Pourquoi confesser nos péchés exclusivement à un prêtre ?

Un confessionnal
Un confessionnal

Il nous est souvent demandé pourquoi il nous faut confesser nos péchés à un prêtre. Certains, écoutant en cela les protestants, prétextent que la confession ne serait pas biblique tandis que d’autres pensent qu’elle serait d’un autre âge, dépassée. Ainsi, la question demeure : « Pourquoi confessons-nous nos péchés à un prêtre ? » C’est une bonne question. Après tout, ne devrions-nous pas plutôt nous adresser directement à Dieu plutôt qu’à un homme ? Dieu n’est-il pas le seul à pouvoir pardonner les péchés de toute façon ? Ne trouverions-nous pas avantage à nous confesser par exemple devant le Saint-Sacrement ?

Oui, Dieu seul peut pardonner les péchés.

Les baptisés ne peuvent confesser leurs péchés qu’à Dieu seul en vue d’en obtenir le pardon. Nous pouvons parfaitement nous reconnaître pécheurs et demander pardon de nos péchés à Dieu dans notre chambre avant de nous coucher, devant le Saint-Sacrement à l’église et, il faut bien le dire, dans n’importe quel autre endroit. En fait, au cours de la messe, nous demandons le pardon de Dieu à plusieurs reprises.

Donc, si nous le faisons, pourquoi devrions-nous aller voir un prêtre pour nous confesser ?

La raison en est simple : parce que Dieu Dieu l’a voulu ainsi.

Tout au long de l’Ancien Testament (cf. Lv 5, 1-11), Dieu indique clairement qu’Il pardonne les péchés mais qu’il le fait à travers le prêtre. C’est exactement la même chose dans le Nouveau Testament ; Jésus, qui est Dieu, pardonne lui-même les péchés et il confie également la mission de pardonner les péchés en son nom à ses apôtres.

La confession était donc bien son projet. Même si c’est Dieu qui pardonne réellement les péchés d’une personne, le prêtre est le canal de ce pardon et a reçu cette « autorité », cette « compétence », en fait cette grâce de la part du Seigneur.

La confession est-elle biblique ?

En Jean 20, 21-23, nous voyons parfaitement que Jésus donne son pouvoir et son autorité aux hommes, ses apôtres, les premiers évêques de l’Église, afin qu’ils puissent pardonner les péchés.

« Jésus leur dit de nouveau : “La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie.” Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et il leur dit : “Recevez l’Esprit Saint. À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus.” »

Examinons cela plus en profondeur. Le verset commence par : « De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie ». Maintenant, posons-nous la question : pourquoi Jésus a-t-il été envoyé dans le monde ? Assurément, pour la Rédemption ! Jésus est venu sur terre pour pardonner nos péchés et pour réconcilier les gens avec Dieu. À sa suite, Jésus envoie ses apôtres pour accomplir exactement la même mission que lui, en disposant exactement de la même autorité que lui.

Après avoir annoncé l’envoi des apôtres, Jésus « souffla sur eux et il leur dit : “Recevez l’Esprit Saint” ». Il leur insuffle ainsi la puissance et l’autorité de Dieu. Il est intéressant de noter que ce n’est que la deuxième fois dans toute la Bible que Dieu souffle sur quelqu’un. L’autre fois, c’était dans le jardin d’Eden, quand Dieu a insufflé la vie à Adam. Maintenant, Jésus insuffle la puissance du Saint-Esprit à ses apôtres afin qu’ils accomplissent leur mission de continuer le ministère de Jésus de pardonner les péchés et de réconcilier les gens avec Dieu.

Puis, après les avoir mandatés et leur avoir donné l’Esprit et l’autorité, Jésus conclut en leur disant : « Recevez l’Esprit Saint. À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. ». En un mot, il dit aux apôtres qu’ils auront autorité pour pardonner les péchés des hommes (v. 23) ; c’est ce que nous appelons « le pouvoir des clés ».

Les hommes que Dieu a choisis ont donc formellement reçu la mission de Dieu lui-même de pardonner les péchés, ou parfois, pour certaines raisons, de ne pas les pardonner (par exemple, si les gens ne sont pas vraiment repentants, etc.).

Remarquez que Jésus dans ce passage n’a pas dit aux apôtres : « Dites simplement aux gens de confesser leurs péchés directement à Dieu » ni « dites aux fidèles de confesser leurs péchés au Saint Sacrement ». Au contraire, Jésus lui-même a donné exclusivement aux Apôtres le pouvoir de pardonner les péchés en son nom.

Alors, puisque cela a été voulu ainsi par Jésus, comment les prêtres et les évêques pourraient-ils pardonner au nom de Dieu les péchés des baptisés si les baptisés eux-mêmes ne venaient pas leur confier ce qui pèse sur leur âme ? Les prêtres ne pratiquent ni la divination ni la télépathie. Dans les premiers temps de l’Église, les confessions étaient mêmes publiques : on accusait de ses fautes devant toute l’assemblée comme semble nous y inviter d’ailleurs l’apôtre Jacques : « Confessez donc vos péchés les uns aux autres, et priez les uns pour les autres afin d’être guéris. » (Jc 5, 15) Mais, dans un souci de discrétion, le sacrement a évolué vers une confession aux seuls prêtres.

Pourquoi nous confesser à Dieu par le ministère d’un prêtre ?

Quand un baptisé se confesse, c’est bien à Dieu qu’il confesse ses péchés mais, pour recevoir le pardon de Dieu, il le fait par le ministère du prêtre, instrument que Dieu a choisi pour pardonner en son nom. Le prêtre agit donc dans la personne même du Christ, « in persona Christi » disent les spécialistes, en tant que représentant humain de Dieu pour pardonner les péchés dans ce « ministère de la réconciliation ». En confessant, le prêtre, nous dit le Catéchisme de l’Église catholique,

« accomplit le ministère du Bon Pasteur qui cherche la brebis perdue, celui du Bon Samaritain qui panse les blessures, du Père qui attend le Fils prodigue et l’accueille à son retour, du juste Juge qui ne fait pas acception de personne et dont le jugement est à la fois juste et miséricordieux. Bref, le prêtre est le signe et l’instrument de l’amour miséricordieux de Dieu envers le pécheur. »

Que devons-nous confesser ?

Lors de la confession, nous devons confesser tous les péchés mortels que nous avons commis depuis la dernière fois que nous avons reçu l’absolution. Ces péchés « mortels » sont des péchés extrêmement graves (cf. 1 Jn 5, 16-17) qui « tuent » la relation avec Dieu, qui coupent totalement la grâce divine, plaçant l’âme en état de mort, c’est-à-dire séparée de Dieu jusqu’à la prochaine absolution. Nous en proposons une liste non exhaustive en fin de cet article.

Naturellement, nous pouvons aussi confesser nos péchés véniels, nos petits péchés de tous les jours, ceux qui ne détruisent pas totalement la relation à Dieu mais qui l’affaiblissent.

Quelles sont les avantages de la confession ?

Outre le fait que ce soit Jésus lui-même qui nous le demande, il y a au moins sept avantages à se confesser par le ministère d’un prêtre :

1. Tout d’abord, nous sommes des êtres constitués à la fois d’un corps et d’une âme. Nous sommes à la fois des êtres spirituels et de des êtres charnels et, comme tels, nous avons besoin de voir, d’entendre, de toucher, d’expérimenter… Par conséquent, Dieu utilise, comme il le fait en toute chose, des moyens matériels pour nous communiquer des réalités spirituelles et invisibles (l’eau du baptême, le pain et vin pour la messe, l’huile pour la confirmation, etc.). Ici, c’est le baptisé lui-même, en tant que personne, dans sa vie, dans ses actions, dans ses relations avec Dieu et avec les hommes, qui constitue lui-même la « matière » du sacrement de réconciliation : pécheur, gémissant sous le poids de ses fautes, il sollicite du Seigneur la parole qui, par la bouche du prêtre, va le pardonner et le renouveler efficacement.

2. À partir de ce premier point, le pénitent entend réellement, concrètement, du prêtre les mots de l’absolution « Je te pardonne tous tes péchés » puis la confirmation de ce pardon « Tes péchés sont pardonnés, va en paix. » Le pécheur a donc la certitude de savoir que tous ses péchés sont pardonnés. Même s’il ne se sent pas, même si sa conscience continue de rougir de ses fautes, même s’il a parfois l’impression que c’était trop facile, il doit se souvenir que Jésus, le Fils unique de Dieu, s’est fait arracher tous ses vêtements, qu’il a ensuite été cloué sur une croix et qu’il en est mort. En faisant cela, il a pris sur lui tous les péchés de chacun de nous : il a versé une goutte de son sang pour chacun. C’est ce qu’exprime d’une manière forte Blaise Pascal dans le Mystère de Jésus : « Je pensais à toi dans mon agonie, j’ai versé telles gouttes de sang pour toi ». Jésus a souffert pour nous et il est mort à notre place pour que nous soyons libérés de nos péchés !

3. Pour pouvoir bien nous confesser, nous devons préparer notre confession par un examen de conscience sérieux. Ainsi, avant d’aller accuser verbalement nos péchés à un prêtre, l’examen de conscience nous permet d’identifier concrètement les points que nous devons travailler, avec l’aide de Dieu, pour nous conformer chaque jour davantage à sa volonté.

4. Il peut sembler très humiliant d’aller avouer ses péchés à un homme. Or, il ne faut pas oublier que l’orgueil est la raison pour laquelle le diable a été expulsé du ciel, et puisque l’orgueil est la racine de tout péché, en allant vers un autre homme, nous nous humilions, nous combattons notre orgueil et nous remettons sur le chemin de la relation avec Dieu.

5. Lors de la confession, le baptisé peut obtenir des conseils et de l’aide du prêtre pour mieux éviter de retomber dans le péché. De plus, si le pénitent trouve un prêtre qu’elle aime et avec qui elle se sent à l’aise, elle peut ensuite le rencontrer en tant que « père spirituel » qui l’aidera dans les luttes et les difficultés de sa vie spirituelle ou physique.

6. Lorsque nous nous confessons, dans le sacrement, nous recevons des grâces spéciales et une aide de Dieu qui vous donne la force de repartir, d’être plus fort contre le péché et de suivre Jésus plus fidèlement. En cela, le sacrement de réconciliation est un vrai sacrement de guérison.

7. Enfin, la pénitence que la personne reçoit à la fin de la confession la remet sur le bon chemin et diminue sa peine temporelle : le dommage causé par le péché qui doit en effet être réparé. C’est comme lancer une balle dans la fenêtre de votre voisin. Vous pouvez aller vous excuser directement auprès de lui et vous faire pardonner : cela est très bien. Mais ce n’est pas assez. La fenêtre est toujours cassée et elle doit être réparée. Ainsi, il faut bien sûr regretter ses fautes, mais nous devons également en réparer les conséquences que notre péché a occasionné à nos frères et à nous-mêmes. Désormais, pécheur pardonné, nous devons faire de notre mieux pour éviter de retomber dans le péché. Ainsi, se confesse n’est pas seulement s’excuser auprès de Dieu, mais c’est vivre une expérience qui doit changer toute notre vie.

Peut-on se confesser par téléphone, par WhatsApp… ?

À cause de la pénurie de prêtres, parce qu’on vit dans un village éloigné ou simplement parce qu’on a le désir de se confesser à un prêtre qu’on connaît et qu’on aime bien, on peut être tenté de vouloir se confesser par téléphone, par WhatsApp, par mail… Disons le tout de suite : ce n’est pas possible. Un pénitent ne peut pas se confesser sacramentellement et recevoir l’absolution par téléphone, WhatsApp ou autres moyens modernes car le sacrement nécessite la présence physique du pénitent et du prêtre. La confession amène en effet à une proximité personnelle avec le Christ en la personne du prêtre. Mais il faut aussi reconnaître que la confidentialité de l’échange ne peut être assurée si celui-ci était fait à distance.

S’il y a réellement impossibilité de trouver un confesseur, le baptisé qui prend conscience d’avoir commis un péché peut immédiatement faire un acte de contrition parfait en attendant d’avoir l’occasion de se confesser sacramentellement. Cela ne remplacera donc pas la confession sacramentelle mais cela exprime à Dieu, par cette simple prière, la conscience de la gravité du péché, le repentir qu’on en a, la demande de pardon et le désir de ne plus recommencer.

Une histoire vraie pour finir

Il y a une histoire vraie d’un homme qui n’était pas allé se confesser depuis plus de quarante ans. Naturellement, il avait une liste incroyablement longue de péchés et il lui a fallu beaucoup de temps pour tout avouer au prêtre. Après avoir fini d’accuser sa longue liste de fautes, l’homme n’a rien entendu de la part du prêtre. Juste un silence. L’homme se demandait s’il allait être expulsé du confessionnal en raison de sa longue liste de péchés ? Comme cela faisait déjà un moment que le prêtre confessait, l’homme Il pensait que peut-être le prêtre s’était assoupi. Quand soudain, le prêtre est sorti du confessionnal sans rien dire. Il a pris le pénitent pour l’embrasser. Alors que l’homme étreignait le prêtre et pleurait sur son épaule de pure joie, le prêtre a juste dit deux mots : « Bienvenue à la maison ».

Ceci est un signe efficace de l’amour de Dieu pour nous. Il est toujours là pour nous accueillir à la maison, pour oublier le passé et pour rétablir la relation avec nous. La confession est le chemin le plus rapide vers le ciel. C’est pourquoi nous devrions y aller souvent. Plus nous avons de péchés, plus nous avons droit à la miséricorde et à l’amour de Dieu.

Si vous n’êtes pas venu depuis longtemps et que vous ne vous souvenez pas comment, dites-le simplement au prêtre, et il se fera un plaisir de vous guider.

Rappelez-vous : « aussi loin qu’est l’Orient de l’Occident, [Dieu] met loin de nous tous nos péchés » (Ps 102, 12). Jésus nous a également dit qu’ « il y a de la joie devant les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se convertit » (Lc 15, 10). Dieu lui-même aussi se réjouit ! La liberté et l’amour vous attendent !

Trois témoignages de la confession au premiers temps de l’Église

Voici quelques témoignages sur la confession qui datent des premiers temps de l’Église, qui prouvent, si besoin en était, que la confession n’est pas une invention de médiévale comme on l’entend parfois :

Saint Hippolyte de Rome, vers 215 après JC, indiquait comment un évêque qui procède à l’ordination d’un nouvel évêque doit prier :

« …Accordez ceci à votre serviteur, que vous avez choisi pour l’épiscopat, pour nourrir votre saint troupeau et servir comme votre souverain sacrificateur, servant nuit et jour pour se concilier sans cesse devant votre face et pour vous offrir les dons de votre sainte Église, et par l’Esprit du souverain sacerdoce pour avoir l’autorité de pardonner les péchés, en accord avec votre commandement… »

Saint Cyprien, évêque de Carthage (253 après JC) écrivait :

« Les pécheurs peuvent faire pénitence pendant un temps déterminé, puis venir à la confession publique, et par imposition de la main de l’évêque et du clergé, recevoir le droit de communier. »

Jean Chrysostome, évêque de Constantinople (387 après JC) précise

« le prêtre est appelé à l’administration des choses du Ciel, à l’exercice d’un pouvoir que Dieu n’a donné ni aux anges ni aux archanges ! Car ce n’est pas à ceux-ci qu’il a été dit : “Ce que vous lierez sur la terre sera lié dans le ciel ; ce que vous délierez sur la terre sera délié dans le ciel”. (Mt 18, 18) Les puissants de la terre ont, eux aussi, le pouvoir de lier, mais seulement les corps ; le lien dont parle l’évangile est un lien qui saisit l’âme, et qui s’étend jusqu’aux cieux tout ce que font ici-bas les prêtres, Dieu le ratifie là-haut ; le Maître confirme la sentence de ses serviteurs. Il a donné aux prêtres pour ainsi dire la toute-puissance dans le ciel. Il dit : “Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis ; ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus”. (Jn 20, 23) Est-il un pouvoir plus grand que celui-là ? Le Père a donné au Fils tout jugement (Jn 5, 2), et je vois le Fils remettre ce même pouvoir tout entier aux mains de ses prêtres. »

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Frère Hervé

Je suis un religieux ermite, consacré dans cette forme de vie par mon évêque. Je réside en France et suis passionné par la recherche de la Vérité dans l’Écriture sainte, dans la philosophie et la théologie.

Cet article a 4 commentaires

  1. Guiwa

    Merci Père pour cet article sur la confessions.
    Très explicite

  2. Ingrid SODONOUGBO

    C’est vraiment adorable, je vous remercie infiniment frère Hervé pour le pain spirituel que vous nous donniez tous les jours.
    Après la lecture de cet article, j’ai eu assez de connaissances sur quelques points de la confession que j’ignorais. Parfois on est tenté à se détourner de notre religion car on aurait pas peut être trouvé quelqu’un comme vous dans le but de nous donner quelques éclaircissements. Soyez bénis dans le Christ Jésus.
    Merci beaucoup

    1. GANKPON Raphaël

      Je ne peux pas finir de lire cet article sans pouvoir laisser un mot à nos prêtres qui ne cessent de nourrir notre âme à travers ces articles qu’ils conçoivent : merci à vous chers pères . Daigne le Seigneur vous combler de ses grâces ,au delà de vos attentes .

  3. MILOÏ Comphor Majoi

    Cet article est vraiment explicite et instructif. Merci cher Frère Hervé et que les bénédictions de Dieu descendent sur vous abondamment et demeurent à jamais.

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