Marie est-elle morte et enterrée ?

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in Guillaume et Jean OUSSOU-KICHO, 100 Questions -Réponses sur la Vierge Marie

La proclamation du dogme de l’Assomption ouvre le débat sur la mort de Marie. Si elle partage la gloire de son Fils dans son corps et dans son âme, aurait-elle connu la dégradation du corps ? La question sur la mort ou non de la Vierge Marie est restée ouverte. Mais, l’Église, en lien avec l’enseignement des Pères, enseigne que Marie partage le sort de son Fils dans sa mort comme dans sa résurrection.

L’évidence d’une fin heureuse

Le mystère est entier sur le départ de Marie au ciel, et les traces de sa mort ne sont ni visibles ni connues jusqu’à ce jour. Son tombeau demeure non identifié et le linceul jamais connu. Le Nouveau Testament n’en parle pas. Néanmoins, beaucoup de Pères de l’Église reconnaissent la mort de la Vierge Marie. Nous citons à titre d’exemple : Jacques de Saroug (+521), saint Modeste de Jérusalem (+ 634) et saint Jean Damascène (+704).
 
La question de la mort de la Vierge Marie n’a, à vrai dire, jamais fait objet de discussions sérieuses entre les fidèles et les théologiens. Si rien n’est dit de spécifique sur la fin de Marie, c’est parce que cette fin a dû être aussi naturelle que toutes les fins humaines. Elle n’avait rien d’événementiel pour être soulignée en particulier. Dans l’ordinaire de la foi, le terme Assomption ayant pris le dessus sur celui de la Dormition, on finit par passer sous silence non seulement le comment de la mort de Marie, mais aussi l’effectivité de cette mort.
 
La promulgation du dogme de l’Assomption éveille plus durement le débat. Si la mort biologique de la Vierge Marie n’altère rien au dogme catholique de son Assomption, elle pourrait réconforter certaines logiques théologiques qui n’admettent pas la définition de Pie XII ou qui nient carrément ce privilège accordé par le Christ à sa Mère. La mort biologique de la Mère de Dieu n’est pas l’objectif premier du dogme. Aussi, dans la Bulle Munificentissimus Deus, le pape Pie XII n’y a-t-il pas fait la moindre allusion dans la définition même du dogme :
 

Nous proclamons, déclarons et définissons que c'est un dogme divinement révélé que Marie, l'Immaculée Mère de Dieu toujours Vierge, à la fin du cours de sa vie terrestre, a été élevée en âme et en corps à la gloire céleste.

Pie XII, au sujet de la mort de Marie, laisse la question ouverte.

La mort de Marie, un débat théologique

La théologie enseigne qu’avec le péché originel, la mort est entrée dans le monde. Sans le péché originel, Adam serait directement admis à la béatification glorieuse. En conséquence, l’Immaculée conception de la Vierge devrait l’épargner de la mort. Les positions des réformistes et des orthodoxes ajoutées à la curiosité intellectuelle de quelques théologiens catholiques finiront par réveiller le débat. Ce fut un avantage, car ce dernier a aidé à réaffirmer l’Assomption de la Vierge et à confirmer ainsi que Dieu accorde surabondamment sa grâce à notre nature. La Vierge est la première bénéficiaire de la plénitude de cette grâce. Sa mort n’enlèverait rien à la grâce de Dieu en elle.

La mort de Marie, dans la logique de la mort du Christ

Le pape saint Jean-Paul II, dans l’une de ses audiences, parle de cette mort de la Vierge Marie, en la mettant en lien avec la mort et la résurrection de son Fils :

Il est vrai que la Révélation présente la mort comme un châtiment dû au péché. Cependant, le fait que l'Église proclame que Marie a été exempte du péché originel par un singulier privilège divin n'amène pas à la conclusion qu'Elle a aussi reçu l'immortalité corporelle. La Mère n'est pas supérieure au Fils, qui a assumé la mort en lui donnant une signification nouvelle et en la transformant en un instrument de salut. Impliquée dans l'oeuvre de la Rédemption et associée à l'offrande salvatrice du Christ, Marie a pu partager la souffrance et la mort en vue de la rédemption de l'humanité. Pour Elle aussi vaut ce que Sévère d'Antioche affirme à propos du Christ : "Sans une mort préliminaire, comment la résurrection pourrait-elle avoir lieu? " (Antijulianistica, Beyrouth 1931, 194 et s.). Pour participer à la Résurrection du Christ, Marie devait partager tout d'abord sa mort.

L’affirmation de la mort de Marie n’influencera ni plus ni moins la foi en l’Assomption. Elle la consacrerait et montrerait jusqu’où Marie est de notre race. Elle partage notre condition humaine jusqu’à sa dernière limite. Cependant, il faut reconnaître que la mort de Marie est une mort communionnelle qui la transporte dans la vision béatifique, avec son corps et son âme. Elle meurt dans un amour qui l’unit définitivement à son Fils.

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Abbé Jean Oussou-Kicho

Je suis prêtre de l’archidiocèse de Cotonou (Bénin), ordonné en 2008, licencié en théologie morale. Directeur de complexe scolaire, je suis investi dans la pastorale des réseaux sociaux, devenus un nouveau terrain propice pour l’évangélisation et l’éducation des chrétiens

Cette publication a un commentaire

  1. KONDAGA

    Merci infiniment pour votre disponibilité , vous nous éveillez par ces enseignements. Mon grand depuis le BURKINA FASO archidiocèse de KOUDOUGOU

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