Les sept différences entre catholiques et protestants VII

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Différence 7 : le rejet du purgatoire

Le dernier sujet sur lequel catholiques et protestants ont discuté en se séparant dos à dos est la reconnaissance chez les catholiques du purgatoire. Alors que ceux-ci affirment son existence, les protestants le rejettent complètement. Leur argument est simple : il n’existe, dans la Bible, aucune allusion au purgatoire. Et pourtant, l’Écriture prouve le contraire.

Qu’est-ce que le purgatoire ?

Le purgatoire est une vérité de foi chez les catholiques selon laquelle les âmes des fidèles défunts morts en état de grâce, à cause des péchés insuffisamment expiés, se trouvent dans un état intermédiaire entre le paradis et l’enfer. Dans cette condition, elles sont purifiées au feu. Il ne s’agit pas du feu physique, mais de la brûlure d’être séparés un temps durant de Dieu. Le purgatoire n’est donc ni un lieu ni un temps, mais un état ou une condition. Le dogme de l’existence du purgatoire a été proclamé pour la première fois en 1336 par le pape Benoît XII dans la bulle « Benedictus Deus ». C’est donc pour les catholiques une vérité de foi.

Le purgatoire se justifie par le fait que personne ne peut prétendre mourir sans un seul péché. Une fois encore, je le répète, nous sommes tous des pécheurs. Or il se fait que le péché est incompatible avec Dieu. Dans ces conditions, doit-on penser que, à cause de cette incompatibilité, tout le monde est en enfer ? Non. Le purgatoire serait donc un séjour plus ou moins long, selon la gravité des péchés commis sur la terre, afin que la miséricorde divine purifie entièrement les âmes des péchés ou des conséquences des péchés qu’ils ont commis et qui ne conduisent pas à la mort. C’est après cette purification qu’ils vont dans la félicité éternelle.

Cette conception du purgatoire a produit un effet à la fois psychologique et spirituel chez les fidèles qui faisaient des efforts pour l’éviter. Dans ces conditions, ils étaient prêts à jouir des indulgences pour restreindre le mieux possible leur séjour au purgatoire. Nous savons bien que Martin Luther et les autres réformateurs sont plus qu’opposés aux indulgences. Ils s’opposent à la croyance selon laquelle les indulgences peuvent avoir une influence méliorative sur les conséquences de nos péchés, ils s’opposent au dogme même de l’existence du purgatoire. Tout ce qui est attaché aux indulgences est rejeté par les protestants.

Le purgatoire se trouve-t-il dans la Bible ?

Il est vrai que l’expression « purgatoire », comme d’ailleurs plusieurs autres (la Trinité, incarnation, transsubstantiation, … par exemple) ne se trouvent pas dans la Bible. Cependant, un passage biblique nous permet de le reconnaître. Dans le livre des Maccabées, rejeté par Luther comme appartenant à la Bible parce que n’allant pas dans son intérêt théologique, nous parle d’un sacrifice que Juda Maccabées a voulu pour ses compagnons d’armes morts sur le champ de bataille et qui avaient des amulettes suspendues au cou. Il fit « une collecte de 2000 pièces d’argent et l’envoya à Jérusalem afin qu’on offrît un sacrifice pour le péché, agissant fort bien et noblement d’après le concept de la résurrection. Car, s’il n’avait pas espéré que les soldats tombés dussent ressusciter, il était superflu et sot de prier pour les morts, et s’il envisageait qu’une très belle récompense est réservée à ceux qui s’endorment dans la piété, c’était là une pensée pieuse et sainte. Voilà pourquoi il fit faire ce sacrifice expiatoire pour les morts, afin qu’ils fussent délivrés de leur péché » (2 M 12, 43-45).

Ce texte nous donne plusieurs informations à la fois.

1. Des hommes meurent pécheurs mais dans la piété. C’est une affirmation fondamentale sur le péché mortel qui nous sépare définitivement de Dieu et le péché véniel qui ne nous sépare de Dieu que temporairement. Ils ont certes péché, mais ils sont morts dans la foi.

2. Il y a la foi en la résurrection des morts.

3. Cette foi conduit à demander un sacrifice expiatoire pour les défunts. Ils ne sont plus capables de prier pour eux-mêmes mais nous, nous pouvons le faire en leur faveur. C’est tout l’intérêt de nos prières et des messes demandées pour les défunts.

4. Prier et offrir des sacrifices pour les défunts a une incidence sur leur état dans l’au-delà. Juda Maccabées attendait que Dieu leur fasse grâce de son pardon.

5. La foi au pardon des péchés après la mort est fortement professée.

Ce texte à lui seul est suffisamment clair pour expliquer le dogme de l’existence du purgatoire et la nécessité de prier pour les défunts. Hélas, les protestants ne reconnaissent pas ce livre comme biblique. Le dialogue sera donc difficile à ce niveau avec eux, car nous n’avons pas les mêmes éléments bibliques pour justifier la position catholique. Toutefois, un autre texte nous permet de discuter avec sérénité.

Dans le Nouveau Testament la déclaration de Jésus à propos du péché contre l’Esprit-Saint est fort éclairante. Il dit : « Quiconque aura dit une parole contre le Fils de l’homme, cela lui sera remis ; mais quiconque aura parlé contre l’Esprit Saint, cela ne lui sera remis ni en ce monde ni dans l’autre » (Mt 12, 32). Une analyse sommaire des paroles du Seigneur nous montre qu’il y a la possibilité de rémission de péché ici-bas et dans l’au-delà. Si on ne peut plus pardonner les péchés en enfer, s’il n’y a plus de péché à pardonner au paradis, c’est dire qu’il y a un état intermédiaire qui offre la possibilité de ce pardon, dans L’AU-DELÀ. Les catholiques l’appellent « purgatoire ».

Je voudrais finir par un texte de saint Pierre qui nous parle de Jésus au séjour des morts. Il dit : « Le Christ lui-même est mort une fois pour les péchés, juste pour les injustes, afin de nous mener à Dieu. Mis à mort selon la chair, il a été vivifié selon l’esprit. C’est en lui qu’il s’en alla même prêcher aux esprits en prison, à ceux qui jadis avaient refusé de croire lorsque se prolongeait la patience de Dieu, aux jours où Noé construisait l’Arche, dans laquelle un petit nombre, en tout huit personnes, furent sauvées à travers l’eau » ( 1 P 3, 18-20) ou encore : « C’est pour cela, en effet, que même aux morts, été annoncée la Bonne Nouvelle, afin que, jugés selon les hommes dans la chair, ils puissent vivre selon Dieu dans l’esprit » (1 P 4, 6). Saint Pierre nous parle implicitement des personnes défuntes qui ont désobéi et qui sont dans une condition telle qu’elles ne sont ni en enfer puisque la Parole de Dieu n’y est pas annoncée ni au Paradis mais dans un état qui leur permette d’accueillir la Parole qui les purifie et les sauve.

Le purgatoire, contrairement à ce que l’on peut penser, n’est pas une invention de l’Église catholique. La réalité existe bien dans les Écritures pour peu qu’on ouvre son intelligence à l’assistance de l’Esprit.

Ne nous lassons pas de prier pour les âmes du purgatoire. Elles ont tellement besoin de nos prières et surtout de la demande de messe de pardon pour leurs péchés. C’est le plus beau cadeau qu’on puisse leur offrir.

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Abbé Jean Oussou-Kicho

Je suis prêtre de l’archidiocèse de Cotonou (Bénin), ordonné en 2008, licencié en théologie morale. Directeur de complexe scolaire, je suis investi dans la pastorale des réseaux sociaux, devenus un nouveau terrain propice pour l’évangélisation et l’éducation des chrétiens

Cet article a 2 commentaires

  1. BOUKO JOSEPH

    Merci Père de mettre vos connaissances à la disposition du grand nombre et surtout pour la promptitude et la qualité des réponses.
    Plusieurs témoignages existent aujourd’hui pour conforter la thèse de l’existence du purgatoire

  2. Bienvenu AKELESSIM

    Merci infiniment père de nous avoir fait comprendre un des fondement de notre foi. À travers cet enseignement, j’ai bien compris que ce n’est pas le fait que le mot Purgatoire n’est pas explicitement écrit dans la Bible qu’il est une invention des catholiques.

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