, nous nous égarons nous-mêmes et la vérité n’est pas en nous. …Si nous disons : nous ne sommes pas pécheurs, nous faisons de Dieu un menteur et sa parole n’est pas en nous » (1 Jn 1, 8.10). (Avis à ceux qui trompent les fidèles en disant que nous n’avons pas de péchés, le Sang du Christ a tout purifié et que nous n’avons pas à demander pardon à Dieu. Selon l’interprétation catholique, quand saint Paul appelle les membres de la communauté les « saints », il n’entend pas qu’ils soient déjà des « saints » capable d’être avec le seul Saint. Dieu en effet est le seul Saint et c’est celui qui vit dans la condition divine de manière définitive qu’on peut appeler réellement le Saint. Il faut plutôt penser, avec cette manière de Paul d’appeler les fidèles de la communauté qu’il s’agit d’une sainteté que la grâce du Christ nous permet d’accueillir si nous vivons vraiment du Christ. L’homme étant ondoyant et changeant, on comprend que c’est la communauté entière qui est sainte même si les hommes qui la composent sont des pécheurs. Saint Paul le dit de l’ensemble et non des individus. C’est pourquoi cela qu’on dit de la communauté ecclésiale qu’elle est à la fois sainte et pécheresse.

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Abbé Jean Oussou-Kicho

Je suis prêtre de l’archidiocèse de Cotonou (Bénin), ordonné en 2008, licencié en théologie morale. Directeur de complexe scolaire, je suis investi dans la pastorale des réseaux sociaux, devenus un nouveau terrain propice pour l’évangélisation et l’éducation des chrétiens