Jésus était assurément juif de naissance, mais son message universel et sa vision concordent parfaitement avec la définition même du mot « catholique ». Il était donc normal que son Église utilise ce terme.
Jésus était donc un Juif très Catholique.
Les spécialistes de l’histoire de Jésus s’accordent tous à dire que Jésus était un Juif galiléen du premier siècle. Il est né d’une mère juive, il a été présenté au Temple, il a été circoncis, il a grandi dans un foyer juif, il a fréquenté la synagogue, il a été qualifié par ses disciples de « rabbin », il a cité les écritures hébraïques dans ses enseignements, il a enseigné dans le Temple de Jérusalem, il a partagé le repas pascal avec ses amis, il a été mis au tombeau comme un juif de ce temps. Alors, comment sommes-nous passés du Jésus, juif de Galilée, au fondateur de l’Église catholique romaine telle que nous la connaissons aujourd’hui ?
Les Actes des Apôtres offrent un témoignage intéressant à propos du développement de la communauté chrétienne primitive dans les décennies qui ont suivi la crucifixion et la résurrection du Christ Jésus. Initialement, les premiers disciples de Jésus – tous des Juifs – étaient simplement considérés comme faisant partie d’une des nombreuses sectes juives marginales qui existaient à l’époque. En effet, il y avait déjà une grande diversité religieuse et culturelle parmi les Juifs du premier siècle dans le Proche-Orient, et l’enseignement de Jésus semblait, dans un premier temps, être simplement une expression nouvelle du judaïsme.
Mais les enseignements du Christ se sont rapidement répandus au-delà du monde juif. Au fur et à mesure que le mouvement commençait à attirer des Gentils (les non-Juifs), des conflits ont surgit autour de questions de pratique religieuse. Dans les Actes des apôtres (11, 26), nous voyons comment les membres de la nouvelle communauté – composée à la fois de Gentils et de Juifs – a commencé à être désignée comme « chrétiens », ce qui peut signifier à la fois « ceux qui suivent le Christ » et « ceux qui sont reçu l’onction » (Rappel : Christ est un mot grec qui signifie « celui qui a reçu l’onction » ; son équivalent juif est משיח, mashiaḥ qu’on traduit en français par « Messie »).
Alors que les chrétiens continuaient à se débattre avec des questions de croyance et d’appartenance, un autre terme est venu pour décrire la communauté : le mot « catholique ». La première utilisation du terme qui soit parvenue à notre connaissance se trouve dans une lettre écrite vers 110 par saint Ignace d’Antioche à la communauté chrétienne de Smyrne. Instruisant cette communauté sur le rôle approprié des évêques, Ignace écrit : « là où paraît l’évêque, que là soit la communauté, de même que là où est le Christ Jésus, là est l’Église catholique. » (Lettre aux Smyrniotes, VIII).
Certaines traductions de l’épître d’Ignace traduisent le terme « l’église catholique » par « l’église universelle » ; catholique vient en effet du grec καθολικός, katholikós, qui signifie « général » ou « universel ». Le mot catholique reflète la communion unique et visible de l’Église dont personne n’est exclu sur la base de l’ethnicité, du sexe, de la nationalité ou du statut social. Comme l’a écrit l’apôtre Paul : « Il n’y a ni Juif ni Grec, ni esclave ni libre, ni homme ni femme, car vous êtes tous un en Jésus-Christ » (Galates 3, 28).
Aujourd’hui, nous, catholiques, nous croyons que l’Église englobe toute la race humaine dans une foi universelle. Le Catéchisme de l’Église catholique relie les paroles d’Ignace aux paroles de Jésus dans Matthieu 28, 19 : « Allez donc et faites de toutes les nations des disciples. » « L’Église est catholique », déclare le catéchisme, car elle
« annonce la totalité de la foi ; elle porte en elle et administre la plénitude des moyens de salut ; elle est envoyée à tous les peuples ; elle s’adresse à tous les hommes ; elle embrasse tous les temps »
Ainsi, Jésus était-il catholique ?
D’une part, il était ethniquement et religieusement juif.
D’un autre côté, cependant, son message et sa vision universels préfigurent l’utilisation qui allait être faite du mot « catholique ». Dans les pas de leur Maître et Seigneur, nous, ses disciples, sommes passés d’une poignée d’hommes et de femmes qui suivaient suivant un prédicateur juif en Galilée à une église mondiale qui embrasse hommes et femmes, jeunes et vieux, Gentils et Juifs, riches et pauvres « de toute nation, de toute tribu, de tout peuple et de toute langue » (Ap. 7, 9).
