Les blessures intérieures

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1. Introduction

Qu’est-ce qu’une blessure ?

L’homme est la jonction de trois entités distinctes que sont le corps, l’âme et l’esprit. L’âme est la plateforme qui enregistre toutes nos sensibilités et nos affectivités. Elle est comme un disque ou un CD où s’enregistrent tous les évènements conscients et inconscients de nos vies.

La blessure est une déchirure. Lorsqu’elle intervient au niveau du corps, on parle de déchirure musculaire car agissant sur les tissus et cellules du corps. Lorsqu’elle agit sur l’âme on parle de blessures intérieures, de déceptions car elle agit sur notre affectivité. Lorsqu’elle agit sur l’esprit, on constate des troubles ou des instabilités, etc…

Nous remarquerons que lorsque le corps est blessé par inattention ou par accident, nous allons automatiquement chez un médecin pour un pansement pour que la plaie ne gangrène pas.  Mais lorsque nous avons des blessures au niveau de l’âme, que faisons-nous ? Nous ressentons la douleur et nous laissons le temps la cicatriser ou la ranger sans aucun traitement ou attention.

Que comprendre par « blessures intérieures » ?

Nous avons précisé que l’âme est comme un disque qui enregistre tout ce qui a rapport à l’affectivité. La seule information que l’âme souhaite enregistrer tout le long de son cycle (du premier jour de la grossesse au dernier jour sur terre) est L’AMOUR. L’humain est né pour être aimé et pour en donner en retour. Le Seigneur en est conscient. C’est pourquoi nous naissons dans un cercle de famille. Seydou Badian dans « Sous l’orage » dira que « l’homme n’est rien sans les hommes ; il vient dans leurs mains et s’en va dans leurs mains ». Dieu, par précaution, a mis des personnes sur tout notre parcours pour nous donner de l’amour. Étant enfant, nos parents sont présents. À l’âge adulte, nous avons une âme-sœur. À la vieillesse, nous avons nos enfants. À la naissance ou à la mort, il y a toujours une personne pour vous assister.

Exemple : L’homme est comme une bouteille vide dans laquelle on doit y verser un produit identique. Si vous y versez de l’eau vous trouverez de l’eau. Si vous y versez de l’huile vous trouverez de l’huile. Si vous y versez un mélange d’huile, d’eau, de vidange, de sable, vous trouverez le mélange. C’est regrettable qu’au lieu d’avoir un contenu identique qu’est l’amour dans notre bouteille, nous avons un mélange de tout ceci. Ceci montre un aspect piteux et une odeur suffocante. Voilà plus ou moins, dans la généralité des cas, l’état de nos âmes. Le drame est que nous partageons ce contenu inapproprié avec d’autres personnes polluant ainsi la bouteille des autres. Pour ainsi dire, une seule personne blessée, contamine une multitude. Le blessé est blessant.

Observez dans la circulation comment on s’insulte ? Regardez dans nos administrations comment on est mal accueilli ? Qui est fautif ? Personne. La personne qui vous blesse n’est pas fautive, elle vous a juste servi ce qu’il a dans son cœur. La plus belle femme ne peut donner que ce qu’elle a. Les blessures intérieures ne connaissent pas de degré de foi c’est-à-dire je suis chrétien, je suis prêtre, je suis pape. Les blessures intérieures ne connaissent pas la puissance c’est à dire je suis riche, je suis pauvre, je suis employé, je suis président de la République. Les blessures intérieures connaissent une seule réalité, c’est l’humain. Tant que vous avez une âme, vous pouvez être blessés et blesser en retour. Une seule chose est à faire : les identifier et en guérir.

2. Typologie des blessures intérieures

Les blessures se présentent sous plusieurs formes et conditionnent 90% de nos comportements et réactions. Nous verrons la formule la plus simple : le TRAHI. Vous avez bien lu, TRAHI est un sigle regroupant les grandes blessures que sont : T👉🏻 Trahison ; R👉🏻 Rejet ; A👉🏻 Abandon ; H👉🏻 Humiliation ; I👉🏻 Injustice.

La trahison

La trahison est une déception liée à un abus de confiance. C’est le refus d’une partie contractante d’exécuter sa part du contrat. C’est un refus délibéré d’honorer une amitié. La trahison est une grande blessure car elle vient de quelqu’un en qui vous aviez confiance. Un « ennemi » ne trahit pas, un adversaire ne trahit pas. Celui qui trahit, c’est un proche, un ami, un intime. La trahison est pénible à cause de son caractère brutal. La trahison est toujours une surprise, on ne s’y attend point. C’est une désillusion.

La trahison n’a pas d’âge, on peut le subir dans le sein maternel. Exemple : le refus de la paternité d’une grossesse ; les tentatives d’avortement. Le fœtus ressent la trahison de ses parents. La trahison peut venir dans l’enfance. Exemple : les promesses non honorées. Je t’achèterai un vélo si tu réussis, sachant très bien que vous ne le ferez pas. C’est une trahison. Votre enfant même silencieux vous verra comme un faux. La trahison peut venir à l’âge adulte. Exemple : le mensonge, la médisance venant d’une personne proche ; la révélation d’un secret ; les promesses de mariage ; les déceptions amoureuses ; les remboursements non honorés ; l’abandon de charges. La trahison peut venir dans la vieillesse. Exemple : les parents oubliés dans la précarité ; le manque de soutien alors qu’ils n’ont d’autres recours que vous. Le manque d’assistance pendant la maladie, etc.

Comment les reconnaître ? Les personnes qui subissent les blessures de la trahison ont des comportements spécifiques. Elles font difficilement confiance, elles aiment contrôler, elles posent assez de questions, elles sont solitaires, elles sont peu miséricordieuses.

Le rejet

Les blessures du rejet sont un choc que l’on reçoit par un manque d’accueil. Lorsque la personne n’est pas bien accueillie, son âme ressent systématiquement le rejet. Cette blessure comme les autres aussi n’a pas d’âge.

À l’enfance, les paroles et comportements le premier jour de la grossesse surtout la première grossesse (peur, anxiété, réunion). Observez bien les aînés, ils n’ont souvent pas le même enthousiasme que leurs frères. Les commentaires et appréciations sur les résultats des enfants, certains enfants sont préférés à d’autres. Les parents le font de bonne foi mais pour l’âme de cet enfant c’est un rejet. C’est le jour de votre mort que cette blessure refait surface. C’est pourquoi à la réunion des obsèques souvent, vous verrez des frères et sœurs se dirent des propos blessants. Ils sortent ce qu’ils ont enregistrés du vivant de leurs parents qu’ils n’ont jamais osé révéler.

À l’âge adulte : les traitements selon les catégories sociales (riche et pauvre) ; la première impression ou le premier contact avec la belle famille ; le milieu professionnel ; les groupes et mouvements de l’Église.

À la vieillesse : les parents sont trop encombrants et aucun enfant ne veut en assumer la charge. Les appels et messages ignorés. Les propos répugnants.

Comment les reconnaître ?  Les personnes rejetées donnent une apparence de timidité alors qu’à l’intérieur c’est une machine à réfléchir. Elles sont solitaires, aiment s’enfermer. La majeure partie de ceux qui ont des véhicules vitres teintées et opaques souffrent de blessure de rejet, ils veulent passer inaperçus, mis sous le couvert de la discrétion. Manque de confiance, ce sont des gens qui tâtonnent. Les préjugés, ils ont une impression toujours négative même avant l’essai. Ils sont sceptiques.

L’abandon

Les blessures d’abandon ont les mêmes caractéristiques que celles du rejet à la différence que le rejet est ponctuel mais l’abandon est élastique (durée). Exemple : Les enfants abandonnés à la charge de leurs mamans, les filles-mères, les parents abandonnés. Les personnes qui quémandent des soutiens sans suite favorable.

Comment les reconnaître ?  Elles ont les mêmes traits que les personnes rejetées.  

L’humiliation

Les blessures de l’humiliation ont souvent rapport à la dignité. Exemple : Les insultes, les disputes, la médisance, les convocations. C’est très facile d’insulter mais vous n’imaginez pas toutes les conséquences. Les humiliations devant la belle famille, les propos répugnants (c’est moi qui te donne à manger, tu n’es rien sans moi, sors de ma maison, descend de ma voiture, etc.), le désir de puissance, d’écraser les autres.

Comment les reconnaître ? Elles sont agitées, elles sont rebelles, indisciplinées. Observez très bien, en circulation ceux qui conduisent très mal (excès de vitesse, dépassement hasardeux), ils veulent juste se montrer car ils portent des germes d’humiliation. Ils veulent faire quelque chose pour attirer l’attention. La dépigmentation, les tenues extravagantes, la pauvreté, etc.

L’injustice

Les blessures d’injustice, c’est quand vous êtes brimés dans vos droits. Exemple : les traitements partisans, le régionalisme, le racisme, l’abus d’autorité.

Comment les reconnaître ? Elles sont émotives. Elles sont dans l’apitoiement, perdent facilement espoir. Elles pensent que leur vie dépend des autres.

Vous avez remarqué que les blessures intérieures modèlent notre vie. Par ces blessures, nous blessons d’autres personnes et le cycle continue. Il est impérieux que nous arrêtions la saignée.

Comment guérir de ses blessures intérieures ?

Qu’est-ce que la guérison intérieure ?

La guérison intérieure est la réparation des dommages causés par les blessures intérieures. La guérison intérieure est la guérison de notre affectivité et la remise à neuf de notre âme. Elle est le secours que Dieu apporte à notre souffrance intérieure. Lorsqu’on parle de guérison intérieure, nous pensons à première vue au PARDON. Le pardon a tellement été galvaudé que de moins en moins, on y est sensible.

La guérison intérieure se résume-t-elle au pardon ?

La guérison intérieure ne se résume pas au PARDON. Le pardon est normalement la finalité d’un long processus. Une blessure intérieure est greffée sur un ensemble d’événements. Un événement est une série d’actions mis en œuvre par des auteurs, des co-auteurs, des complices, etc. La blessure de trahison dans la vie d’un tiers peut être un événement de l’enfance, de l’adolescence ou de la vieillesse. L’événement de l’enfance à ses auteurs qui sont différents des auteurs de l’événement de la vieillesse.

Le pardon est accordé aux auteurs, aux co-auteurs et aux complices. Mais cela ne suffit pas pour avoir une guérison intérieure complète. Il faut guérir de la blessure elle-même. Je peux pardonner à ceux qui m’ont humilié. Mais est-ce pour autant que je me suis libéré du traumatisme de l’humiliation ?

Les principes basiques de la guérison intérieure

La guérison intérieure peut s’obtenir de deux manières : par une auto-guérison ou libération ou celle accompagnée, c’est à dire assistée par un accompagnateur.

L’auto-libération

Pour une guérison intérieure réussie, il faut franchir quelques étapes :

  • Regarder la douleur.

Il s’agit ici de confronter la blessure, d’éviter de fuir la blessure. Il nous faut accepter d’être blessé et éviter tout refoulement de la blessure. Ce dernier consiste à faire passer sous silence les douleurs. On dit à cet effet que le temps guérit les blessures. C’est une fausse certitude. Le temps ne guérit pas les blessures, il les refoule dans l’inconscient qui les conserve soigneusement dans notre mémoire. Guérir des blessures, c’est ouvrir tous les dossiers et regarder le contenu, la plaie en face afin de le vider. La prière, le silence, la retraite spirituelle peuvent efficacement aider.

  • Dédramatiser les chocs reçus.

Souvent nous dramatisons tellement des évènements qu’ils deviennent des blessures intérieures. Il s’agit concrètement de dégonfler le MOI (c’est à moi, on a dit ça… c’est à moi on a fait ça…). Le Moi est si important pour nous que nous sommes facilement blessés par des actes insignifiants. Parfois, plus on est orgueilleux, plus on est blessé. En dédramatisant ce qu’on a vécu, on se rend compte de l’ignorance de l’auteur. Rappelons que Jésus sur la croix dira « ils ne savent pas ce qu’ils font » Luc 23, 34.

Est-ce à dire que ceux qui le crucifiaient, ne mesuraient pas l’atrocité des actes posés ? En effet, Jésus était dans une autre dimension. Il voyait ce qu’ils ne voyaient pas. Il avait une autre compréhension de ce qu’il vivait. C’était pour le bien commun. Si un père connaissait la vraie valeur d’un père, allait-il abandonner où rejeter ses enfants ? Si un ami connaissait la vraie valeur de l’amitié, de la loyauté, pouvait-il trahir ? La réponse est négative, ils ne savent pas ce qu’ils font, bien qu’étant des êtres dotés de conscience.

  • Être miséricordieux.

La miséricorde consiste à être indulgent. Jésus dira : « que celui qui n’a jamais péché, lui jette la première pierre » Jn 8, 7. Nous sommes en droit d’affirmer que nous avons été blessés mais pouvons-nous être certains que nous n’avons pas été auteur de blessures intérieures chez une autre personne ? Nul n’est saint, nous marchons tous vers l’idéal qu’est la sainteté.

  • Regarder le plan de Dieu pour sa vie.

Nous croyons que la blessure intérieure est un abandon de Dieu. Pourquoi moi ? Le Christ permet que nous vivions certaines choses car il veut faire de nous des livres saints dont le récit donne le témoignage et la preuve du surpassement. Les situations affligeantes nous aident à ressentir le besoin de compassion. Les personnes qui connaissent de grands revers ou de grandes tragédies doivent être normalement plus compréhensibles, plus compatissantes. Par les histoires déchirantes, Dieu prépare des lendemains merveilleux pour nous et pour d’autres personnes. Les maux qui nous abattent aujourd’hui ne sont que l’antichambre d’une victoire à venir. Ceci ne se voit pas aux moments de l’épreuve.

Aussi Dieu passe par les blessures intérieures pour nous recadrer. Certaines blessures ont pour but de briser en nous l’arrogance. Dieu nous libère par certaines expériences accablantes. La déception et la désillusion permettent parfois de prendre conscience de certains paramètres de notre vie. Si tout ceci est vrai, cela veut dire que celui qui me blesse, m’offre plusieurs grâces. Il m’aide à changer ma vie et, mieux, à obtenir toute l’attention de Dieu.

« Tout concourt aux biens de ceux qui aiment Dieu » Rm 8, 28. Mon bourreau est alors mon bienfaiteur… alors pourquoi ne pas le pardonner et m’ouvrir à la guérison intérieure ? Pourquoi ne même pas lui dire Merci et entrer dans la joie de la guérison ?

La guérison assistée

La guérison intérieure va au-delà de l’attitude positive. Face aux blessures intérieures, la positivité ne suffit pas. Alors il faut se faire accompagner par une personne expérimentée en la matière (un accompagnateur ou psychologue). Nous donnons quelques astuces sans pour autant être donneur de leçons.

  • Écouter calmement la personne blessée

Une personne blessée parle longuement. C’est une manière de vider le trop-plein. En l’écoutant, il faut déceler les symptômes de blessures intérieures (comportement physique, psychique, le discours).

  • Poser le diagnostic

Il s’agit de repérer si on est en présence d’une perturbation maligne, d’une maladie mentale ou d’une blessure psychique.

  • Sécher aux rayons du Soleil de Justice qu’est Jésus-Christ

Amener la personne à décharger ses fardeaux sur Jésus devant le Saint sacrement (1 P 5, 7) et à se laisser apaiser.

Après tout ceci inviter la personne au pardon. Nous verrons la prochaine fois le Pardon comme source de guérison.

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Horace Ogou

Chrétien laïc de l’archidiocèse de Cotonou, géographe de formation, je suis actuellement agent de développement communautaire où je m'investis pour le développement à la base. Amoureux de la Parole de Dieu, je suis un évangélisateur et membre du Renouveau charismatique de l’archidiocèse de Cotonou.

Cet article a 4 commentaires

  1. Crecya

    Merci beaucoup, que Dieu vous fortifie d’avantage…. J’ai besoin d’aide….trop de blessures en moi, qui ruine même mon mariage

  2. Élodie

    Puisse le Seigneur nous aider à guérir de nos blessures intérieures. Merci Père pour cet article plus qu’intéressant. Dieu vous bénisse

  3. Hounsou Lydia

    Hummm c’est très profond et très riche votre développement cher frère Horace.
    Puisse Dieu nous aider à guérir de nos blessures intérieures et laissons nous guider par l’Esprit Saint.
    Merci à vous.

  4. DEDJIHO Félicité

    Waouhh très très intéressant votre développement. J’étais sûr qu’à la fin j’allais voir “père……” au niveau de la présentation. Mais j’étais très étonnée de voir de voir “chrétien laïc”. J’attends lire “je suis psychologue”, mais nulle part encore. Je suis psychologue en formation. Et je suis très intéressée par votre développement. Je vous en remercie.

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