L’évangile de Barnabé parle-t-il de Mohammed et de l’Islam ?

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Bien que l’ « Évangile » de Barnabé » ait été largement diffusé ces dernières années dans le monde musulman, la plupart des musulmans n’ont jamais lu ce livre.

De nombreux musulmans sont convaincus que ce livre raconte la vérité ultime sur la vie et l’enseignement de Jésus-Christ. Ce livre affirme que Jésus n’était pas le Fils de Dieu, qu’il n’a pas été crucifié et qu’il a prédit la venue de Mohammed. En conséquence, certains musulmans croient fermement que ce livre est le véritable « Injil » qui a été donné à Jésus, le véritable « Évangile », le « Testament original » et que les chrétiens l’ont remplacé par le « Nouveau Testament ». Une telle attitude trahit une lamentable ignorance, non seulement du contenu de l’ « Évangile de Barnabé », mais aussi de la structure de la Bible dans son ensemble.

Il est donc nécessaire de montrer par des preuves claires ce qu’est réellement l’ « Évangile de Barnabé » : un faux manifeste du Moyen Âge qui n’a aucune valeur historique et doit donc être rejeté. Il est regrettable que les hommes puissent croire un seul instant que ce livre est un récit fidèle de la vie de Jésus-Christ.

Cet article est long car il veut réfuter de nombreux arguments ; toutefois, il se veut rester assez simple.

L’apôtre Barnabé ne peut pas être l’auteur de ce livre

Ce livre prétend être un Évangile et son auteur en serait l’apôtre Barnabé en personne.
Il nous faut donc voir qui était vraiment Barnabé. Nous allons donc comparer ce que nous savons du véritable Barnabé de la Bible et ce que nous savons de l’auteur dudit « Évangile de Barnabé ».

Au début et à la fin de ce livre apparaissent deux phrases intéressantes :
« Beaucoup, trompés par Satan, sous prétexte de piété, prêchent la doctrine la plus impie, appelant Jésus fils de Dieu, répudiant la circoncision ordonnée de Dieu pour toujours, et permettant toute viande impure : parmi lesquels Paul aussi a été trompé ».

« D’autres ont prêché qu’il était vraiment mort, mais qu’il était ressuscité. D’autres ont prêché, et pourtant prêchent, que Jésus est le fils de Dieu, parmi lesquels Paul est trompé. »

L’auteur de ce livre utilise un langage fort pour dénoncer l’enseignement de saint Paul, notamment en ce qui concerne la circoncision, la crucifixion, la mort et la résurrection de Jésus et la foi que Jésus est bien le Fils unique de Dieu. En fait, le livre entier abonde en discours dirigés contre les enseignements de saint Paul. L’auteur de ce livre est carrément aux antipodes de Paul, de sa doctrine, de sa prédication et de son enseignement.

C’est la première des nombreuses preuves contre l’authenticité de ce livre. Or, « Barnabé » ne peut être l’auteur de ce livre.

Barnabé apparaît parmi les apôtres uniquement après l’ascension de Jésus lorsque l’Église primitive se développait dans l’actuelle Palestine. Comme geste de foi et d’amour envers ses frères, Barnabé a vendu un champ qu’il possédait et il en a donné le produit aux apôtres pour qu’il les distribue à leur discrétion à ceux qui étaient dans le besoin parmi les frères. Ce geste de bonté fut une grande source d’encouragement pour les croyants. Les apôtres nommèrent alors le généreux donateur « Bar-nabas », ce qui signifie « Fils d’encouragement » alors qu’avant, il était appelé Joseph (Ac 4, 36).

Ici l’auteur de l’ « Évangile de Barnabé » commet sa première faute grave car il laisse entendre tout au long de son livre que non seulement Barnabé était un des Douze mais aussi qu’il était connu sous ce nom de « Barnabé » tout au long de la vie publique de Jésus. Or, Barnabé n’a jamais fait partie des Douze même si, comme à Paul, on lui donne ensuite le titre d’apôtre (Ac 14, 14). On en parle comme cousin de Marc, sans doute l’évangéliste (Ac 12, 12 ; Col 4, 10). Malgré cela, à plus d’une occasion dans le livre, Jésus se serait prétendument adressé à Barnabé par ce nom et la première occasion, qui survient dès les premières pages de ce livre :

« Jésus répondit : “Ne sois pas affligé, Barnabé ; car ceux que Dieu a choisis avant la création du monde ne périront pas” ».

Il s’agit d’un anachronisme évident qui détruit à lui seul la possibilité que ce livre ait vraiment été écrit par l’apôtre Barnabé qui n’a reçu ce nom qu’après l’ascension de Jésus à cause de sa générosité. Barnabé n’est pas un disciple de la première heure comme présenté dans le livre. C’est une première objection fatale à l’affirmation que ce livre a été écrit par Barnabé.

D’autres preuves détruisent aussi l’affirmation selon laquelle ce livre a pu être écrit par lui. La fois suivante où Barnabé apparaît dans la Bible, ce fut à l’occasion de la première visite de Paul à tous les apôtres à Jérusalem. Parce que les apôtres savaient que Paul avait été au cours des années précédentes un persécuteur implacable des premiers chrétiens, les apôtres et les autres chrétiens de Jérusalem doutaient qu’il soit véritablement converti à leur foi. « Mais Barnabé le prit et l’amena vers les apôtres, et leur raconta comment sur la route il avait vu le Seigneur, qui lui parlait, et comment à Damas il avait prêché hardiment au nom de Jésus. » (Ac 9, 27)

Seulement sept versets plus tôt, nous avons lu que lorsque Paul s’est engagé dans la prédication publique dans la synagogue de Damas, « immédiatement il a proclamé Jésus, en disant : “Il est le Fils de Dieu”. » (Ac 9, 20). Lorsque ce même Paul est venu à Jérusalem, c’est Barnabé qui l’a vigoureusement défendu comme un vrai disciple de Jésus. Or, c’est exactement le contraire qui est relaté dans le soi-disant « Évangile de Barnabé » où l’auteur prend Paul à partie pour le fait même qu’il proclamait que Jésus est le Fils de Dieu.

Le vrai Barnabé des Actes des apôtres était le bras droit de ce même Paul qui enseignait publiquement que Jésus était bien le Fils de Dieu. C’est ce même Barnabé qui le représentait à Jérusalem et qui n’a ménagé aucun effort pour y persuader les disciples que Paul était vraiment un disciple de Jésus.

L’auteur réel de l’ « Évangile de Barnabé » n’aurait pas pu faire un pire choix pour attribuer la « paternité » de Barnabé pour son livre. Il a écrit ce livre ostensiblement comme une attaque contre Paul et choisit de désigner comme auteur du livre le seul homme qui a toujours été aux côtés de Paul, le recommandant à toutes les fois comme un vrai disciple de Jésus et approuvant sa prédication partout où il allait. Pour le dire clairement, l’auteur de l’ « Évangile de Barnabé » a choisi comme auteur contre l’enseignement de Paul celui-là même qui a soutenu cet enseignement plus activement que quiconque au cours de son ministère. Barnabé était le frère de sang spirituel de Paul. Notre véritable auteur a donc fait une autre gaffe calamiteuse en suggérant que l’apôtre Barnabé était l’auteur du faux « Évangile » qu’il a composé.

Au fur et à mesure que nous avançons dans la vie de Barnabé, ce fait ressort encore plus clairement. Lorsque l’Église de Jérusalem apprend que l’église d’Antioche se développe bien, les apôtres décident d’y envoyer Barnabé pour prendre en charge l’enseignement et l’instruction des nouveaux croyants. Mais Barnabé estime qu’il ne peut pas gérer cela tout seul, et demande l’aide d’un autre coreligionnaire. Sans hésitation, Barnabé va jusqu’à Tarse en Asie Mineure pour trouver Paul et immédiatement l’amène à Antioche pour l’aider dans l’instruction de l’Église de la ville. Nous lisons ce qui suit de leur ministère :

« Pendant une année entière, ils rencontrèrent l’Église et enseignèrent à un grand nombre de personnes ; et à Antioche les disciples furent pour la première fois appelés chrétiens. » (Ac 11.26).

C’est donc sous le ministère conjoint de Paul et de Barnabé que les disciples sont appelés chrétiens. Après cela, Paul et Barnabé vont à Jérusalem avec l’aide des frères à cause d’une famine qui avait lieu à l’époque de l’empereur romain Claude (Ac 11, 28-30). Puis, Paul et Barnabé retournent à Antioche (Ac 12,25). Ils continuent à diriger l’Église là-bas et sont ensuite envoyés par l’Église pour prêcher l’Évangile dans les provinces de Galatie (dans ce qui fait partie de la Turquie telle que nous la connaissons aujourd’hui).

Partout, Paul et Barnabé prêchent que Jésus est le Fils de Dieu et que Dieu l’a ressuscité des morts (cf. Ac 13, 33). Et pourtant, l’auteur de l’ « Évangile de Barnabé » voudrait nous faire croire que Barnabé était un ennemi juré de Paul sur ces questions !

Nous les trouvons pourtant tous deux proclamant que les ordonnances restrictives du judaïsme (par exemple la circoncision) ne doivent pas être imposées aux Gentils et qu’elles ne sont pas nécessaires pour le salut. Un événement très intéressant dans leur ministère commun est enregistré en ces mots :

« Mais des hommes descendirent de Judée et enseignaient aux frères : “Si vous n’êtes circoncis selon la coutume de Moïse, vous ne pouvez être sauvés”. Et quand Paul et Barnabé n’eurent pas de petites dissensions et débattirent avec eux, Paul et Barnabé et quelques-uns des autres furent nommés pour monter à Jérusalem vers les apôtres et les anciens à propos de cette question. » (Ac 15, 1-2).

Certains judaïsants étaient venus parmi les premiers chrétiens déclarant que la circoncision était nécessaire au salut. Qui trouvons-nous débattant vivement avec eux sur ce point ? Nul autre que Paul et Barnabé ! Et pourtant, dans l’ « Évangile de Barnabé », nous lisons qu’une des « doctrines impies » à laquelle Paul tenait était la répudiation de la circoncision. Qu’il l’ait répudiée comme un élément essentiel du salut, nous le concéderons volontiers (Ga 5, 2-6) mais son principal soutien dans cette répudiation n’est autre que Barnabé ! Une fois de plus l’auteur a commis une gaffe en faisant de Barnabé l’auteur de son déplorable faux.
En effet, selon l’ « Evangile de Barnabé », Jésus aurait dit à ses disciples : « Laissez la crainte à celui qui n’a pas circoncis son prépuce, car il est privé du paradis »

Ainsi la circoncision est un élément essentiel et une condition préalable du salut dans l’ « Évangile de Barnabé » et l’auteur adhère évidemment à cette doctrine. Mais du vrai Barnabé, nous lisons qu’il s’est joint à Paul pour débattre furieusement contre la doctrine des judaïsants selon laquelle la circoncision était nécessaire au salut. Il est tout à fait clair que le vrai Barnabé n’était pas l’auteur du livre qui porte son nom et que quelqu’un d’autre a non seulement falsifié ce livre mais a également déformé le nom de son auteur.

Non seulement les apôtres à Jérusalem étaient d’accord avec Paul et Barnabé que la circoncision n’était pas nécessaire mais, comme Paul l’a dit, ils « ont donné à moi et à Barnabé la main droite de la communion » (Galates 2.9). Une fois de plus, la sympathie et l’unité de Barnabé avec Paul sont clairement révélées et il est évident que dans l’Église primitive, chaque fois que les chrétiens de Jérusalem pensaient à Barnabé, ils devaient immédiatement l’associer à Paul.

Dans le troisième chapitre de Galates, nous avons une preuve supplémentaire que Barnabé était un chrétien à tous points de vue et non un opposant au christianisme comme l’est l’auteur de l’ « Évangile de Barnabé ». Paul, chagriné que les Galates considéraient une question aussi insignifiante que la circoncision comme essentielle pour le salut, les blâme ouvertement pour avoir perdu de vue l’œuvre merveilleuse et suffisante de Jésus qui, seul, a fait du salut une réalité pour les hommes par sa mort expiatoire sur la croix. Il les réprimande ainsi :

« Ô Galates insensés ! Qui vous a ensorcelé, devant les yeux de qui Jésus-Christ a été publiquement dépeint comme crucifié ? » Galates 3.1
Nous devons nous demander : par qui Jésus-Christ a-t-il été « publiquement présenté comme crucifié » aux yeux des Galates ? Qui leur a d’abord prêché l’Évangile de Jésus ? Personne d’autre que Paul et Barnabé ! Ainsi, à partir de cette lettre, nous avons une preuve concrète supplémentaire que Barnabé était un champion de l’Évangile que Paul a prêché. Certes, il n’était pas seulement un apôtre de la vraie persuasion chrétienne, mais dans sa quête de communion, il a choisi Paul comme son compagnon le plus proche. L’apôtre Barnabé ne saurait être l’auteur de l’Évangile qui lui est attribué !

L’unité transparente dans la mission et le but de Paul et Barnabé est finalement rendue encore plus claire par ce bref résumé de leurs activités ensemble :

« Des fervents convertis au judaïsme ont suivi Paul et Barnabé, qui leur ont parlé et les ont exhortés à continuer dans la grâce de Dieu » (Actes 13, 43) … « Paul et Barnabé ont parlé avec audace » (13, 46) … les Juifs ont suscité la persécution contre Paul et Barnabé (13, 50) … Paul a continué avec Barnabé à Derbe (14, 20) … Paul et Barnabé n’ont pas eu de petites dissensions et ont débattu avec eux (15, 2) … et ils ont écouté Barnabé et Paul pendant qu’ils racontaient quels signes et prodiges Dieu avait accomplis à travers eux parmi les Gentils (15, 12)… alors il parut bon aux apôtres et aux anciens, avec toute l’église, de choisir des hommes parmi eux et de les envoyer à Antioche avec Paul et Barnabé (15.22 ) … nos bien-aimés Barnabé et Paul, hommes qui ont risqué leur vie pour l’amour de notre Seigneur Jésus-Christ (15, ) … Paul et Barnabé sont restés à Antioche, enseignant et prêchant la parole du Seigneur (15.35) »

Il y a un tel contraste entre le vrai Barnabé qui, à travers tous ces événements, choisit Paul comme compagnon, et le pseudo-auteur de l’ « Évangile de Barnabé », qui a un antagonisme tellement fort à l’égard de Paul et de son enseignement, qu’on ne peut s’empêcher de conclure que l’ « Évangile de Barnabé » est un faux. Il n’a pas été écrit par Barnabé mais par quelqu’un d’autre qui a commis une erreur tactique majeure en choisissant un proche compagnon de Paul comme auteur de ce livre.

Deux points de l’Évangile de Barnabé montrent également que l’auteur ne pouvait pas être le véritable apôtre Barnabé.

Premièrement, ce livre amène Jésus à nier constamment qu’il est le Messie et pourtant le même livre appelle Jésus lui-même le « Christ ». Toute personne ayant une connaissance de base du grec sait que « Christos » est la traduction grecque de « Messie » (un mot hébreu) et que « Jésus-Christ » est une forme occidentale du grec « Iesous Christos », qui signifie « Jésus le Messie ». La contradiction très réelle qui existe ici dans l’ « Évangile de Barnabé » est une preuve supplémentaire que l’auteur n’était pas Barnabé lui-même. Il venait de Chypre, une île où le grec était la langue commune, et le grec aurait été sa langue maternelle.

Deuxièmement, l’auteur de l’ « Évangile de Barnabé » a choisi de ne rien savoir du ministère de Jean-Baptiste dans son livre mais a sournoisement pris le témoignage de Jean à Jésus dans la Bible et l’a changé en un supposé témoignage de Jésus à Mohammed ! Ce qui est évident, cependant, pour quiconque a lu la vie de Jésus dans la Bible, c’est que l’auteur de l’ « Évangile de Barnabé » a essayé de faire de Jésus un prophète annonçant la venue de Mohammed de la même manière que Jean-Baptiste fut annonciateur de la venue de Jésus : pour cela, il a mis Jésus dans la peau de Jean et lui a fait dire de Mohammed ce que Jean a vraiment dit de lui !

En conséquence, l’auteur de l’ « Évangile de Barnabé » a dû omettre complètement la personne et le ministère de Jean de son livre. Il est certain que le vrai Barnabé, qui était un « homme bon, rempli du Saint-Esprit et de foi » (Ac 11, 24), n’aurait jamais recouru à un tel mensonge dans la cause de la vérité à laquelle il s’est tant consacré toute sa vie.

Il existe des preuves accablantes que le vrai Barnabé n’était pas l’auteur du livre qui circule aujourd’hui dans le monde musulman et qui prétend être écrit par lui.

Preuve de son origine médiévale

Le Jubilé

Nous trouvons de nombreuses preuves dans l’ « Évangile de Barnabé » qu’il a été écrits au Moyen-Âge, plusieurs siècles après l’époque de Jésus et de Mohammed.
Au temps de Moïse, Dieu ordonna que les Juifs devaient observer une année de jubilé deux fois par siècle :

« Un jubilé sera pour vous cette cinquantième année. » (Lv 25, 11)
Au cours des siècles, ce commandement a été observé et l’Église catholique romaine l’a finalement repris dans sa pratique. Vers 1300, le pape Boniface VIII décrète que ce jubilé doit être observé une fois tous les cent ans. Après la mort de Boniface, le pape Clément VI décréta en 1343 que le jubilé devrait revenir désormais à une fois tous les cinquante ans comme il était observé par les Juifs après l’époque de Moïse. Maintenant, nous trouvons dans l’ « Évangile de Barnabé » que Jésus aurait dit : « Et alors, dans le monde entier, Dieu sera adoré et miséricorde reçue, de sorte que l’année du jubilé, qui vient maintenant tous les cent ans, sera par le Messie réduite à chaque année en tout lieu. »

L’auteur de l’ « Évangile de Barnabé » n’aurait pu citer Jésus comme parlant de l’année du jubilé comme venant « tous les cent ans » que s’il connaissait le décret du pape Boniface VIII. Et, comment aurait-il pu connaître ce décret s’il n’avait vécu en même temps que le pape ou quelque temps après ? Il s’agit là d’un anachronisme clair qui oblige à conclure que l’ « Évangile de Barnabé » n’a pas pu être écrit avant le 14e siècle de notre ère.

Cela signifie également que l’ « Évangile de Barnabé » date d’au moins sept cents ans après l’époque de Mahomet et qu’il n’a donc aucune valeur historique. Bien qu’il fasse prédire nommément par Jésus la venue de Mohammed (c’est pourquoi ce livre est aujourd’hui un best-seller dans le monde de l’islam), ces soi-disant « prophéties » n’ont donc ni intérêt ni valeur du tout. L’ « Évangile de Barnabé » contient de nombreux discours et pratiques entièrement conformes aux enseignements de base de l’Islam mais ces indications n’ont donc aucune valeur car le livre a été écrit au moins sept cents ans après l’avènement de l’Islam.
Les « prophéties » qui sont composées pour la première fois des siècles après la réalisation de l’événement qu’elles prédisent n’ont pas plus d’intérêt ni de valeur que les prévisions météorologiques d’hier !

Nous concluons, à partir de la citation frappante sur l’année jubilaire, que l’auteur de l’Évangile de Barnabé a écrit son livre au plus tôt au quatorzième siècle après Jésus-Christ.

Citations de Dante

Dante était un Italien qui a vécu à l’époque du pape Boniface et a écrit sa célèbre « Divina Comedia » au 14e siècle. C’était essentiellement un fantasme sur l’enfer, le purgatoire et le paradis.

Maintenant, dans l’ « Évangile de Barnabé », nous lisons que Jésus aurait dit des prophètes d’autrefois : « Ils allèrent avec empressement et avec joie à la mort, afin de ne pas offenser la loi de Dieu donnée par Moïse son serviteur, et d’aller servir des dieux faux et menteurs ».

L’expression « dieux faux et menteurs » (dei falsi e lugiardi) se retrouve également dans plusieurs autres passages de l’ « Évangile de Barnabé ». À une occasion, c’est encore Jésus qui utilise soi-disant ces mots et à une autre, c’est l’auteur lui-même qui décrit Hérode comme servant « des dieux faux et menteurs ». Or, cette expression ne se trouve ni dans la Bible ni dans le Coran. Ce qui est intéressant, cependant, c’est qu’il s’agit d’une citation directe de Dante ! (issue de Enfer 1,72). De nombreuses descriptions de l’enfer dans l’ « Évangile de Barnabé » rappellent également celles du troisième chant de l’Enfer de Dante.

De même l’expression « faim furieuse » (rabbiosa fame) rappelle aussi le premier chant de l’Enfer de Dante. Tous deux parlent des « cercles de l’enfer » et l’auteur de l’Évangile de Barnabé fait aussi dire à Jésus s’adressant à Pierre :
« Sachez donc que l’enfer est un, mais qu’il a sept centres l’un au-dessous de l’autre. Par conséquent, comme le péché est de sept sortes, car comme sept portes de l’enfer l’ont engendré, Satan y a sept châtiments. » C’est précisément la description de Dante que l’on trouve dans les 5e et 6e chants de son « Inferno ».

Nous lisons dans l’ « Évangile de Barnabé » qu’il y a neuf cieux et que le Paradis, comme l’Empyrée de Dante, est le dixième ciel au-dessus de tous les neuf autres. L’auteur de l’ « Évangile de Barnabé » avait même fait dire à Jésus : « Le paradis est si grand qu’aucun homme ne peut le mesurer. En vérité, je te dis que les cieux sont neuf… Je te dis que le paradis est plus grand que toute la terre et tous les cieux réunis ».

Il est clair que l’auteur de l’ « Évangile de Barnabé » connaissait l’œuvre de Dante et n’avait aucun scrupule à la citer. En conséquence, nous avons une preuve supplémentaire que l’ « Évangile de Barnabé » n’a pas pu être écrit avant le 14e siècle, soit des centaines d’années après l’époque de Jésus et de Mohammed. C’est donc un faux sans valeur qui devrait être désavoué comme tel par tout musulman qui croit en son for intérieur qu’aucun mensonge ne peut être la vérité.

L’environnement médiéval de l’Évangile

L’auteur de l’ « Évangile de Barnabé » affirme avoir été avec Jésus tout au long de son ministère et doit donc avoir marché avec lui pendant ces trois années que Jésus a servi le peuple d’Israël. Dans ces circonstances, nous nous attendons à trouver des descriptions fidèles de cette région. Cependant nous y trouvons plutôt de nombreux indices qui trahissent un arrière-plan médiéval occidental. On lit dans un discours que Jésus est censé avoir fait à ses disciples dans le désert au-delà du Jourdain : « Voyez donc comme le monde est beau en été, quand tout porte du fruit. Le paysan lui-même, ivre de joie à cause de la moisson qui vient, fait retentir les vallées et les montagnes de son chant, car il aime suprêmement ses travaux ».

C’est une description juste de l’Espagne ou de l’Italie en été mais certainement pas de la Palestine où la pluie tombe en hiver et où les champs sont desséchés en été. La Palestine a toujours été une partie du monde où la culture de la terre a exigé beaucoup d’efforts et où une grande partie de la campagne est totalement aride et sans herbe. Il est impossible que cette terre soit considérée comme une terre verte, fertile, facile à travailler.

Encore une fois, nous lisons dans l’ « Évangile de Barnabé » que Marthe, sa sœur Marie et son frère Lazare étaient les « seigneurs » de deux villes, Magdala et Béthanie. Cette propriété seigneuriale des villages et des villes appartient au Moyen-Âge lorsque le système féodal s’est enraciné dans la société européenne. Une telle pratique était totalement inconnue à l’époque de Jésus lorsque les forces d’occupation romaines contrôlaient la majeure partie de la terre de Palestine.

Un exemple similaire de l’environnement médiéval de cet « évangile » est la référence qu’il contient aux « tonneaux de vin » ; en effet, le vin était stocké dans des outres en Palestine (Mt 9, 17) tandis que les tonneaux en bois étaient bien utilisés en Europe au Moyen-Âge.

Ces anachronismes excluent donc toute possibilité que l’ « Évangile de Barnabé » soit véritablement ce qu’il prétend être. Il est certain qu’il s’agit d’un faux du Moyen Âge sans doute écrit par un musulman qui, probablement frustré de ne pouvoir prouver que les vrais évangiles de la Bible sont corrompus, a écrit un faux évangile et a proclamé que son mensonge était désormais la vérité !

Si l’auteur de l’ « Évangile de Barnabé » révèle dans son livre qu’il a une connaissance exacte de la structure de la société médiévale, il expose en même temps son ignorance de la terre de Palestine qu’il est supposé avoir traversée en tant que disciple de Jésus pendant au moins trois ans ! Il dit :
« Arrivés à la ville de Nazareth, les marins répandirent dans la ville tout ce que Jésus avait fait. »

Dans ce passage, Nazareth est représentée comme une ville côtière, un port sur le lac de Galilée. Après cela, nous lisons que Jésus « monta à Capharnaüm » de Nazareth, comme si Capharnaüm était sur la colline près de la mer de Galilée. Ici, l’auteur montre qu’il ne connaît absolument pas la géographie de cette région ! Capharnaüm est ville côtière et Nazareth est dans les collines. Jésus serait monté de Capharnaüm à Nazareth, et non l’inverse comme le prétend l’auteur.
L’auteur de l’ « Évangile de Barnabé » ne connaissait donc absolument la région de Nazareth comme il le prétend.

Autres preuves contre son authenticité

Ce livre fait souvent dire à Jésus qu’il n’est pas le Messie mais que Mohammed est le Messie. C’est un thème constant et récurrent dans l’ « Évangile de Barnabé ». Deux citations montrent, non seulement que Jésus ne se considérait pas comme le Messie, mais aurait prêché que Mohammed allait être le Messie : « Jésus a confessé et dit la vérité : “Je ne suis pas le Messie… Je suis bien envoyé à la maison d’Israël comme prophète de salut ; mais après moi viendra le Messie” ».

D’autres passages de l’ «Évan gile de Barnabé » contiennent des démentis similaires. C’est clairement l’un des buts de ce livre d’établir Mohammed comme le Messie et que Jésus lui soit soumis. L’auteur est toutefois allé trop loin dans son zèle pour la cause de l’Islam. Car le Coran admet clairement que Jésus est le Messie à de nombreuses reprises et, ce faisant, il confirme l’enseignement de Jésus lui-même selon lequel il était bien le Messie (Jn 4, 26, Mt 16, 20). Une citation du Coran suffira pour le prouver :

« Ô Marie ! Lo ! Allah t’annonce la bonne nouvelle d’une parole de sa part, dont le nom est le Messie, Jésus fils de Marie, illustre dans le monde et dans l’au-delà ». Sourate 3.45

L’ « Évangile de Barnabé » a évidemment été écrit comme un évangile « islamique » idéal, exposant une vie du Christ dans laquelle il est fait pour être l’Isa du Coran plutôt que le Seigneur Jésus-Christ des Évangiles chrétiens. Mais comme il contredit si désespérément à la fois le Coran et la Bible sur le fait que Jésus est le Messie et le fait si souvent et si systématiquement, il doit être rejeté comme un faux à la fois par les chrétiens et par les musulmans. Il n’y a pas de place ici pour l’apologétique ni pour réconcilier ce livre avec le Coran ou la Bible. C’est une contrefaçon.

Deuxièmement, le livre attesterait que les Romains ont tellement agité les Juifs sur la vraie nature de Jésus que « toute la Judée était en armes », prête à se battre pour ou contre les diverses croyances répandues parmi eux à propos de Jésus. En conséquence, d’après l’ « Évangile de Barnabé », six cent mille se sont rassemblés pour la bataille – deux cent mille chacun pour la croyance qu’il était Dieu, qu’il était le Fils de Dieu et qu’il n’était qu’un prophète ; tous étant préparés pour un concours à trois où chaque camp affrontait les deux autres en même temps !

L’histoire se trahit d’elle-même comme un mythe par sa surestimation du nombre d’hommes rassemblés pour la bataille. (L’auteur recourt souvent à des exagérations sauvages des faits et des chiffres dans son livre dans une tentative apparente de créer un impact merveilleux sur ses lecteurs). Où les Juifs ont-ils soudainement trouvé six cent mille épées à une époque où les Romains ont non seulement supprimé mais également empêché la fabrication de matériel militaire par cette nation ? Plutôt que de se combattre les uns les autres, toute cette armée aurait pu alors facilement chasser les Romains de la Palestine car l’armée romaine dans le monde comptait elle-même moins de la moitié de ce chiffre. Seule une petite garnison contrôlait la Judée et l’histoire n’a pas retenu une telle préparation pour un tel affrontement à trois protagonistes !

L’ « Évangile de Barnabé » suggère en outre que Pilate, Hérode et Caïphe se sont donné beaucoup de mal pour empêcher l’holocauste imminent. Nous trouvons cela difficile à croire. Si en effet les Juifs étaient forts de six cent mille, Pilate n’aurait été que trop ravi de les voir se décimer les uns les autres dans une lutte fratricide à trois ! Parce que l’Evangile de Barnabé prétend être un récit de la vie de Jésus écrit par l’un de ses disciples, et en outre parce qu’il a été clairement composé pour se synchroniser avec le Coran dans son concept de Jésus en tant que prophète de l’islam, le monde musulman n’a pas hésité à imposer ce livre au monde chrétien comme le « véritable Evangile » alors même qu’il contredit plusieurs sourates (par ex. le livre parle d’un accouchement de Marie dans la lumière sans douleurs alors que le Coran parle des douleurs de Marie).

Dans l’ « Évangile de Barnabé », nous lisons que Ponce Pilate était gouverneur de la Judée à la fois au moment de la naissance de Jésus et pendant le temps de son ministère trente ans plus tard. La Palestine était un point névralgique particulièrement difficile pour les Romains et aucun gouverneur n’y fut envoyé aussi longtemps. Nous savons de toute façon par l’histoire que Pilate n’a été nommé gouverneur qu’en 27 après JC soit plus d’une génération après la naissance de Jésus. C’est un autre faux pas – l’un des nombreux dans les pages de cet « évangile ».

Le monde musulman doit choisir entre le Coran et l’ « Évangile de Barnabé » – aucun homme ne peut sincèrement croire que ce dernier livre est un véritable récit de la vie de Jésus-Christ s’il croit encore que le Coran est la Parole de Dieu.

Nous pourrions continuer et produire encore d’autres preuves que ce livre est vraiment un « faux éhonté », mais les preuves déjà exposées devraient être suffisantes pour convaincre tout musulman raisonnable que l’ « Évangile de Barnabé » ne lui fournit tout simplement pas la preuve honnête dont il a besoin. L’intérêt des musulmans pour ce livre est compréhensible mais, au nom de la vérité et de l’honnêteté, les musulmans devraient admettre qu’il ne s’agit pas d’un livre contemporain de la vie de Jésus mais plutôt un lamentable faux.

Qui a vraiment composé ce faux ?

Il n’y a que deux manuscrits connus de l’ « Évangile de Barnabé » qui existaient avant que des copies ne soient faites à partir des textes dont nous disposons. La version italienne se trouve aujourd’hui dans une bibliothèque à Vienne alors qu’il ne reste que des fragments de la version espagnole. Il semble que la version espagnole pourrait bien avoir été la version originale. Dans l’introduction de cette version, il est affirmé qu’il s’agit d’une traduction de la version italienne, mais de nombreuses fautes d’orthographe dans la version italienne – typiques d’un auteur utilisant l’italien comme deuxième langue – montrent certainement au moins que l’auteur était plus à l’aise dans l’Espagne que l’Italie. Néanmoins, cela n’empêche pas la possibilité que quelqu’un d’Espagne s’essaie à composer un original en italien. Cette possibilité est rendue d’autant plus réelle par deux considérations.

Premièrement, comme l’auteur cite souvent la Vulgate (la traduction latine de la Bible) et a emprunté plusieurs de ses histoires aux Écritures, il aurait bien pu trouver plus pratique d’utiliser le médium italien pour sa propre composition artificielle.

Deuxièmement, il aurait pu penser que son livre aurait l’air beaucoup plus authentique s’il était écrit en italien. Cela servirait à étayer l’introduction de la version espagnole où il était allégué que l’ « Évangile de Barnabé » était à l’origine caché dans la bibliothèque du pape avant d’être découvert dans des circonstances plutôt douteuses par un certain Fra Marine qui serait devenu musulman après l’avoir lu. Le texte italien a peut-être été écrit pour donner une certaine crédibilité à cette histoire – si l’Évangile devait d’abord apparaître en Espagne, il serait bien plus approprié de le faire écrire dans une langue étrangère dans le pays de sa prétendue origine, plutôt que dans le dialecte local.

Certaines caractéristiques, cependant, étayent la suggestion que ce livre a été écrit pour la première fois en Espagne par un Espagnol, quelle que soit la langue dans laquelle il l’a écrit à l’origine. L’Évangile de Barnabé fait dire à Jésus : « Car celui qui veut obtenir en monnaie une pièce d’or doit avoir soixante minutes ».

La version italienne divise le « denarius » d’or en soixante « minuti ». Ces pièces étaient en fait d’origine espagnole pendant la période wisigothique préislamique et trahissent ouvertement un arrière-plan espagnol à l’Évangile original de Barnabé.

Personne ne sait qui a réellement écrit l’Évangile de Barnabé, mais ce que l’on sait, sans l’ombre d’un doute, c’est que qui que ce soit, ce n’était certainement pas l’apôtre Barnabé. C’est très probablement un musulman d’Espagne qui, peut-être victime de la reconquête de son pays, a décidé de se venger en privé en composant un faux évangile sous le nom d’emprunt de Barnabé pour donner à son odieuse contrefaçon une certaine authenticité apparente. Il a probablement d’abord composé le script italien pour maintenir cette apparence d’authenticité, mais a simultanément composé (ou arrangé pour une telle traduction) une version espagnole pour la distribution dans son propre pays. Il a peut-être été le célèbre Fra Marine ou il a peut-être été le traducteur Mustafa de Aranda, ou en fait, il peut bien avoir été les deux – en utilisant les deux noms pour les mêmes fins opportunes que celles qu’il cherchait à atteindre en utilisant le nom de Barnabé comme auteur de son livre. Il était certainement quelqu’un de bien plus chez lui en Espagne au Moyen Âge qu’en Palestine à l’époque de Jésus-Christ.

Quoi que l’ « Évangile de Barnabé » puisse prétendre être, quoi qu’il puisse paraître, quoi que le monde musulman veuille qu’il soit, une étude générale de son contenu et de sa paternité montre qu’il s’agit d’une piètre tentative pour forger une vie de Jésus en accord avec le profil de Jésus dans le Coran et la tradition islamique. Le monde musulman fera bien de rejeter ce livre comme un faux manifeste – car c’est ce qui est prouvé sans équivoque.

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Frère Hervé

Je suis un religieux ermite, consacré dans cette forme de vie par mon évêque. Je réside en France et suis passionné par la recherche de la Vérité dans l’Écriture sainte, dans la philosophie et la théologie.

Cette publication a un commentaire

  1. AGBEKPONOU Thibaut

    Merci beaucoup mon frère pour cette lumière qui nous permet de mieux comprendre encore la fausseté de l’islam depuis les siècles

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