Six péchés contre l’Esprit Saint

La lumière dans les ténèbres

Synthèse pour le lecteur pressé

Il y a six péchés contre l’Esprit Saint : le désespoir du salut, la présomption du salut sans le mérite, la contestation de la vérité connue, l’envie de la grâce d’autrui, l’obstination dans le péché et l’impénitence finale. Leur caractéristique commune est la fermeture de la personne à la miséricorde et au salut de Dieu. Ces péchés ne sont pas des actes ponctuels d’offense à Dieu ni à la personne de l’Esprit, mais une manière d’être d’opposition définitive à Dieu et à tout ce qui vient de lui.

La vraie signification du « péché contre l’Esprit Saint » est inconnue de plusieurs chrétiens. Plus encore difficile est la connaissance de la liste de ces péchés et leur explication. Dans cet article, nous allons faire un survol sur le sens même du « blasphème contre l’Esprit Saint » et, à partir de là, nous essaierons d’expliquer comment chacun des six péchés peut être qualifié de « péché contre l’Esprit Saint ». Voici déjà la liste des six péchés contre la troisième personne de la sainte Trinité : le désespoir du salut, la présomption du salut sans le mérite, la contestation de la vérité connue, l’envie de la grâce d’autrui, l’obstination dans le péché et l’impénitence finale.

Signification de ce péché

De ce que nous retenons dans les textes évangéliques qui lui servent de support (Mt 12, 31-32 ; Mc 3, 28-29 ; Lc 12, 10), le « péché contre l’Esprit Saint », encore appelé « blasphème contre l’Esprit Saint », est le péché qui consiste à choisir délibérément de se fermer à Dieu, à son pardon et à son salut.

Ce péché est, dans le fond, un rejet de la miséricorde et du pardon, que le Seigneur accorde à l’homme par son Esprit. En conséquence, refuser d’être sauvé, c’est refuser totalement l’Esprit par lequel Dieu accorde la miséricorde et le salut à l’homme. Ce péché est impardonnable, non pas parce que Dieu ne veille pas pardonner, mais parce que le pardon offert de Dieu est refusé. Son caractère impardonnable ne vient donc pas de Dieu, qui pardonne toujours, mais de l’homme qui refuse d’être pardonné.

Il faut donc corriger l’erreur qui consiste à croire que le péché contre l’Esprit Saint est l’offense que l’on peut faire à l’Esprit Saint par des paroles de péché (ce sont des actes de péché). Le péché contre l’Esprit Saint est un « état de péché », un mode voulu de vie et de relation dont l’aboutissement est le rejet de Dieu et la négation du péché lui-même. S’il n’y a ni Dieu ni péché, il n’y a plus ni regret ni besoin de pardon.

Comprendre les six péchés

Ces six péchés sont classés selon trois catégories. Deux péchés concernent le jugement de Dieu. Il s’agit du désespoir du salut et de la présomption de se sauver sans le mérite. Nous avons ensuite deux péchés liés aux dons de Dieu : la contestation de la vérité connue et l’envie de la grâce d’autrui. Enfin, nous avons deux péchés qui concernent la réalité même du « péché » : l’obstination dans le péché et l’impénitence finale. Essayons donc de les comprendre péché par péché.

Les péchés liés au jugement

Il s’agit du « désespoir du salut et la présomption du salut sans mérite ». L’un est le contraire de l’autre, mais le résultat est parfaitement le même : se fermer totalement au pardon de Dieu. « Désespérer du salut », c’est perdre toute espérance dans la puissance de Dieu de pardonner nos péchés. On se dit : « J’ai tellement péché que je suis sûr que Dieu ne me pardonnera jamais ». Du coup, puisqu’on ne croit plus du tout au pardon de Dieu, on n’est pas prêt à l’accueillir de lui. Celui qui croit qu’il est définitivement perdu ne demande pas pardon. Il a perdu en lui tout capacité de repentir et de d’ouverture à la miséricorde. Il se dit « À quoi bon de demander pardon, puisque je ne peux être pardonné ? ». C’est un péché contre l’Esprit Saint.

Quant au péché de « présomption de se sauver sans mérite », il consiste en la destruction en l’homme de la crainte de la justice de Dieu. En réalité, ce péché ne considère plus la justice, comme si la justice divine n’existait plus. Voici le raisonnement : « Dieu n’est que miséricorde. Il pardonnera tous nos péchés. D’ailleurs, il a déjà effacé tous nos péchés avec la mort de son fils ». Le comportement conséquent est qu’on pèche en se disant : « Malgré tout, je serai sauvé ». La présomption de bénéficier du salut effort détruit en l’homme le désir d’obéir aux commandements de Dieu, car cette présomption annule la « justice » et ne proclame que la miséricorde.

On voit bien que les deux péchés produisent le même résultat : se fermer à la miséricorde pour s’installer dans le péché. Le désespoir du salut ne croit pas en la miséricorde divine alors que la présomption de se sauver sans mérite ne croit pas en la justice divine.

Les péchés liés à la grâce divine

Nous avons retenu ici aussi deux péchés : la contestation de la vérité connue et l’envie de la grâce d’autrui. En quoi ces deux péchés sont des signes de fermeture volontaire de l’homme à son propre salut ? La réponse générale est ceci que la grâce que Dieu accorde à l’homme a pour finalité de le sortir du péché et de le mettre en communion avec Dieu. Un refus ou un rejet volontaire de cette grâce est le signe d’un choix de ne pas sortir du péché.

C’est ainsi que le péché de la « contestation de la vérité connue » est un choix libre de ne pas laisser Dieu nous instruire pour sortir du péché. L’ignorance est la cause de notre mort spirituelle. Or si la connaissance est livrée et que, par choix, on le refuse, alors on choisit les ténèbres contre la lumière. Prenons l’exemple des pharisiens qui attribuent à Belzéboul, le chef des démons, un miracle opérer par Jésus, les pharisiens tombent dans la contestation de la vérité connue. Ils savent en effet que, les miracles de Jésus viennent de Dieu afin qu’ils confessent en lui le Messie envoyé par Dieu. Cette vérité est évidente.

Bien que le miracle soit suffisamment clair, bien que cette vérité soit épatante, les pharisiens ont choisi d’aller au plus fort, en refusant cette vérité. Du coup, ils s’enfoncent dans l’erreur, dans l’aveuglément, dans le rejet de cette vérité qui pouvait les sauver. C’est ainsi que, par la parole de Dieu, on apporte les preuves tangibles de la vérité révélée, mais, par principe, certaines personnes s’y opposent totalement. C’est un principe d’opposition devenu comme une identité, une manière d’être. Quand on rejette par principe que le mensonge est un péché, on s’octroie en conséquence le droit de pécher librement en mentant. C’est un péché contre l’Esprit Saint.

Il faut aussi tenir comme un péché contre l’Esprit Saint « l’envie de la grâce d’autrui ». Il s’agit, dans la vérité, d’une espèce de jalousie non seulement vis-à-vis de la personne mais aussi et surtout de la grâce divine opérant en elle. De ce point de vue, le péché consiste à nier cette grâce, voire même à la détruire. C’est donc une forme de contestation qui a pour finalité de se fermer à Dieu qui agit dans la vie des autres. Cette jalousie peut avoir pour conséquence de renier en soi-même le secours de la grâce sanctifiante personnelle.

Les péchés liés à la nature du péché

Les deux derniers péchés contre le Saint-Esprit sont l’obstination dans le péché et l’impénitence finale. On entend par « obstination dans le péché » le fait de trouver un plaisir ou un bien dans le péché. Au nom de cela, on se résout à pécher, à s’attacher au mal. L’obstination détruit donc dans la conscience humaine le retour sur les faits passés pour s’en repentir. Au contraire, elle donne une légitimité au mal. C’est ainsi que certaines personnes s’entêtent dans le mal, y trouvant comme un plaisir à s’y enfoncer.

Autre chose est « l’impénitence finale ». Elle consiste à n’éprouver aucun regret du mal que l’on fait. Dans le fond, l’homme peut se sauver du péché en en considérant son horreur et ses conséquences dévastatrices. Il regrette alors ses péchés. Le contraire de ce sentiment du mal que l’on regrette est l’impénitence. Il ne s’agit pas de s’enliser volontairement dans le péché jusqu’au dernier souffle (ce serait de l’obstination dans le péché). L’impénitence, à proprement parler, est cette inclination de l’être humain qui prend la décision de ne pas se repentir. Celui qui est dans ce péché ne connaît pas de remords. Or on sait bien que la demande de pardon, l’ouverture au pardon de Dieu commence par le regret de ses péchés. L’impénitence finale serait comme une conséquence de la considération du péché comme un bien et donc l’annulation délibérée en soi de dire un jour : « Seigneur, je regrette de t’avoir fait de la peine ».

Vous aurez constaté que chacun des six péchés contre l’Esprit Saint porte en lui un une tendance volontaire au rejet de la grâce. Chacun d’eux n’implique pas un acte ponctuel mais une condition définitive, comme une manière d’être hostile au salut. Les péchés contre l’Esprit Saint ne sont donc pas des péchés ponctuels, des actes précis, mais un mode de vie en opposition radicale à Dieu. Mais attention de ne pas confondre « péché contre l’Esprit Saint » et « péchés capitaux ».

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Abbé Jean Oussou-Kicho

Je suis prêtre de l’archidiocèse de Cotonou (Bénin), ordonné en 2008, licencié en théologie morale. Directeur de complexe scolaire, je suis investi dans la pastorale des réseaux sociaux, devenus un nouveau terrain propice pour l’évangélisation et l’éducation des chrétiens

Cet article a 7 commentaires

  1. ATINHO

    Merci bien Père pour cette nouvelle procédure d’évangélisation. Que le Seigneur vous fortifie et vous comble. Je ne sais pas si vous essayez de faire le partage par les autres réseaux sociaux.

    1. Abbé Jean Oussou-Kicho

      Merci pour l’appréciation. Voulez-vous vous occuper de cette rubrique ? Ce sera votre participation à l’évangélisation. J’attendrai votre retour.

  2. ATCHATIN Hermann

    Très édifiant cher père. Que Dieu vous fortifie et vous inspire davantage.

  3. Ida Pascaline AHOKPE

    Que L‘Esprit Saint fasse de vous sa demeure. Amen

  4. Safi Séverine

    Merci Padre pour cette matière, je viens de comprendre Qu’est ce que ” pécher contre l’Esprit Saint” surtout comment différencier ces six péchés, je veux juste savoir si on peut avoir cette prédication en version Word pour aider en enseignement les autres, merci. Si oui voici mon mail : safiseverine@yahoo.fr et sanzis.safi@gmail.com

    1. Abbé Jean Oussou-Kicho

      Bonjour Sévérine. Ce n’est pas un texte bien compliqué. Le traitement de texte et la publication ne proviennent pas de la même source. Je vous propose, pour faire simple de noter. Ce n’est pas si compliquer ma sœur. L’avantage est que tu comprendras mieux et tu l’expliqueras mieux. Essaie et fais-moi savoir le résultat.

  5. FALADE

    Cher père, je suis très ému en vous lisant je fier d’être catholique c’est l’ignorance qui a conduit beaucoup de catholique dans les églises protestantes
    Merci bien

Les commentaires sont fermés.