Péché mortel et non mortel : explication

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Synthèse pour le lecteur pressé

Il semble avoir une apparente opposition entre saint Paul qui dit que le salaire du péché est la mort et saint Jean qui semble montrer qu’il y a des péchés qui ne conduisent pas à la mort. En réalité, les deux textes sont complémentaires quand on les mets dans leur contexte respectif. Tout péché en effet cause la mort si l’on se désolidarise pas avec lui. Si on se sépare d’avec lui, alors son effet mortifère disparaît.

Beaucoup de personnes sont dans l’embarras car elles ne comprennent pas que, dans la même Bible, il est des propos contradictoires. Ainsi, certains chrétiens veulent savoir pourquoi saint Paul dit que le salaire du péché, c’est la mort (Rm 6, 23) et saint Jean dit qu’il y a des péchés qui ne causent pas la mort (1Jn , 16). Existe-t-il vraiment des péchés qui n’entraînent pas la mort, contrairement à l’affirmation de saint Paul ? Nous allons essayer de comprendre ce qu’ils disent en montrant que la contradiction n’est que la résultante d’une mauvaise lecture. 

Un problème de méthode de lecture

Pour une bonne compréhension, voici les passages qui alimentent la polémique :

Dans Romains 6, 23, saint Paul dit : « le salaire du péché, c’est la mort mais le don gratuit de Dieu, c’est la vie éternelle en Jésus-Christ notre Seigneur ».

Par contre, dans 1 Jean 5, 16, l’apôtre saint Jean écrit : « Si quelqu’un voit son frère commettre un péché qui ne mène pas à la mort, il faut qu’il prie et Dieu donnera la vie à ce frère. Ceci est valable pour ceux dont les péchés ne mènent pas à la mort. Mais il il y un péché qui mène à la mort, et ce n’est pas à propos d’un tel péché que je demande de prier »

Les deux textes paraissent effectivement contradictoires, l’un (celui de saint Paul) affirmant que le salaire du péché est la mort et l’autre (celui de saint Jean) stipulant qu’il y a des péchés qui ne conduisent pas à la mort.

La vérité est que ces contradictions peuvent se multiplier si on ne sait pas lire la parole de Dieu avec une méthode au moins basique. L’interprétation des textes bibliques suit une méthode bien précise qui permet de comprendre le sens réel du message véhiculé par chaque auteur. Je m’en voudrais de ne pas l’appliquer, au moins à très grands traits, aux deux textes en comparaison.

Étude contextuelle des deux textes

En replaçant chaque texte dans son contexte, nous comprenons le verset évoqué chez saint Paul est le dernier du chapitre 6 dans lequel il traite du péché qui provoque la mort par opposition à la vie que le Christ nous apporte par sa victoire sur le péché. Dans un tel sens, tout péché, quelle que soit sa matière, grave ou moins grave, provoque la mort dans la vie de l’homme. Chaque péché introduit le règne de la mort en nous de sorte qu’on peut dire que celui qui vit dans le péché est un candidat à la mort spirituelle.

Quand nous revenons au chapitre 5 de la première lettre de saint Jean (1 Jn 5, 16), nous constatons que la référence se trouve dans un développement où saint Jean traite de la vie éternelle que Dieu nous a accordée, cette vie qui se trouve dans son Fils (1 Jn 5, 12) et il précise que ceux qui croient au Fils de Dieu ont déjà la vie éternelle (verset 13). Ce n’est que trois versets après (1 Jn 5, 16) qu’il déclare qu’il faut prier pour le frère dont le péché ne conduit pas à la mort.

En réalité, la foi au Fils de Dieu nous introduit dans la vie éternelle ; le péché peut menacer de nous en extraire. Mais fondamentalement, la foi au Christ Jésus fait en sorte que le péché ne peut pas entamer irrémédiablement en nous la grâce divine, à une seule exception. La voici : le refus de la foi au Christ. Celui qui rejette le Christ définitivement est dans un état de péché qui le conduit immanquablement à la mort, car il refuse la vie de Dieu, cette vie qui est en Jésus. C’est simplement logique. Si la vie c’est le Christ et que tu rejettes cette vie, c’est que tu as choisi de mourir. Le péché, c’est le refus de la foi au Christ.

Il est d’ailleurs intéressant de voir comment saint Jean finit cette lettre : le dernier verset est un conseil fort : « C’est lui qui est le Dieu véritable, et la vie éternelle. Petits enfants, gardez-vous des idoles ». Le refus de la foi au Christ s’apparente à l’idolâtrie. Et nous connaissons bien le premier commandement de Dieu. En clair, celui qui est idolâtre commet un péché mortel. Celui renie le Christ commet un péché mortel. Et Dieu seul sait, qu’il y a mille et une manière d’être idolâtre et de renier le Christ. De manière générale, tous les péchés contre les dix commandements touchent implicitement ou explicitement le rejet du Christ ou l’idolâtrie. Faites l’exercice et vous verrez bien. De la même manière, tous les péchés capitaux sont liés à une certaine idolâtrie ou au rejet du Christ. Faites aussi l’exercice. Les péchés contre les vertus théologales (foi – espérance – charité) touchent ces deux pans.

Péché mortel et péché véniel

L’Église notre mère, dans sa Sagesse, à partir de cette révélation en saint Jean, a classé les péchés en deux catégories : ceux qui conduisent à la mort (appelés péchés mortels) et ceux qui ne conduisent pas à la mort (appelés péchés véniels). Les péchés véniels ne conduisent pas à la mort car ils ne portent pas vraiment atteinte à la foi et ne conduisent pas à l’idolâtrie. L’acte de contrition, avec le repentir sincère, ou le Je confesse à Dieu tout-puissant précédé du repentir et du désir de les éviter, peut nous en purifier.

C’est pour ces péchés véniels que saint Jean demande de prier. Et nous devons prier les uns pour les autres pour que la lutte contre le péché porte ses fruits. Quant à ceux qui ont définitivement rejeté le Christ ou ont choisi d’adorer les idoles (rejet de Dieu), il vaut mieux les confier à la miséricorde divine.

Pour faire synthèse, je dirai simplement qu’il y a une apparente opposition qui disparaît aussitôt si on met chaque texte dans son contexte. Alors que, pour saint Paul, tout péché introduit la mort en nous, ce qui est très vrai et que saint Jean ne conteste pas, nous découvrons en saint Jean, qu’il y a des péchés qui introduisent la mort en nous mais dont on peut arrêter les effets si l’on prie. Mais il y a d’autres qui nous plongent dans la mort et seul Dieu sait comment sauver ceux qui sont dans le cas. 

Exemple : si le péché est une maladie, il y a des maladies qui provoquent la mort lente en nous et que,  par les soins médicaux, on peut vite guérir. Mais il y a d’autres maladies qui sont de nature à nous pousser vers la mort, sans espoir : un cancer en phase terminale par exemple. Et il y a plusieurs cancers mortels comme plusieurs péchés mortels.

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Abbé Jean Oussou-Kicho

Je suis prêtre de l’archidiocèse de Cotonou (Bénin), ordonné en 2008, licencié en théologie morale. Directeur de complexe scolaire, je suis investi dans la pastorale des réseaux sociaux, devenus un nouveau terrain propice pour l’évangélisation et l’éducation des chrétiens

Cet article a 5 commentaires

  1. Marcelle LALEYE

    Votre publication m’est été vraiment nécessaire mon père. Merci infiniment à vous. Dieu vous guide

  2. MURANGA KANDANDA ELIE

    Pour ce grand exposé très riche qui nous ouvre à la profonde introspection (je dirais méditation), nous vous disons grand Merci Révérend Père, et que l’Esprit Saint puisse continuer à vous guider.

    Ma préoccupation est la suivante: Ayant entendu que le péché mortel est celui qui conduit à rénier le Christ qui est la vie par excellence , que dire des péchés que l’Eglise nous présente toujours comme très très gros en l’occurrence l’avortement (interruption Volontaire de la Grossesse); pouvons-nous retenir que juste l’acte de contrition peut nous rassurer de la miséricorde de DIEU, peut nous donner le feu vert à la communion au corps et au sang du Christ?

    Mervi beaucoup en avance Révérend Père!

    1. Frère Hervé

      Un péché grave ne peut être pardonné que la confession sacramentelle à un prêtre et recevoir l’absolution est nécessaire pour pou voir s’approcher de la Sainte Table.
      En revanche, un péché véniel peut être pardonné par le rite pénitentiel qui ouvre la messe.
      Pour l’avortement, je vous invite à lire https://unpretrevousrepond.org/jai-avorte-comment-me-reconcilier-avec-dieu/

  3. MURANGA KANDANDA ELIE

    Au Révérend Frère Hervé,
    Je vous suis depuis facebook et je vous assure que vous êtes excellent: Merci beaucoup vraiment

    Le lien que vous m’avez envoyé pour lire ce qui concerne l’avortement ne fonctionne pas. Je ne sais pas si vous le remarquez aussi.

    Merci

    1. Frère Hervé

      Merci pour votre message et vos encouragements. Priez pour moi ; priez pour toute l’équipe.
      Quant au lien, je viens de le tester ; pour moi il fonctionne.
      Sinon essayez dans le moteur de recherche du site en tapant “avortement” (les premiers caractères suffisent).
      Bien à vous dans le Seigneur.

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