L’Esprit procède du Père et du Fils

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Des symboles de la Trinité

Voici en question l’objet principal de cet article : le Saint-Esprit procède-t-il du Père seul ou du Fils aussi comme on le dit dans le symbole des apôtres ?

La procession de l’Esprit Saint dans le Symbole des apôtres

Nous avons besoin d’une clarification. Le symbole des apôtres, qui se base sur le symbole baptismal de l’Église de Rome, ne fait pas mention de la procession de l’Esprit Saint. Il y est simplement dit : « Je crois en l’Esprit Saint, à la sainte Église catholique… ».

La procession de l’Esprit Saint est plutôt mentionnée dans le symbole de Nicée-Constantinople ou plutôt dans le credo du concile de Constantinople qui reprend la majeure partie du symbole de Nicée.

La procession de l’Esprit dans les autres symboles

Le premier symbole issu d’un concile œcuménique est le symbole de Nicée (325), il ne fait pas mention de la procession de l’Esprit Saint. Sur l’Esprit Saint, on lit la clause : « Et au Saint-Esprit » (Nous croyons au Saint-Esprit) ».

Dans la version originelle du symbole de Constantinople (381) qui sera par la suite connue comme symbole de Nicée-Constantinople, la partie concernant l’Esprit saint est enrichie mais la relation entre le Fils et l’Esprit Saint n’est pas explicitée, il est dit : « Nous croyons en l’Esprit Saint qui est Seigneur et qui donne la vie, qui procède du Père. Avec le Père et le Fils, il reçoit même adoration et même gloire. Il a parlé par les prophètes ». Ce symbole est encore récité tel par les orthodoxes.

Si toutefois, il n’y a pas mention que l’Esprit procède du Fils, il n’y a pas non plus négation que l’Esprit procède du Fils car il n’y a aucune affirmation qu’il procède du Père SEUL.

Dans la version du symbole qui va sa répandre en Occident se verra ajouter la clause « Et du Fils » à la suite au IIIe concile de Tolède (589) pour avoir : « Je crois en l’Esprit Saint qui est Seigneur et qui donne la vie, qui procède du Père et du Fils. Avec le Père et le Fils, il reçoit même adoration et même gloire. Il a parlé par les prophètes ». Le « filioque » (le fait que l’Esprit procède du Père et du Fils à la fois) sera finalement dogmatisé aux conciles de Lyon II (1274) et de Florence (1439). Les Orientaux, c’est-à-dire ceux qui deviendront les « orthodoxes » étaient valablement représentés et en avaient accepté les conclusions de ces deux conciles. C’est la version que récitent les catholiques (sauf ceux du rite grec qui sont permis par Rome de faire omission du « filioque » suite à des différences techniques entre le grec et le latin).

Un autre symbole, moins connu des fidèles car très long, n’étant récité que par les moines en général, est le symbole d’Athanase. Il remonte au moins au 6e siècle et ses fragments dont la doctrine du « Filioque » sont incorporés dans les déclarations dogmatiques du 4e concile de Tolède en 633. Concernant l’origine des personnes divines, ce symbole déclare : « Le Père ne tient son existence d’aucun être ; il n’a été ni créé ni engendré. Le Fils tient son existence du Père seul ; il n’a été ni fait ni créé, mais engendré. Le Saint-Esprit n’a été ni fait, ni créé, ni engendré par le Père et le Fils, mais il procède du Père et du Fils ».

L’enseignement de l’Église sur la procession de l’Esprit Saint

Le fait que l’Esprit procède du Père et du Fils est un dogme proposé par l’Église. On ne peut nier une vérité de foi catholique et demeurer catholique. L’Église ne peut pas proposer un symbole de foi récité dans chaque messe dominicale qui affirme une hérésie. Essayons donc de comprendre ce que l’Église affirme par la formulation l’Esprit Saint « procède du Père et du Fils »

La majorité des orthodoxes, à la suite de Photios, nient que l’Esprit procède du Fils, ils affirment qu’il procède du Père seul. Pour eux, le fait que le symbole composé lors du premier concile de Constantinople ne mentionne pas que l’Esprit procède du Fils signifierait que l’Esprit procède du Père Seul. Ils croient plutôt que bien que l’Esprit procède du Père Seul « brille » par le Fils ou qu’il repose sur le Fils ou encore qu’il procède du Père vers le Fils ou à travers le Fils.

La réalité est que le fait que l’Esprit procède du Fils est affirmé par les pères de l’Église, surtout occidentaux (Augustin, Hilaire, Grégoire le grand, Damase, Ambroise…) et même orientaux (Cyrille, Athanase, Épiphane, Éphraïm le Syrien par exemple). Le pape Damase a même confessé dogmatiquement le « Filioque » avant que Rome ne reçoive le concile de Constantinople (qui était au départ un concile local de l’orient). Même les pères orientaux qui n’ont pas affirmé que l’Esprit procède du Père et du Fils, ont affirmé des choses comme l’Esprit est l’image du Fils, le Fils transmet à l’Esprit Saint la nature divine qu’il a lui-même reçu du Père ou encore l’Esprit procède du Père par le Fils (per filium).

Ce qui est intéressant, en occident, les pères utilisaient de manière interchangeables « l’Esprit procède du Père par le Fils » et « l’Esprit procède du Père et du Fils », « par le Fils » ne montrant que le Fils tire lui-même tout ce qu’il est du Père. Le fait que l’Esprit procède du Fils est soutenu par l’Écriture qui nous montre l’Esprit comme Esprit du Père et du Fils mais nous montre le Père comme le Père du Fils Seul et le Fils comme le Fils du Père Seul.

Dans les saintes Écritures, le Père est toujours « père » par référence au Fils et le Fils est toujours « fils » par référence au Père, établissant par-là, la génération du Fils par le Père. Pour l’Esprit Saint, c’est soit en référence au Père soit au Fils. Il est en effet appelé Esprit de Dieu (Romains 8,9), Esprit du Père (Mathieu 10, 20), Esprit du Fils (Galates 4,6), Esprit du Christ (Romains 8,9), Esprit de Jésus (Actes 16,6). Aussi, Apocalypse 22, 1 nous montre l’Esprit, eau de vie, jaillissant du trône de Dieu (le Père) et de l’Agneau (le Fils). Il s’en suit donc d’après le témoignage de la sainte Écriture, que l’Esprit Saint est l’Esprit commun du Père et du Fils alors que le Fils est Fils du Père seul. Ce qui signifie aussi que le Fils procède du Père seul par génération et l’Esprit procède du Père et du Fils par spiration.

Conclusion

Finalement, sans le « Filioque », on ferait de l’Esprit un second Fils alors le Fils est l’unique engendré et on ne pourrait pas distinguer les deux. Mais avec le « filioque », non seulement l’Esprit ne peut pas être un second Fils puisqu’il procède du Fils mais ne pas non plus être le « petit-fils » du Père puisqu’il procède du Père.

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Jordy Théodore Wa Ngondo-Maria

Je suis un laïc engagé dans le « ministère des jeunes et évangélisation », actuellement membre du Renouveau charismatique de la communauté francophone de l’archidiocèse de Cape Town. Apologiste amateur, passionné des Saintes écritures, de la philosophie et de la théologie catholique, je m’engage à fond dans la protection des bébés (lutte contre l'avortement) au sein de l'université de Cape Town.

Cette publication a un commentaire

  1. Kouadio FODJO Désiré

    Très bon article sur la pneumatologie !!
    On peut croire qu’il s’agirait d’une guerre de mots que d’une différence théologique.
    Cependant, le mot ,,et” chez les Occidentaux et ,,par” chez les Orientaux est quand même d’une signification et d’une importance capitales.

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