Beaucoup de vous savent déjà ce qu’est une retraite spirituelle, pour l’avoir vécue. D’autres n’en savent que si peu ou même absolument rien. Il ne sera pas superflu de préciser à nouveau ce qu’on peut entendre par « retraite spirituelle ».
Dans cette présentation préparatoire, nous répondrons à deux questions concernant la retraite spirituelle. Elles se déclinent de la manière suivante : Quelles sont les conditions pour la fécondité d’une retraite spirituelle et quels sont les actes essentiels à poser au jour le jour pendant cette période ? Je vous donnerai à la fin de cette présentation l’exercice spirituel qui vous permettra de bien vous préparer. La réponse à ces deux questions permettra de bien nous « propulser » dans notre retraite.
Conditions pour une bonne retraite
Temps de rupture
Une retraite spirituelle est un moment que l’on se donne pour se retirer quelques jours du traintrain habituel, loin des bruits et des tourbillons de chaque jour pour se rendre disponible à soi, mais surtout à Dieu. Une retraite spirituelle est un temps privilégié, allant de quelques jours à plusieurs semaines. En ce moment, on se met en retrait de ses activités ordinaires pour se consacrer exclusivement et intensément à la réflexion, la méditation et la prière. La retraite se présente donc comme un période à la fois de rupture et d’approfondissement. C’est donc un temps pour souffler ou pour reprendre souffle.
La plus belle image évangélique qui peut rendre compte de la nécessité de la retraite pour la vie chrétienne se trouve en Mc 6 , 30-32.
« Les apôtres se réunissent auprès de Jésus et ils lui rapportèrent tout ce qu’ils avaient fait et tout ce qu’ils avaient enseigné. Il leur dit : « Vous autres, venez à l’écart, dans un lieu désert et reposez-vous un peu. Car, il y avait beaucoup de monde qui venait et repartait et eux n’avaient même pas le temps de manger. Ils partirent en barque vers un lieu désert, à l’écart »
Jésus, après le retour de ses disciples de leur mission, les invite à se retirer, à l’écart, pour se reposer : « Venez à l’écart, vous reposer un peu », leur disait-il. En effet, ils venaient d’une mission où ils étaient immergés dans la pâte humaine. L’urgence de la mission était telle qu’ils n’avaient pas un bout de temps pour eux-mêmes. Il fallait annoncer la Bonne Nouvelle et délivrer les oppressés. Cette mission est noble et toujours pressante. Pourtant, Jésus demande à ses disciples à sortir de cette masse, pour un temps de repos. La retraite spirituelle, c’est d’abord cela : se retirer.
En nous engageant à une retraite, nous faisons l’option délibérée de nous retirer, de nous soustraire. Il va falloir que chacun discerne tout ce qui l’arrache à Dieu. Il importe que chacun s’arrache à cette vie trépidante, qui ne permet pas un retour à Dieu. La première étape de la retraite est bien cela : s’arracher. C’est la condition sine qua non pour prendre du recul et mieux vivre un
temps d’apaisement, de réconfort, de rencontre et de découvertes de nouvelles réalités spirituelles. Il faut s’arracher pour mieux s’attacher à son Dieu.
Temps de communion avec le Christ
La retraite spirituelle est un temps de communion avec le Christ. Sa deuxième condition est la certitude que nous ne la vivons jamais tout seul. Jésus n’a pas laissé ses disciples dans le vide tout seul. Il est avec nous dans cette retraite. On peut le dire, mieux encore pendant ce temps de carême, que nous rejoignons Jésus, qui se retire au désert. Savoir que nous allons avec Jésus, change complètement notre perspective. La retraite est toujours une démarche personnelle, mais elle n’est certainement pas solitaire. Nous allons en retraite avec quelqu’un, avec Jésus. En cela, tous les enseignements dispensés pendant une retraite viennent de Jésus. C’est Jésus qui enseigne sur l’essentiel, à travers le prédicateur.
Aussi devons-nous nous appliquer à l’écouter plus par le cœur que par la tête, plus par la foi que par la raison. Aller en retraite, c’est aller à la rencontre de Jésus, pour lire et méditer sa parole d’une part et raviver notre foi d’autre part. Il aura à bousculer certaines certitudes et à raffermir certaines autres. Il faut accueillir l’un et l’autre avec ouverture d’esprit et avec confiance.
Temps de silence intérieur
La troisième condition pour une retraite fructueuse, c’est le silence. Marthe Robin dit, avec autant de justesse que de vérité : « Le silence est le trésor de la retraite ». Si vous voulez goûter Dieu, acceptez de vous plonger chaque jour un peu plus dans le silence. Dieu ne se trouve pas dans le vacarme. Il ne se rencontre nullement dans le bruit. Il se donne à voir dans le silence. Plus nous ferons silence, mieux nous aurons la chance de l’atteindre. Jésus nous demande même d’entrer dans nos chambres et de fermer la porte. Car justement, le Père céleste est là et il écoute. L’effort du silence est, de loin, le plus difficile. Comment écouter si l’on ne peut faire silence ? Comment rencontre celui qui se révèle dans le silence, si l’on ne favorise pas ce silence en soi ?
Ces trois conditions que nous venons d’énoncer sont nécessaires pour une retraite porteuse de fruits. De la même manière, il faut s’appliquer à poser des actes qui rythment une journée de retraite.
Trois actes à poser chaque jour de cette retraite
1. L’enseignement sur un sous-thème. Le prédicateur donnera un bref enseignement, d’une vingtaine de minutes, que nous aurons à écouter. Cet enseignement est important pour orienter toute notre méditation. Il constitue la parole que le Christ veut nous communiquer pour l’approfondissement de notre vie chrétienne.
2. La prière méditative personnelle nourrie par quelques chants. Nous ferons la prière communautaire, en étant unis les uns aux autres par le respect du programme de la retraite. Ici, nous aurons la messe quotidienne, la liturgie des heures, notre temps d’adoration et de méditation de la Parole de Dieu, notre temps de chapelet.
3. Le temps du silence et de la rencontre intime avec Dieu. C’est le temps du silence intérieur pour laisser la paix de Dieu descendre en nous, reposer notre corps et notre esprit. Tant que possible, il faut se trouver des oasis de silence. C’est plus précieux qu’on ne peut l’imaginer.
Nous prendrons à cœur de créer ces conditions et de poser ces actes quotidiennement pendant les sept jours de marche.
Une retraite est reposante, mais aussi astreignante. Elle nécessite un effort sur nous-mêmes pour que la lassitude de la chair ne s’impose pas à l’ardeur de l’esprit. Nous pouvons, pour cela, contrôler notre alimentation et nos efforts physiques.
Exercice spirituel sur l’importance de la retraite
Pour faire cet exercice, nous avons besoin d’une Bible, de notre cahier de note et de notre stylo, d’une table ou de notre guéridon débarrassé, d’une croix ou d’une bougie allumée, d’une image sacrée ou même d’une simple fleur. Choisissons un moment où il y a le silence dans la maison.
Pour ce jour, lire ce court extrait de Mc 6, 30-33. Nous retenons trois mots : Tout, Venez, Désert.
Voici le texte.
Les Apôtres se réunirent auprès de Jésus, et lui annoncèrent tout ce qu’ils avaient fait et enseigné. Il leur dit : « Venez à l’écart dans un endroit désert, et reposez-vous un peu. » De fait, ceux qui arrivaient et ceux qui partaient étaient nombreux, et l’on n’avait même pas le temps de manger. Alors, ils partirent en barque pour un endroit désert, à l’écart.
Premier moment : La Lectio
Lire le texte, posément, au moins trois fois, en laissant le texte prendre corps, en imaginant un peu la scène, en recomposant le film. Il faut faire attention aux expressions Tout, Venez et Désert. Notez-les dans votre cahier de carême.
Deuxième moment : La meditatio
Question 1 : Que signifie cet « tout » pour les disciples ? Quels sont ces « tout » qui nous sollicitent chaque jour ? Identifions-les, même si ce « tout » a pour contenu la mission de Dieu.
Question 2 : Venez à l’écart : Comment ai-je cette invitation du Christ ? Comment puis-je me retirer momentanément de ce « tout », dans les mesures de mes possibilités actuelles ? Suis-je animé par un sentiment de peur, d’incertitude, d’arrachement, d’impossibilité ? Qu’est-ce que je ressens au fond de moi ?
Question 3 : Il ne suffira pas de se retirer, il faut il faut aussi partir dans le désert. Comment puis-je confectionner mon désert ? Quels sont les moyens que je mets en place pour opérer le déplacement ?
Troisième moment : L’oratio
C’est en ce moment que nous donnons une réponse finale à Dieu. Après toutes les questions, que décidons-nous ? D’entrer dans le projet de Dieu ou de nous abstenir un moment ? Quelle réponse de ma part ferait la joie de Dieu. C’est le moment où je suis appelé à répondre à Dieu après l’avoir écouté et compris.
Quatrième moment : La contemplatio
C’est le moment de faire silence pour laisser Dieu nous entraîner dans le repos et la consolation intérieure. Laissons-nous à lui. Pendant les trois premiers moments, nous sommes très actifs. Le quatrième moment appartient à Dieu. Laissons-lui le temps d’agir en nous.
Conclusion : nous prenons un chant pour dire merci. Nous pouvons réciter le Notre Père ou le Magnificat. Libre à nous selon ce que l’Esprit Saint nous suggèrera.
NB : Nous allons suivre ce plan pour tous les exercices spirituels de la retraite, surtout quand il s’agira de la méditation de la Parole de Dieu. Il faut trouver un lieu propice et un temps approprié pour le faire. Il faut vraiment essayer de faire cette expérience spirituelle. C’est un chemin que nous vous frayons.
