Pourquoi les images et les statues ?

You are currently viewing Pourquoi les images et les statues ?

Ma sœur, tu partages avec nous ta gêne, de voir que, dans notre Église, nous faisons usage des images malgré l’interdiction des représentations par Dieu dans l’Ancien Testament (Ex 20, 2-5 ; Cf. Dt 5, 6-9).

Je voudrais partager en partie ta gêne, en signifiant que le plus important c’est la foi. Il y effectivement un abus chez certains chrétiens catholiques qu’il faut prévenir. Cet abus frise la transposition d’une mentalité fétichiste et idolâtrique dans l’Église. Certains chrétiens raffolent de ces images au point où, en venant chez eux, on est éclaboussé par la multiplicité des statues et images. J’ai pu dénombrer un jour, sur un oratoire de la superficie d’une chaise, plus de 80 statues et images sacrées. J’en étais perplexe et j’ai demandé à la personne si sa prière incluait toutes ces représentations. La réponse était plutôt un rire qui ne manquait pas de sens. J’ai compris. Sans que la justesse de l’usage des images ne soit contre la Bible, il est nécessaire d’initier une catéchèse qui insiste plus sur la foi que sur les images. On voit des chrétiens qui ne prient pas toute la journée mais qui sont incapables de sortir sans mettre dans leur sac à main une statuette de saint Michel archange et/ou de la Vierge.

En vérité, on n’a pas besoin de beaucoup d’images pour avoir une prière équilibrée. Comme le dit le théologien béninois le père Edouard ADE, ancien curé de Bon Pasteur, il vaut mieux avoir peu d’eau bénite et donc peu d’images et de statues et beaucoup de foi, que d’avoir peu de foi et beaucoup de statues. Je partage donc ta remarque d’un risque d’abus sur lequel il faut tirer sur la sonnette d’alarme.

En revenant à la souche de ta question, je voudrais te signifier que l’usage des images et statues ne va nullement contre l’interdiction de Dieu de le représenter. À la vérité, la pratique existe depuis le début de l’Église et cela n’a jamais posé un vrai problème. Si c’était source de problèmes nos pères dans la foi l’auraient évacué fort longtemps. C’est donc que la pratique n’est pas contre la volonté de Dieu. Ce sont nos frères évangéliques et quelques protestants mal éclairés en ce qui concerne la juste lecture de la Bible qui font enfler la polémique. Les personnes qui raisonnent sainement, sans être chrétiens, comprennent parfaitement la pratique sans un brin de doute. Il faut donc lever ton inquiétude et retrouver la paix du cœur. L’Église notre Mère a une expérience d’une richesse intellectuelle et spirituelle inouïe en sorte que les communautés nées hier ne peuvent tenir devant elles quand il s’agit de ces controverses mineures. Au fond, les évangéliques veulent montrer qu’ils connaissent plus la Bible que les catholiques et se présentent en donneurs de leçons. Mais si l’Église n’a jamais fait de l’usage des images et statues un problème, s’il permet cela, c’est qu’il n’y a vraiment aucun problème biblique.

Pour revenir à ta question, le contexte historique de l’interdiction des représentations nous éclaire. Le peuple d’Israël venait de sortir du pays d’Egypte, un pays idolâtre qui adore une multitude de statues. Pour éviter à son peuple de le confondre avec ces statues et marquer sa suprématie sur les faux dieux, le premier commandement des dix touche à l’adoration de Dieu, assortie d’interdictions de le représenter pour l’adorer. L’histoire du veau d’or est vivante dans nos esprits (Ex 32). Aucune représentation n’épuise le mystère de Dieu et n’a aucune puissance spirituelle qui obligerait à leur demander une faveur. Donc il est inutile de vouloir le représenter pour l’adorer.

Toutefois, ce qu’oublient nos amis, c’est que Dieu, en interdisant de le représenter, a permis d’autres images. J’en veux seulement pour preuve que deux : l’arche de l’alliance qui était dans le Saint des Saints protégés par deux chérubins (Ex 25 – 31) et la fabrication du serpent d’airain au désert (Nombres 21). Par rapport à l’arche de l’alliance, Dieu a même donné les dimensions et son contenu. La référence ci-dessus citée couvre sept chapitres (Ex 25-31) pour la construction de l’arche de l’alliance. À cette arche on offre l’encens. Zacharie y était entré quand l’ange du Seigneur lui est apparu lui annonçant la naissance de Jean Baptiste (Luc 1 et 2). Les Israélites se déplaçaient avec l’Arche dans les guerres. Cette arche était véritablement le signe, à lire deux fois, le signe de la présence de Dieu. Ce n’est pas Dieu. Je voudrais que nos frères qui rejettent les représentations et statues m’expliquent la pertinence de cette représentation expressément demandée par Dieu lui-même. Leur réponse pourra les éclairer et nous avec. S’ils n’ont pas une réponse, c’est que la Parole de Dieu les pousse à plus de retenue dans l’accusation des autres chrétiens.

À propos du serpent d’airain, Dieu ordonna à Moïse de le fabriquer pour que tous ceux qui regardent ce signe soient guéris de la morsure des serpents du désert. Nous savons que ce serpent préfigure notre Seigneur Jésus Christ qui sera suspendu sur la croix. Lui-même l’a dit explicitement dans l’évangile de Saint Jean (lire ensemble Nb 21, 4-9 et Jean 3, 5-17).

Cela signifie que Dieu n’interdit pas toutes les images. Il interdit que les images soient un écran qui empêche d’avoir accès à lui.

Si l’Église utilise aujourd’hui les images, cela procède de la logique de l’incarnation. Dieu que nul œil ne peut voir s’est rendu visible en une personne, Jésus-Christ. En lui, nous voyons Dieu. Il a même laissé les traits de son visage dans le saint suaire. Grâce à l’incarnation, on peut désormais représenter le Christ. Cela ne signifie pas que l’image du Christ est adorée, mais demeure un support qui soutient notre esprit pour nous maintenir dans la présence de Dieu. De la même manière, les catholiques n’adorent ni les images ni les saints qu’elles représentent, mais les vénèrent. La vénération est le profond respect envers les saints et les saintes dans le culte de l’Eglise catholique. De même, nous entourons de respect les images et statues car une bénédiction repose sur elles. En vertu de cela, nous ne les considérons plus comme un quelconque objet, mais comme des objets ayant désormais pour finalité de nous rappeler les saints qu’ils représentent. C’est donc la bénédiction qui les sacralise, si l’on peut s’exprimer ainsi, et fait que nous ne les mettons pas dans un endroit quelconque.

Tout autre est l’adoration du Corps eucharistique du Christ. Le pain et le vin ne sont pas des images du Christ, mais le Christ lui-même. Nous l’adorons. Car il a dit « Ceci est mon corps, ceci est mon Sang. Faites-le en mémoire de moi ». Qu’il soit clair pour tous que nous adorons dans la vérité le pain et le vin devenus le Corps et le Sang du Christ. Nous adorons le Christ exposé sur l’autel ou gardé en réserve dans le tabernacle.

Le fondement du problème est pourtant, après toute analyse, branlant. Tout l’embarras est un ping-pong, un jeu de mots entre Vénération et Adoration. Les évangéliques ne veulent pas comprendre que nous n’adorons pas les images, quels que les arguments avancés et parlent d’adoration. Ce n’est pourtant pas eux qui vivent l’expérience. S’ils acceptaient que les chrétiens vénèrent les saints et ne limitent pas les représentations à Dieu et aux Saints, ils comprendront aisément. C’est une affaire de mauvaise volonté, de mon point de vue.

Vous aimez cet article ? Donnez lui 5 étoiles
  [Moyenne : 4.4]
Print Friendly, PDF & Email

Abbé Jean Oussou-Kicho

Je suis prêtre de l’archidiocèse de Cotonou (Bénin), ordonné en 2008, licencié en théologie morale. Directeur de complexe scolaire, je suis investi dans la pastorale des réseaux sociaux, devenus un nouveau terrain propice pour l’évangélisation et l’éducation des chrétiens

Cet article a 15 commentaires

  1. Yves oglo

    Merci pour l’éclairage de cette affaire d’adoration et se vénération des images et statues dans les églises catholiques.

  2. Allé Ange

    Merci pour tout ce que vous faites pour l’édification du peuple de Dieu… Que le Saint Esprit repende abondamment sa sagesse sur vous au nom de notre Seigneur Jésus-Christ !!!

  3. Eliane Diatta

    Merci beaucoup de nous avoir édifié car les protestants passent tout leur temps à nous critiquer

    1. Frère Hervé

      Laissez les protestants protester ! Leurs églises sont fondées par des hommes et non par Dieu !

  4. Kougnissoude Khrisologue

    J’adore j’ai beaucoup compris

    1. Adjibi Geneviève yemissi

      Merci de nous avoir édifiés, surtout moi qui suis une ex musulmane j’en souffre bcp ,vaut mieux rester musulmane que de devenir idolâtres,merci seigneur j’ai le cœur apaiser maintenant.

  5. WADJA Assoumaïla

    Merci beaucoup mon Père. Ainsi disant le philosophe et mathématicien Blaise Pascal :<> laissons les protestants protester, comme leur nom leur désigne. Si c’est dans cette posture qu’ils peuvent trouver la voix du salut, nous les encourageons.

  6. Marie chantal atioumou

    Merci mon père pour cet enseignement.il m’a édifié.

  7. Mady

    Très édifiant mon père.

  8. HOUNME

    Merci beaucoup Père pour cet éclairage.
    Partout où je passe les évangéliques m’accablent avec cette question, même mes catéchumènes car je suis catéchiste, j’essaie de donner de réponses qui ne sont pas trop convaincantes. Maintenant, j’ai les armes nécessaires pour les affronter. Merci Seigneur.

    1. Frère Hervé

      Il y a une question qu’on peut leur poser : Pourquoi une Eglise fondée par un homme au 16e siècle aurait-elle raison contre une Eglise fondée par Jésus lui-même de son vivant ? Pourquoi un enfant turbulent aurait-il raison face à son maître ? Il faut être un peu sérieux… Ils lisent la BIble mais ne la comprennent pas car “il y a des points difficiles à comprendre, dont les personnes ignorantes et mal affermies tordent le sens, comme celui des autres Ecritures, pour leur propre ruine” 2 P 3, 16. Comment pourraient-ils d’ailleurs la comprendre puisque chacun devient la norme de la compréhension ? Bon courage dans votre ministère de catéchiste.

  9. Alain

    Beau texte qui éclaire. Merci beaucoup Père

  10. HOUNME

    Bonsoir frère Hervé, excusez moi beaucoup de ne pas vite consulter ma boîte pour lire votre message, merci beaucoup de m’avoir éclairé et de m’avoir encourager dans ma mission. Que le Tout Puissant vous donne toujours ses grâces et vous garde.

  11. Joseph Ametchi

    Merci bien à vous cher père. Je vous souhaite en cette fête de la présentation du seigneur un fructueux sacerdoce.

  12. Brou Arsène

    Toute ma gratitude mon père

Les commentaires sont fermés.