Le cierge pascal et l’Exultet

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Le cierge pascal est cette très haute bougie allumée durant la vigile pascale au feu nouveau, portée en procession et posée près de l’endroit où on proclame les lectures. Ce cierge est l’un des éléments les plus sacrés et les plus durables du christianisme. Il est fabriquée en cire d’abeille pour représenter la pureté du Christ : la mèche de la bougie signifie l’humanité du Christ et la flamme sa nature divine.

La préparation du cierge

Le cierge pascal est souvent décoré avant la célébration. Il peut être librement orné d’un ou plusieurs symboles chrétiens (Christ ressuscité, Christ roi, agneau pascal, sacré cœur…) mais on y trouve toujours :
• la croix
• la première et la dernière lettre de l’alphabet grec – Alpha et Oméga –
• les chiffres de l’année.

La croix nous rappelle le sacrifice rédempteur du Christ.

Les lettres grecques Alpha et Omega sont une référence directe à Ap 1, 8 : « Je suis l’alpha et l’oméga, dit le Seigneur Dieu, celui qui est, qui était, et qui vient, le Tout Puissant » (Εγώ ειμι το Αλφα και το Ωμεγα) mais aussi à Ap 21,6 : « Tout est réalisé désormais. Je suis l’alpha et l’oméga, le commencement et la fin » ou encore Ap 22,13 : « Je suis l’alpha et l’oméga, le premier et le dernier, le commencement et la fin ».

En traçant ces différents caractères sur le cierge avec son pouce ou avec un stylet, le prêtre dit : « Le Christ, hier et aujourd’hui, commencement et fin de toutes choses, Alpha et Oméga ; à lui le temps et l’éternité, à lui la gloire et la puissance pour les siècles sans fin. Amen ».

Ainsi, le cierge pascal rappelle que toute l’œuvre de Dieu a pour centre le Christ. Fils de Dieu et Fils de l’homme, lui seul est capable, par sa médiation et par son sacrifice, de sceller l’Alliance nouvelle et éternelle en laquelle nous insèrent la messe, les sacrements, les sacramentaux et la liturgie des heures.

Ensuite, en mémoire des cinq plaies du Christ (ses mains, ses pieds et son côté) dont il conservera les marques même après la résurrection, le prêtre implante dans le cierge cinq grains d’encens qu’il dispose en forme de croix en disant : « Par ses saintes plaies, ses plaies glorieuses, que le Christ Seigneur nous garde et nous protège. Amen ». Ce geste rappelle aussi que le corps du Seigneur a été embaumé d’aromates avant d’être mis au tombeau.

Enfin, en allumant le cierge au feu nouveau, le prêtre indique aux fidèles rassemblés la symbolique même de ce cierge pascal : « Que la lumière du Christ, ressuscitant dans la gloire, dissipe les ténèbres de notre cœur et de notre esprit ». Puis le cierge entre dans l’église encore plongée dans l’obscurité.

Le cierge pascal, symbole de la résurrection

Après avoir été porté en procession, le cierge pascal reste dans le sanctuaire sur son bougeoir spécial pendant les 50 jours complets du temps pascal ; il sera allumé pour toutes les messes durant cette période.

Après la Pentecôte, le cierge sera placé à côté des fonts baptismaux. La bougie est allumée lors de tous les baptêmes tout au long de l’année, transmettant la lumière du Christ à chaque personne baptisée ; le cierge aura souvent commencé cette mission pendant la vigile pascale en la transmettant aux baptisés de la nuit pascale.

Le cierge pascal peut également être utilisée lors des funérailles ; on le place à côté du cercueil. Il rappelle alors que le sacrement du baptême est lui-même une mort et une résurrection dans le Christ. Il témoigne aux yeux des fidèles de la certitude chrétienne dans la résurrection des morts et de la vie avec le Christ dans le monde à venir.

L’histoire du cierge pascal

Ce cierge pascal trouve son origine dans les premiers jours du christianisme, lorsque la prière du soir commençait par l’allumage d’une bougie. Cette pratique vient probablement elle-même de la coutume juive d’allumer une lampe à la fin du sabbat. Des références historiques mentionnent le « lucernaire », le rite de la lumière lors de la prière du soir, par lequel les premiers chrétiens commençaient chaque veillée dominicale. L’allumage de la bougie dissipe les ténèbres et représente le Christ, Lumière du Monde.

C’est donc ce solennel qui est accompli avec encore plus de révérence pendant la vigile pascale. Au temps de l’empereur Constantin, l’historien Eusèbe nous dit que l’empereur « transforma la nuit de la sainte veillée pascale en l’éclat du jour, en allumant dans toute la ville des piliers de cire, de sorte que cette veillée mystique fut rendue plus lumineuse que la lumière du jour la plus brillante ».

Dans les basiliques italiennes, le chandelier pascal était en marbre, conçu comme un accessoire permanent à l’ambon. Plusieurs de ces bougeoirs subsistent encore, comme dans la basilique de Saint Laurent Hors les Murs qui a été construite à Rome au 3e siècle.

L’utilisation précise du cierge pascal a varié au cours des siècles. Initialement démantelé après la vigile pascale et offert sous forme de fragments aux fidèles, à partir du 10e siècle il fut conservé à une place d’honneur près de l’Évangile jusqu’à la fête de l’Ascension, 40 jours après Pâques. Au 12e siècle, on a commencé à inscrire sur le cierge le quantième de l’année en cours. Au fil du temps, le cierge a grandi en taille pour mériter la description de « pilier ». Au milieu du 16e siècle, certains cierges pascals pesaient jusqu’à 150 kilos ; après utilisation, ils étaient fondus en simples cierges pour être utilisées lors des funérailles des pauvres.

Un cierge accompagné par une hymne : l’Exultet

Dans la seconde moitié du 4e siècle, un hymne à la louange de la bougie et du mystère de Pâques a été chanté. Saint Jérôme l’évoque déjà en 384 et sa rédaction en est attribuée à saint Ambroise et à saint Augustin.

De nos jours encore, la liturgie pascale commence par le chant de l’Exultet, annonce solennelle de la Pâque, chantée par le diacre ou le prêtre. Cette hymne conclut la première partie de la veillée pascale, qui célèbre la lumière du Christ ressuscité. « Qu’exulte la foule des anges dans les cieux ! » : tel est l’invitation de cette grande pièce, qui est un condensé lyrique de tout le mystère pascal et de toute la joie dont il est la source.

Après une introduction où on laisse déborder son allégresse, vient un dialogue qui est s’inspire de celui de la Préface à la messe ; il conduit à la partie essentielle de l’Exultet, chantée sur le ton solennel de la Préface romaine, ornée de variantes mélodiques exceptionnelles.

Pendant tout le chant de l’Exultet, on garde en main son cierge allumé, et l’on fait sienne l’exultation de cette hymne.

Il existe plusieurs versions de ce chant ; en voici une des versions parmi les plus fidèles au texte original :

Exultez de joie, multitude des anges,
exultez, serviteurs de Dieu,
sonnez cette heure triomphale et la victoire d’un si grand roi.
Sois heureuse aussi, notre terre, irradiée de tant de feux,
car il t’a prise dans sa clarté et son règne a chassé ta nuit.
Réjouis-toi, mère Église, toute parée de sa splendeur,
entends vibrer dans ce lieu saint l’acclamation de tout un peuple.
 
Le Seigneur soit avec vous.
Et avec votre esprit.
Élevons notre cœur.
Nous le tournons vers le Seigneur.
Rendons grâce au Seigneur notre Dieu.
Cela est juste et bon.
 
Vraiment, il est juste et bon de chanter à pleine voix et de tout cœur le Père tout-puissant, Dieu invisible, et son Fils unique, Jésus Christ, notre Seigneur.
C’est lui qui a remis pour nous au Père éternel le prix de la dette encourue par Adam ; c’est lui qui répandit son sang par amour pour effacer la condamnation du premier péché.
Car voici la fête de la Pâque dans laquelle est mis à mort l’Agneau véritable dont le sang consacre les portes des croyants.
Voici la nuit où tu as tiré d’Égypte les enfants d’Israël, nos pères, et leur as fait passer la mer Rouge à pied sec.
C’est la nuit où le feu d’une colonne lumineuse repoussait les ténèbres du péché.
C’est maintenant la nuit qui arrache au monde corrompu, aveuglé par le mal, ceux qui, aujourd’hui et dans tout l’univers, ont mis leur foi dans le Christ : Nuit qui les rend à la grâce et leur ouvre la communion des saints.
Voici la nuit où le Christ, brisant les liens de la mort, s’est relevé, victorieux, des enfers.
Merveilleuse condescendance de ta grâce !
Imprévisible choix de ton amour : pour racheter l’esclave, tu livres le Fils.
Il fallait le péché d’Adam que la mort du Christ abolit.
Heureuse était la faute qui nous valut pareil Rédempteur.
Car le pouvoir sanctifiant de cette nuit chasse les crimes et lave les fautes, rend l’innocence aux coupables et l’allégresse aux affligés.
Ô nuit de vrai bonheur, nuit où le ciel s’unit à la terre, où l’homme rencontre Dieu.
Dans la grâce de cette nuit, accueille, Père saint, en sacrifice du soir la flamme montant de cette colonne de cire que l’Église t’offre par nos mains.
Permets que ce cierge pascal, consacré à ton nom, brûle sans déclin dans cette nuit.
Qu’il soit agréable à tes yeux, et joigne sa clarté à celle des étoiles.
Qu’il brûle encore quand se lèvera l’astre du matin, celui qui ne connaît pas de couchant, le Christ, ton Fils ressuscité, revenu des enfers, répandant sur les humains sa lumière et sa paix, lui qui règne avec toi et le Saint-Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles.
 
Amen.

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Frère Hervé

Je suis un religieux ermite, consacré dans cette forme de vie par mon évêque. Je réside en France et suis passionné par la recherche de la Vérité dans l’Écriture sainte, dans la philosophie et la théologie.

Cet article a 5 commentaires

  1. Eudoxie

    Merci Frère Hervé pour cet article ! Elle réponds à toutes les questions que je me posais sur le cierge Pascal

  2. Ombeni

    Vraiment merci pour cet enseignement !
    Suis du diocèse de Butembo-Beni en République Démocratique du Congo.

  3. Camille Ella

    Merci pour cet enseignement, Frère Hervé. J’en sais plus sur ce chant, l’Exultet. Dieu vous bénisse

  4. Jarnouen de villartay

    Merci Frère Herve pour ce message
    Il est très rare qu un enseignement doit donné sur la représentation du cierge pascal.

  5. KONE

    Merci Frère Hervé. Que le Dieu que vous servez vous bénisse au delà de votre espérance !!

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