Comprendre le péché contre l’Esprit Saint

Colombe, symbole de l'Esprit Saint
Une colombe blanche, symbole du Saint-Esprit

Synthèse pour le lecteur pressé

Le péché contre l’Esprit Saint ne consiste pas à offenser la troisième personne de la Trinité par des paroles. Comme nous le découvrons dans les évangiles, il s’agit d’une fermeture totale et sans retour de soi au pardon et au salut de Dieu. C’est un choix personnel de commettre le péché et de ne pas se repentir. C’est le refus de reconnaître en soi le péché et le pardon nécessaire de Dieu. 

Beaucoup de personnes sont embarrassées à propos d’un péché, particulier en son genre, à cause de son caractère impardonnable. Il s’agit du « blasphème contre l’Esprit ». Il n’est pas de semaines où les questions ne nous sont pas posées sur ce thème. Les sens qu’on en donne sont, pour la majorité, erronés. Cet article a pour vocation de nous expliquer, en mots simples, la nature du péché contre l’Esprit, d’éclairer nos lanternes et de fixer nos idées une fois pour toutes.

Le péché contre l’Esprit Saint dans les évangiles

Avant d’expliquer ce « péché », il faut recourir aux textes évangéliques qui lui servent de support. C’est Jésus lui-même qui, dans son enseignement, parle d’un péché impardonnable, le péché contre l’Esprit-Saint. Allons aux textes.

Mathieu 12, 31-32 : « Tout péché, tout blasphème, sera pardonné aux hommes, mais le blasphème contre l’Esprit ne sera pas pardonné. Et si quelqu’un dit une parole contre le Fils de l’homme, cela lui sera pardonné ; mais si quelqu’un parle contre l’Esprit Saint, cela ne lui sera pas pardonné, ni en ce monde-ci, ni dans le monde à venir ».

Marc 3, 28-29 : « Amen, je vous le dis : Tout sera pardonné aux enfants des hommes : leurs péchés et les blasphèmes qu’ils auront proférés. Mais si quelqu’un blasphème contre l’Esprit Saint, il n’aura jamais de pardon. Il est coupable d’un péché pour toujours. »

Luc 12, 10 : « Quiconque dira une parole contre le Fils de l’homme, cela lui sera pardonné ; mais si quelqu’un blasphème contre l’Esprit Saint, cela ne lui sera pas pardonné. »

Comprendre ce péché à partir des évangiles ?

Le contexte de Mathieu et de Marc est celui de l’attribution, par les scribes et pharisiens, à Belzéboul d’un miracle accompli par le Christ. En effet, sachant bien que Jésus opère par la puissance de l’Esprit, ils ont, volontairement, opté de le dénigrer en se fermant à la  vérité flagrante du salut de Dieu en œuvre dans la personne du Christ. En peu de mots, c’est le refus de la mise en évidence de l’action divine, la marque du cœur endurci qui choisit de faire le mal, de s’opposer à l’œuvre de Dieu. C’est dans ce contexte d’opposition délibérément radicale que Jésus a déclaré qu’un tel comportement est un péché contre l’Esprit Saint. Parce que contre l’Esprit Saint, il est impardonnable.

À partir du contexte ci-dessus évoqué, le péché contre le Saint-Esprit est le péché de fermeture totale de soi à la grâce agissante de Dieu, une fermeture sans retour et sans repentance, en sorte qu’elle soit une fois pour toutes, sans possibilité d’ouverture. C’est la forme achevée de l’endurcissement de cœur, qui se manifeste par le choix délibéré de rejeter Dieu et tout ce qui vient de lui.

Dans le contexte de l’évangile de Luc, on voit le Christ qui prévient ses disciples contre l’hypocrisie des pharisiens. Ils font semblant d’inviter le Christ et de l’approcher, mais dans le secret de leur cœur, ils l’ont rejeté. Malgré la différence contextuelle, nous sommes dans le même schéma de véritable fermeture de soi à Dieu. Le péché contre l’Esprit Saint, dans ce cadre de l’évangile de Luc, est le péché de l’hypocrisie où l’on se ferme à Dieu malgré les dehors apparemment religieux.

Ainsi perçu, on peut aller à l’Église, être dévot, mais avoir tout à fait une vie de profond rejet de Dieu. Les membres des groupes ésotériques et certaines personnes qui vendent leurs âmes définitivement aux démons, sans volonté aucune de leur part de se repentir, sont dans le péché contre l’Esprit. Ces personnes se servent de l’Église pour se masquer, mais dans la vérité, ce sont des ennemis achevés de Dieu.

Explication de ce péché par l’Église

Le Catéchisme de l’Église catholique enseigne que : 

Il n’y a pas de limites à la miséricorde de Dieu, mais qui refuse délibérément d’accueillir la miséricorde de Dieu par le repentir rejette le pardon de ses péchés et le salut offert par l’Esprit Saint. Un tel endurcissement peut conduire à l’impénitence finale et à la perte éternelle.

Le refus de la grâce dont il est question est donc précisé ici. Il s’agit du rejet de la miséricorde illimitée de Dieu, un refus de son pardon. Ce rejet du pardon de Dieu est la conséquence d’un cœur complètement endurci. L’implication est que, si l’on meurt dans cet état, on est bien dans le cas du péché contre le Saint-Esprit.  Malheureusement, Dieu reste impuissant : son pardon est offert, mais non accueilli.

Le péché contre l’Esprit Saint est le refus de s’ouvrir au pardon de Dieu, ce pardon que Dieu n’accorde que par l’Esprit-Saint. C’est pour cela que saint Thomas d’Aquin va dire que le péché contre l’Esprit Saint est « irrémissible de par sa nature, parce qu’il exclut les éléments grâce auxquels est accordée la rémission des péchés. » (Saint Thomas d’Aquin, Somme théologique, IIa-IIae-, q. 14, a. 3)

Ces éléments  de grâce sont : la reconnaissance du péché en soi, le repentir, le recours au pardon de Dieu par la confession, l’acception du pardon de Dieu et le propos ferme de se convertir. Dans le cadre du péché contre l’Esprit-Saint, rien de tout ceci n’est considéré. Le saint pape Jean-Paul II, dans sa lettre encyclique « Dominum et vivificantem », va apporter quelques précisions : il montre, dans un premier temps, l’erreur possible sur l’interprétation de ce péché et, dans un deuxième mouvement, il précise la source même de ce péché.

Le pape dit :

Le “Blasphème” ne consiste pas à proprement parler à offenser en paroles l'Esprit Saint ; mais il consiste à refuser de recevoir le salut que Dieu offre à l'homme par l'Esprit Saint agissant en vertu du sacrifice de la Croix. Si l'homme refuse la « manifestation du péché », qui vient de l'Esprit Saint et qui a un caractère salvifique, il refuse en même temps la « venue » du Paraclet, cette « venue » qui s'est effectuée dans le mystère de Pâques, en union avec la puissance rédemptrice du Sang du Christ, le Sang qui « purifie la conscience des œuvres mortes. »

Cette explication nous fait comprendre que le péché contre le Saint-Esprit n’est pas une offense quelconque faite à l’Esprit, mais au refus du salut que Dieu accorde par l’Esprit-Saint. Refuser d’être sauvé, c’est se condamner soi-même à périr : c’est le péché contre l’Esprit-Saint. Il s’agit donc d’un choix délibéré d’auto damnation contre lequel Dieu ne peut finalement rien. En ce moment-là, Dieu respecte totalement la liberté de l’homme.

Origine du péché contre le Saint-Esprit

La source première du péché contre l’Esprit Saint est le rejet de l’existence du péché, ce que l’on qualifie de «  perte du sens du péché  » : plus rien ne serait péché. Le bien et le mal seraient subjectifs. Ce que je crois être un péché ne l’est que pour moi ;  pour un autre, ce ne l’est pas. C’est ce qu’on appelle la « perte du sens du péché  ». Ceux qui perdent le sens du péché ne savent plus s’accuser du péché, ils ne savent plus se confesser, ils n’ont jamais péché, ce sont des saints et des justes, ils sont Dieu. Dans le fond, le péché contre l’Esprit Saint est le péché où l’homme ne se reconnaît plus pécheur pour avoir besoin de se repentir et de recourir à la miséricorde divine.

Derrière la perte du sens du péché, se profile aussi la perte du sens de Dieu. Ceux qui sont dans le péché contre l’Esprit Saint ne s’émeuvent plus aux commandements de Dieu. Quand on évoque Dieu, ils en rient, comme s’il n’existait pas ou, s’il existait, ils n’ont que faire lui. Du coup, ils l’ignorent complètement, ne faisant pas du tout cas de lui dans leur agir.

Le péché contre l’Esprit Saint devient donc dans son vrai visage d’abord le refus de reconnaître le péché en soi, le refus de pénitence pour le pardon, le refus de Dieu, la fermeture totale de soi à la grâce divine, l’option délibérée de vivre en opposition avec la miséricorde de Dieu, la revendication du droit de persévérer dans le mal. Ce péché est l’unique que Dieu, bien qu’il veuille pardonner, ne le puisse pas, car la personne qui doit recevoir ce pardon le rejette.

Saint Thomas nous fournit la liste de ces péchés : le désespoir du salut, la présomption de se sauver sans mérite, la contestation de la vérité connue, l’envie de la grâce d’autrui, l’obstination dans le péché et l’impénitence finale.

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Abbé Jean Oussou-Kicho

Je suis prêtre de l’archidiocèse de Cotonou (Bénin), ordonné en 2008, licencié en théologie morale. Directeur de complexe scolaire, je suis investi dans la pastorale des réseaux sociaux, devenus un nouveau terrain propice pour l’évangélisation et l’éducation des chrétiens

Cet article a 15 commentaires

  1. BASSA Septime

    Merci beaucoup Abbé pour ces éclaircissements. Pouvez vous svp nous expliquer ce qu’on entend par impenitence finale?

    1. Abbé Jean Oussou-Kicho

      Dans une réponse rapide, on entend, par impénitence finale, « cette disposition du cœur qui implique la résolution de ne pas se repentir. » Ce qui est important à noter ici, c’est le fait de choisir de ne pas regretter son péché et de mourir ainsi. On en trouve qui refuse de pardonner ou de demander pardon jusqu’à leur dernier souffle. Cela s’apparente à l’impénitence finale.

      1. fghhhjgvb

        Dans le fond, dans l’éventualité qu’on ne veulent pas que les autres pense qu’on se prend sois même comme un saint qui n’a pas besoin de la miséricorde de dieu il serait dans un sense judicieux de garder toujours un péché a se faire pardonner sous la main. Un péché pas trop grave de préférence. Comme un péché (mignon) comme certain les appelles. C’est pas super comme idée mais c’est bien pratique dans certaine conversation pour ne pas se faire passer pour le mesieux qui se pense parfait a cause qu’on est en panne d’inspiration de péché qu’on ce rappelle a ce faire pardonné. Il y a beaucoup d’homme qui n’aime pas les messieux qui se pense parfait et la bible non plus.

        L’amnésie des uns fait grace des péchés des autres. Pour avoir de la rancune, il faut avoir une bonne mémoire. Comme certain dit, je te pardonne de toute facon je ne m’en rappelle pas. C’est des petites phrase que j’ai déja entendu.

        Une petite pilule amnésiante avant le grand sommeille augmenterait les chances que la dite personne pardonne mais diminue les chances quel demande de ce faire pardonner une faute qu’elle pourrait avoir oublier a cause de la pilule sauf dans l’éventualité qu’elle demande d’être pardonner pour une faute hyphothétique quel ne se rappellerait pas.

        J’adore les exercises de mémoire et se rappeler ses pêchés est dans un sens est une sorte de teste peut-être pas très simpas mais une sorte d’exercise quand même pour la mémoire. Ca peut être parfois plus facile se pardonner sois même ses propre pêchés si on se rappelle des péchés des autres.

        Dans un univers, ou on aurrait a se confesser de ses bonnes action aussi qu’on ne se sens absolument pas coupable d’avoir commis et qui nous a rendu heureux ca ferrait une bonne balance pour exercer sa mémoire. En plus d’être particulierement drôle.

        Se repentir, c’est bon pour la mémoire parce que sa pousse a se rappeler de se qu’on veux se faire pardonner mais en générale je rois qu’on aime plus les oubliers. Du moins, je pense que ca pourrait être bon pour la mémoire. Je préferais une exercise de mémoire qui pousse a se rappeler des belles choses mais on ne peut pas toujours toute avoir.

        Soyer béni et je vous souhaite un petit coup de chance du destin car votre commentaire ma fait sourire et réfléchir. 🙂

  2. Hounsou Lydia

    Seigneur, prends pitié de nous car nous sommes tous des pêcheurs.
    Que ton Esprit Saint nous guide sur de bons chemins et à être de véritables enfants de Dieu.
    Merci Père pour cet article bien détaillé. Soyez bénis.

  3. La Grâce

    Je suis très heureux d’avoir lu cet article. 5

  4. TOUGAN Parfait

    Je suis perplexe face à toute cette explication. Je me demande si à un certain moment, le pécheur que je suis n’est pas tomber dans ce péché… puisse t’il plaire au Seigneur de me faire montre de sa miséricorde. Amen

  5. Sabine

    La liberté de l’homme car il choix la damnation.
    Refus de pardonner a lui-même et à son prochain

  6. Cyrille KOKOSSOU

    Hum. La lecture de cet article m’amène à constater que tous les jours, nous péchons contre l’Esprit Saint.
    DOUX JÉSUS ! MISÉRICORDE !

  7. Clément

    Je suis tellement satisfait que je ne sais pas quoi dire. Merci mes pères Que Dieu continue de vous bénir

  8. AGBAMATE CRÉSUS

    Je remercie infiniment par l’intermédiaire de l’Esprit Saint lui même nos chers pères qui ne s’arrêtent pas de nous instruire dans les bonnes œuvres de Dieu. Comment faire pour être guidé par l’esprit Saint qui révèle toute chose ?

  9. Ouedraogo R Aristide

    Vraiment merci beaucoup homme de Dieu. Je suis très fier de vous. J’apprends beaucoup et j’apprécie énormément. Que Dieu vous bénisse.

  10. Jeannette

    Vraiment ! Merci merci merci …..à vous nos chers pères. Léçons tiré: reconnaître son péché et accepté d’être pardonné en se repentissant(accueilli le salut de Dieu); pardonné son prochain. Une fois encore merci pour tout.Que le tout puissant vous bénisse dans votre mission ; nous en épargne de ces pêchés déjà commis

  11. Onésime Ewinsou

    Je suis tellement content après avoir lu l’enseignement
    Il m’arrive des fois où je me demande si je n’ai pas encore péché contre l’Esprit Saint.
    Maintenant je vois clair !
    Merci beaucoup mon père

  12. ANAGONOU FÉLICIEN

    Je suis très ravi d’être membre du groupe. Ces enseignements me fortifient chaque jour sur mon chemin de vie. Que l’Esprit Saint nous montre le vrai chemin à suivre pour la gloire de Dieu.

  13. Charles TCHIKITI

    Merci beaucoup Père.
    Par votre explication, je viens de comprendre ce que signifie “le péché contre l’Esprit Saint”. Merci pour tout cher Père.

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