Qu’est-ce qu’un dogme ?

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On entend souvent parler de l’expression « dogme » dans l’Eglise catholique. Beaucoup ne comprennent pas ce qu’il signifie vraiment. Cet article nous édifiera sur ce sujet. Découvrez par vous-mêmes.

Le mot « dogme » vient du verbe grec dokein, qui signifie « avoir une opinion, penser, croire » ou du grec dokeo : « je pense, je crois ». La Commission théologique internationale (1990) le définit comme « une doctrine dans laquelle l’Église propose de façon définitive une vérité révélée ». Un dogme est donc une vérité de foi, contenue dans la Révélation divine et proposée solennellement par le Magistère extraordinaire de l’Église.

Le théologien Claude Geffré explique le dogme en mots plus appropriés. Il dit :

À la suite de la révélation contenue dans l’Ancien Testament, les chrétiens croient que, en Jésus, Dieu lui-même s’est fait connaître aux hommes ; c’est de cette connaissance que le « dépôt de la foi », confié à l’Église, rend compte. « Au fur et à mesure que l’Église a grandi et que des conflits de doctrine ont éclaté entre les chrétiens, le besoin s’est fait sentir de résumer le message chrétien en quelques propositions doctrinales pour le mettre à l’abri de l’erreur et de fausses interprétations. Il faut comprendre la fonction dogmatique dans l’Église comme une exigence de la transmission fidèle aux hommes du message révélé selon de nouvelles conditions de temps et de lieu.

Les seules instances qui peuvent proclamer un dogme sont les conciles ou un pape en communion avec les évêques. Les définitions dogmatiques se font, en effet, par la voie du Magistère extraordinaire de l’Église, soit en concile, soit par le Pape quand il s’exprime « ex cathedra », c’est-à-dire explicitement comme successeur de Pierre. Par ce Magistère extraordinaire, s’exprime, selon la doctrine catholique, l’infaillibilité de l’Église en vertu de l’assistance de l’Esprit-Saint promise aux apôtres.

Les dogmes peuvent donc être compris comme l’expression de la vérité éternelle de Dieu dans le langage temporel des hommes. Des « lumières sur le chemin de notre foi, qui l’éclairent et le rendent sûr », Catéchisme de l’Église catholique, n° 89.

Quand sont-ils apparus ?

Le mot a été utilisé dès l’antiquité dans le domaine juridique, au sens d’arrêté ou de loi, et en philosophie. Il a mis longtemps à s’imposer dans l’Église. Au moyen-âge, c’est plutôt sous l’appellation d’« articles de foi » que l’on discute de la doctrine obligatoire de l’Église et de la manière dont celle-ci a été établie. C’est véritablement avec la Réforme, puis les Lumières, que le mot « dogme » apparaît sous le sens actuel de « formulations doctrinales ». Contre le « rationalisme ou le naturalisme », accusés de « s’attaquer par tous les moyens à la religion chrétienne », le concile Vatican I, en 1870, le désigne comme « tout ce à quoi on doit croire d’une foi divine et catholique » et « qui est contenu dans les saintes Écritures et dans la Tradition, tout ce qui est proposé par l’Église comme vérité divinement révélée, soit par un jugement solennel, soit par son magistère ordinaire et universel » (constitution Dei Filius). Le dogme appelle donc l’adhésion des fidèles dans la confiance que l’Église ne peut les tromper.

Qui formule les dogmes ?

Au sens strict, le dogme est une affirmation promulguée solennellement par un concile œcuménique ou par le pape usant explicitement de son infaillibilité (Code de Droit Canonique, n°749) : c’est ce que l’on appelle le « Magistère extraordinaire ». Le dogme de l’infaillibilité pontificale, par exemple, a été défini au cours d’un concile (Vatican I) réunissant l’ensemble des évêques, et ceux de l’Immaculée Conception ou de l’Assomption de la Vierge par des papes. Mais, au sens large, le mot peut être étendu à l’ensemble de la foi chrétienne, enseignée par l’Église au titre de son « Magistère ordinaire et universel » (l’enseignement des évêques). « Il n’existe aucun dogme sur la résurrection du Christ, par exemple, il ne s’agit pas moins d’une vérité de foi », relève le père Jean-François Chiron, professeur à la faculté de théologie de l’Université catholique de Lyon. On peut aussi considérer le Credo comme un ensemble d’articles de foi. Il n’existe donc pas de liste des dogmes « en vigueur ». Seul critère, selon le père Chiron : « Pour qu’un énoncé soit considéré comme un dogme, il faut que la manière dont le Magistère s’exprime ne donne pas lieu à débat sur son intention de le considérer comme tel. » Dans certains cas, la qualification ou non de dogmes est incertaine : c’est le cas, par exemple, de certains énoncés, pourtant très fermes, comme celui, posé au cours du concile de Florence en 1439, donnant une interprétation stricte de l’adage « Hors de l’Église, point de salut »

Qu’est-ce que le développement du dogme ?

Pour les chrétiens, le Christ est la révélation parfaite de Dieu. « Ce qu’il a dit et vécu est le critère absolu de la vérité »[1], « Mais, selon le lieu ou l’époque, de nouvelles questions surgissent, parfois même de l’interprétation des Écritures : l’Église a alors le devoir d’y répondre en approfondissant sa connaissance de la vérité révélée par Dieu. C’est ce que l’on appelle le développement du dogme. » Les « forces motrices » du développement du dogme sont au nombre de six, selon le cardinal Kasper : l’Esprit Saint d’abord qui oriente « l’ensemble des fidèles », qui dès lors « ne peut se tromper dans la foi »[2]; la référence à l’Écriture et à la Tradition ; le Magistère auquel il appartient seul d’interpréter avec autorité l’Écriture et la Tradition ; la réflexion théologique ; mais aussi « les défis provoqués par la situation », autrement dit les questions spirituelles et morales des hommes d’une époque ; et enfin, « les ébranlements provoqués par des déformations hérétiques de la foi » et qui provoquent l’Église à faire œuvre de clarification.

[1] Walter Kasper, président émérite du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, dans le Dictionnaire de théologie, Cerf, 1988.

[2] Lumen gentium, n° 12

Peut-on interpréter un dogme ?

Parce qu’il engage l’infaillibilité du pape ou de l’Église tout entière dans leur mission de transmettre la Révélation, le dogme ne peut être remis en question. Il est définitif. En revanche, le fidèle est toujours appelé à comprendre son essence, la vérité dont sa formulation est porteuse. Ce que le théologien Bernard Sesboüé appelle le « c’est-à-dire ». C’est le cas pour le terme « consubstantiel » : c’est pour décrire la relation unique du Père et du Fils que ce terme a été introduit dans le Credo par le concile de Nicée en 325, ce qui n’empêche pas qu’il doive être « traduit » aujourd’hui, le sens du terme « substance » n’étant plus le même. C’est le cas aussi de la « transsubstantiation », terme forgé au 13e siècle et inspiré de la philosophie d’Aristote pour décrire le changement du pain et du vin en Corps et Sang du Christ. « L’énoncé reste vrai ; il reste encore à le rendre compréhensible, vivant pour aujourd’hui », résume Jean-François Chiron.

Quelle évolution du concept ?

Au cours du 20e siècle, la perception des dogmes a beaucoup évolué. D’une part le risque d’un appauvrissement de la foi au travers de formules humaines est davantage perçu. « Ensuite, avec sa constitution dogmatique Dei Verbum, Vatican II marque une inflexion, rappelle encore Jean-François Chiron. Désormais, la révélation divine est moins considérée comme une suite d’énoncés que comme une révélation par Dieu lui-même de ce qu’il est. » Aucun nouveau dogme n’a d’ailleurs été défini à Vatican II, ni depuis.

Retenons donc que les dogmes sont des vérités de foi, définis solennellement par l’Église, à travers les conciles ou par le Souverain Pontife, auquel les fidèles doivent adhérer. Ces dogmes ont une histoire, ils sont interprétables, même si on ne le peut les changer. Aujourd’hui, l’Église énonce moins de dogmes. Le risque en effet des dogmes est le confinement de la foi dans les formulations.

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Rocca Josias Kattié

Je suis Rocca Josias Kattié, étudiant en théologie dogmatique à l’IFTL, lecteur et président de la fraternité des lecteurs du diocèse d’Abidjan ; je suis aussi catéchiste. Ma passion ? Parler de Dieu et de sa Parole. Pour moi, tout pour la gloire de Dieu en l’Église, ma Mère.