Qu’est-ce que le discernement ? Quelles en sont les étapes ?

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Mes frères et sœurs, la question du discernement est capitale pour bien se conduire dans la vie et ne pas se laisser emporter par tous les vents. Celui qui sait discerner aura certainement une vie paisible, rien ne le trouble. Le discernement touche autant les domaines les plus complexes que les plus ordinaires, comme par exemple le changement d’orientation dans sa vie, un effort de compréhension d’une situation conflictuelle, un désir de voir clair dans sa vie ou le choix simple d’un instrument de distraction (entre la télé, le footing, la musique), la visite à un ami à une certaine heure de la journée. Le quotidien de notre vie appelle constamment notre capacité à discerner. Aussi utile soit-il, il n’est pas facile de discerner. Je vais essayer une réponse qui allie synthèse et clarté en quatre points :
  • Qu’est-ce que le discernement ?
  • À partir d’où peut-on discerner ?
  • Quelles sont les étapes d’un bon discernement ?
  • Quels sont les signes manifestant que l’on a fait un bon discernement ?

Qu’entend-on par discernement ?

Discerner signifie voir en séparant, jauger, distinguer, faire la distinction, peser et soupeser. Le discernement est cette opération de l’esprit qui permet de voir clairement la part du vrai et du faux, du bien et du mal, du juste et de l’injuste, du bon et du mieux, dans une situation donnée. Elle est un exercice qui permet de prendre des décisions plus rassurantes et plus intelligentes. Le discernement fait appel à l’intelligence et à la conscience morale. Pour le chrétien, nous devons discerner entre les esprits, pour voir ce qui provient de l’Esprit du Christ et ce qui ne vient pas de lui. Saint Paul nous le recommande avec un ton qui ne manque pas d’interpeller : « Laissez Dieu vous transformer et vous donner une intelligence nouvelle. Vous pourrez alors discerner ce que Dieu veut : ce qui est bien, ce qui lui est agréable et ce qui est parfait » (Rm 12, 2). Comme pour entériner, saint Jean conseille le discernement des esprits : « Ne vous fiez pas à tout esprit, mais éprouvez les esprits pour voir s’ils viennent de Dieu » (1 Jn 4, 1). C’est bien beau. Mais concrètement, qu’est-ce que cela suppose ?

Sur quoi repose le discernement ?

Le discernement ne se fait pas dans le vide. Il se base sur un contenu, variable selon le contexte dans lequel on se trouve. Ce contenu trouve son résumé dans la loi morale et dans les autres lois. Pour le chrétien par exemple, le discernement se fera sur la base de ce qu’enseignent la Parole de Dieu et l’enseignement de l’Église. Pour le citoyen, le discernement se fera sur la base de la loi civile. Pour le magistrat, le discernement d’une cause se fera sur les normes juridiques. Pour tous, quelle que soit la catégorie, le discernement suppose la connaissance de la loi naturelle et de la loi positive (loi humaine). On ne peut opérer un discernement sans ces principes. D’où la nécessité d’une formation appropriée pour voir clair de manière aisée et rapide. Il y deux formes de discernement : le discernement de la conscience et celui de la préférence.
 
Nous avons le discernement de la conscience qui se formule ainsi : est-il bon ou mauvais que je fasse ceci ou bien cela ? Autrement dit, qu’est-ce qui est moralement bon ou mauvais dans la situation qui se présente à moi ? Ce discernement touche l’éthique et les solutions sont morales. Cependant, le discernement ne touche pas que les questions morales. Il y a aussi, comme je le disais tantôt, les situations pratiques et ordinaires mais aussi celles profondes qui engagent la vie. C’est le discernement de la préférence.
 
Ce dernier ne concerne pas le choix entre le bien et le mal, mais plutôt entre deux biens. Le principe est clair, entre deux biens, il faut choisir le meilleur, comme aussi entre deux maux, il ne faut rien choisir, mais si l’on y est contraint, il faut préférer le moindre. Tout cela est complexe. Pour opérer ce discernement, il faut six étapes.

Quelles sont les étapes d’un bon discernement ?

Pour franchir les six étapes du discernement, Il faut se poser six bonnes questions :
  • Première question : Qu’est-ce que je veux ? Sur quoi porte mon désir ?
  • Deuxième question : Quelle solution me donne mon intelligence, ma réflexion personnelle ?
  • Troisième question : Est-ce que cette solution est bien pour moi et pour les autres ? (Saint Paul dit : tout m’est permis mais tout ne m’est pas profitable).
  • Quatrième question : Que me conseillent les personnes avisées ? (Si vous n’avez posé le problème à personne, vous pouvez laisser cette question)
  • Cinquième question : Qu’est-ce que la loi m’enseigne ? Il s’agit de toutes les lois suivant le contexte (loi naturelle, loi divine, loi civile, loi positive, la sagesse populaire, etc.)
  • Sixième question : Que m’inspire le Saint-Esprit ? (Le chrétien ne peut jamais finir son discernement s’il ne prend pas le soin de consulter le Saint-Esprit, lui qui conduit à la vérité entière et qui connaît les pensées les plus secrètes à la fois de Dieu, des esprits et des hommes). L’Esprit Saint va toujours nous ramener à conformer notre désir à la volonté de Dieu, à opérer nos choix à partir de Dieu. L’Esprit nous éclaire à partir de la Parole de Dieu. Il nous rappellera un passage de l’Écriture, il nous suggérera la conduite à tenir.
Ce n’est qu’après cela qu’on peut prendre une décision et la mettre en pratique.

Quelles sont les signes d’un bon discernement ?

Assurance dans l’action : Celui qui est habitué à discerner a de l’assurance dans ce qu’il fait. Il ne craint pas de se tromper. Il sait qu’il est sur la bonne voie.
 
Paix intérieure : Il évacue les conflits intérieurs et les multiples peurs d’avancer. Cette paix est aussi le fruit de l’harmonie dans laquelle on vit avec les gens autour de soi.
 
Épanouissement : Il est épanoui et serein. Dans les multiples discernements de chaque jour, il apprend à se connaître. Au fil des mois et des années, l’exercice devient facile, car il se nourrit de l’Esprit qui l’éclaire de sa lumière.
 
Que le Seigneur nous donne la grâce du discernement comme il l’a accordée en abondance au roi Salomon. Cette grâce, c’est son Esprit et sa loi. Qu’il grave cette loi dans nos cœurs et que l’onction de l’Esprit abonde sur nous.
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Abbé Jean Oussou-Kicho

Je suis prêtre de l’archidiocèse de Cotonou (Bénin), ordonné en 2008, licencié en théologie morale. Directeur de complexe scolaire, je suis investi dans la pastorale des réseaux sociaux, devenus un nouveau terrain propice pour l’évangélisation et l’éducation des chrétiens